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PUBLICATIONS DE LA SOClKÉ POUR L'ÉTUDE DES LAK6UES ROMAN
xxu
I DODICI CANTI
EPOPÈE ROMANESOUE DU XVI« SIÉCI
PAR
Ferd. CASTETS
PROFESSEUII A IJi. FACULTÉ DES LETTRES DE MONTPELLIER
MONTPELLIER
COULET ET FILS, ÉDITEURS
LIBKAlRtS DE l'uNIVERSITÉ
5, grand'rue
1903
imiHMf ORtCRIftLE ET lilK^K^
G. P. MAISOKM£UV£
1M ft^Jé C:tn^.mnin ^49»^ /V^'
OCAÌ223
PUBUCATIONS DE LA SOCIÉTÉ POUR L'ÉTUDE DES LANGUES BOMANES
XXII
1 DODICI CANTI
EPOPÈE ROMANESOUEDUXVhSIÉCLE
PAR
Ferd. CASTETS
PROFESSEUR A LA FACULTÉ DES LETTRES DE MONTPELLIER
MONTPELUER
COULET ET FILS, ÉDITEURS
LIBRAIRES DE l'UNIVERSITÉ
5, grand'rue
1908
LHMAIMIf OKICNTALE ET A»Eil*CftPIK
G. P. MAISONNEUVE
' *m IkHjl* S^-Germain, PARIS (VH*
I DODICI CANTI
EPOPÈE ROMANESQUE DU XVI- SIÈCLE
INTRODl/CTlON
1» Leroman italien Guerino il Meschino; -— 2" Résumé de ce roman
d^après Dunlop et Ferrarlo;— 3" Importance du Meschino; — 4» Les
Dodici Canti composés pour donner aux della Rovere un ancètre pris
dans la legende épique, Guerino il Meschino; — 5» Description du
manuscrit 8583 de la Bibliotlièque de T Arsenal ; — 6° De Tauteur dea
Dodici Canti; — 7« Résumé de ce poòme.
Il ne s.6mble pas qu'aucunlroman chevaleresque ait obtenu
en Italie, à la fin da moyen àge, un succès égal à celui du Gue-
vino il Meschino *. Les éditions anciennes que Ton possedè de
ce texte sont nombreuses et se suivent de près : 1473, 1475,
1477, 1480 (deux), 1482 (deux), 1483, 1493, 1498, 1503 (V.
Melzi-Tosi, Bibliografia dei romanzi di cavalleria^ p. 172-181).
Traduit en francais au XV® siècle *, il a étó inséró dans la
Bibliothèque bleue. Sa renommée a été durable, puisqu'il a étó
réimprimé à Venise en 1778, 1802 et 1816.
1 L'auteur du Guerino il Meschino est le célèbre Andrea dei Magno-
bottida Barberino, auquel on doit également les Realidi Francia^ l'As-
promonte^ les Storie Nerbonesi^ VAjolfo^ VUgone d'Alveruia, Pour les
Reali et leur auteur v. Pio Rajna, Ricerche intorno ai Reali di Francia^
Bologne, 1872 (Gf. G. Paris, Romania, ii, p. 351, sq.), et Gaspary,
Geschichte der italien. Literatur, ii, p. 252, sq.
2 D'après Dunìo-p, History of Fiction, ni*, p. 38, une traductionfran-
caise aurait été impriince en 1490. Ferrarlo, Storia ed analisi degli antichi
romanzi di cavalleria e dei poemi romanzeschi italiani, t. ii, p. 283,
indique deux éditions de cette traduction, Lyon, 1530, et Paris, 1532, et
ajoute que l'auteur avertit lui-méme qu'il a traduit le livre I, mais que
pour le reste il s'est abandonné aux caprices de son imagination.
1
2 I DODICI CANTI
Danlop, dans son History of Fiction^ a consciencieusement
résumé ce roman qu'ìl considòre cornme tenant à la foìs da
conte dévot et du récit chevaleresque ^ C*est certainement
un mélange des deuz genres, et par là il était tout marqué
pour se concilier le goùt populaire. Vers le milieu du XVI^
siècle, il fut mis en vers par Tullia d'Aragona *, et c'est sous
cette forme qu'il a été analysó par Ferrarlo dans son histoire
4 History of Fiction, iii^, p. 38-50.
2 Tullia d'Aragona était fiUe de la courtisane Giulia de Ferrare, qui
affirmait qu'elle Tavait eue du cardinal Lodovico d'Aragona, neveu
d'Alphonse II, de Naples, et qui n'hésita pas à lui donner ce nom illus-
tre. Sa mère la fit élever avec soin. Aussi belle que spirituelle et savante,
Tullia tenait à Rome une véritable cour formée de lettrés et d'artistes.
Le respectable Jacopo Nardi lui adressait sa traduction du Pro Marcello
(1536), et la qualifiait d'unique et véritable héritière du nom et de Télo-
quence de Gcéron. En 1537, elle se trouva à Ferrare en méme temps
que Vittoria Colonna, et il ne semble pas que la comparaison lui ait été
défavorable. Un correspondant de la Marquise Isabelle la dit molto gen-
tile^ discreta^ accorta^ e di ottimi e divini costumi. Elle parlait de toutes
choses avec science et justesse, chantait fort bien, composait des vers
sur Tamour platonique, et onlui en dédiait de semblables.
Neuf ans plus tard, à Florence, elle eut un succès pareli. C'est là
qu'elle composa le dialogue Dell' Infinità d'Amore^ où les interlocuteurs
sont elle-méme, Varchi et Benucci. La protection de la duchesse Éléo-
nore lui épargna la honte d'étre contrainte à porter sur son voile la
bande jaune caractéristique de son métier et le due Cosme écrivit en
margede sa pétition : Fasseli gratia per poetessa.he dialogue delV Infinità
d* Amore TOVLÌe sur l'amour élevé, noble, contraire à l'amour vulgaire : il
èst infini parce que l'union parfaite de l'amant et de l'objet aimé est
impossible. Le ton est naturel, aisé, la science étendue et solide.
Le remaniement du Guerino il Meschino parut en 1560, après la mort
de Tullia. Il est remarquable que, dans l'avis au lecteur, elle se plaigne
de ce que la plupart des livres que lisaient les dames fussent remplis de
peintures voluptueuses et indécentes, alors que nous constatons qu'en
plusieurs endroits elle a elle-méme dépassó la limite permise (Fen'orio^
op., 1. II, p. 283-285).
Le prudent Tiraboschi, dans le chapìtre qu'il a consacré aux Italiennes
illustres du XVI' siècle, en parie ainsi : « Di questa celebre rimatrice
che fu frutto d'amore e ne accese non senza qualche sua taccia le fiamme
in molti e principalmente in Girolamo Muzio^ si posson vedere copiose
notizie presso il eo, Mazzucchelli, Sct*itt. lY., 1. 1, par. 2, p. 928. »
La biographie de Tullia dans Ferrarlo (1. 1.) n'a plus d'intérèt depuis
les travaux plus récents que Gaspary a mis à profit dans les pages qu'il
a consacrées à l'Aspasie moderne. V. Geschichte dar italien. Literaiur,
I DODICI CANTI 3
generale des romans de che valerle et des poòmes romanes-
ques italiens *.
Le sujet est présente comme suit en téte de la première
édition du roman en prose :
In questo libro vulgarmente se tratta alcuna ystoria
breve de re Karlo imperatore, poi del nasimento et
opere di quello magnifico cavalieri nominato Guerino
et prenominato Meschino, pe lo qualle sevade {sic) la
narratio[n]e de le provintie quasi di tutto lo mondo e
de la diversità de li homini e gente, de loro diversi
costumi, de molti diversi animali e del habitatione dela
Sibilla che se trova viva in le montagne in mezo d'Ita-
lia et auchora del inferno secondo dechiara la ystoria
seguitando lo exordio.
Le Guerino est dono rhistoire d'un chevalier errant, qui
parconrt le monde et les peuples les plus divers, rencontre les
ennemis les plus étranges, interroge la Sibjlle et descend en
enfer.
Le hóros lul-méme est fils de Milon de Tarente, quatrième
fils, d'apròsles Reali, duredoutable Girard de Fratte qui a un
ròle si important dans la legende d'Aspremont ; il appartient
à la Maison de Monglane, d'où sort, par Aimeri de Nar-
bonne, rillustre geste des Narbonnais.
La genealogie francaise, d'apròs Albéric des Trois-Fontai-
nes (G. Paris, Hist. poét. de Charlemagne, p. 469), beaucoup
moins chargée de descendances et de noms que les généalo-
gies italiennes, donne le tableau suivant :
II, p. 509-513 et notes. Il estime que Tullia était vraiment sur le che-
min du repentir et qu*il n'y aTait aucune hypocrisie dans le dédain
qu'elle professait pour l'amour grossier. Mais en 1548 elle revint à
Rome, et dès lors, soit poussée par le besoin, soit cédant aux conseils
de sa mère Giulia, son mauvais genie, elle reprit ses habitudes premìè-
reset finit par mourir chez un hótelier du Trastevere en 1556. Aucunpoète
ne chanta sa mort, suivant Tusage du temps. Depuis son retour à Rome
l'aurèole avait disparu de son front. Avant de mourir, elle institua son
fils Celio son légataire universel. Bernardo Tasso, le pére de Torquato,
est un des poètes qui célébrérent Tullia au temps de sa prospérité.
i Op., 1., t. Ili, p. 329-351.
I DODICI GANTI
Garin de Monglane
Amaud Girard Renier Miion
de Beaulande de Vienne de Génes de Pouille
Aimeri Savari Beuve Olivier Ande Simon N. fille
de Narbonne de Pouille
Dans Anneri de Narbonne le second fils de Girard de Vienne
est Otton et Milon de Pouille n'a qu'un enfant, Aimeriet.
Dans les Reali itallens (L. v, e. 9) Ton a :
Onerino (petit-fìls de Beuves d'Antone)
Girardo da Fratta Bernardo da Dremondes Milone Alemanno Onerino
Rinieri di Vienna
Arnaldo di Belanda
Guizzardo di Puglia
Milone di Taranto
Guerino il Meschino, fils de Milon de Tarente, représente
Simon de Pouille (ou Aimeriet), fils de Milon de Pouille et,
comme lui, est cousin-germain d'Olivier, Tami de Roland, le
frère de la belle Aude.
Cotte parente est le seul trait d'union que Ton puisse rele-
ver entro le roman italìen etnos chansons de gesto; il Mes-
chino est un roman d'aventure où Tauteur accumulo les inven-
tions qui lui paraissent les plus propres à intéresser la curio*
site de son lecteur, sans songer nulle part à rattacher son réoit i
aux légendes épiques du moyen àge frangais. J'essaierai d'en |
donner un très court sommaire d*après les résumés de Dun- |
lop et dePerrario*.
* M. Gaspary, dans son histoire de la littérature italienne, t. ii, p. 265,
a résumé le Guerino il Meschino en une page ; mais il n'a pu consulter
(comme il en avertit en note) qu'une édition de 1869 très mutilée, et cela
explique comment la visite de Guérin chez la Sibylle est ainsi présentée :
(er) steigt in Italien in das verzauberte Reich der Fee Alcìna hinuniev,
Les jardins de Falérine, d'Alcine et d'Armide doivent quelque chose au
séjour merveilleux de la Sibylle du Guerino, et c'est ce quia induit l'abró-
viateur moderne à mélerle nom d'Alcine et une réminiscence d'Arioste au
texte d'Andrea da Barberino. — Je regrette de n'avoir pu consulter que
les sommaires de Dunlop et de Ferrarlo. En plusieurs endroits j'ai dù no-
terleur désaccord. Ferrarlo résumé le rifacimento de Tullia d'Aragona
et en reproduit quelques passages.
I DODICI CANTI
U
Gharlemagne, ajant délivré dea Sarrasins le rojaume de
Naples, en confia le gouvernement à Guichard et Milon. Ce-
lui-ci^ sur la réputation de beante de Feoisia, princesse d'Ai*
banie, en devient amoureux, attaque et prend Durazzo, et
épouse Fenisia qui lui donne unfils, Guórìn. Naparet Madar,
frères de Fenisia, veulent se venger, s'entendent aveo les
habitants de la ville, j pénòtrent la nuit, 8*en emparent, et
Milon et Fenisia sontjetés dans une prison obscure. Guérin
estsauvé par sa nourrice, tombe entre les mains de corsaires,
est venda à Constantinople, élevé par Epidonio qui en fait
don au fils de Tempereur Alexandre. On le connaissait sous le
nom de Meschino (malheur6ux)etlui-méme ne se doutaitpoint
qu'il fftt de noble origine. D'abord employé à servir à table, il
se gagne Tamitié du prince. Puis par son habileté à manier
armes et chevaux, par la douceur de ses maniòres, il mèrito
Fafféction de tous, de Tempereur et de sa fiUe Eliséna. Par
amour pour cotte princesse, il donna des preuves merveilleu-
ses de son courage en désargonnant dans un tournoi les plus
robustes champions sans se faire connaitre, ce qui empécha
de décerner le prix du tournoi et provoqua ainsi une guerre.
Torindo et Pinamonte, fila du roi Astiladoro, pensant quo ce
prix leur devait étre attribué et se crojant offensés^ se piai-
gnent à leur pére qui jure par Mahomet de tirer vengeance
de cet outrage. Il vient attaquer Constantinople à la téte de
cinquante mille hommes. Uempereur est fait prisonnier, tonte
la ville est en larmes, mais Guérin s'empare à son tour des
deux fils du roi sarrasin et Toblige à accepter que la querelle
soit videe par cinquante champions de chacun des deux partis.
Gràce à son courage les chrétiens Temportent et Constantino-
ple est en féte. Mais la princesse Eliséna a le tort d'appeler
Ture, c'est-à-dire esclave ou vilain, le sauveur de son pére
et de Tempire. Dèslors Guérin n'aplus qu'une pensée, il veut
savoir de qui il est fils. L'empereur consulte les astrologues
de la cour qui, apròs avoir examiné les étoiles, sont unanimes
à déclarer que Guérin ne sera instruit de sa parente que par
les arbres da Soleilet de la Lune qui croissent à Textrémité
orientale da monde.
8 I DODICf CANTI
consnlter sor ses parents. A Reggio, un vieillard lui donne
un livre qui lui indique le chemin de la caverne de la Sibjlle.
A Norcia, de saints ermites Tinstruisent des périls qu'il doit
éviter : il lui faudra surtout resister aux séductions de la
Sibylle ; car, s'il cédait à ses caresses, il serait precipite en
enfer.
Pour le séjour de Guérin chez laSibylle, je préfère suivre
Dunlop que le résumé de Ferrano, d'apròs Tullia d'Aragona,
qui me semble s'étre tropjabandonnée à son inclination dans
cotte partie de son rifacimento en vers.
A l'entrée de la caverne, Guérin rencontre une largo rivière
qu'il passe sur le dos d'un hideux serpent, qui lui apprend
qu'il était jadis un gentilhomme et qu'il a subi cette déplai-
sante transformation par les sortilèges de la prophétesse.
Guérin entro alors dans le palais de la Sibylle, qui se pré-
sente entourée de suivantes charmantes ; elle semblait aussi
fraiche que si elle avait eu onze cent quatre-vingts ans de
moins. Un repas magnifiqueest servi, et elle informe Guérin,
dans le cours de la conversation, qu'elle jouissait d'une lon-
gue vie et d'une beante inaltérable parco qu'elle avait prédit
la naissance de notre Sauveur ; néanmoins elle avoue qu'elle
n'est pas chrétienne et qu'elle demeure fidèle à ApoUon dont
elle a été prétresse à Delphes, et à qui elle est redevable du
don de prophétie. Sa dernière demeure avait été à Cumes,
d'où elle s'était retirée dans le palais qu'elle occupait actuelle-
ment.
Jusque-là la Sibjlle n' avait parie que d'elle-méme. Elle finit
cependant par révéler à son hòte les noms de ses parents et
toutes les circonstances de sa naissance. Elle lui promet de
lui dire plus tard le lieu où ils résident et de l'éclairer sur
son avenir.
Le soir elle conduisit Guérin dans la chambre qui lui avait
été préparée, et il comprit bientòt qu'elle était décidée à lui
causer un grand scuci, carello commenca àlui faire les jeux
doux, et procèda à un examen minutieux de sa personne.
Mais le bois de la vraie croix, qui lui avait été donne par l'im-
pératrice grecque, et une prièrele délivrèrent des obsessions
de la Sibjlle, qui fut obligéede renvoyer son entreprise au
matin, et de memo les cinq jotìrs suivants, toujours gràce à
rinfluence de la relique.
I DODICI GANTI 9
La prophétesse refusait néanmoìns dMnstruire son hòte da
lieu où résìdaìent ses parents, daos Tespoir que, s'il restait
auprès duello, il finirait par satìsfaire ses désirs. Malheureu-
sement, un samedi, elle ne put empécher le chevalier d'étre
témoìn de sa mótamorphose en un serpent. Les fées et ceux
qui s'associent à leur existence sont transformés, ce jour-là,
en animaux hldeux, et restent dans cet état jusqu'au iundi.
Guérin se trouva donc entouré d'une véritable ménagerie.
Quand la Sibjlle eut recouvré ses charmes, il lui fit un re-
proche de la forme qu'elle avait dù revétir, et dans son dépit
elle lui accorda son congé, mais sans lui dire où étaient ses
parents.
Tullia a développé longuement, et en termes parfois inde-
cents, la scène de la séduction. Elle tient à prouver que la
chasteté du chevalier fut réellement en perii. Elle le mentre
près de succomber :
11 cavalier si strugge e si vien meno
Com ' a uno a chi bevanda avvelenata
In una sete estrema gli sia data.
Les deux récits, à en juger par le résumé de Ferrarlo,
diffèrent aussi en ce que, dans le poème de Tullia, la Sibjlle
refuse absolument de donner aucun renseignement à Guérin
sur ses parents. Il y est dit en outre que le séjour de Guérin
auprès de la prophétesse dura un an.
Le chevalier revient à Norcia, et les ermites lui appren-
nent qu'il est excommunié pour avoir consulte les arbres du
Soleil et de la Lune et s'étre adressé à la Sibjlle. Il se rend à
Rome, où le pape le bénit et lui impose pour pénitence d*aller
en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Galice, puis en Irlande, au
puits de Saint Patrice, où est le Purgatoire.
Guérin passe en Gascogne, j occit nombre d'assassins, sé-
journe cinq jours à Compostelle, purgo la mer de pirates, et
va en Irlande où Tarchevéque, après avoir essajé de le dé-
tourner de sa dangereuse entreprise, lui donne une lettre
d'introduction pour Tabbé de Tilesainte qui est levestibule da
Purgatoire. AccueiUi au monastèro, ildoit jjeùner neufmois.
Puis il depose ses armes et descend dans un puits au fond
duquel il trouve une prairie souterraine. Là il regoit des in-
10 I DODICI CANTI
structions de deux hommes vétus de blanc qui vìvaient dans
un édifice bàti en forme d'église. Deux démons remmènent
alors et raccompagnent de caverne en caverne pour quMl
soit témoìn dea souffrances des àmes du Pargatoire. Dans
chaque caverne un chàtiment particulier était infiigé à chaque
vice. Ainsi les gourmands étaient tourmentés par l'odeur de
tables bien servies et de boissons exquìses.
Après avoir contemplò les peines du Purgatoire, Guérin
passe dans un Enfer très semblable à celui de Dante, dont
rimitation est plus evidente encore que dans la peinture da
Purgatoire. Il y retrouve le géant Macos qu'il avait tue en
Tartarie, et la négresse aux yeux rouges, qui, pour l'amour
de lui, avait tranché la téle de son frère après Tavoir enivré.
Jc dois ici reconnaitre que, d'après Dunlop, cette prin-
cesse avait les cheveux rouges, ce qu'ìl trouve un défaut sur-
prenant chez une Africaine(p. 43), mais le poème lui attribue
guardatura
Fiera con occhi rossi
11 est probable que Tullia a tout simplement corrige le texte
primitif.
Les démons enlèvent Guérin très haut et le laissent retom-
ber sur un prò de Jones que traversait un grand fleuve. De
Tautre coté, dea àmes vétues de blanc chantaieutdes hjmnes.
Sur le fleuve était un pont de verro. Guérin y fut porte par
les démons qui ne purent le suivre plus loin.
Il franchit le pont qui, sous ses pas, se transforma en un
très dur diamant. A sa rencontre viennent deux vieillards
vénérables qui lui baignent le visage dans Teau du fleuve et
lui disent qu'il est purifié de toutes ses fautes. C'étaient
Enoch et Elie, et avec eux étaient venus d'autres personna-
ges également saints qui chantaient les louanges de Dleu. On
le conduisit ainsi dans un lieu volsin du Paradis terrestre
dont l'enceinte étincelait de pierreries. Une porte s'entr'ou-
vrit, et il apercut un moment Dieu au milieu des siens :
L'Imperador de* cieli in mezzo vide
Passar con alta fronte i cori tutti
Dell* Angeliche squadre umili e fide,
11 qual mostrava del suo figlio i frutti,
Con braccia aperte, etc.
I DODICI CANTI 11
Mais la porte se ferme et Guérin ne pouvait se oonsoler.
Lea deux prophètes le réconfortent et le raméiieut à Téglise
d'où ilétaitdescendu dans le puits. Il retrouve les moìnes qui
le bénissent et font apparaitre les images de son pére et de sa
mère dont il grave les traits dans sa mémoire, mais qui s'éva-
nouissent sans consentir à dire leur nom.
Guérin va à Londres, traverse la France et arriva à Rome
où il rapporte au Pape comment il s'est conforme à ses vo-
lontés.
! Guérin fut envoyé par le Pape à Naples, où le roi Guis-
cardo son onde, selon la genealogie des Realtà le charge
d'aller combattre les Turcs en Albanie. Il prend Dulcigno et
Durazzo, où il tire de leur prison Milon, son pére, et Fenisia,
sa mère, qu'il reconnait d'apròs les images qu'il avait vues
au monastèro de saint Patrice. Apròs avoir rétabli ses pa-
rents dans leur autorité, il chasse les Turcs de la Grece et de
la Macédoine,puis se déguise en Ture avec Alexandre, empe-
rear de Constantinople, et, seuls avec deux écujers, ila par-
I tent pour Persépolis afìn de retrouver Antinisca, la fiancée de
I Guérin. Ils sont assaillis par des voleurs et des géants qu*ils
mettent à mort, en rendant la liberto à de nombreux prison-
I niers. A Camopoli, Baraniffe, seigneur du lieu, les emprisonne
I par trahison ; mais un Ture converti au christianisme, Arti-
j banoy tue Baraniffe et délivre les prisonniers. On les poursuit,
I ce qui leur donne Toccasion d'une nouvelle victoire. Arrivés
à Persépolis ils sont aocueiilis par la fidèle Antinisca, et tout
serait pour le mieux, si la ville n'était assiégée par Lionetto.
Ce personnage, qui a réuni une armée de quatre cent mille
hommes, ose ordonner à Guérin de lui remettre Antinisca et
la ville. Après bien des incidents, Guérin et Alexandre aban-
donnent Persépolis qui est livrèe aux flammes par Lionetto,
donnent à Artibano, en mariage, la reine Dia, fiUe de Eili-
I cioD^ roi de Saragona, assurent la paix entro ce dernier et
le roi d'Armenie, et Alexandre épouse Laura, seconde lille de
1 Filicion. Les deux amis reviennent alors à Constantinople où
' ont lieu de grandes fétes en Thonneur de Tempereur et de la
! nouvelle impératrice.
Dos lors, Guérin et Antinisca n'ont plus qu'à se rendre à
I Darazzo. Ilseurent deux fils. Fieramente et Milone.
12 I DODICI GANTI
Le premier avait diz ans qa&nd mournt leuf tendre mère.
Guérin uè put se consoler de la perte de celle qu'il avait
aimée.
Ne songeant plus qu'à sauver son àme, il se prepara à ren-
dre compie à Dieu de sa vie, et decìda de se faire ermi te
après avoir mìs ordre à toutes ses affaires. Quand il voulat
prendre le cilice, la mort délivra son àme de son enveloppe
terrestre, et aux jeux de tout le peuple il monta au ciel :
E '1 vide il popol tutto andare in cielo.
« Tello est, dit Dunlop, Thistoire de Guerin Meschino, le
plus errant (erratic) de tous les chevaliers qui aient traverse
le monde. Aucun ne déconfit un plus grand nombre de géants
et de monstres; aucun ne fut plusfidèle à sa maitresse qu'il
le fut à la princesse de Persépolis ; aucun ne fut aussi dévot,
ainsi qu'il ressort de sa conduite dans le Purgatoire et la de-
meure de la Sybille, et de ses nombreux pèlerinages et des
conversions qu'il accomplit. »
III
Il est difficile d'appliquer les règles de la oritique ordinaire
aux oduvres composites où Tltalie a essayé d'abord d'imiter
Tépopée chevaleresque francaise et les romans bretons. Su-
jets et personnages sont empruntés à une tradition étrangère.
Les auteurs, et surtout Andrea da Barberino, possòdent une
certaine instruction et aifeotent le ton et Tallure deThistoire.
Le Guerino, plus que tout autre de ces romans, est un mé-
lange des éléments les plus divers. Crescimbeni néanmoins
admirait fort \q rifacimento de Tullia d'Aragona, etva jusqu'à
le comparer, pour le stjle et la composition, à TOdjssée
d'Homòre. Il Fappellerait un poème héroì'que, si lafabie avait
quelque fondement historique. Il ne se doutait sùrement pas
qu'un jour viendrait où Ton se demanderait s'il j a jamais eu
une guerre de Troie, si Homère a jamais existé. Mazzucchelli
constate que le Guerino est plein de faits invraisemblables,
en contradiction avec toutes les données de Thistoire, de la
chronologie et de la géographie S et Ton ne peut dire qu'il
1 V, Ferrarlo, op. 1. t. II, p. 286.
1 DODICI CANTI 13
dt tori. Mais quMmporte à nos jeux ? Ce que Ton peut de-
mander à des compositions de cet ordre^ c*est d'intéresser,
de représenter vivement les passiona ou les besoins d^esprit
d'une epoque. A cet égard, le succès du Meschino prouve qu*il
répondait bien au goùt populaire italien du XV* et du
XVP siede.
Le romancier parait avoir emprunté Tidée de prendre pour
héros un chevalier d'une geste célèbre, à la Spagna où Roland,
à la suite d'une querelle avec Charlemagne, part pour TOrient,
y rencontre des aventures nombreuses, conquiert des royau-
mes, convertit et baptise les princes et les peuples. Mais le
sujet general du roman, la recherche des parents de Guérin
à travers mille dangers, Tamour fidèle que le chevalier garde
à la princesse de Persépolis, sont des conceptions d*un autre
ordre où Fon reconnait sans peine Finfluence des romans
d'aventure. Enfìn Tauteur puise au hasard dans le fonds com-
mun du mojen àge des notions historiques et géographiques.
Qu'ont fait Boiardo et Arioste, sinon de reprendre ces don-
nées, avec le genie poétìque en plus et en faisant rentrerdans
leur cadre tout le personnel de la legende de Charlemagne,
tei que Tltalie le connaissait, tei qu' Andrea da Barberino
Tavait déjà présente dans les Reali et l'Aspromonte? En ceci,
ils ont péché plus gravement contro la vraisemblance, car,
aux motifs ordìnaìres de Tépopée, la passion chrétienne et
lambition de vaincre les Sarrasins, ils ont substitué comme
motif principal un élément romanesque, l'amour des chevaliers
pour quelque belle dame. Roland, épris de la belle Angélique
et perdant la raison, quand il sait qu*elle est l'amante de Me-
dor, difTòre trop du héros de RoncevauX; et, malgré l'art in-
fini d'Ariosto, on sent chez lui, non seulement le lecteur des
romans de Lancelot et de Tristan, ou de l'Eneide, mais
l'homme qui a goùté le Decameron.
Mais il fallait renouveler une matlére antique qui avait déjà
subi une altération profonde dans les imitations populaires
italienues, et Boiardo et Arioste ne pouvaient le faire qu'en
s'inspirant hardiment des goùts de leur propre temps.
Le succès du Meschino a été pour quelque chose sans doute
dans la manière dont Boiardo a con9u et traité son sujet. Le
jeune Roger, sa naissance, son éducation chez les infidèles,
14 I DODICI GANTI
ses aventures jasqu'au jour où il sait qu'il appartieni à une
geste chrétienne, tout cela rappelie Guérin à bien des égards,
et, d'autre part, derive de la legende d^ Aspromonte^ telle que
Ta racontée Andrea da Barberino. D^autre part, la belle Anti-
nisca, princesse de Persépolis, engageait à choisir en Orient
la dame dont les charmes devaient porter le trouble et la dis-
corde dans le camp de Charlemagne : on peut voir en elle la
sodur ainée d'Angélique, princesse du Gathay. La Sibjlle et
son séjour enchanté sont une première ébauche de Falérine,
d*Alcine et de leurs jardins féeriques.
L'art épure ainsi les formes grossières des époques d*igno-
rance, et TAstarté orientale devient, sous Tinfluence du goàt
heliénique, TAphrodite de Guide ou de Milo.
Dans Arioste, le vojage d'Astolphe au pajs du Prétre-Jean
et sa rencontre avec Enoch et Elie dans le Farad is terrestre,
dérivent certainement des aventures de Guérin en Éthiopie
et de sa visite au' puits de saint Patrice.
M, Pio Rajna, daus son bel ouvrage sur les sources du Ro-
land furieux, a mentre ce que Boiardo et Ariosto doivent à
leurs humbles devanciers aussi bien qu'aux modèles classi-
ques K Sans une littérature populaire de transition, ils n'au-
raient jamais songé à revenir aux héros du temps de Charle-
magne. li fallait que la matiòre épique de Franco fùt adaptée
au goùt italien pour que des poòtes du XV* et du XVI® sie-
de pussent s'j intéresser et consacrer leur genie à la faire
revivre.
* M. Rajna ne pouvait oublier le Guerino < cosi prodigiosamente po-
polare in tutta quanta l'Italia », Le Fonti delV Orlando Furioso, p. 462.
Pour le Prétre-Jean, et ce qu'Arioste emprunte en cet endroit au Gue-
rino et peut-étre à d'autres, v. p. 463-464. Si Astolphe trouve le Para-
dis terrestre au pays du Prétre-Jean, Guérin y avait eu accès dans sa
visite au puits de saint Patrice. Il y a simple transposition. M. Rajna
ne me semble pas avoir remarqué (p. 473) que si Astolphe rencontre les
deux saints vieillards Enoch et Elie, c'est en souvenir du Meschino.
L'idée de se servir du char d'Elie pour s'ólever jusqu'à la lune me pa-
rali appartenir en propre à Tauteur du Furioso. Mais n'y a-t-il pas dans
la legende d'Alexandre que le conquérant descendit au fond des mers
dans une sorte de cloche à plongeur et s'eleva dans les cieux porte par
des griflfons? V. Boiardo, Roland amoureux^ L. II, eh. 1.
I DODICI GANTI 15
IV
Le personnage de Roger a été imaginé par Boiardo et con-
serve par Ariosto pour donner à la famille d'Este une anti-
quité légendaire. Un poète du XVP siècle, voulant se conci-
lier par une flatterie pareille les bonnes gràces des della Ro-
vere, ducs d'Urbin, concut le dessein de leur attribuer pour
ancétre Guérin, dont le nom était tout aussi populaire en
Italie que colui d*aucun des compagnons de Charlemagne,
gràce au succès du roman que nbus avons résumé, et entre-
prit de composer, à Pexemple d* Ariosto, une suite du Roland
amoureux où Guérin aurait parmi les paladins un ròle digne
de sa réputation.
Les della Rovere ne pouvaient demeurer insensibles à ce
procède aimable, car leur illustration était de date recente.
Le pape Sixte IV était d'origine plébéienne, et entro la famille
des della Rovere et la sienne, malgré la ressemblance du
nom, il n'j avait, semble-t-il, aucune parente reconnue jus-
qu*au jour de son élévation à la chaire de saint Pierre (1471-
1484). Des quatre neveux de ce Pontife, deux recurent des
principautés : Jerome Riario eut Imola et Forli, Jean della
Rovere eut Sinìgaglia ; les deux autres^ Pierre Riario et Ju-
lien (plus tard Ju:os II), furent cardinaux. Sixte fut Tennemi
acharné des Colonna et des Médicis, et on Ta méme accuse
d'avoir trempé dans la conjuration des Pazzi.
Jean della Rovere avait épousé la fille de Frédéric de
Montefeltro, due d'Urbin*. Guidubaldo, fils de celui-ci, mou-
* La célébritó du nom de Montefeltro remontait à Thabile et vaillant
condottiere du XIII" siècle auquel Dante a consacrò le chant XXVII de
l'Enfer. En 1275, à la tète des Gibelins de la Romagne, il écrasa l'ar-
mée des Guelfes que commandait Malatesta de Verrochio. Fuis il fut
successivement capitaine de Forlì et de Pise, assurant toujours la vic-
toire à ceux qu'il servait, se réconcilia plusieurs fois avec l'Eglise et
mourut en 1298, deux ans après étre entré dans l'ordre de Saint Fran-
90ÌS. Dante est sevère pour lui, trop sevère m^me, probablement parce
qu'il n'était pas demeuré jusqu'au bout fidèle à la cause gibeline. Il lui
reproche d'avoir, une fois devenu cordelier, donne au pape Boniface,
alors en guerre avec les Colonna, le conseil de promettre beaucoup et
de lenir très peu. Il est invraisemblable que Boniface ait eu besoin
Id t DODICI CANU
rut sana héritier, et eut pour successeur son neveu Fran-
cois-Marie I" della Rovere, fila de Jean (1508). Le pape Ju-
d'aller consulter un moine dans sa cellule pour apprendre à tromper
ses adversaires. La politique était alors, est peut-étre quelquefois de nos
jours, celle que Machiavel a décrite ainsi : « Si vede per esperienza ne'
nostri tempi, quelli principi aver fatto gran cose, che della fede hanno te-
nuto poco conto, e che hanno saputo con Tastutia aggirare i cervelli degli
uomini, ed alla fine hanno superato quelli che si sono fondati in su la
lealtà. » Princ. e. 18. Par une de ces contradictions fréquentes chez lui,
Dante associe ailleurs les noms de Lancelot, le fler chevalier de la Ta-
ble Ronde, et de Guy de Montefeltro, prenant ces personnages pour
exempLes de ceux qui, au déclin de Tàge, ont compris la necessitò de se
réconcilier avec Dieu: « nella loro lunga età a religione si renderò,
ogni mondano diletto e opera deponendo. » Conviv, IV, e. 58. — Cer-
tainement Dante eùt envoyé Francois -Marie della Rovere rejoindre
Montefeltro en Enfer, car les Gibelins du XVI' siècle n'avaient pas lieu
de témoigner en sa faveur. -- Les Montefeltro, au XlIIe et au XIV* siè-
cle, eupent et perdirent plusieurs fois la seigneurie d'Urbin. Antonio
de Montefeltro en acquit la possession durable en 1375. Il eut pour
successeur en 1404 son fils Guidantonio. En 1442 le pape Eugène IV
conferà le titre de due à Oddantonio qui venait de succèder à son pére
et qui périt deuxans àprès dans une conspiration. Le peuple acclama un
fils légitimó de Guidantonio, Frédóric, qui fut un homme d'un haut mé-
rite et à qui les princes les plus puissants confìaient le commandement
de leurs troupes. Son fils Guidubaldo suivit ses traces, mais fut dé-
pouillé de son duché en 1502 par Cesar Borgia. Il le recouvra peu de
temps après, et, n'ayant pas de fils, adopta, sur le conseil de Jules II,
leur neveu commun, Frangois-Marie della Rovere, qui lui succèda en
J508. Tiraboschi, op. 1. VI par. I, p. 15-16. Aux p. 53-56 il fait un grand
éloge de la manière dont les deux derniers Montefeltro, Frédéric et
Guidubaldo, encouragèrent les lettres, Guidubaldo surtout « à qui Ton
Ton ne peut refuser l'honneur d'avoir été un des plus splendides Mécè-
nes que la littórature italienne ait èus en ce siècle. » — Un des grands
exploits du premier Montefeltro aurait été une victoire remportée en
1282 sur une armée de Francais, de Provencàux et dltaliens qpie le pape
Martin IV avait chargés de prendre Forli. Montefeltro était capitaine de
Forli; ilabandonna la ville et revint surprendre les ennemis qui Tavaient
envahie, la pillaient et s'enivraient. Il en fit un carnage, et l'on mon-
trait plus tard à Forli Tinscription suivante sur marbré :
Livia Gallorum quae decem millia claudit.
V. Scartazzini, Divina Commedia, ed. Leipz. Inferno, e. xxvii, note
au V. 44. — Voltaire, avec sa finesse maligne, a vu ce qu'ont d'étrange
un pape faisant la guerre aux chrétiens et un diable argumentant en
forme avec un damné ; mais le passage de Dante est, malgré tout, d'un
très grand poòte, tandis qu« la parodie de Voltaire ne Taut rien. Dici.
phiL V, 4, t. L, ed. 1785.
I DODICI CANTI 17
les II (1503-1513) ne pouvait étre que favorable en principe
aux intéréts de son neveu auquel il donna d'abord sa con*
fianco pour la lui retirer et finir par la lui rendre. Mais ce
pape cut pour successeur un Médicis, Leon X, qui ne pou-
vait oublier ce que Sixte IV avait faìt contro les siens. Dé-
pouilléde ses domaines, Frangois-Marie se retira auprès du
due de Mantoue, son beau-père, et ne rentra dans la posses-
sion du duché d'Urbin qu'en 1522, après la mort de Leon X.
Il Yécut jusqu'en 1538. En 1534 il avait ajouté à ses Etats le
duché de Camerino pour son fils Guidubaldo ; mais^ quand
celui-ci succèda à son pére, il fui contraint à céder Camerino
a TEglise et le pape Paul III en investii Octave Farnese, son
neveu. Guidubaldo, second due d'Urbin de la famille della
Rovere, eut pour successeur en 1574 son fils, Francois-Ma-
rie II, qui mourut en 1631, àgé de quatre-vingts ans, sans
laisser d'héritier. Dès 1629 il avait renoncé à ses Etats en
faveur du pape Urbain Vili.
Sous les deux derniers Montefeltro et sous les trois delia
Rovere, les arts et les lettres furent en grand honneur à la
cour d'Urbin*.
Le poème où sont célébrés les exploits et les grandes qua-
lités des della Rovere n'a pas été achevé ; il s'arréte vers la
fin du XIP chant.
L'auteur partage Thostilité des della Rovere pour les Mé-
dicis, fait un grand éloge de Yenise, deploro les maux de
ritalie foulée par les Àllemands et les Espagnols. Il était évi-
demment encore sous Timpression qu^avait produite le sac de
Rome par les bandes du connétable de Bourbon *. Son oeuvre à
* « l tre duchi d'Urbino, che in questo secolo ebbero il dominio di quello
Stato finché esso fu devoluto al pontefice, nel favorire le lettere seguiron
le gloriose orme de' loro predecessori.» Tiraboschi, Storia della letter,
ite/. VII, p. 77. Ginguené complète ainsi Tiraboschi; < Leur cour, aussi
splendide que celle des princes les plus magnifiques de ce temps, mit
aussi une partie de son luxe à rassembler et à honorer les savants. »
Eist. littér. de V Italie, t. IV, p. 109-110.
2 V. Gebhardt, De l'Italie, essais de critique et d'Histoire, Paris, 1876,
p. 237 suiv. : Le sac de Rome en 1527. — L'armée de la ligue qui aurait
dù arréter les bandes impériales était commandée par le due d'Urbin,
Francois-Marie I«'. On se borna à maintenir l'ordre à Florence et à ma-
18 I DODICI CANTI
cetégard est intéressante, eten somme onn'aguère à regret-
ter qu'il ne Pait pasconduite plus loin, car quei agrémentpeut
présenter aujourd'hui un grand roman chevaleresque sur une
matière qu'Arioste n'avait pas épuìsée, puisqu*il a renoncé à
remplìr le cadre trace par Boiardo, mais où il a dépensé le
plus beau genie poétique de Tltalie de la Renaissance ? La
noblesse de la Jérusalem pàlit à coté de cette richesse et de
cotte variété, de cette imagination merveilleuse, de ce stjle
tour à tour éloquent et familier, spirituel et passionné.
Les Dodici Canti ne sont pour nous qu'un document tout à
la fois littéraire et historique.
Si le Roland furieux n'est qu'à demi intelligible quand on
ne connattpas le Roland amoureux^ \es Dodici Canti, comma
d'autrescompositions analogues, ne seront pleinement acces>
sibles qu'à ceux qui ont lu ces deux poèmes. Mais Tauteur ne
s'est pas impose de suivre fidòlement le cadre trace par Boiardo
et Arioste ; il le modifie et en sort quand il lui plaSt. Parfois il
prend la peine de souligner son désaccord avec ses devan-
ciers là où il suppose que le lecteur pourrait le constater lui-
méme. Ainsi,au chant lY, oct. 54, il dit qu'Astolphe avait
Bajard que Renaud avait laissé à Paris, bien que Boiardo
pretende le contraire, et il ajoute:
Del ver mi accosto io sempre più ai vestigi.
Au chant VII, oct. 102, il imagine un second Mandricard
pour expliquer que Doralice puisse étre veuve. Ces libertés
sont fréquentes chez tous les poètes qui ont écrit des suìtes
au Roland amoureux.
Ce poème a été conserve dans le manuscrit de la Biblio-
thèque de TArsenal n°8583. M. Mazzatinti, dans le troisième
volume des Manoscritti italiani delle Biblioteche di Francia^
noeuvrer à longue distance de rennemi.Peut-étre le due d'Urbin n'était-
il pas mécontent de voir un Médicis dans Tembarras. La conclusion de
M. Gebhardt appelle l'attention : « G'est donc la Renaissance romaine et
italienne que le crime de Charles-Quint a frappée au coeur. >
I DODICI CANTI 19
p. IS5, le désigne ainsi : Poema in 12 canti, adesp, e anepigr,,
c'est-à-dire sans nom d'auteur etsans titre. Il n'apas cru né-
cessaire de décrire le manuscrit etse borne à citer la première
octave des Dodici Canti, et pour les autres piòces le premier et
le dernier vers, le premier seulement qviand ce sont des son-
nets. Sur ces indications, j'ai obtenu le prét du manuscrit et
yy ai copie le poèma en Thouneur des della Rovere et d'autres
pièces qui seront Tobjet de la seconde partie du travail que
je commence aujourd'hui.
Le manuscrit 8583 a une hauteur de 20 cent. 4 mill. et une
largeur de 14 centimètres. Il estécrit sur papier, et relié en
parchemin. Au dos on lit :
Rime diverse
.... Alamanni
Susio
et sur le plat:
Rime diverse di Luigi Alamanni e di Gio.
Battista Susio della Mirandola
Au verso de la première feuille de garde Ton a:
Manoscritto originale
Di alcune poesie inedite di Luigi
Alamanni et del Susio
Enfin, au recto de la seconde feuiile de garde cotée 1 et ser-
vant de titre, Ton a:
Canti Dodici
Rime diverse
di Luigi Alamanni
del Susio E
Le manuscrit contient 279 feuiliets ; les feuillets 156 et 157
sont restés en blanc et la pièce sui vanto commence à la
stanco 3. Les feuillets 270, 271, 277 et 279 sont également
en blanc.
Ce manuscrit est un recueil factice forme de deux parties
distinctes: la première, qui contient les Dodici Canti, est d'une
seule main avec des corrections et des lacunes qui me sem-
so I DODICI GANTI
blent indiquer un autographe. L'écriiure, tròsmenae, surtoat
après les premiòres pages, est caractérisée par la lettre e qui
estformée d'unjambage et d'un trait légèrement relevé par-
tant de la téte du jambage, ressemblant à IV romaine minus-
cale. Cette partie me parait dater du XVP siòcle.
A la fin de Texorde qui comprend huit octaves, au bas du
verso du feuillet 2, on voit une sorte de signature ou de paraphe
où j'inclinerais à lire LA, c'est-à-dire les initiales de Luigi
Alamanni. Cette abrévìatìon est répétée à la fin des Dodici
Canti, qui s'arrétent à la neuvième ligne du feuillet 142, verso,
par le premier vers de Toctave 108. lei elle me parait bien indi-
quer que Fauteur avait pour le moment renoncó à continuer
son oeuvre.
La seconde partie du recueil est formóe elle-méme de deux
parties, la seconde étant un Cahier de format plus petit, con-
tenant un Capitolo du genre pieux. La première, comprenant
des poésies d'Alamanni, du Pallavicini, d'Arioste, de Susio
della Mirandola, etc, différe absolument du manuscrit des
Dodici Canti par le papier et par Técriture.
VI
Dans Texorde du chant I, l'auteur, après avoir invoquó la
dame de ses pensées, se place sous la protection du grand
due d'Urbin qu'il félicite d*avoir montré sa force et sa valeur
contre
. • .el Mediceo duca Lorenzino.
Ce jeune Laurent est certainement le neveu de Leon X^ fils
de Pierre, frère ainé du pape. Son onde enleva aux della
Rovere le duché d'Urbìn pour le lui conférer. Il a laissé une
assez triste réputation, et Ton ne peut s'empécher de regretter
que le genie de Michel-Ange ait si magnifiquement honoré la
mémoire de ce personnage. Les Dodici Canti ^oni dono dédiés
à Francois-Marie P' della Rovere qui recouvra son duché
après la mort de Leon X, comme nous Tavons vu plus haut.
Un peu plus loin notre poète déclare que, s'il est arrivé àia
quarantième année sans rien écrire en Thonneur de son Mé-
cène, c*est quMl a étó accablé par les maux de la pauvreté.
I DODICI CANTI 21
Si l'on jette an coup d*oeil sar la biographie d'Alamanni,
on voit quMl fut un adversaire des Médiois, qu'à la mori de
Leon X il ayait pris part à la révolte des Florentins contro
Tautorité de catte famille et qu*il dut fuir à Urbin, puis à
Venise. Aprèa diverses vicissitudes, Use retiraen Franco oùil
jouit de la faveur de Francois I" et do Henri II, mais ilrovint
en Italie entro 1537 et 1540, quand il avait un peu plus do
quaranto ans et quand Francois-Mario I" vivait encoro *. Il
n'jaurait dono rien d*impossiblo à ce que, désireux do revenir
s'établir dans son pajs natal, il eùt songé à se piacer sous le
patronage des ducs d'Urbin. Cotte supposi tion s'accordo -
rait ayec les éloges excessifs, il est vrai, mais conformes aux
habitudos d'Alamanni, quo Tautour des Dodici Canti fait do
lafamillo della Rovere enplusieursendroits, avoo le soin qu'il
met à rappeler quo Leon Tavait payéo d'ingratitude pour les
Services qu'ello lui avait rendus *, et le panégjrique enthou-
siasto do Yeniso quo nous lisons au Y* chant.
1 « Tra '1 1537 e '1 1540 fu in Italia, or in Roma ora in Napoli, ora in
altre città, e stette per qualche tempo al servigio del card. Ippolito di Este
giovine, senza però lasciare quello del re Francesco, con cui era unitissimo
quel cardinale. > Tiraboschi, Storia della leti, ital.^ vii, par. 3, p. 1212.
— La Coltivazione fut publiée à Paris en 1546, le Girone il Cortese parut
en 1548. Alamanni était revenu en Franco en 1540. Il y mourut en 1556
à Amboise, aprés avoir jusqu*à la fin joui de la confiance des rois de
Franco et profité de leurs libéralités. Il laissa VAvarchide^ epopèe régu-
liòre sur un sujet romanesque, un sìège de Bourges (Avaricum) que le
vandalo Qodasso, fils de Stilichon, a enlevé au roi Ban, pére de Lancelot,
et qu'Artus, ayant pour alliés les fils de Glovis, veut reconquérir. Au
lieu dola colere d'Achille, Ton a la colere de Lancelot; Galéhault, le
roi des Iles Lointaines, remplit le róle de Patroclo ; Agamemnon, Hector,
Nestor, Thétis sont suppléés par Artus, Séguran dlrlande, le roi Lac,
la fée Viviano, etc. Ce poème parut en 1570 et ne rencontra qu'une indif-
férence très méritée. V. Gaspary, Op. 1. ii, p. 541.
' Gh. IV, oct. 128. — Laurent le Magnifique avait obtenu d'Innocent
Vili le cardinalat pour son fils Jean, àgé de moins de treize ans. Enve-
loppé dans la proscription des Médicis, le jeune cardinal dut quitter
ritalie et voyager en Europe. Il i-evint à Rome vers la fin du pontificat
d'Alexandre VI. Il dut la faveur de Jules II à Tamitié de Galeotto della
Rovere, neveu du pape, cardinal et vice-chancelier de l'Eglise. Jean
pleura la mort prématurée de Galeotto, mais une fois pape il oublia
tout, et Leon X devint « l'injuste persécuteur du due d'Urbin, et les
armes à la main, les foudres de TÉglise à la bouche, Timplacable usur-
pateur de ses états. » Ginguené, Hist, lift. d'Italie, iv, p. 7.
22 1 DODICI CANTI
Je note ces mots de Texorde (e. I, oct. 6) :
Della tua quercia corro alla dolce ombra
Qual stanco pellegrin per mio riposo.
Le désir de trouver le repos et la sécurité sous le chéne
puissant des della Rovere serait bien naturel chez un Italien
exilé de sa patrie et qui ne parait point s'en étre console.
A la fin du chant XII, la fóe Sylvana montre à Astolphe
des peintures où sont représentées non seulement des per-
sonnages de la famille della Rovere, Sixte TV, Jules II, mais
aussi le pape Paul III et les princes Farnese, ses petits-fils ;
il j est méme fait allusion au duchéde Camerino, que Paul III
reprit pour le donner à Ottavio Farnese. Il eùt été plus na-
turel et plus habile d*amener Guérin plutòt qu* Astolphe dans
le palais de la fée, puisqu'il est dans le poème Tancétre, le
capostipite, de la maison della Rovere ; mais Tauteur, à boat
dMnventions ou peut-étre hàté d'introduire cet épisode lau-
datif dans une oeuvre que son intérét Tengageait à oifrir sans
retard, sans attendre quelque nouvelle difficulté entro les
Farnese et les della Rovere, s*est mis en mesure de plaire à
ses divers protecteurs et ne s'est pas trop inquiète de Guérin
qu*il avait laissé, au chant XI, aux prises avec Renaud
(oct. 68). Et, s'il s*en est tenu là, c'est très probablement
parco qu'il a renoncó à devenir le protégé des della Rovere et
des Farnese.
L'on a une indication vague sur la personne du poète lui-
méme dans Texorde du chant I, oct. 5 :
Cuopri quest' opra mia sott' il tuo manto
Oh* io non divenghi per sempre meschino
Com' i ' divenni un' altra volta ancora,
Per dir la fama tua che 1 mondo honora.
Était-il Florentin? au chant IV, oct. 127, on rencontre :
Vedi i Rutili, i Volschi, i Latini,
Li Marsi, li Picenti, il mio paese
Oh* al vinci tor fu termini et confini
Che ritornò da bellicose imprese.
De quel vainqueur s'agit-il et de quelle entreprise guer-
rière ? Fon est porte à songer à quelque expédition de Fran-
I DODICI CANTI 23
cois-Marie. Que valentexactement les termes fini qì confini?
A UD moment donne toute ville importante, au milieu des lut-
tesqui déchiraient Tltalie, a été la limite d'ane conquéte. Il
estpossible que l'auteurait evitò de prononcer le nomde Flo-
rence pour ménagerles rancunes des della Rovere.
Lamention demanuscrit originai, donnée au titre du recueil,
pouvant s'appliquer à la première partie, m'amenaità exami-
ner si nous ne possèderions pas un texte autographe de Luigi
Alamanni.
J'ai voulu le comparer au Giron le Courtois que j'ai relu en
cherchant s'il y avait matière à quelque rapprochement; mais,
dans cotte imitation d'un des romans du cycle d'Artus, lepoète
italien, gène par son originai, n'a plus les qualités d'aisance
et de charme que Ton admire dans ses autres osuvres. La
marque personnelle y fait complètement défaut.Le bon Giron
peut étre le type du parfait chevalier errant, le plus courtois
des paladins ; il lasse Tattention plus que la Léandréide ou
Tinterminable Mamòriano.
Dans les Sonnets d'Alamanni, il en est un qui exprime des
sentiments très semblables à ceux que nous rencontrons sou-
vent dans les Dodici Canti {Venìse. 1552, p. 292) :
Chiari signor che dell' Italia bella
(Come piacque a chi *1 può) reggete '1 freno ,
Non vi accorgete eh' al natio terreno
Si proccura da voi larga procella ?
Voi posto havete in la supreiocìa sella
Tal che macchiato di crudel veleno
Crudo per voi coltel s'asconde in seno
Sotto chara, et gentil, dolce favella;
Et quegli aurati fior che vaghi fero
1 vostri almi giardin fiorir mai sempre
Svegliendo, in vece lor nutriste spine.
Ma siavi a mente pur che Giove al fine
Non sosterrà ch'in si dannose tempre
Sia d'ingiusti rottor sì giusto impero.
De méme la rancune contro TEspagnol et l'Allemand est
vivement rendue dans ces deux quatrains (p. 289) où il vanto
la sécurité du paysan francais :
24 I DODICI CANTI
Quand* io veggio il villan con larga speme
Che con l'aratro in man pungendo i buoi,
Riga i suoi campi, per versarvi poi
Quand' è il tempo miglior Tamato seme,
Sospiro et dico (ohimè) : costui non teme
Ne THispan ne 1 German eh' à i danni suoi
Venghin rabbiosi, com* han fatto a noi,
Doglioso esempio di miserie estreme.
Il serait aisé de relever, dans Alamanni, d'autres passages
où Texilé exhale ses colères centra ceux qui gouvernent
Florence, pleure sur la liberté morte et donne des conseils
à son pays natal.
Je ne me crois pas autorisé à tirer une conclusion des indi-
cationsque j'airapidementréunies; mais je ne pouvaiséviter,
engagé que j'étais à le faire par le titre méme du manuscrit,
de les soumettre au lecteur. D*autres plus compétents, si
Tobjet leur paralt mériter quelque intérét, décideront avec
sùreté sMl n'y eut entre Alamanni et Tauteur des Dodici Canti
qu'une communauté de sentiments, une baine égale pour le
nom des Médieis.
De tonte manière, les Dodici Canti sont le premier jet d'un
versificateur qui s'est arrétó peut-étre au moment où la mort
de Francois -Mari e I" della Rovere rendait son travail moins
utile, moins lucratif, pour dire le mot. Le style est facile,
élégant méme parfois, autant que j'en peux juger. Le ton
s'élève jusqu'à Téloquence aux endroits où il est question des
malheurs de Tltalie divisée, trahie, opprimée. A cet égard,
la fin du quatrième chantne laissera insensible aucun de ceux
qui pardonnent volontiers aux della Rovere et aux Médieis
pour avoir protégé Michel- Ange et Raphael.
La Renaissance italienne n'est pas une école de haute mo-
ralité, nul n'y contredit, mais c'est Tépanouissement le plus
riche des dons les plus merveilleux du genie artistique, litté-
raire et scientifique, si bien qu'une fois les guerres de reli-
gion terminées, l'Europe n'a fait que s*appliquer à en repren-
dre la tradition un moment obscurcie. Mais Fon ne retrouvera
plus cette fleur de la première éclosion du genie moderne :
qui en a goùté le charme demeure désarmé en face des
I DODICI GANTI £5
fautes, des vices, des crimes de ces grands hommes qui em-
plojaient les trésors de leurs Etats ou méme de TEglise à
renouveler les siècles de Périclès et d'Auguste.
Taine, dans son Histoire de la littérature anglaise, est tròs
dnr pour ce qu'il appelle la Renaissance paì'enne : il s^associe
à Luther pour dresser un réquisitoire en forme contre les
civilisations du Midi. Il prend au pied de la lettre toutes les
déclamations du róformateur allemand et conclut en disant :
« On ne fonde pas une société sur le eulte du plaisir et de la
force ; on ne fonde une société que sur le respect de la liberté
et de la justice^ » Et il déclare que la Réforme est, elle
aussi, une renaissance, mais appropriée au genie des peuples
germains. Ces peuples sont sans doute plus grossiers et plus
lourds, plus adonnés àia gloutonnerie et à Tivrognerie, mais
ils sont en méme temps plus remués par la conscience, plus
fermes à garder leur foi, plus disposés à Tabnégation et au
sacrifica. Le grand écrivain ne volt pas que la Germanie était
encore eu plein mojen àge quand Tltalie, depuis deux siècles,
marchait à grands pas sur la route rojale de la civilisation
moderne. Luther est un contemporain de Dante, non d^Arioste.
Quant à comparer la valeur morale des peuples de TEurope,
élever les uns, avilir les autres, en s'appujant sur dessta-
tistiques complaisantes, c'est sortir du domaine de la critique
littéraire, et méconnattre les lois de Thistoire. Au jugement
partial et très léger, malgré sa gravite affectée, de Taine,
j'opposerai Topinion d'un esprit sage, d'un historien sérieu-
sement et lojalement documenté, de Burckhardt :
« Si l'on nous permet de résumer les princìpaux traits du
caractère italien tei que la vie des classes éle^rées nous le
fait connaitre, nous arrivons au résultat suivant. Le défaut
capital de ce caractère est en méme temps ce qui en fait la
grandeur : nous voulons parler du développement de l'indi-
vidualisme.... Or, si l'égoisme, dans le sens le plus large
comme dans le sens le plus étroit du mot, était la racine de
tout mal, ritalien cultivé de la Renaissance aurait été par là
méme plus près du mal que d' autres peuples.
< Livre II, eh. Y, 1 : Les vices de la Renaissance pa'ienne. ^ Décn^
dence des civilisations du Midi.
26 I DODICI GANTI
» Mais chez lui ce développement individuel a été fatai et
non volontaire ; c'est surtout gràce à la culture italienne
qu'il s'est ótendu aux autres peuples de TOccident et qu'il
est devenu depuis le milieu supérieur dans lequel iis vivent.
11 n*est ni bon ni mauvais par lui-méme, mais il est néces-
saire ; il est la conditlon du bien et du mal moderne qui ont
pour nous une toute autre valeur que pour le moyen àge.
» C'est ritalien qui a eu le premier à soutenir le choc
puissant de cette revolution dans Thistoire du monde. Avec
ses qualités et ses passions, il est devenu le représentant le
plus remarquable des grandeurs et des petitesses de cet àge
nouveau : à coté d'une dépravation profonde se développent
la plus noble harmonie des éléments personnels et un art
sublime qui ennoblit la vie individuelle, comme Tantiquité ni
le moyen àge n'avaient pu ou voulu le faire *. »
Taine aurait dit tout cela avec plus d'éclat et de relief,
mais Taurait-il dit, lui qui dans son Voyage en Italie est souvent
si préoccupé d'idées préconcues? Et cependant j'y rencontre
cet aveu : e La facon dont les Grecs et les Italiens de la
Renaissance prenaient la vie était à la fois meilleure et pire :
elle produisait une civilisation moins durable, mais commode,
moins humaine, mais plus d'àmes complòtes, plus d'hommes
de genie ^. » Il conclut ainsi un développement, où il établit
que la spécialisation moderne aboutit à Tabaissement de
Tart, de la religion, de la poesie. Mais si nous sommes me-
nacés de passer sous le niveau de cette médiocrité odieuse,
ne pourrions-iious pas étre indulgents pour les races nobles
qui n'ont point connu, pour citer Taine parlantde la déca-
dence de Venise, « les deux seuls vices impardonnables, Tai-
greur et la vulgarité ^ ? »
Pour en revenir aux Dodici Canti, ils portent la marque
d'une rédaction rapide, les négligences sont nombreuses, on
y relèvera des formes archaiques. J'ai reproduit le texte fidè-
lement, sans toucher à Torthegraphe proprement dite. SiTau-
» Burckhardt, La civilisation en Italie au temps de la Renaissance^ t. ii,
p. 218-219 de la trad. frangaise.
2 Voyage en Italie, t. ii, p. 247.
3 Voyage en Italie, t. ii, p. 302-303.
I DODICI CANTI 27
teur Tavait revu et préparé pour rimpression, il lui aurait
sans doute donne un autre aspect. On rencontrera des oc-
taves et méme des vers incomplets.
Les Cinque Canti d'Arioste, qu'il avait laissés à Tétat
d*ébanche, présentent également des lacanes, des négligen*
ces, des fautes de versification et mème de langue ^ et cepen-
dant Arioste, pour le reste de son oeuvre, est le plus correct
des écrivains.
La composition des Dodici Canti est assez enchevétrée, et
Tauteur abuse du droit d'abandonner successivement, pour
les retrouver edsuite, ses chevaliers errants sur les divers
chemins où il les a engagés. Pour faciliter la lecture de ce
poème, j'en présente d'abord un résumé qui permettra d*en
saisir l'ensemble. J'aidù renoncer à Taccompagner d'un com-
mentaire suivi. Qà et là j'ai suppléé des lettres omises ou
illisibles en les placant entro crochets. A la fin, l'on trouvera
quelques notes réclamées par l'état du texte ou complétant
cette introduction.
VII
CHANT 1
L'auteur annonce qu'il conterà une histoire que Turpin a
cru devoir taire dans Tintérét de la gioire de Roland, invo-
que sa dame et dédie son oeuvre au due d'Urbin.
Il rappelle comment Roland et Angélique ayant bu aux
sources de Merlin dans la forét d'Ardenne, le comte s'éprit
d'un plus grand amour pour Angélique, tandis que celle-ci
n'eut désormais pour lui que la plus violente aversion.
Il dira l'origine de la famille du due d'Urbin et ce que fut
Guérin, auteur de sa race.
Roland a surpris Angélique endormie dans la forét d'Ar-
denne ; il la contemplo et Tadmire. Bride-d'Or hennit. Angéli-
que s'éveille à ce bruit, prend la fuite, et, quand Roland veut
s'approcher d'elle, elle se rend invisible eu mettant dans sa
• Ginguené, BUt. littér. de ntalie, t. iv, eh. V, p. 510.
28 I DODICI GANTI
bouohe son anneatt magique, pais se tient caohée sous un
laarier.
Après 8*étre désespéré, le comte se décide à se diriger vers
le Cathay dans la pensée de retrouver celle qu'il aime. Il re-
monte en selle et part.
Survient un chevalier. Il boit à Tautre source et perd aussitdt
son amour pour Angélique. C'était Renaad de Montauban
qui avait rencontré Ferragus, avait dù le combatire et ainsi
avait été retardé dans sa poursuite d*Angélique. Quand
celle-ci, au matin, veut partir, elle boit, mais à la source de
Tamour, où précisément Roland avait bu. Dès lors elle est
éprise de Renaud, tandis que celui-ci, qui était parti de Paris
malade, est guéri de sa passion.
Angélique admire Renaud endormi, et, bien qu'en con-
sidérant qu'il a Rabican pour che vai et qu'il a peut-étre tue
son frère TArgail, elle alt un moment la pensée de le tuer,
elle le veut pour son seigneur, lui pardonne la mort de son
frère, veut obtenir à tout prix son amour, et flnit par Tappe-
ler par son nom. Il s'éveille, la voit, et, sans lui répondre,
remonte sur Rabican et fuit. Elle s'asseoitsur Therbe, s'arra-
che les cheveux, pleure et pousse des cris de désespoir. Elle
est sur le point de se donner la mort.
Cependant Roland va son chemin. Un géant lui demando
de se résigner à le servir un an ou à le combattre. Duel oti le
comte mentre sa vaillance ordinaire. Mais Roland met le pied
dans le sang du géant, s'y trouve comme englué, est saisi,
encbainé et enfermé dans une tour *.
> Dans Arioste, Galigorante s'emparait de ses victimes a Taide du filet
magique où Vulcain avait salsi jadis Mars et Yénus. Astolphe n'a qu'à
sonner du cor enchanté que Logìstille lui a donne, pour que le géant
soit à sa merci : il Tenchaìne et Temmène avec lui. Il arrivo ainsi sur
les bords du Nil où Boiardo avait laissé Grifon et Aquilant aux prises
avec Orrile, le monstre qui se reconstituait aprés chaque blessure. Astol-
phe trouve le moyen de tuer Orrile et dònne plus tard Galigorante à
Sansonnet qui gouvemait Jérusalem pour le compte de Charlemagne
{Roland furieux^ XY, 42-97). De Galigorante, notre auteur a fait son
Gorante, frère d'Orrile, leur a donne pour mère Alfégra, personnage
de son invention, a imaginé le piège du sang au lieu du filet de chatnes,
et a attribué à Gorante le don magique d'Orrile. (V. eh. II, et surtout
eh. IV.) Gf. Morgante, XXIV, l'histoire des géants impaniati, englués
par Maugis,
I DÓDICI GANtt t^
Ferragns, qai sarvient, est pris également dans le sang da
géanty et Renaud, en youlant le dégager du piège, 7 glisse
à son tour, si bien que tous trois sont prisonniers.
Angélique repassait dans son esprit les événements pro-
voqués par sa beante. Elle partait, quand elle entend un che-
valier prononcer son nom. C'est Sacripant, roi de Circassie,
qui est amoureux d'elle comme les autres. Quand il la yoit,
il s'élance et lui barre le passage, car il connait le secret de
Fanneau. Mais Angélique lui preme t de Faimer 8*11 consent à
se faire son champion contro le meurtrier de son fròre. Il
promet ce qu'elle veut, aveuglé qu'il est par sa passion.
CHANT II
Angélique continue à tromper le roi de Gircassie sur ses
intentions vraies. Ils se dirigent vers le Levant, et pour
abréger Tennui du chemin elle lui conte une nouvelle. Quand
elle était en Espagne avec Fleur-d'Épine, une yieille femme
porta plainte contro un jeune homme doni elle était foUement
amoureuse et qui ne lui témoignait que du mépris: le con-
traste entro sa laideur et la sincérité de sa passion faisait
tout à la fois rire et pleurer.
Les deux vojageurs rencontrent dorante, le monstre qui a
déjà vaincu Roland, Ferragus et Renaud. G'est le frère
d'Orile, et Astolphe Tavait déjà chassé du domaine de la fée
Sjlvana. Il provoque Sacripant. Pendant le combat survient
un nain qui apprend à Angélique que le Cataj est menacé
par Agrican qui la veut pour épouse.
Angélique regrette d'avoir rejeté le dévouement de Roland
qui Seul était capable de la défendre contro Agrican. Elle
maudit sa beante qui cause le malheurdes vaiUauts chevaliers
qui Taiment. Gependant Finfluence de Tanneau magìque agit
sur le géant qui tombe ; Sacripant lui tranche la téte^ et, le
charme étant rompu, les prisonniers sortent de la tour. Le
nain suspend la téte de Gorante à Targon de sa selle et part
avec Angélique et Sacripant. Mais le corps du géant les re-
joint, reprend sa téte et engagé un nouveau combat avec Sa-
cripant, tandis qu' Angélique s'enfuit. Le nain rencontre Re-
naud auquel il conte ce qui s'est passe et qui continue à
28 I DODICI Cà'
V
bonohe son anneau magique, pai
laupier. ^ "^r^ g.
Après s'étre désespóré, le com ▼ . ''ojt
le Cathay dans la pensée de ret' ^^ ^ ^ l^ -^^^
monte en selle et part. \^ ^
Survientunchevalier.Ilboi"^ - ^^
son amour poup Angélique. *;^^^
qui avait rencontré Ferrag' . "^ -''•i.
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malade, est guéri de s*. * ^ ^^H. ^ ^'y
Angélique admire ' ®^ir
sidérant qu*il a Rabi
son frère l'Argail, f >i^ ^^^ ^^^t^fì
elle le veut pour sr co i> ^ ^ ^f ^ ^^r^^T"""^ r,i.
frère, veut obteni/ , a P ^^^ ^ "^« ^a^?^^ quì^ cJu
ler par son nom. Seflfir^^^;' ^^^^e^'^^M ' ^ou,
remonte sur R.^ ^ ^^^ roy^^^'^ ^^^^t^^^^^^
che les cheveu- ^éfendre. , , . ^ t^^X^S^O,x,
estsurlepoir .. , v\?^r^il^ ^^^^ì ^ ^^K»
_ -, X jentin de 1 bto-i^ „ j. ^^hw ^^ s ^
de se ré«gD . ^ ^^ corrai'** «ù ^ «^ ^^^ ^ol^ .
'pieur-d'Epine qui elle auS5i Ja ^^^té ofcJT.^^Se ^^
^adamante repart àia recherete d^ ^^^«i< Po^^® «^«
'fiMeur-d'Epine qui elle auSSi Ja ^ té oj,f.-'='«e a.,
' P*' ^f .damante repart à la recherciie de t.®*'«i< ^^^e-^« "*
Zf "^fatir appris que Roland a pa«sé i, ^%e.. g-o. ^-
les ^rfr*^"^"* "«^'o«e
avf CHANT IV
P'
F fde ei qnatre octaves où il est parie ^.r»
TI de Cicéron, de Périclès. L'auteur céJébp ^^^s/^g^ rf
f iVoquenoe et dea Muses. ® ^ PooL . ®
Roland s'éprend de la fausse Fontedoro. C'est ''**
«nnemie d' Angélique et qui veut la ruine de soq "® «Ofoié^
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I DODICI f 33
avec un saty ^® P®"* plus sortir.
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^ ^ ^ ^ èi mourir de
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▼ 4 invers Char-
.t ^ Sacripant
,a biex. 'eux che-
. quéte deK^
nom de Soffrosint ^ncon-
. Egypte. Elle trouve pi . ^e et
description de ce palais. Elie ^^^
.e. Des jeunes filles la prennent et ^
ó palais. Description d'un chénc qu^embr^.
.8, grands Fun par le savoir, Tautre par la pui.
- deux autres personnages portant le manteau de
.e ; — un autre encore, fameux par sa valeur. L'arbre
chargé de trophées (oct. 39-40). — Il s'agit de la famille
aella Rovere.
Silvana s'étonne. Une voix lui apprend qu'un jour elle
pourra expliquer ce que signifie ce tableau. — Repas de Syl-
vana. Elle est couronnée. '
Lafée domande à Astolphe de chàtierGorante. Elle lui pro-
met un collier qui lui assurera toujours la victoire. Astolphe
avait précisément la lance d'or enchantée de TArgail et le bon
cheval Bayard. Survient un chevalier dont le frère a été as-
sassine. Astolphe s'engage à vaincre le monstre.
Après avoir désarcouné Gradasse à Paris, le prince anglais
était parti à la recherche de Roland; mais colui- ci par l'Es-
pagne se rendait au Cathay, tandis qu* Astolphe passait par
TAllemagne, la Thrace, le Pont et arrivait au Tanai's, au pays
de Sylvana. Vulcain avait forge ce collier auquel Tydée avait
dù ses triomphes.
L'on revient à Roland. Pendant qu'il se laisse séduire par
Alfégra, les vaisseaux, qui accompagnaient celle-ci, se sont
évanouis. Une tempéte s'élève et met la barque en perii. Ro-
land interrogo Alfégra qui se rit de sa frayeur.
Cependant Renaud a tue la Chimère et rencontré un lion
qui se défendait avec peine contro un griffon. Il tue le grifTon
et étourdit le lion d'un coup du plat de son ópée.
3 6 1 DODICI CANTI
chercher son che vai. Mais il est arre té par la Chimère et iloit
engager une lutte terrible.
Roland se dirigeant vers Albraque, passe les Pyrénées et
arrive en Andalousie. Le roi Marsile, qui redoutait non sans
raison les projets de Gradasse, offre à Roland de le prendre à
son service. Roland refuse. Un chevalier de Marsile, Berza-
yaglia, le dófie. Après s*étre débarrassé de Berza vaglia et des
siens, Roland passe le détroit de Calpé et d'Abila. Il suivait
le rivage quand il apercoit nombre de gens armés et des na-
viresquiétaient sur lepointd'aborder. De Fun d'eux se détache
une barque, et une dame tout en pleura lui domande d*y
monter, carello a besoin de son secours et veut s'entretenir
avec lui. Le chevalier descend de Bride-d'Or et la suit.
CHANT III
La dame apprend à Roland qu'elleest Fontedoro, nièce du
grand Sènape, quo son épouxaététué parSarmagon qui vou-
lait Favoir pour femme, qu'elle a puni d'une manière terrible
le meurtrier de son mari, et que Seffronio, frère de Sarmagon,
assiège Albana, capitale de son rojaume. Roland partage sa
douleur et lui jure de la défendre.
Marsile charge Serpentin de TEtoiledelui ramener Roland
qu'il veut avoir à son service. Mais, au lieu du chevalier, il
rencontre Bradamante. Après un combat où la soeur de Re-
naud a Tavantage, on s'arréte dans une hòtellerie où Brada-
mante est Fobjet des obsessions de la fille de la maitresse du
lieu et doit lui raconter comment déjà elle a été obligée de
détromper Fleur-d'Epine qui elle aussi la prenait pour un
homme. Bradamante repart àia recherche de Roger. Serpen-
tin, après avoir appris que Roland a passe le détroit, revient
auprès de Marsile.
CHANT IV
Exorde en quatre octaves où il est parie d'Hégésias, de
Solon, de Cicéron, de Périclès. L'auteur célèbre le pouvoir
de Téloquence et des Muses.
Roland s'éprend de la fausse Fontedoro. C'est une sorcière
ennemie d'Angélique et qui veut la ruine de son empire. Elle
I DODICI CANTI ài
a eu de son union avec un satyre deux fils, Orile et Gorante.
Alfégra, tei est son vrai nom, les fìt éleverdansune tour près
du Nil. Infìdèle à Brione, leur pére, elle aime Médor qu'elle a
emporté aux Iles Perdues où elle le retient au milieu d'en-
chantements. De là la baine d* Alfégra pour son époux qu'elle
fait tuer par ses fìls. Mais, apròs ce crime, les parricides ne
peuvent s'entendre, et Gorante se dirige vers le Tana'is et
penetro dans le domaine de la bienfaisante fée Sylvana. Ghez
elle était venu Astolphe en quéte de Roland. Sjlvana était fille
de la Sibjlle et portait le nom de Soffrosine avant d'avoir quitte
rtle d'Erjthrée pour rEgypte. Elle trouve près du Tanais un
palais magnifìque: description de oe palais. Elle boit à une
source et s'endort. Des jeunes filles la prennent et la trans-
portent dans le palais. Description d'un chénc qu'embrassent
deux bergers, grands Tun par le savoir, Tautre par la puis-
sance; — deux autres personnages portant le manteau de
pourpre ; — un autre encore, fameux par sa valeur. L'arbre
est chargé de trophées (oct. 39-40). — Il s'agit de la famille
della Rovere.
Silvana s'étonne. Une voix lui apprend qu'un jour elle
pourra expliquer ce que signifìe ce tableau. — Repas de Sjl-
vana. Elle est couronnée. '
La fée demanda à Astolphe de chàtìer Gorante. Elle lui pro-
met un collier qui lui assurera toujours la victoire. Astolphe
avait précisément la lance d'or enchantée de TArgail et le bon
cheval Bayard. Survient un chevalier dont le frère a été as-
sassine. Astolphe s*engage à vaincre le monstre.
Après avoir désarcouné Gradasse à Paris, le prince anglais
était parti àia recherche de Roland; mais colui -ci par TEs-
pagne se rendait au Cathay, tandis qu' Astolphe passait par
TAllemagne, la Thrace, le Pont et arrivait au Tanais, au pays
de Sylvana. Vulcain avait forge ce collier auquel Tydée avait
dù ses triomphes.
L*on revient à Roland. Pendant qu'il se laisse séduire par
Alfégra, les vaisseaux, qui accompagnaient celle-ci, se sont
évanouis. Une tempète s'élève et met la barque en perii. Ro-
land interrogo Alfégra qui se rit de sa frayeur.
Cependant Renaud a tue la Chimère et rencontré un lion
qui se défendait avec peine contre un grifPon. Il tue le griflfon
et étottrdit le lion d'un coup du plat de son épée.
nt t DODICI GANTI
Aleramo condait Astolphe à la cabane où se cache Gorante.
Celui-ci est renversé da premier coup de la lance d'or et prò-
met de partir pour les pajs du Couchant. Ainsi il s*était retiré
dansla forét d'Ardenne où il avait fait prisonniers Roland,
Renaud et Ferragus qui furent délivrés par la verta de Tan-
neau que portait Angéliqae. Les chevaliers erraient dans la
fòrét à la recherche de la princesse, retenus parTart de Mau-
gis qai savait qae Gradasse projetait d*attaquer Gharlemagne.
L*enchantear avait trompé les démons qa* Angéliqae avait
chargés de Temprisonner, et revena en Gascogne il avait re-
pris son empire sur le monde infornai et retroavé au perron
de Merlin le grimoire oablié par Angéliqae qaand elle était
partie avec l'Argail ; ceiai-ci de son coté avait oublié la lance
d'or dont Astolphe était devenu le possesseur.
Astolphe brulé la butte de Gorante et revient avec Aleramo
auprès de Silvana.
Revenons à Roland. La barque est battae par les flots. Le
chevalier se rappelle comment Alexandre descendit au fond
des mers. Aifégra demeure indifferente, refuse de ramener la
barque au rivage. L'auteur enumero les poissons que volt
Roland, remarque quo les grands dévorent les petits et se
lamento sur lesmalheurs de Tltalie.
CHANT V
Suite de la plainte sur les malheurs de Tltalie, — histoire
de la fondation de Yenise, éloge de laRépublique, description
de son empire: Tautear lui conseille la justice et Tentente
avec le due d'Urbin (oct. 1-19).
Roland, couvert par les vagues, regardait les poissons tout
en pensant à Angélique. Survient un enorme poisson. Un
coup de Durandal ne peut le blesser ; Roland d'un bond
s'élance sur le monstre qui le porterà sain et sauf au Levant
où avec Sacripant il ira à Albraque.
Sacripant était aux prises avec Gorante, s'il vous souvient,
mais il fut sauvé par Tanneau d'Agélique. Celle-ci prend
néanmoins la fuite pour échapper à son amant. Au delà des
Pyrénées, elle retrouve son nain.
Sacripant la cherche vainement. Craignant que Gorante ne
I DODICI CANTI 33
Tait atteinte, il entre dans la forét d'où il ne peut plus sortir.
Il y resterà jusqu'à ce qu'il rencontre Renaud qui, après avoir
tue le griflfon, est obligé égaleinent de tuer le lion. Le rugis-
seiuent de Tanimal expirant attire Sacripant qui survient au
moment où Renaud se plaignait d'étre exposé à mourir de
faim dans cette solitude et regrettait ses torts envers Char-
lemagne, qu'il a abandonné, et envers son cousin. Sacripant
achève le lion qui rugissait encore. Querelle des deux che-
valiers qui se défient et engagent le combat.
Angélique et son nain, se dirigeant vers Grenade, rencon-
trent un géant. Elle met dans sa bouche Tanneau magique et
fuit. Elle aperQoit des gens armés. Le nain échappe au géant
et la rejoint. Elle Tenvoie en reconnaissance et il trouve sur
son chemin Bradamante qui lui dit que ce sont des soldats de
Marsile commandés par Serpentin. Le nain prie Bradamante
de protéger sa maitresse. Celle-ci est surprise de la ressem-
blance de celui qu'elle croit un chevalier et de Renaud. Elle
se fait connaitre, et Bradamante promet de la défendre, si
elle peut la renseigner sur le sort de Roger. Les deux dames
se confient leurs ehagrins. Angélique raconte comment ses
sentiments envers Renaud se sont changés, elle supplie Bra-
damante de lui gagner Tamour de son frère.
Bradamante est étonnée d'une pareille dureté chez Renaud.
Elle promet de plaider la cause d' Angélique, et si, gràce à
elle, elle retrouve Roger, de la faire triompher.
Angélique estime que les deux vaillants chevaliers seront
attirés dans son rojaume par les bruits de guerre qui se ré-
pandent. Elles se quittent; Bradamante va à Montauban,
mais elle ne reverra Roger qu'à la cour de l'empereur Leon,
en Grece, ainsi qu'on Ta lu ailleurs (dans Arioste).
Nous suivons Angélique ^ Les gens de Serpentin ont une
querelle avec des voleurs, dont le chef, un géant, les met en
déroute, mais Serpentin fìnit par le tuer et vengo ses hommes.
Marsile regrette les pertes qu'ii a faitessans qu'on ait pu lui
amener Roland qui vojage tristement sur la baleiue.
* Il ne sera plus parie d'elle que bien plus loin, à propos du Rio-Cas-
tello.
34 I DODICI GANTI
CHANT VI
Du bien de la liberté. Roland Fa perdue pour s'étre épris
d'Angélique. Il eùt bien voulu remonter sur sabarque, mais
Neptune fapercoit et Roland se fait connaitre, raconte com-
ment Famour d'Angélique lui vaut ces aventures. Neptune lui
apprend qu'il avait entendu ses plaintes et, qu*ému de pitie,
il lui a envoyé la baleine pour le sauver.
Astolphe est revenu au palais de Sylvana avec Aleramo,
après la défaite de Gorante. 11 ne voli partout que serpents,
et Aleramo lui explique que c'est le jour où les fées sont for-
cées de se transformer, une fois Pan, en reptiles. Ils visitent
les salles du palais. Dans Fune, ils admìrent des peintures
dont plusieurs se rapportent à la famille des ducs d'Urbin
(oct. 31-37).
Renaud et Sacripant échangeaient des coups terribles. La
nuit arrive, ils s'arrétent, se désarment et s'étendent pour
dormir. Sacripant velile et se désespère d'avoir perdu Angé-
lique. Maugis, ne voulant pas que Renaud reprenne un com-
bat dangereux, présente aux yeux de. Sacripant une image
d'Angélique qui reproche au roi circassien de se livrer au
sommeil et de Toublier. Ils partent ensemble et le démon
donne à Frontalet une telle vigueur qu'ils atteignent le rivage
où Roland avait rencontré Alfégra, la fausse Fontedoro. Le
démon disparait et Sacripant se plaint de cette trahison dont
il croit Angélique coupable. Il est sur le point de se donner
la mort.
Renaud s'éveille et constate que son adversaire est parti.
Il a grand'faim et s'adresse à un ermite qui refuse de lui ou-
vrir. Il se répand en invectives contro les moines, enfonce la
porte et jette par la fenétre Termite que Dieu protège et qui
ne se fait aucun mal. Renaud lui demando pardon et le moine
s'excuse de sa défiance en alléguant que Termitage a été long-
temps un repaire de voleurs. Renaud, après s'étre rassasié,
repart et trouve le cheval de TArgail qu'il avait déjà possedè*
mais qu'il avait perdu^ quand avec Roland et Ferragus il fut
prisonnier de Gorante. 11 se rend en Espagne.
Il nous faut conduire Roland à la montagne où Bride d'Or
paissait; gardé et soigné par les Dryades.
I DODICI CANTI 85
Neptune avait pris Roland en croupe sur son dauphin ; il
le depose sur le rivage d'Afrique, et envoie la baleine qui
avait avalé Alfégra la déposer sur le méme rivage. Roland la
rencontre et lui reclame Bride-d'Or. Alfégra se lamente. Sa-
cripant vient à son secours et demande à Roland d'épargner
une femme. Le comte la lui cède en Tavertissant de ce qu'elle
vaut. Ils vont ensemble à la recherche de Bride-d'Or.
Astolphe considerali les peintures du palais de Silvana. Il
est malmené par un grossier pajsan qui veut battre les ser-
pents-fées.
CHANT VII
Astolphe fìnit par tuer son adversaire. Avec Aleramo il va
se reposer sur un beau lit au moment où le jour paraissait.
Renaud était en Espagne. 11 s*est décide à se ranger du coté
d'Agrican, afin de punir le roi Galafron qui avait envoyé TAr-
gail avec la lance enchantée pour ruiner la Franco.
Il voit une femme attachée tonte nue à un arbre et battue
par un negre. Il s'approche. Elle Tengage à fuir. 11 refuse,
et dans un combat avec le géant noir qui était un des quatre
qui avaient accompagné Angélique en Franco, il lui passe son
épée à travers le corps, le blesse une seconde fois et voudrait
le convertir à la foi chrétienne, mais le mécréant ne veut
rien entendre et Renaud le laisse mourir de ses blessures.
La dame est surprise de la ressemblance de Renaud et de
Richardet. C'était Fleur-d'Epine, fìlle de Stordilan, roi de
Grenade. Elle raconte commeut elle s'était d'abord éprise de
Bradamante, comment elle devint l'amante de Richardet, et
comment celui-ci fut sauvé du bùcher par un chevalier errant.
Depuis elle aépousé Zénodore dontlabravoure dans un tour-
noi Tavait séduite. Ils rencontrent Tarmée de Zénodore qui
venaitsecourir son épouse. Onles conduit à la cité et Renaud
y est recu en triomphateur.
Pendant le festin qui suivit, Doralicé compare le chevalier
à Mandricard dont elle est veuve.
lei Tauteur s'interrompt (oct. 102). Le lecteup est en droit
de se demander comment Agrican peut étre au nombre des
vivants, quand son fils Mandricard est mort. Cela est en effet
36 I DODICI CANTI
en désaccord avec le récit d*autres poètes, mais ils ignorale nt
qu'il y avait eu deux Mandricard.
Nous les laissons à table et revenons à Roland. Les njmphes
lui ont rendu Bride-d'Or et le renseignent sur Alfégra.
Neptune lui a enlevé le grimoire à Faide duquel elle transpor-
tait les gens aux Iles-Perdues, mais elle n'en est pas moins
dangereuse. Elies mettent en garde les chevaliers contro les
enchantements qu'ils pourront trouver en se pendant au pays
de Galafron et leur apprennent qu'ils feront la rencontre
d'Angélique. Ils abandonnent Alfégra et partent, accompagnés
par un faune qui avait soigné Bride-d'Or et que les nymphes
leur donnentpour guide.
CHANT Vili
Les deux chevaliers cheminaient amicalement. Roland
parlait d'Àngélique. Cela déplut à Sacripante qui, pour le
détourner de cet amour^ veut lui montrer combien elle est
fausse et délojale. Elle possedè Tanneau dont Sémiramis se
servit pour satisfaire une passion incestueuse. Il fut trouvé
ensuite par le berger Gjgès qui le mit à profit pour séduire
la reine de Lydie. Cambjse eu hérita, et il passa aux mains
d'Atlante, Tenchanteur de Carène, qui lui donna la vertu de
détruire tout maléfice et le remit à Galafron, comptant ainsi
ruiner la Franco et sauver les jours de Roger.
Les deux chevaliers apercoivent une flotte sur la mer et
une armée sur le rivage. Le faune va à la découverte : ce
sont les forces de Rodomont qui va rejoindre Agramant et
veut envahir la Franco avec lui.
Roland piqué des deux, attaque les Sarrasins et se trouve
en face de Rodomont qu'il désarconne. Sacripant et le faune
mettent les Sarrasins cn déroute. Roland et le Circassien
entrent dans Alger, le faune reste à garder le pont.
Les chevaliers font un carnage des habitants d' Alger. Mais
Rodomont a jeté le faune en bas du pont et est entré dans la
ville. Il combattait avec Sacripant, quand il voit son palais en
flammes. Il y court pour sauver sa mère, mais trop tard. Le
faune avait mis le feu au palais et à toutes les maisons.
Les trois amis s'en vont et le comte écrit sur la porte :
I DODICI GANTI 37
(( lei a été Roland. » Gela augmenta la colere de Rodomont/
8t plus tard il flt pajer très cher aux Parisiens la victoire de
Roland.
Aleramo et Astolphe s'éveillent. Leurs vétements leur ont
été enlevés et ils trouvent à leur place, Astolphe une cotte
impénétrable, Aleramo un costume d'un prix inestimable.
Souventl habitfait valoirson homme. Sylvana requiert encore
Faide des chevaliers contre un nouveau monstre, Tisiphone,
sortie des enfers pour les punir d'étre entrés dans son palaia,
et, quand ils en auront triomphé, alors viendront Megère et
Alecton. Astolphe éprouve quelque frajeur, mais la fée le
dispense du combat et en charge Aleramo.
A Grenade, Renaud est Tobjet des attentions de Doralice.
On le comble d'honneur pour avoir délivré Fleur-d'Epine.
Toutes deux sont assises avec lui sur un char de triomphé qui
parcourt la ville. Mais Tamazone géante Sicomora qui avait
eu Tavantage dans un combat antérieur sur le negre Argeste,
ravisseur de Fleur-d'Epine, est jalouse des succès de Renaud ;
elle rinsulte et le provoque. Renaud est obligé d'accepter le
combat et, malgré son désir de Tépargner, il est contraint do
la tuer. Il est alors eutouré par les cent chevaliers de la géante
qui sont tenus par serment de la venger. L'un d'entre eux,
Guérin, s'offre à combattre, et, s'il est vaincu, lui et ses com-
pagnons deviendront les soldats de Renaud ; si celui-ci a le
dessous, il sera comme eux esclave des Amazones. Ce Guérin,
dans ses voyages à la recherche de son pére, était tombe aux
mains des Amazones (oct. 129).
Le combat dure longtemps : on décide de l'interrompre et
de le reprendre le jour suivant. On fait les funérailles de Sico-
mora, et à table Renaud et Guérin sont assis Tun à coté de
Tautre.
CHANT IX
Des trésors et de la vertu. — Guérin raconte son histoire.
Il est parti à la recherche de son pére, parce que la belle
Eliséna lui avait reproché de n'étre qu'un esclave. Après avoir
vaincu le roi Carador, il a quitte Constantinople, et à travers
bien des difficultés s'est rendu au pajs des arbres du Soleil,
38 I DODICI GANTI
où il a su qu'il devrait parcourir le monde avant de retrou-
ver son pére. Puls, avec Sicomora, il est venu en Espagne,
Il ne rit jamais et garde une attitude sérìeuse et noble.
Roland, Sacripant et le faune sont sortis d'Alger et se diri-
gent vers Aibraque, pendant que Rodomont módite de se
venger de la Franco. Un courrier de Qalafron leur annonce
que le roi appelle à son sécours tous les chevaliers errauts ;
il donnera sa fille Angélique^ à qui le délivrera d'Agrican.
Mais Angélique est prisonnière de Sarpedonte, fìls d'Oldrado,
et seigneur du Rio-Castello (Chàteau-Mauvais). Tout cheva-
lier qui se présente à ce chàteau y demeure prisonnier, s'il
ne met à mort en un jour cent chevaliers. Le courrier ajouta
qu'ils ne sont qu'à six lieues de Rio-Castello.
Ils en prennent le chemin, et Sacripant prie Roland de lui
laisser cotte entreprìse. Le comte y consent à la condition
qu'il respecte Angélique et la rende à son pére.
Lo courrier essaie de les détourner de leur projet et leur
domande de porter d'abord secours à Galafron, mais ils n'y
consentent pas.
L'auieur se plaint de ce que les seigneurs soient des tjrans,
préfèrent le vice ou la bassesse à la vertu et au talent. II
excepte son protecteur qui demeure digne de sa noble gesto,
la maison d'Anguillara. Puisse Mars le ramener vaiqueur !
Ils rencontrent les hommes de Sarpedonte. Sacripant les
attaque avec vaillance, et Roland commence à regretter de
lui avoir cède la place.
Cependant Aleramo, chez Silvana, combat Géryon, le dra-
gon à trois tétes, qui, malgré les coups qu'il recoit, s'enlace
autour du corps du chevalier. Sans Silvana, Astolphe n'eùt
pu supportar ce spectacle.
Aleramo tue enfìn le dragon, mais de la bouche de celui-ci
sort une bydre à sept tétes. Le chevalier en tranche une d'un
coup d'épée : à sa place il en renait trois autres. Astolphe
s'effraie encore davantage. Aleramo tranche les sept cols de
rhjdre et jette au feu Taffreux animai. Astolphe prie alors
Sjlvana de mettre une trévo aux combats avec les monstres
et de leur faire connaitre les merveilles de sa demeure.
Sur Tordre de Sylvana, on leur sert un repas dans son
jardin qui n'a point de pareli au monde. Au milieu est une
I DODICI CANTI 39
colline où les Muses habitèrent autrefois, le Parnasse aux
deax somtnets. Bq leur souvenir, on les y a représentées et
avec elles les grands poètes qui illustrèrent les genres
auxquels chacune preside. Sylvana et les deux champions
s'asseoient et lefestin commence.
Nousrevenons à la table où nous avons laissé Renaud et
Doralice qui brulé d'amour pour le chevalier. Elle craint de
ne jamais le posseder, carni elle ni son pére ne savent ce que
sontces deux étrangers errants. Elle rougissait et pàlissait
tour à tour, ce qui n'échappa point*à sa mère, tandis que
Fleur-d'Epine est jojeuse de se voir honorée et de ce que les
vaillants guerriers sont si bien traités.
Renaud, désireux desavoir qui est son adversaire, finit par
lui demander son noni et sa patrie. Le bon Guérin consent à
le renseigner. Il ignore où il est né; il a été ólevó à Byzance
où il recut le nom de Meschino. Tout enfant il avait été pris
par des corsaires, puis acheté par un marchand qui en fit
présent àsa femme. Ils eurent pour lui les soins de parents
véritables. Son pére adoptif avait un fìls: les deux enfantsfu-
rent traités de la méme manière, sans différence aucune.
L'empereur demanda un jour à celui que Gruérin croyait son
frère, de lui donner ce petit esclave. Le pére donna son con-
sentement, et Guérin devint le serviteur favori d'Alexandre,
fils du vieil empereur. L'impératrice Taimait également. Il dé-
livra Constantinople assiégé par les Turcs. Puis il résolut de
se mettre à la recherche de ses vrais parents et de consulter
les arbres du Soleil. Là un vieillard vénérable, aprés avoir
interrogò son idole, lui répondit qu'il devait aller vers le Cou-
chant, où ilretrouverait sa famille,qu'il avait recu deux fois
^e baptéme, qu'au premier il avait été nommé Guérin et
Meschino au second. En revenant il fut prisonnier aux rives
du Thermodon et y demeura sans pouvoir accomplir son des-
sein.
Renaud regrette que son adversaire se soit engagé par ser-
ment à venger Sicomora, car il mourra sans avoir recouvré
son nom de Guérin, mais sous celui de Meschino, puisqu'il a
eu la mauvaise chance de tomber entre les mains redoutables
du sire de Montauban.
Les chevaliers vont se reposer. Le roi Stordilan s'inquiète
4 I DODICI CANTI
d'avoir à sa cour ces deux chrétiens si vaillants. On le ras-
sure, mais Doralice qui se défie des intentions du roi, va se-
crètement avertir les chevaliers de se bien garder.
CHANT X
La jalousie trouble l'esprit; elle fait que Stordilan ne peut
recouvrer sa tranquillile et demande à ses conseillers quel
parti il doit prendre au sujet de Renaud et de Guérin. L'un
est célèbre pour sa prouesse, Tautre, sous le nona de Mes-
chino, est illustre chez les Grecs et a vaincu Finidaro et ses
fils. Stordilan craint pour son royaume. En sauvant Fleur-
d'Epine Renaud a mérité d'étre honoi^é, mais il convient qu'il
parte auplus tòt et Guérin avec lui. Zénodore, qui se défìait de
son pére, vient au Conseil et fait un grand éloge de Renaud
dont le courage estsans égal et surla lojauté de qui Ton peut
compter. On explique à Stordilan qu'il a tout intérét à ména-
ger le sire de Montauban. Zénodore quitte le Conseil et va
trouver les chevaliers, tandis que Stordilan consulte encore
ses conseillers qui ne savent trop que répondre. Zénodore re-
vient avec les deux chevaliers. Renaud annonce qu'une fois
son combat avec Guérin termine il quittera le rojaume.
Ildéclareque si Charlemagne attaquait injustement Stor-
dilan ou son fils, il est prét à les défendre. De méme Guérin
affirme que, lorsqu'il aura retrouvé son lignage, si Zénodore
recevait quelque outrage, il reviendrait le secourir, fùt-ce
au risque de sa vie.
Tout le monde les admire et Ton se séparé amicalement.
Mais Renaud, au lieu de dormir, projeite de convertir Zéno-
dore à la foi chrétienne; Guérin Tentend prier Dieu, et con-
coit de son coté le dessein, s'il sort sain et sauf du combat,
de délivrer la route de Galice des voleurs qui Tinfestent.
Malgré leur amitié, les deux champions, aussitòt qu'il fait
jour, se préparent à combattre. Zénodore les supplie vaine-
ment de se réconcilier. Stordilan insiste en leur montrant
que leur conduite est en complet désaccord avec la foi chré-
tienne ; elle enseigne le pardon des ofenses, et c'est pure
folio que de sacrifier un bien óternel à une fumèe d'honneur.
Le serment de Guérin est nul puisqu'il est contraire à la loi.
I DODICI CANTI 41
Renaud etGuérin ne pouvaient réfuterle roi qui avaitrai-
son. Eenaud est heureux de volr que le pére de Doralice
connaisse si bien TEvangile et espère le convertir. Il main-
tient qu*il a le devoir de combattre pour la vérité et la j astice.
Guérin deson coté dit que Ture, Maure, ou baptisó, nul n'a
le droit de manquer à son serment.
Doralice intervient, alléguant Tincertitude du sort des ar-
mes et la vanite du motif qui les met aux prises. D'ailleurs
un serment ne He point quand il est contraire à la lei divine.
Pourquoi ne respectent-ils pas la volonté du Christ, alors que
Turcs et Arabes obéissent fidèlement à TAlcoran? Comment
peuvent-ils se dire chrétiens quand ils n'observent point leur
loi tout entière ? Elle fìnit par leur proposer de se faire rem-
placer secrètement par deux chevaliers : celui qui représen-
tera Guérin se reconnaitra vaincu, se rendra et ainsi les cent
chevaliers de Sicomora seront obligés de partir.
Ni Renaud ni Guérin ne veulent céder. On leur sert une
collation delicate et somptueuse, et Fleurd'Epine supplie son
beau-père de veiller sur les jonrs de Renaud, mais il répond
que Thonneur lui interdit de revenir sur sa parole donnée.
On avertit les cent chevaliers d'avoir à se trouver sur la
place où les deux champions reprendront lalutte. On prépare
les estrades pour les reines et pour le peuple. Zénodore fait
prendre les armes à deux cents cavaliers et à quatre cents
fantassins. Le lieu choisi est hors de la ville, à un demi-mille.
Avant d'engager le combat, les deux champions descendent
de cheval, font pieusement leur prière, se demandent pardon
et se baisent sur la bouche comme deux frères.
Ils brisent d'abord deux lances. Le troncon de Tune vola si
haut que dix autres lances avaient été rompues quand il re-
tomba sur le sol et s'j enfonca.
La poussiòre, la sueur des chevaliers et de leurs coursiers
obligent à interrompre le combat une demi-heure. On amène
d'autres chevaux. Les deux champions sontd'accord pour re-
prendre à Tépée et finir avec la masse d'armes. Guérin por-
tali des armes enchantées et tonte sa personne était fée, ex-
cepté le pied gauche.
Nous revenons à Sacripant qui taille en pièces les hommes
de Sarpedonte et qui continue à refuser le secours de Roland.
4 2 I DODICI GANTI
Néanmoins il finit par étre fait prisonnier et le comte, après
avoir sonné du cor, attaque les Maures. Leup chef, autrefois
vassal d'Agramant, ose le défier. Roland lui répond en récla-
mant la liberté d*Angélique et de Sacripant. Le combat s'en*
gage et Roland tue les soìxante qu^il avait devant lui.
D'après Turpin, il en coupa dix en deux d'un seul revers
de Durandal :
Chi noi voi creder, vadalo a cercare,
Ch' io son Christian di buona fede asperso,
Et credo questo et più se più mi lice,
Massimamente a quel che Turpin dice.
Roland sonno de nouveau du cor, si fort que les gens de
Rio-Castello Tentendirent. Sarpedonte arme ses cent ebeva-
liers et les fait partir en deux corps à la découverte. Le chef
de cotte troupe offre à Roland de choisir une des lances qu'il
lui présente ; colui qui sera désarconné ne combattra plus de
la journée. C'est un chrétien de la famille italienne Malatesta
qui descend de Cadmus. Il apprend à Roland que lui et sa
dame, belle entro les belles, sont tombés entro les mains du
cruel Sarpedonte. Ils allaient sur un vaisseau faire leurs dévo-
tions à Lorette ; des corsaires les ont pris et livrés à Sarpe-
donte qui Ta coutraint à le servir, lui laissant à cotte condition
sa dame bien-aimée. Robert, tei est son nom, apprend au
comte qu'Angélique est en effet prisonnière de Sarpedonte.
Le comte désarconné Robert, et taille en pièces ses cheva-
liers. Cependant Sacripant cherche Angélique, qui était invi-
sible, quand il lui plaisait, gràce à son anneau. Elle eùt pu
sortir de la forteresse et n'y était restée que pour en assurer
la ruine, Sacripant s'impatiente, et Sarpedonte lui annonce
qu'il doit se reconnaitre son vassal ou mourir dans les trois
jours. — Robert admire les exploits de Roland et se rend à
lui, mais il est inquiet du sort réservé à sa dame.
CHANT XI
Tonte fante non suivie de repentir est chàtiée parie monar-
que éternel. Ninive et TEgypte en donnent des exemples
contraires : Nabuchodonosor fut pardonné, Pharaon et son
I DODICI CANTI 43
penple farent punìs. Parfois, la faute du roì retombe sur un
peuple entier, aìnsi qu'il arriva quand David euleva la femme
d'Urie. Sarpedonte sera punì.
Roland va à la porte du chàteau, sonne du corei défie Sar-
pedonte. Celui-ci est renseigné par lesfujard9,etDÌ lui ni ses
autres chevaliers ne savent que résoudre. Un vieillard qui
désapprouvait leur vie criminelle, les avertit du danger. Il
rappelle que cotte forteresse, dite autrefois la Rocca Benedetta
(la Roche Bénie), a changé de nom et de coutumes. Sarpe-
donte a dépassé les crimes de ses pères. Le chevalier qui se
présente, est le messager de Dieu ; il faut lui demander merci.
Un jeune favori de Sarpedonte tourne en dérision le discours
du vieillard. On finit par proposer à Sacripant de se charger
de l'entreprise. Il refuse parce que Roland est son compagnon.
lis Tenferment dans une prison et se disposent à marcher à la
rencontre du comte.
Nous les laissons juqu'à ce que nous ajons tire Astolphe et
Aleramo du Jardin de Sylvana et qu'ait pris fin le combat de
Guérin et de Renaud, pour quMs ne nous embarrassent plus
tant que Rio- Castello n'aura pas été détruit.
Astolphe et Aleramo prennent un repas à Tombre des lau-
riers et des mjrtes ; un concert mélodieux s'unit aux chants
des oiseaux pour les charmer. En ce lìeu règne un printemps
perpétuel. On j voit réunis les arbres les plus divers et les
plus beaux, les fieurs les plus parfumées.
Après le repas, chevaliers et dames se promènent dans le
jardin. Toutes sortes d'animaux s'offrent à leurs regards. Ils
s'arrétent près d*un étang où nagent de nombreux poissons,
puis vont dans les bois jouir du chant des oiseaux ou les con-
templer. Toutes les espòces d'animaux sont représentées
dans cette enceinte, où Fon trouve méme le minotaure, le
sanglier de Méléagre, les lions de Cjbèle, etc. Les chevaliers
admiraient ces merveilles. Sjlvana les méne dans son palaìs,
où elle a preparò un jeu charmant dont nous parlerons, mais
nous devons re venir à Guérin et Renaud.
Ils combattaient à Tépée avec un succès égal. La lutto est
longue et fatigante, parce que Guérin avait des armes en-
chantées. On en doit dire l'origine.
Guérin eut pour mère Fenice, que Sefferra avait nourrie.
4 4 I DODICI GANTI
Celle-ci etsonépoux Zenone savaìent Tart des enchantements.
De Bj'zance la pauvreté les avait conduits à Durazzo, où Sef-
ferra et la duchesse de ce pays accouchèrent à peu près en
méme temps, Tune d'un fils qui ne vécut pas, Tautre d'une
fille ; mais bientòt la duchesse mourut, et Sefferra eut soin
de Torpheline.
Le due Mustafaétait mahométan; il mourut deux ans après
son épouse, laissant deux fils et la jeune fille que Sefferra
élevait. Cette enfant était d'une beante sans égale. Milon,
due de Tarente et fils de Gerard de Bourgogne, en devìut
amoureux. Il chassa de Durazzo Naparro et son frère Madar,
baptisa Fenice, qui prit possession du duché, Tépousa, et
en ent Guérin.
Sefierra avait prédit à la duchesse qu'elle aurait un fils qui
ferait grand honneur à sa famille. Sous le palais, du coté de
la naer, elle avait un souterrain où elle évoquait les démons.
Quand Guérin naquit, elle j porta l'enfant, fit venir Vulcain
et lui ordonna de forger pour Guérin des armes meilleures
que celles d'Achille, qui ne pusseiit servir qu'à lui seul et
grandissent avec lui. Il devait y roprésenter un chéne et
j inserire le nom de Guérin. Elle conjure Vulcain par Zoroas-
tre, Circe, Médée, Salomon, la Sibylle de Cumes, Proserpine,
Erichtho, le Styx, le Léthé, le filet où il prit Mars et
Vénus, etc.
Une allusion à la révolte des Géants contro Jupiter amène
l'auteur à se lamenter sur les malheurs de l'Eglise livrèe aux
outrages des Colonna, de traitres italiens, d'Espagnols et
d'Allemands :
Deh I vedi, Christo, come la tua Chiesa
E data in preda delli rei Tithani
Et come dalla gente Collonesa
Pria, et poi dalli maligni Lutherani
Fu divorata et malamente offesa
Da traditori Ausoni et da marani
Celtiberi et crudei Thedeschi insieme
Ch' ognun quanto più può la stratia et prieme.
Paul saura sans doute conduire la barque de Pierre, mais
coromont pourra-t il conserver la foi, si celui qui devait la
I DODICI GANTI 45
défendre contre Turca et paiens se fait Théritier de. Luther ?
Dieu ne voit-il pas les progrès de l'erreur? Qu'il vienne dono
au secours de son vicaire et le rende invincible comme Josué,
sans cependant arréter le cours du soleil.
Vulcain forge les armes de Guérin, en se conformant aux
instraciions de Sefferra. Celle-ci plonge alors l'enfant dans
Teau du Styx où les armes ont été trempées. Enfin elle
éprouve si le corps de Guérin est réellement invulnérable et
sirien ne peut entamer son armure.
Cependant les frères de la duchesse, Naparro et Madar,
conspiraient pourlui enlever le pouvoir.
Milon avait ordonné de grandes fétes à Durazzo en Thon-
neur de la naissance de son flls. Un partisan des deux frères
veut profìter de Toccasion pour leur faire recouvrer le duché.
Finadusto s'était laissé baptiser par simple cralnte. Il avise
Napar.
L'auteur rappelle ici au due d'Urbin comment il eùt reprls
son duché sur Leon X et Lorenzino, s'il n'avait été trahi par
ceux qui Taccompagnaient. Sans leur défection, il n'aurait pas
eu à demeurer aussi longtemps dans les Marches (nel paese
Marchiano) (oct. 118-120).
Naparro lui répond qu'il va venir, s'entend avec Astila-
doro, et, à la téte de soixante cavaliers, se dirige sur Durazzo.
CHANT XII
L'auteur cite comme ayant perdu leur temps quand il fal-
laitagir, Annibal, le rigide chef francais eu Pouille, le Tos-
can dont les fils ont appris aux dépens de leur pére à étre
vigilants pour éviter un sort pareil à ceiui de leur pére à
Prato : ils cherchent aujourd'hui à rendre la liberté à leur
pays.
De méme, le due Milon gaspille ses loisirs à Durazzo. Il
avait licencié ses troupes et vivait magnifìquement, ouvrant
sa cour à tous. Naparro, sous le nom de Torindo, vient à
Durazzo avec sa troupe. Finadusto, qui était un Ture mal
baptisé, le regoit volontiers. On dit que trois sortes d'eaux
se perdent : Tune, c'est la pluie qui tombe dans la mer ; Tautre,
celle dont on lave la téte à un àne et qui ne vaut qu'ingrati-
4 6 I DODICI CANTI
tude ; la troisième est celle qui sert à baptiser Juìf, Tare cu
Chaldéen. Un mauvais juif n'est jamais un bon chrétien. Fi-
nadusto et son complice Lamphjbo ont fait ainsi le malheur
de Durazzo, leur patrie.
Au moment où tout était prét pour le tournoi, un grand
tumulte se produit dans la cité. Naparro et ses hommes mas-
sacrent les chrétiens sans épargner les femmes ni les petits
enfants. Le bruit en vient jusqu'au palais. Sefferra prend
Guérin et descend dans son souterrain, tandis que le due et
son fidèle Manfred s'arment pour combattre. Mais Sefferra
évoque les démons et leur fait transporter à Constantinople
et remettre à Tempereur les armes faites par Vulcain. L'em-
pereur les destine à son fils alors àgé de cinq ans.
Milon et son épouse soni faits prisonniers ; il recouvrera
sa liberté quand son fìls viendra à son secours. Sefferra s'est
embarquée avec l'enfant, mais des corsaires s'emparent du
bateau et jettent à la mer Sefferra qui est changée en un oi-
seau blanc.
A Bjzance, Guérin fut acheté par Epidonio, dont la femme
eut à la méme epoque un garcon et tous deux furent élevés
avoc les mémes soins. C'est ainsi que Guérin fut baptisé de
nouveau et recut le no:n de Meschino ; Tautre enfant eut le
nom de son pére, Epidonio.
A ràge de quinze ans, Guérin vainquit à la lutte plus de
vingt adversaires. Alexandre, fìls de Tempereur, lémoiii de
sa vaillauce, voulut Tacheter, mais Epidonio lui en fit don et
lui raconta que des corsaires Tavaient pris avec une dame
couverte d'or et de pierreries et une nourrice : toutes deux
avaient étc jetées à la mer.
Guérin écoutait etjurait de se venger sur lesTurcs auteurs
de ses maux. Il devait tenir parole.
Alexandre voulut essajer les belles armes que Sefferra
avait fait parvenir à Tempereur, mais il ne put les revétir.
En vain on travaille à les mettre à sa taille. Les armuriers
ne peuvent y réussir, car elles résistent à leurs outils.
Alexandre se demando quel est ce Guérin dont le nom y est
grave, et ce que signifie le chéne qui y est représenté.
On s*apercoit un jour que les armes vont au Meschino et
Alexandre allait les lui donner, mais des jaloux s'y opposent
I DODICI CANTI 4 7
et Tempereur se rappelle que celui qui les lui a remises, a dit
qu'elles devaient ètre le prix d'un combat.
Guérin sedésespère, car il voudrait y prendre part. Alexan-
dre lui promet de Taffranchir.
Le tournoi est annoncé. Gomme une tréve régnait entre
les chrétiens et les Turcs, ceux-ci viennent en grand nom-
bre.
Guérin est affranchi et arme par Alexandre lui-méme. Mais
sur ses armes il porte un vétement de pajsan et sur sa téte
une couronne de chéne : il doit demeurer inconnu, car Tem-
pereur le ferait perir, s*il savait quMl ose prendre part au
tournoi.
Guérin renverse d'abord un de ses oncles, Madarro, et le
met à mort. Napparo, son autre onde, domande à lutter contre
Taudacieux vilain. Il est abattu avec son cheval et se brise
Tépaule. Amphylo, le Persan, est également désarconné.
L'on renvoie au lendemain la suite du combat.
Alexandre désarme lui-méme son ami qui sert à table
quand les chevaliers prennent place au banquet. On reclame
le vainqueur de la journée et Alexandre domande Tavis de
Guérin, qui répond : « L'inconnu a vaincu parco que moi je
n'ai pas pris part au combat. )> Mais Tempereur entend que
Seul un chevalier y soit admis ; la féte continue.
Le jeu, auquel Sylvana avait con vie Aleramo et Astolphe,
consistait à détacher des cheveux d'une fée et sans les rom-
pre, un anneau qui avait des vertus magiques. Astolphe essaie
vainement, Aleramo réussit sans peine. Astolphe s'irrito et
Sjlvana doit le calmer. Puis elle leur mentre une salle im •
mense et magnifiquement décorée. Des peintres y avait re-
présenté un chéne que tenaient deux pasteurs couronnés d'or
et de pierres précieuses, comme Tauteur Ta dit déjà ; Ton
voyait les travaux de Tun et de l'autre. L'un posait le pied
sur un monceau de livres et de manuscrits, à coté de Tautre
était un grand monceau d'armes et un tempie d'abord démoli,
puis reconstruit plus beau. Un lion arrachait un rameau du
chéne illustre, mais d'autres rameaux poussaient plus nom-
brenx et il se couronnait d'armes victorieuses.
Un autre pasteur couronne s'élevait jusqu'au cìel sur un
char de feu. De son manteau il couvrait peu à peu le coté le
48 I DODICI CANTI
plus fameux de Tltalie et tendali à deux jeanes gens deux
pans de son manteau. Sur son diadòme d'or, était écrit « Paul
III », les deux jeunes gens avait pour nona Alexandre et Ra-
nuccio. Aux pieds du grand pasteur s'abritait encore un tout
jeune homme, Guido Ascanio.
Astolphe et Aleramo admiraient, mais ils ont à contempler
d'autres choses dignes de Tattention des gens intelligents.
Un berger d'un coup de pierre brisait la téle à un géant dont
tous avaient grand peur. De méme le berger triomphe d*un
griffon superbe et réduit à la plainte età Taffliction unebaute
colonne près de Rome.
A Tun des descendants de Guérin le pasteur couronné enlève
Camerino et le donne à Ottavio, d'abord tout enfant, puis gen-
dre de Taigle qui étend ses ailes de Tun à Tautre póle. Le des-
cendant de Guérin cède dans Tintérét de Tarbre de sa famille
etregoit en récompense une jeune fille sage à merveille, ai-
mée des Gràces et des Muses.
Astolpbe et Aleramo entendent un concert barmonieux.
Sylvana ne voulait point leur révéler ce dont ils avaient les
images sous les jeux et qui ne les toucbait point. Elle les
méne dans une salle voisine d'où sortaient ces sons. La fée les
fait asseoir sur un lit ricbement décoré et les quitte.
Auchantderniernousdisionscomment Roland arriva à Rio-
Castello. Sacripant avait été misen prison. Quand le cor du
comte eùt longuement sonné, les cent chevaliers s'arment : les
cinquante meilleurs vont à la rencontre de Roland, les cin-
quanta autres gardent le chàteau. Sarpedonte tombe mort
un des premiers, mais ses cbevaliers voulaient le venger, et
Roland les tailla en pièces. Le jeuue bomme qui avait tourné
en dérision le sage vieillard, était cbef des cinquante laissés à
la garde du chàteau. Il se rend à Roland qui fait gràce à Ge-
larco à la condition qu'Angélique lui sera rendue ainsi que
Silvia à Robert, son amant; que Sacripant sera mis en liberto
et que Rio-Castello sera livré aux flammes. Gelarco oonsent
à tout dans Tespoir d'hériter ainsi du trésor de son ami Sar-
pedonte.
Le poème s'arréte au premier vers de Toctave 108: « Plus
de six cents femmes à Rio-Castello »
I DODICI GANTI
CANTO PRIMO
fP. 2 r»] 1. Voi, donne et cavallier, d» arm* et d'amore
Se mai vi deiettò legiadra impresa,
Invito ad ascoltar con tntt' el core
E d' ardente disio con V alma accesa,
Ch' io spero col poetico furore
Farvi una occulta hystoria hoggi palesa
Qual tenne occulta il vescovo Turpino
Sol per honor d' Orlando paladino.
2. El vescovo Turpin per riverenza
Oh' egli hebbe sempre al gran signor d'Anglante»
La scriss' et po' occultò con diligenza
Finch' ei fu unito a nostra vita errante,
Dubiando d'offuscarli l'eccellenza
Che li poteano dar sue virtù tante.
S'egli facea palese al mondo e al cielo
Quello eh' in quest' hystoria vi rivelo.
3. Ma perchè la fatica è grande et lunga
L'opra, eh' io ordisco, senza el divin nume.
Non mi par bene eh' al suo fine aggiunga.
Se non mi prest' ella il suo chiaro lume
E eh' in tal modo mia penna dispunga
Ch' in vergar eart' almen si bagni al fiume
Ch' esce dil degno fonte di H elicona
Ov' ogni uon poeta s'incorona.
4. Lasso che eausa et l'amarechia sono
L'àque che mi bagnaro in prim' ettadel
Ond' al mio legitor chieggo perdono
S* io prend' a me le non concesse strade,
E quella prego, della cui ragiono
Meco sovente, che alla d[e]itade
Per sue virtù legata è in stretto nodo,
Ch' a questa opra mi dia nel dire il modo.
4
50 I DODICI CANTI
[F. 2 v^] 5. Et ta, mio caro sir, idol mio santo,
Campion invitto, gran duca d'Urbino,
Che già mostrasti forza et valor tanto
Contr' el Mediceo duca Lorenzino,
Cuopii quest* opra mia sott' il tuo manto.
Ch'io non divenghi per sempre meschino
Com' i' divenni un' altra volta ancora
Per dir la fama tua che'l mondo honora.
6. Della tua quercia corro alla dolce ombra
Qual stanco pellegrin per mio riposo,
Ch' ella sovente el caldo estivo sgombra
Et recrea spesso un spirit' angoscioso ;
Per quella gentilezza che ti obombra.
Essendo tu signor giusto et pietoso
Prendi mie rozze rim' in queste carte
Piene d'amor, dispost' ad exaltarte.
7. So ben, signor mìo car, et non m'inganno,
Che debol è il mio stil a tant' impresa,
Ch' essend' io gionto al quarantesim' anno
Et l'alma havendo del tuo amor accesa.
Di povertà sopposto al crudo affanno.
Scriver non possi, onde mi duol et pesa.
Quanto di te sarebb' il convenevole,
Che 'l tempo et la stagion è malagevole.
8. Pur, se provasti mai nel petto amore.
Debbi certo saper quant' è sua forza
Et come de 1' amante mut' el core
Sol nella cosa amata, onde si sforza
Sempre honorarla con ogni valore ,
Né mai fiamma de amor sincer s' ismorza,
Onde io, eh' amo sol te, sforzato sono
Farti di mia fatica humile un duono.
]P. 3 po] 9. Dico nel tempo eh' era inamorato
D'Angelica d'Albracca el cont' Orlando,
Lasciò la patria, la moglier, il stato.
Per servirlei, ma sempre suspirando.
Che via fuggiva, e al rivo incantato
Di Merlin gionto il paladino errando
Spegnervi parte del suo incendio crese
Col ber de V onda che via più l'accese.
CANTO PRIMO M
10. Nella selva d'Ardenna è noto il rivo
Ch' accende e infiamma ogni gelato petto ;
Benché d^ogn* amor sia rimoto et privo.
L'accende in brieve d'amoroso affetto,
Né poi manca mai più quel fuoco vivo
S'al fonte odioso pien d'ogni dispetto,
Qual spegn' amor et presta odiosa rabia,
Contrario a questo, non bagna le labia.
11 . Fece ambi questi fonti un negromante
Che fu detto Merlin, quasi propheta.
Gionse a quel primo il gran signor d'Anglante
Et al secondo l'anima inquieta
D'Angelica di ber tutta bramante.
Come volse del conte il mal pianeta,
Ond' in quel com' in liquido christallo
Più volte intense il labro di corallo.
12 . Poi per strachezza, che correndo quivi
Giunta era, al riposar ratta si diede.
Et Orlando per caso arivato ivi
Fra l'herbe et fior la bella donna vede.
che contrario effetto hanno i dua rivi I
Un fa chi il gusta pien d'amor et fede,
L'altro crudo, inhuman, di mortai sdegno,
D^ira, discordia et d'odio immortai pregno.
[F. 3 v«] 13. E perch' al dirvi in versi i' m'apparechio
La vostra sterpe onde l'ori gin hebbe,
Et quel Guerin del vostro ceppo vechio
V è di chi nacque et come in virtù crebbe.
Non vi ri[n]cresca il porgemi l'orechio,
Perbenchè la mia penna quanto debbe
Non può supplire, supplirà l'amore
Et la mia fé che è testimonia al core.
14. Ma pria d'Orlando alcune cose occulte
Et della figlia del re Gallafrone
Intendo dirvi con mie rime inculte.
Et non per dar infamia al gran campione,
Ma sol come d'amor cieco risulte
Suspir, pianto, dolor, aspra passione,
Stratio, stento, martir, spietato affan[n]o,
Infideltade expressa et grave danno.
52 I DODICI CANTI
15. Che dìsprezza costei fuor che Rinaldo
Ogni spirto gentil, per chi arde il conte ;
Ella ha in petto per quel il cor più caldo
Che freddo per costui, mercè del fonte,
Del fonte che *1 pensier li die si saldo
D'amarla, bench* ei n'habia ingiurie et onte,
Et ella d'amar un che ognor la strugge
Et che qual tygre paventosa fugge.
16. Dismonta adonque Orlando dal destriero
Per prender con Angelica il diletto
Ch' atteso havea più giorni il cavalliero,
Ma, per timor di non le far dispetto,
Contentasi mirar*quel viso altiero
Gh' ogni altro di beltà vince in aspetto
Et, perchè un amator è impaciente.
Fra se comincia a dir l'animo ardente :
[F. 4 pò] 17. « faccia che somigli al chiaro sole,
labro che soverchi ogni corallo,
Fronte più vaga che rose et]viole,
petto d^alabastro, o di christallo
Lucida gola, o man morbide et sole
Più che Tavorio bianche senza fallo,
membra che si delicate sete,
Non fian men belle quelle più segrete !
18. Quelle segrete membra, agli echi ascose,
Devon pur di beltà portar la palma :
Se sete agli echi voi si delettose,
Se vo* infiammate il cor mio, il petto et Palma,
Che farran quelle tante desiose ?
Darrannomì di fuoco maggior salma ?
Per certo si, che ardendo io cosi lunge
Dapresso arderò più eh' amor più punge. »
19. Mentre che vaga Orlando in tai pensieri,
Un anitrir di Brigliadoro sente
Che lasciato pasceasi in quei sentieri,
Onde la donna a un tratto si risente
Et gli ochi adrizzato hebbe a quei corsieri.
Che già Tun contra l'altro mostra il dente,
Dico il ronzin di quella et Brigliadoro
Ch' ambo pascendo insiem scontrati fuoro,
CANTO PRIMO 58
20. Et con gran calpestio voltan le groppe.
Onde la donna come cervia corre,
Et dietro lei par eh* Orlando gualoppe
Sol pel suo Brigliador indi vìa tuorre ;
Presso lei gionto volse a Talme poppe
La mano il palladin sabito porre.
Ella dicendo : « cavallier vilano ! »
Sdegnosamente le fuggi di mano.
[F«4voJ 21. Se mai, signor, d'amor sentisti il fuoco,
Pensate qual dolor Orlando hor habia
Che mal avezzo all' amoroso giuoco
Per dolor quasi incautamente arabia ;
Pensoso in dietro si ritira in puoco,
Col volto smorto pallide ha le labia
Et sbigotito quasi è si rimaso
Che modo rìtrovar non sa al suo caso.
22. Pur verso lei guatando l'ochio gira
Qual sasso immoto privo di favella,
Privo di voce lagrima et suspira,
Cerca accostarsi pur pian piano a quella.
Quella eh' Orlando inverso se andar mira
Divien ogn' hor più cruda, più fella.
Et dubiosa di se prende partito
Farsi aiutar da un certo anel eh' ha in dito.
23. Del dit[o] se lo trahe et pone in bocca
Et via sparisce come nebbia al vento.
tardanza del conte vana et sciocca.
Pria che vi arivi più quanto tormento
N' havrai ! Therba ove giacque quella ei pur tocca.
Pensando si pigliar la chioma o il mento
Toccar di quella che lo scherne et stassi
Quinci vicina nò veder più fassi.
24. Ved' ella ciò eh' il miser conte in l'herba
Opra et come suspira et come piange,
Conosce quanta sia la pena accerba
Che l'infiammato cor del meschino ange.
Né la durezza in lei si disacerba
Pel duro pianto suo che i sassi frange,
E scerne ove giacque ella in ogni canto
Bagnato il luogo per l'amaro pianto.
54 I DODICI CANTI
[F. 6 r®] 25. Da alcun vista non fu mai rondinella,
A chi sian tolti i figliolin del nido,
Volando lamentarsi, o tor torcila
Dei tolti figli a lei far mesto grido.
Quanto cercando in questa parte e in quella
Fa il conte Orlando dispietato strido.
Strido da muover non eh' un cor di carne
Ma un di diamanti et trita polve farne.
26. Angelica chiamando il conte grida,
Echo sola ha pietà della sua voce,
Non sa s'ei segua lei o se se uccida.
Tanto la fiamma dentro al cor le cuoce;
Di ritrovarla or mai più si diffida,
Che fugge il giorno con la donna atroce ;
Pur un pensier il paladin rincora
Oh' al Cataio spem* ha vederla ancora.
27. Con tal pensier rissale a Brigliadoro
* Et d'Angelica lascia il palafreno.
Angelica si sta sott' un aloro
Havendo il petto ancor di sdegno pieno.
Et col favor del suo aneletto d'oro
Spera ritrarsi al suo nattio terreno.
La notte è scura et giunge a quel sentiero
Onde è partito Orlando, un cavalli ero ;
28. r dico a quella fonte onde la dama
Prima bevendo s'era dipartita
Et poscia il conte con la mente grama,
Oh' indi senza più ber fece partita;
El nuovo cavallier riposo brama
Che '1 fonte, l'ombra et l'hora aciò l'invita.
Smonta d'arcione et di queir acqua beve
Con pensier di dormirsi un sonno brieve.
[F. 6 v®] 29. Onde se Telmo et al destrier il freno
Lieva quel grand campion, po' in l'herba verde
Si colca et il pensier eh' haveva in sieno
D'amar Angelica hor tutto si perde,
E, com' havea pria il cor d'incendio pieno,
Si rifredda, anzi aghiaccia et si disperde
Fra le crude onde l'insolente amore.
Che '1 svelgono elle d'human petto fuore.
CANTO PRIMO 55
30. Dinanzi al conte a piò partito s'era
Dì gran lunga Rinaldo a seguir lei,
Ma, riscontrando la persona altiera
Di Feraguto^ a ritrovar costei
Fu intertenuto in fin l'oscura sera,
Che si deron fra lor colpi aspri et rei;
Pur la fortuna in questo intervallo
Le giovò in man ponendoli un cavallo :
31. Che, quando fu da Feragù spedito,
Scontrossi in un cavai eh* ò tutto nero
Et di seir et di briglia si guernito
Che *1 giudicò di degno cavalliero ;
Fuvi d'un salto in su l'arcìon salito.
Po' al seguir lei riprese il suo sentiero,
El sentìer che drìzollo al freddo rivo
D'ogni amor et dolcezza et pietà privo.
32. Ma la donna, eh' al lauro vi lassai,
Già sopragiunta dalla notte oscura.
Con pena si lamenta de' sua guai
Et eh* abia il ciel di lei sì poca cura.
El cavallier giunto bora et stanco assai
Dar posa al corpo fiacco un po' procura.
Così si adormi in l'herba, sin che '1 giorno
Nuovo ogni stella scaccia d'ogni intorno.
[F. 6 r®] 33. Non più che 1' alba rugiadosa appare
Prender il suo destrier la donna pensa,
Et seco sola al suo regno tornare
Per mezzo della sua virtud' imensa
Et di quel degno anel che non ha pare ;
Onde si lieva in tal disir accensa,
Et, mentre el cerca, sente un mormorio
Soave d' acqua e accostasi a quel rio.
34. Pensa che '1 rio sia dove havea lasciato
La sera inanti el suo gentil cavallo,
Et, quinci et quindi errando, hebbe trovato
Un fonte chiaro a guisa di christallo.
Che nel mezzo era d'un fiorito prato,
A color verde, rosso, bianco et giallo ;
Lavossi in quello mani et volto et petto.
Poi bebbe che invitoUa il fonte eletto.
56 I DODICI CANTI
35. Questo era il fonte che scacciava il gelo,
Anzi Podio crudel, del petto fnore
Con la virtù concessali dal cielo
Per mezzo del famoso incantatore;
Questo il fonte è che germinava il zelo
Et rivocava ogni sbandito amore ;
Questo il fonte è di qual bevuto inante
Havea di poco il gir gentil d'Anglante.
36. Gustate eh* hebbe Angelica queir acque
Del fonte che del cor durezza tolle,
Un certo desiderio al cor le nacque
Di farsi pia, humil, clemente et molle,
Benché *1 costume, che neir ossa gi[a]cque
Da teneri anni, alcun diffidi crollo;
Pur, quando il ciel vuol altrui gastigare,
Questo molle et quel dur fa diventare.
fF.6v®] 37. Indurò donque il cor di Pharaone
Quel gran monarca che nel ciel su sede,
Per gastigar dì Egitto le persone
Et, con il scetro, al re tuor Tampia sede ;
Amor al cor di Daphne il piombo pone,
Sol per gastigo dar a Phebo il fiede ;
Rendendo lei per lui spietata et dura,
Constrinse in lauro a rimutar figura.
38. Cosi per gastigar la desdignosa
Angelica d'amor disprezzatrice,
El ciel guidò Rinaldo a quella odiosa
Fontana accerba d*amor sbanditrice,
E lei ne V altra e di fiamma amorosa
Solecita et accuta accenditrice
Lasciò tuffar, e il sir di Montalbano
Rese per questa via libero et sano.
39. Sano Rinaldo è fatto a questo fonte
Che da Parigi era venuto infermo
E schiavo, a piò solcando valle et monte.
Nullo faceva centra amor ischermo ;
Più tardi mosso arivò prima il conte,
Che non lo lascia il grand disio star fermo ;
Amor che è cieco il guida et la fortuna
Di lui non mostra haver pietade alcuna,
CANTO PRIMO 57
40. Ma via ne va, come disopra inteso
(Se si ramenta mio lettor) prima hai,
Rinaldo, che non ha più fuoco acceso
Nel petto, dorme senza sentir lai
Presso al bel fonte infra Therbette isteso.
Saspira con tormenti pena et guai
Angelica che cerca et non ritruova
El destrier anco, et pur cercar si pruova.
[F. 7p»] 41. Già in l'Oriente l'amorosa stella
Cedeva al sole, quando la regina
S'accorge che la fonte non è quella
Ove era il suo cavai, però camina
Tornando in dietro et un' orma novella
Che truovò va seguendo la mischina
E vede il cavallier eh' in odio haveva,
Che, come i' dissi, in l'herba ancor giaceva.
42 Contempla questa donna il bel campione
Che agli ochi soi non vide unqaa il simile,
Né spera di veder fra più persone
Un più beli', un più vago, un più gentile ;
Onde dentro del cor questa dispone
In lui vedendo aspetto signorile,
truovi non ritruovi l'Argalia,)
Costui voler sol seco in compagnia ;
43 Et rivoltando gli ochi alquanto a dietro
Vidde il cavai che '1 sir di Montalbano
Haveva trovato in tempo scuro et tetro.
Et ben conosce ch'egli è Rabicano
Che correa sopra, noi spezzando, il vetro.
Tanto era lieve et presto in monte e in piano :
Onde dubio ha che '1 bon Rinaldo forte
Al suo fràtel dato habia orrenda morte.
44 Cosi dubiosa un gran pensier l'assale
Di vendicar il suo frate Argalia
Mentre che dorme il paladin con tale
Profundità che morto par che sia ;
Et, fin ciò pensa, con l'aurato strale
La fere Amor, onde ella fantasia
Muta dicendo : « Sarria troppo errore,
Se mia man uccidesse il mio signore. »
58 I DODICI GANTI
(F. 7 ▼«) 45 Poi ritorna a mirar il paladino
Che Telmo s'havea tratto, e il capo d'oro
Mostra dormendo et l'aspetto divino.
Stando quindi suspeso a un gelsomoro
L'aven turato elmetto di Mambrino
Che più a costui eh' a tutto il popol Moro
Solo conviensi ; et, mentre ella in lui mira,
Per tenerezza et per dolor suspira.
46 Duolse ella che non ha per prima amato
Questo campion et le sia stata dura ;
Hor che nel petto il cor tutto ha infiammato,
Vorria svegliarlo, et ben non si assicura
Da l'altra parte il suo fratel pregiato
Vendicar anco della morte oscura ;
Cosi combatte con pietade amore
Nel petto feminil, ma pietà muore.
47 Che fra se dice : « Sei fratel mio ha occiso,
Segno è che di lui è stato più valente ;
La sua beltà m' [ha] il [cor] tanto conquiso
Che senza lui lassar no[n] vo[glio] il Ponente ;
Pur che da me costu' non sia diviso,
Uccida Gallafron il mio parente,
Tolgasi il regno mio meco, che tolto
M* ha il cor con la bellezza del suo volto. »
48 impaciente sesso feminile ,
Quando egli è posto in amoroso laccio !
Divien più che mai d'huon forte et virile
Il cor, quand' arde infra la nieve e il ghiaccio ;
Perchè natura ò sol d*amur gentile
Levar un fuor di timoroso impaccio
Et renderlo animoso oltra misura
Spesso eccedendo il segno di natura.
[F. 8 r®] 49. Fuggiva dianzi Angelica costui,
Hor aspettar non può che si risvegli
Per dimostrar sua bella faccia a cui
Portò tanto odio pria, perchè amor degli
Questo ardir, et disponsi al servir lui
Hor, non amarlo sol, benché le' odio egli.
Né più superba sta, che muta in lei
La voglia Amor qual vince homini et dei.
CANTO PRIMO 59
50. Et perchè lo conosce a nome 'l chiama,
Ond' egli alza la testa et quella vede
A cui porta odio et non sol la disama,
Che di le' odiar tanto il fonte le diede,
Né parola risponde a quella dama,
Ma prestamente rilevasi in piede.
L'elmo a se allaccia, a Rabican la briglia,
Et qui di Gallafron lascia la figlia.
51. Angelica che vedesi lasciata
Da questo cavallier a le ' inhumano.
Sopra queir herba quasi trangosciata.
Ove stat' era il sir di Montalbano,
S'assise con la chioma scapigliata,
Anzi stracciata tutta di sua mano,
Et poi diceva forte suspirando :
« Rinaldo ingrato più che grato Orlando !
52. Orlando non senti ma' in petto amore.
Se non quando, aimè lassai i' venni in Francia;
Ma, tu crudel, perchè mi dai dolore,
Che non mi uccide la tua forte lancia,
Poiché ne porti teco il miser core
Lasciando lagrimosa la mia guancia ?
Ah Rjnaldo crudel, Rynaldo ingrato,
Presto è il tuo amor in odio commutato ! »
^F. 8.v<»] 53. Mentre che la regina mischinella
Piange et suspira con voce alta et grida.
Straccia le chiome et quella faccia bella
Tutta sgraffia et alciel manda le strida,
Rivolge gli ochi al ciel, chiama ogni stella
Et prega morte che le sia sol guida
Et va cercando l'ultimo supplì tio,
8e si può dar per qualche precipitio ;
•
54. Non ha coltello et non truova luogo atto
A darsi morte la donzella afditta.
Stracciata ha già la chioma con che in fatto
Pottea affogarsi, e ogn' altra via prescritta
Ella si vede, onde non sa qual atto
Possa più usar pel qual le sia interditta
Questa vita mortai : però in la selva
Invita alla sua morte ogn' aspra belva ;
«0 I DODICI CANTI
55. Et fin che si lameota in sa Therbetta
Ella con pianto doloroso, el conte
Via cavalcando giunse a una via stretta
Alla pendice d'un superbo monte.
Un gran gigante, ch'era alla velleità,
Giuso si cala al cavallier a fronte
Con molta furia et dispettoso sdegno
Tutto infiammato et di grand* ira pregno.
56. Porta una scimitarra di gran peso
L'horribile gigante et vien gridando,
Pur quando egli è più presso sta suspeso
Oh' esser gran cavallier comprende Orlando,
Et con parlar summesso a dirgli ha preso ;
« cavallier che qui venesti errando,
Vuo' che mi servi un anno a mio diletto,
Et, se ciò veti, a battaglia t'aspetto »
[P. 9 r®] 57. El conte, che d'amor et fiero sdegno
Et di forti arme et di gran core è armato.
Con costui di battaglia fa dissegno.
Perchè ne va qual huom che è disperato ;
Poiché non truova il viso grato et degno,
Non prezza più la vita o il mortai stato.
Getta la lancia, che'l gigante vede
Esserne sen[za], poi dismonta a piede.
58. Lo scudo imbraccia et Durrindana afferra
Et animoso va contra al gigante
Che urla qual lupo et fa tremar la terra
Ovunque per le smisurate piante ;
Et sopra el conte tutto si desserra
Costui che nominato era Gorante,
Et con la scimitarra un colpo crudo
Tirando al conte spaccò tutto el scudo.
59. La fatagion giovolli et l'armatura
Che al braccio scese il brando del pagano
Et feceli si cruda acciaccatura
Che'l scudo in pezzi le cascò di mano ;
Sbadirà il conte fuor d'ogni misura
Et entra sott' al perfido villano
Ch'un braccio taglia netto e il capo fende.
Tanto acramente Durrindana scende.
CANTO PRIMO 61
60. Tagliò presso alla spalla il braccio qaale
Teneva il scudo del gigante inico ;
Non fu mai visto colpo più mortale
Che venuto era dal vallor antico
Di Francia, ma qnel fusto, come Tale
Havesse, via parti senza altro intrico ;
Et lascia il mezzo capo, il braccio, il scudo
Quivi in terra il villan spietato et crudo.
[F. 9 v<*] 61 . Stupido resta il conte et fra se stesso
« Per certo, dice, questa è strana cosa :
r so che'l duro capo i' gli ho pur fesso
Col braccio che qua Tun Taltro sì posa. »
Et per meglio veder Tandò più presso.
Dio eh' orrend[aJ cosa et spaventosa
Che non più che nel sangue il piede puone,
Resta subito il conte ivi prigione I
62. Et la man mozza el scudo abandonando
Nel petto il prese et tenne lo si stretto
Che più non si potea crollar Orlando,
Ma andar prigion conviengli al suo dispetto,
Ch'ò tornato il gigante fulminando.
Con mezzo capo sol, come i' v* ho detto,
Et con un braccio carco di catene :
Una el sir lega et Taltra man lo tiene.
63 . Poich*ò legato il palladin, quel fusto
Si piega in terra e '1 mezzo capo toUe
Et il braccio anco, e acostati al lor busto
Si rappiccor qual cera calda et molle.
Àdiventon^ il gigante più robusto.
Orlando sta com* insensato et folle
Et Brigliadoro va per la foresta
Sbruffando nari et crolando la testa.
64. legato si ritruova il palladino
In un momento et di piedi et di braccia ;
Se bevea Tonda al fonte di Merlino,
Dico sol quella eh' amor svelle et scaccia,
Porsi non seguitava il rio camino ;
Hor il gigante in spalla se lo caccia,
E in una torre, eh' è fra monte et monte,
Cosi legato puone il fiero conte.
62 I DODICI CANTI
[F. 10 i^] 65. Et doppo torna alla vedetta in alto
Et vede un altro cavai lier venire,
Onde giù corre per Therboso smalto.
Al cavallier gridando prese a dire :
a A che nel mio terren fai questo salto,
Senza elmo in testa a rìschio di morire ?
converatte star meco per fante
qui morendo non girai più avante. >^
66. El cavallier eh' altiero et orgoglioso,
Disse : « Un ragazzo bon non mi sareste. »
Et sfodra il brando in vista desdignoso.
Mosso a battaglia con le mani preste,
Centra el gigante va tutto animoso,
Né furìbondo men del Greco Oreste,
Centra costui con mani et con parole
El sdegnoso pensier qui sfogar vuole *,
67. El pensier che d'Angelica Taccora
Et del preso elmo et della villania
Che, con la voce chiara alta et sonora.
In mezzo il fiume il già morto Argalia
Le disse qual le preme l'alma ancora,
Sfogar qui vuol con la persona ria
Di quel gigante a cui mal starà saldo
Per le percosse havute da Rinaldo.
68. Pur le disse el gigante : « damigello,
Habii compassion della tua vita.
Non voler meco prender il duello.
Perchè la forza mia tropp' è infinita ;
Sono per far di te crudel macello
Se '1 brando mio qual suol mi presta aita,
Onde di te mi duole et pesa forte
Che vai cercando volontarìa morte.
[F. 10 V®] 69. Pur se ti rendi a me senza battaglia.
Volendomi servir et far honore,
Salvarai la tua piastra et la tua maglia.
Anzi la vita tua, che fua el migliore. »
Rispuoseli el guerrier : « Deh, caglia, caglia,
Perro vigliacco, perchè mai non muore
Huom generoso. » Et va col capo igniudo
Contra di lui sol con la spada e il scudo.
CANTO PRIMO 63
70. Col brando vibra et dentro al petto il fiede.
Quel versa il sangue et questo d^arcion scende.
Che, quando il colpo oltra modo li diede,
Riman la spada in Tosso ch*ella offende ;
Perciò scavalca che rihaverla crede.
Ma il ferito gigante non attende
Qui, che sparve con quella in un momento.
Pur di lei cerca il sir con gran spavento,
71 . Che come il piò nel sangue il guerrier paone
Non altrimente che in la pania el tordo.
Né libero si truova nò prigione.
Onde per rabbia vien quasi balordo
Et bastemia divoto il suo Macone,
Linci partirsi desioso e ingordo,
Che, quanto più ritrarsi indi procaccia.
Tanto più dentr* al vosco si ricaccia.
72. Sì che trovandose a quel modo preso
Senza battaglia et men da quella sciolto.
Resta in dubio di se forte et suspeso ;
Hor se aroscia, bora impalidisse in volto
Et ha da tanta stizza il cor offeso
Che brama vivo vivo esser sepolto,
Nò sa truovar partito che le giuovi
A ritrarsi indi, ancor che più ne pruovi.
[P.11p®]73. Et cosi stando a se vede venire
Brancolando qual huom che è senza lena
L'antropophago che non può morire.
Mostrando in apparenza ha ver gran pena.
Quando fu presso, il valoroso sire
Col scudo che in man tien, sul capo mena.
L'osso le ruppe et il cervel schiaccioUi,
Credendo farne miir augei satolli.
74. Vedendo il cavallier poi quel gigante
Col capo rotto rovesciato in terra.
Cerca con ogni forza a se le piante
Dal sangue trarre et terminar la guerra.
Oprando le sue forze tutte quante
Per partirsi indi in un li spirti serra,
Et, mentr' al riscattarsi egli ha il pensiero,
Eccoli di[e]tro giunse un cavalliero.
64 I DODICI CANTI
75. Ben lo conobbe el cavallier che giunse,
Oh' avean sovente insiem fatto battaglia
Et con la spada l'ano Taltro punse
Pili volte sgrettolando piastra et maglia ;
Eran nemici, et pietà il cor le emunse
Vedendo cheU nimico si travaglia
Per uscir fuor della sanguigna pania
Tal eh' elio ancor per quello ardendo smania.
76. Quest 'era il gran signor di Montalbano,
Quel altro è Feraguto il cavalliero
Di Spagna ardito, e '1 dosso ha ognun mal sano
Ch' a battaglia eran stati il di primiero
Per Angelica solo, bench' in vano,
Oh' ella partendo prese altro sentiero.
Et pur si duol Rinaldo poiché vede
Prigione il suo rivai e a pena il crede.
[F. 11 v<>]77. Et tanto più si duol eh' aiutarlo bora
Vorebbe né vi vede modo o ingegno,
Ond' a un tempo s'infiamma et discolora
Per rabia, per furor et per disdegno
Oh' ha veder si el Spagnuol, et dubia ancora
Porsi aiutando altrui restarvi pegno ;
Pur si dispon di havervi a rimanere
Più presto che mancar del suo devere.
78. Dismonta adonque da V arcione et prende
Con una man le redine al destriero
Che fu de V Argalia, che non intende
Qual pria havea fatto a pie far più sentiero ;
Con l'altra al braccio del Spagnuol s'estende
Et tira quanto può il forte guerriero.
Ma quanto più costui tirar si pruova,
Tanto meno a colui tirato giuova.
79. La forza di Rinaldo era cotanta
Ch' avria da sua radice un monte svelto.
Né a questa volta pur si loda o vanta
Di sua fortezza il valoroso Celto ;
Non fu mai radicata in terra pianta
Quanto in quel sangue il sir fra gli altri scelto
In vera gloria del terreno Hyspano,
Onde Rynaldo s'affatica in vano.
CANTO PRIMO 65
80. In vano s'affatica il sìr pregiato
Volendo a Feraù prestar aita,
A Feraù nel sangue inviluppato
Che si ved' a 1' estremo di sua vita ;
La briglia lascia del cavallo honrato
Il Franco et quello ad aiutarsi invita,
Con ambe mani per le braccia il tira
Et quinci et quindi intorno al sangue gira.
[F. 12r*'] 81. S'agirà intorno el sangue il coragioso
Che quel machia le par magior che pece,
Quanto più può s'aiuta l'orgoglioso
Et che noi lasci a Rynaldo fa prece,
Qual per l'impacientia furioso
Vien, che tirando un pezzo nulla fece ;
Onde dalla vergogna et furor spinto
Hebbe Io Hyspan con ambe braccia avinto.
82. Assettassi qual huom che giucca a lotta
Ch' alzar sei crede come Alcide Antheo ;
Una man puonli sotto la coletta.
Ma quel sta fermo più che Caphareo
Che del^mar Friso regge ad ogni botta,
Onde entra egli nel sangue, et non poteo
Far altro ; et così fumo ambi impaniati,
Più di vergogna che di piastra armati.
83. Non so, signor, se voi vedeste mai
Quand' un smeriglio truova qualch' augello
Al vesco preso, et che egli essendo in guai
Invita il predator stridendo a quello
Luogo, onde questo ancor entra 'ne' lai,
Ch' invescato si truova insien con elio,
El simigliante fé il figiiuol d' Amone
Che col Spagnuol si ritrovò prigione.
84. Quando se accorse el gentil Rabicano
Esser libero fatto per ventura.
Non più temendo il monte aspro che il piano,
Sol galoppando per la selva oscura.
Con Ferraguto quel di Montalbano
Lasciò impaniato et ben con grave cura.
Gorante al calpestio quasi svegliato
El cervel tolse et puoselo al suo lato,
5
66 I DODICI CANTI
[F. 12 v<>] 85. Et po' alli due impaniati una catena
Subito gitta al collo et al traverso
Di lor rivolta Tuna a l'altra schiena.
Stretto che gli ha, lo sangue in terra asperso
Tutto racoglie et rimette in sua vena
Et poi diventa più crudo et perverso,
Che ambo costoro porta sotto un braccio
Legati, come è detto, in stretto laccio.
86. Dentro la torre, dov' è posto il primo,
Puonvi a un sol tratto col secondo il terzo
Cosi legati insieme nel più imo
Luogo, né par ai cavallier bel scherzo.
Onde uno a l'altro : « Aimo 1 morto mi stimo. »
L'altro risponde : « Et io con morte scherzo.
Ma questo scherzo mio fi a quel dasezzo
Ch' a tai pasticci sono mal avezzo. »
87. Rinaldo a Feragù cosi diceva :
« Ah lasso mò 1 vedend* io quel cervello
Sparso in terra, cosi coglier doveva
Et buon spatio lontan giltar da quello
Luogo, che, quand' ei poi corr' il voleva,
Non l'havendo truovato sarebb' elio
Ito a cercarlo errando quinci et quindi.
Fin che usciti saremmo nui pur d'indi. »
88 . Rispondendo el Spag[n]uol disse : « Aimè lasso !
Se fusse qui la mia madre Lanfusa
Quando eh' io giunsi al periglioso passo»
Del troppo ardir non converia far scusa.
Che '1 gigante saria di vita casso.
Imperò ch* ella ogni malia che se usa
In l'arte maga ha si in la mente fissa
Che per nui meglio si finia la rissa. »
[P. 13r®] 89. Poi eh' irapregionato hebbe entro la torre
I dua guerrieri il perfido assassino.
Per l'alto monte su poggiando corre
Onde scoprir potea ogni peregrino,;
Ch' egli la crudeltà mai non aborre,
Ma, come Alano et perfido mastino.
La preda aspetta et vede indi i destrieri
Del primo et del secondo cavallieri.
CANTO PRIMO 67
90. Falle la guardia et lascia pascolare
Et tal hor va sonando una zampogna.
Ma questi tre prigion vi vo* lasciare.
Che ritornar a Angelica bisogna
Qual vi lassai soletta a lamentare
Di sua sorte, e il Cataio bora se agogna ;
Ma indarno di Rinaldo ancor si lagna
Cb' entro el cor arde et fuor il petto bagna.
91 . Se vi ramenta, del figliuol d'Amene
Si biasma questa et di sua scortesia
Et loda in parte il figliuol di Milone,
Ma non perch' amarlo habia fantasia,
Et suvengli hor d'un altro gran campione
Ch' ha corona et gran regno in Circasia,
Saggio, discreto et pur di questa amante,
Valoroso, nomato Sacripante.
92 . Poi le riitorna a mente il re Agricaue
Ch' al padre dimandar la fece in sposa
E eh' ella el dispregiò a guisa d'un cane,
Per essere oltra modo boriosa.
Hor che sola si vede in parti extrane,
darsi in preda o farsi coragiosa
A suo mal grado testé le conviene.
Uscir volendo fuor di tante pene.
[P. 13 ▼•] 93. Sovente la beltade è gran cagione
Di condurr' una donna in stato acerbo.
Bella è la figlia del re Gallafrone,
Ma ha il cor sdegnoso et Tanimo superbo
Né mai si muta d'aspra openione
Ch' ha solo enganni sotto il dolce verbo,
Et ha d'amanti, ma indarno, gran copia
Dal mar di Francia in sin a l'Ethiopia.
94. Hor ama un cavallier che lei disprezza
Et per lui lagrimosa ella ha la guancia ;
Orlando, che potea per sua prudezza
Condurla in India dalla bella Francia
E ovunche andava della sua fortezza
Far paragon col brando et con la lancia,
E sprezzato da lei, o grand' errore !
La donna sempre attiense al suo peggiore.
68 I DODICI CANTI
95. Tal cosa ad ogni donna è naturale,
Però Angelica ancor scusar si puote
Se del suo fallo il pentir poco vale,
Se lagrimose tien ambe le gote ;
Rynaldo fugge et entra in magior male.
Et, se piange ella, ei fa dolenti note
Neir oscura prigion dove Orlando era
Statovi infine alhor da Taltra sera.
96. Sliavete a mente ben, non è gran tempo
Che si parti Rinaldo da quel fonte
Centra Angelica irato, perchè un tempo
I/altro discaccia con rubesta fronte ;
Arse egli per Angelica già un tempo,
Hora ha di ghiaccio in petto fatto un monte
Et per lui ella le sue membra tenere
Rivolte quasi sfavillando in cenere.
[F. 14 r<>] 97. Pur dispon ella in brieve a suo paese
Tornar col sol aiuto del suo anello,
Et, ritrovato il suo cavai, lo prese
Et le stracciate chiome al capo bello
Incultamente attorse et dopo ascese
Piangendo al destrier suo ligia dro et snello ;
Et cavalcando afflitta et chetamente
Uscir d'un bosco humana voce sente,
98. Di qual el tuono era in bequadro grave,
Che formava d'Angelica il bel nome :
« Angelica, dicea, nome è soave,
Ma non soavi son l'ardenti some
De l'aspre fiamme incendiose et prave
Ove io nudrisco il cor et non so come. »
Enteso quel. Angelica il mirava
Che in un cespuglio a suspirar si stava.
99. Mentre Gorante li dui cavallierì
Legò, senza esser visto, passò in tanto
Il re di Gircasia con strani, feri
Et acerbi dolor, occulto pianto,
E in su l'herba hora sfoga quei pensieri.
Che quivi giunto havea et solcando quanto
Poteo di mar et terra per trovare
Costei che di beltà non havea pare.
CANTO PRIMO 69
100. S'avvien che un cacciator vada per boschi,
Sempre par le veder la fiera inante ;
Se vede o tronchi o sassi in luoggi foschi,
S' e' dal vento ode muoversi herbe o piante,
Pensa che qualche fera ivi s'imboschi
Et a quel luogo drizza et ochi et piante.
Altresì fu d'Angelica il pensiero
Che sia Rynaldo suo quel cavalliero,
[P. 14 v«] 101. Quel cavallier per chi arder si sente
L'Angelica regina el miser core
Da qui se propria nominar sovente
Ode ; et conosce quanto puote amore
In gentil cor, onde divien più ardente,
Anzi più amando cresce il gran fervore.
Et pensa che quel sia di che ella è amante
Et non Io inamorato Sacripante.
102. Da lungi el vede sol d'armi coperto
Dal capo al pie, perchè non se ha levato
Elmo et men da visera s'è scoperto,
Et manco el può veder da ciascun lato ;
Se questo è il suo Rynaldo o no, di certo
Non sa, ma il cor suo misero impiagato
Creder le fa che sia Rynaldo solo
Quello per chi nel petto ha eterno duolo.
103. Voria chiamarlo, et dubita che quello
Via da lei fugga come havea pria fatto,
0, s'ella s*appresenta, raccorgasi elio
Di lei, il cor resti in cener disfatto,
Se lei fugge anco il suo signor, ribello
Ad Amor et a lei si mostri in fatto ;
Ivi morir dubia in le fiamme accese
D' Amor a chi si son sue forze apprese.
104. Et però il mira né le vuol far motto.
La vede il re et conosce et ben se accorse
Del fatto tutto, onde surge di botto
E dina[n]zi al cavai di questa corse.
La donna non poteo tuorsel di sotto
Né cura hebbe l'anello in bocca porse.
Perchè la mano del bel palafreno
El re correndo pose al duro freno.
70 1 DODICI CANTI
[F. 16 ro]105. Crese ella che Rynaldo il guerrìer crado
Passe quel che nel bosco udì dolerse
Dì lei infiammato ancor né che più il scudo
Di durezza tenesse, onde si offerse
Sicura a lui, ma quel di timor gnudo
Che più da lui si parta non sofferse,
Che venuto era di lontan paese
Per trovar questa ingrata et discortese ;
106. Et di Rynaldo più dotto et d'Orlando,
Come colui che n' ha più cognitione,
Ch'avea per lei già esercitato il brando
Tuorla volendo al padre Gallaphrone,
Però fu ratto ancor che suspirando.
Che sa come ella per incantagione
Potea fuggir sicura senza impaccio
Et lui lasciar in fuoco etemo e in ghiaccio.
107. Però lei vista non le vuol dar tempo
Come fé Orlando al fonte di Merlino,
Che sa, se questa ingrata donna ha tempo,
Che più non bavera di lei dimino,
Et imperò si mosse con tra tempo
A romperli el pensier et il camino,
Ch'un negromante haveva il re ammonito
Di queir anel ch*ella portava in dito.
108. La virtù dell' anel seppe il Circasso
Dal negromante et però, in un momento
Suso levato in fretta, mosse il passo,
Che spesso nuoce Tesser troppo lento.
Rimase il cor della regina casso
D'ogni baldanza sua, d'ogni ardimento
Et resesi a quel re come prigione
Ma pur però con certa conditione.
109. Disse Angelica a lui : « Per mio signore.
Per mio signore ti accetto, o Sacripante,
Perchè son certa che mi porti amore.
Che per trovarmi hai lasciato il Levante
Et qui venesti con l'acceso core,
Chel mi mostrar le tue parole sante
Infiammate d'amor quando chiamavi
11 nome mio con gli acenti soavi.
CANTO PRIMO 71
[F. 16 vo]l 10. Con questo patto fìa nostra amistade
Ch' un mio nimico che '1 fratel m' ha ucciso
Per rubargli el destrier pien di bontade,
Sia da tua mano a brano a brano anciso,
Né prima havrà mio cor di te pietade
Né mai prìa lieto vederai mio viso ;
Ma, se ciò fai, ti giuro et ti prometto
A tutto tuo piacer darti diletto. »
111. Signor, com' un nochier che in la tempesta
Del mar più giorni affaticato in vano,
Dal vento posta ò poi sua nave mesta
In luogo salvo oltra el sperar humano.
Fa con gli amici suoi letitia et festa,
E par per alegrezza quasi insano,
Altresì fece il degno re et cortese
Quand* el parlar della sua donna entese.
112. Ha tanto gran disio d'esser signore
Di quella donna che cotanto egli ama,
Ch* assai promette più che non dà il core.
Che compiacerle in vita e in morte brama.
Et già alla palma invitalo e a Thonore
Della vettoria il gran disio lo chiama.
Et parie haver già Tuno et l'altro in mano
Né sa che queir è il sir di Monte-Albano.
113. La donna, che di gran malitia è piena.
Volendosi costui dinanzi tuorre
Perch' Amor legò lei nella catena
Sol per Rynaldo nò si può dis torre
Da quel voler col qual Amor la mena,
Possendo Sacripante a morte porre.
Cerca di farlo con l'animo saldo.
Oh' ella non ama altrui fuor di Rynaldo.
114. Certa ò, ancor che non muoia Sacripante,
Che non sarà sua la vettoria mai
Et cosi mancarà l'odiato amante
Con gravi pene et angosciosi guai.
Et senza lui tornarsi ella in Levante
Spera, eh' ella non sa i futur sua lai.
Ma molesto horamai esservi stimo
Ch' è troppo lungo questo canto primo.
CANTO SECONDO
[F. 16 ro] 1. Quanto sia Amor pericoloso al mondo
Dame sententia chi el suo mal pruova ;
Egli è uno abisso d^huomini un profondo
Né altro che tradimenti in lui si truova ;
Per un amante eh' ei faccia giocondo
Mille ne danna a pena incerta et nuova.
Di ciò fede può farvi Sacripante
Ch* io vi lassai, signor, poco davante.
2. Non conosce il meschin esser odiato.
Che facile credenza un amatore
Presta a quel che gran tempo ha desiato
Perchè non è patron del proprio core.
Però le par haver già conquistato
El suo rivale et riportarne honore,
Ch* esser credendo della ruota in cima
D'ogni altro cavallier fa puoca stima.
3. Poco cura de altrui re Sacripante
Che, come cieco e d'intelletto privo,
Non vede il laccio a lui posto davante
Né sa che la fortuna Thabia a schivo.
Ma spera con Angelica in Levante
Lieto tornarsi et che in lei il fuoco vivo
De amor per lui s'innuovi et quasi sempre
Resti senza cangiar in lei mai tempre.
4. ben vano intelletto et van discorso
Far fundamento in chi per sua natura
Mobile è sempre I o mal dal Ciel soccorso
Chi por sua spem* in femina procura.
Che sempre n' ha di cons[c]ientia il morso.
Ancor che non gli accaggia altra sciagura I
Ma che dico io, che d'amanti è costume
Perderedi ragion il vivo lume?
CANTO SECONDO 73
5. Però legando questa hjstoria mia
Non siate a donne facih Vi ramento,
Signor mio caro, che di Cyrcasia
Vien Sacripante sol per suo tormento.
La donna si nudrica di bugia
Et quella afferma poi con giuramento ;
Cosi Angelica fa eh' ha ritrovato
El re qual odia et fenge haverlo grato.
[K. iev«] 6. Poi per meglio engannarlo : « Sacripante,
Dice, ben potrai dir eh* io sono ingrata,
Perchè gran tempo è che mi fusti amante
Et sempre mai più dura ti son stata.
Vuo' che n' andiamo insieme nel Levante
Al padre mio da chi sono aspettata,
Ch' essendo ei vechio et morto l'Argalia
El regno converrà che nostro sia.
7. Credo che fusse morto il mio germano
A tradimento da quel cavalliero
Che si fa dir signor di Montalbano,
Onde le porto odio spietato et fiero ;
Però se tu Toccidi con tua mano
Pel tuo valor, com' io bramando spero,
Te attenderò quant' io t 'ho già promesso
Et contento ne fia el mio padre istesso. »
8. S' hor è contento il re di questa cosa,
Lassolo giudicar a chi Amor sente.
Si cara compagnia, si pretiosa.
Desiata da lui col core ardente,
In man già se la tien bavere in sposa
(Ma lo giuditio humano erra sovente) ;
Onde verso il Levante si ritorna
Con la fanciulla di bellezza adoma.
9. La donna per tener il cavalliero
Giolivo et di se darle falsa spe[m]e
Et perchè men le incresca quel sentiero.
Quel sentier che calcando vanno insieme,
Si puose una novella nel pensiero
Dirle, ben eh' altra cura el cor le preme,
Pur disse : « Signor mio, i'^ti vuo' dire
Cosa di far rìdendo altrui morire.
74 I DODICI GANTI
10. Qaando i' venni d'Albracca inver Ponente,
In la Spagna, honorommi Fiordispina,
Et stando nui a una mensa eccellente
Et sontuosa, venne a la regina
Una vecchiarda eh' afflitta et dolente
Ingenochiatta a terra se le inchina
Dicendole : « Una gratia vi dimando,
Sacra regina, e a voi mi racomando. »
[F. 17r<^] 11. Eravamo in sul fior de V ampia cena,
Quando la vechia lagrimosa venne ;
Era sì vechia che parlar a pena
Ella potea, onde pietà al cor dènne.
Per la voglia del dir non havea lena.
Tal che quasi a nui il pianto sovravenne
Et lasciando il mangiar stavemo atente
Al ragionar della vecchia dolente ;
12. Che piangendo diceva : a Un giovanetto
Della più vaga et più fiorita etade.
Che donna desiar potesse in letto
Over dovesse amar per gran beltade^
A forza il cuor m' ha tratto fuor del petto,
L*ingrato pien d'accerba crudeltade,
Et nel mio duol avolto seco il porta,
Ay lassa mèi chi m* ha col sguardo morta.
13. Un corpo senza cor viver non puote,
Però morta sono io che non ho il core ;
Et, perchè ei vede crespe le mi* gote,
Vechia et brutta mi chiama a tutte l'hore,
BencV io vechia non sia ; dolenti note
Mi fa far sempre el dispìetato Amore
Per costui sol che mai non cangia tempre.
Trovandolo al mio amor più duro sempre.
14. Pocho mi curo al fin perch* ei mi chiami
Vechia, se vechia sono al suo parere,
Ma ben mi duol che tanto mi disami
Doppo che *1 cor mio posi in suo potere.
Fate, gentil madonna, che egli me ami
che mi renda el cor com' è dovere.
Che via et modo non ho di lasciar lui
Et men pensier mi vien d'amar altrui.
CANTO SECONDO 75
15. Fatel, regina, dalla vostra corte
Sforzar ad un di questi dui partiti,
il cor mi renda o meco giostri forte
Qual con le donne fanno i lor mariti ;
Et, se ciò vieta, fateli dar morte
Per dar esempio a giovanetti arditi
Che non stratiin le donne inamorate
Ma che le sieno a lor dispetto grate. »
[F. 17 v«] 16. S'havesti visto, Sacripante mio,
Senza denti colei piena di bava
Et il suo ragionar dolente et pio.
Et visto com' ognun grato ascoltava,
Non havresti pel pianto dato a oblio
El riso quando ella così parlava.
Perchè a un tratto in nui dal pianto et riso
Si formava un inferno e un paradiso. «
17. Mentre eh* al re infiammato la regina
Di tal facetia ragionando andava,
Senton da un poggio con molta ruina
Un calpestio crudel d'un che gridava
Dicendo : « cavallier, quinci dechina
Con quella dama. » Ond' el re gli ochi alzava,
Et la donna tremando tutta volta
Lasciando il dir al strepito si volta.
18. Quel è Gorante la bestia incantata
Che bestia si può dir, non corpo humano ;
D'un satyro nato era et d'una fata
Né mai si vide un animai si strano ;
Qual ucìdendo di molta brigata
Mangiava carne humaoa il rio pagano ;
Era fratel d'Orilo il maladetto
A un parto seco nato in un sol tetto.
19. Qual capitando in una*regione
Ch'era soggetta alla fata Sylvana,
Perchè offendeva tutte le persone
Che capitavan ivi a una fontana,
Astolpho discacciò quel Lestrigone
Come bestia odiosa et inhumana.
Onde in Ardenna venne ove gli erranti
Cavalier irasser già famosi vanti.
76 I DODICI CANTI
20. Ma com' el fece discacciar la fata
Al duca in altro luogo vi fìa chiaro,
Oh' ora vedendo io Angelica turbata
Convien eh' io li socorra al caso amaro.
Gorante la persona dispietata
Giuso ne vien et non è alcun riparo,
Che, se la figlia del re Gallaphrone
Non Taita, quel re non sia prigione.
[F. 18 r°] 21. Grida el gigante et con voce aspra et fiera
Le fa il partito che a quegli altri ha fatto,
Et Sacripante, la persona altiera,
Di combatter accetta et ferma el patto.
Che usitata battaglia seco spera,
Perch' era destro et coraggioso in fatto.
Della sua diva havendo la presenza
Pensa non gir della vettoria senza.
22. Giù scende in fretta dal ferrato arcione
Quel re gentil eh* a pie vede el gigante,
Et alla figlia del re Gallaphrone
Porge la briglia in man del suo afierante.
Quella da parte a remirar si pone
Se per sorte perir vede il suo amante,
Ch'odia nel cor et pur d'amarlo finge,
Ch' Amor, chi da lei fugge, amar la spinge.
23. Fin che '1 re col gigante si dimena.
Un nano arriva in guisa di corriero
Per il viaggio stanco et senza lena ;
Fermo mira il magnanimo guerriero
Come ben fere et aspri colpi mena
A quel gigante, et volto al viso altiero
De A[n]gelica le disse : « eccelsa diva,
La gloria tua sempre nel mondo viva !
24. Se sapesti gli affanni del tuo padre
Et le venture sue malvage et strane,
Le tue bellezze si vaghe et legiadre
Non teneresti in region lo[ntan]e.
Assediato è il Cataio dalle squadre
Armate del nimico tuo Agricane,
Che in ogni modo vuol per questa guerra
te per sposa over disfar tua terra. »
CANTO SECONDO 77
25. Quando tal caso intende la regina,
Diventa smorta in faccia et poi se avampa
Et del suo regno pensa alla roina;
Mostrando di dolor la trista stampa
Dentro se stessa dice : « Aimo meschina t
Chi porrà spegner questa accesa vampa ?
M' ho fatto per nimico il sir d'Anglante
Ch' al riscattar mio regno era bastante.
[W. 18 ir<>] 26. Col saper, con la forza et con Tengegno
Bastava Orlando a romper Agricane
E uccider lui et occuparli il regno
Et farlo divorar da genti estrane.
Perchè di lui è lo merlo indegno,
lo me lo persi per mie voglie insane»
Et hor forzata il re di Tarlarla
Pigliar son per salvar la patria mia.
27. Ma come potrò mai contra mia voglia
Amar sì nero et si superbo Moro ?
Sarò constretta a morirmi di duoglia
perder il mio regno et mio thesoro
Qual veggio come al vento in alber foglia
Tutto tremare ; et il mio barbasoro
Padre, che m' ama, per non scontenlarme
Farà prima disfar suo regno in arme.
28. Perso ho già Orlando per la mia durezza
Et perder cerco il re di Circasia.
Che maledetta sia tanta bellezza!
Sia maledetta la superbia mia,
Sola cagione della mia alterezza,
Che amato mai non ho la cortesia
Di cavallier alcun, di alcuno amante,
Massimamente del re Sacripante;
29. Sacripante gentil degno et cortese
Ch' ha per me combattuto et combatte bora,
Et èssi posto a perigliose imprese
Per sfogar quel ardor eh' entro P accora,
Queir ardor eh' entro ha per le fiamme accese
Del grand' amor che per me el divora,
Mi màncarà per la spietata mano.
Di queso rio gigante in questo piano.
78 I DODICI CANTI
30. Perso hommi ancor quel capo de* latroni....
Aymè! Che dico? il più nobil gaeiTÌero
Che si ritruovi in tutte regioni,
Benché come il cugìn non ha il quartiero.
Più franca lancia sopra deirarcionì
Non portò mai più ardito cavaliero,
Nò degnamente alcun portò mai scudo
Se non Rinaldo mio di pietà ignudo.
[F. 19r*]31. Chi non sa s*a costoro i* fussi amica,
Che più non fece Cesar in Tessaglia
Con tra el magno Pompeo et di fatica
Et di virtù contra la piastra et maglia
Della superba gente a me nimica,
Che'l vechio padre mio tanto travaglia,
Sol per me, poich'.'è morto TArgalia.
Cagion, a me lassa 1 la bellezza mia I
32. La mia bellezza è cagion de ogni errore
Per cui mandommi el re mio padre in Francia,
Credendo far prigion l'imperadore
Con la vaghezza sol della mia guancia;
Hora pruova de V armi egli el furore.
Ma il peggio è che rimasta è quella lancia,
Ch* atterra in virtù sua tutti i campioni.
In man d^esti Franzesi buttiglioni. »
33. Et, fin eh* in tai pensier la donna vaga,
Fa Sacripante a quel fratel d'Orilo
Nella sinistra coscia sì gran piaga
Ch* aperta par una bocca del Nilo
Quando con furia piùTEgito alaga.
Perchè la spada sua taglia di filo.
Né del gigante mai li cade sopra
El brando, tanto ben quel re s*adopra.
34. Et subito eh' Angelica s'accorse
Della ferita, da cavai giù scende
Et tutto isnella et ligiadretta corse
Inverso el Re che la vettoria attende.
Cui subito accostata favor porse.
Perchè quando el gigante in quella intende,
Debol diventa per quel!* anelletto
Ch'ella a caso portò nel suo conspetto.
CANTO SECONDO 79
35. Non fé questa per dar al re favore
Oh* era nella battaglia afflitto et stanco,
Perchè gli porti quella ingrata amore,
Che ella non T ama et men voi amar anco.
Né che sapesse il giganteo valore
Fatato havesse il lato destro o il manco.
Nò che per quel anel dovesse in terra
Cascar colui nò terminar la guerra ;
[F. 19 v^] 36. Sol per la nuova eh* ha dal nano havuta
Del re, del regno et di sua patria, tutta
Afflitta rimaner li desti tuta,
Dubiando mostra haver di questa lutta
Letitia assai, ma chi havesse veduta
Lei dentro, quanto sia di pietà asciutta
Veduto havrebbe apertamente et chiaro
Contra quel re magnanimo et preclaro.
37. Ma in dito alhor Tanel tenea per caso.
Però Gorante, qual incantato era,
In terra cadde et seco fece caso
L'incantato valor, onde il re spera
Haver vettoria che non sa eh* a caso
Caduto ò, non per la ferita altiera,
Nò sa che non si può tuorle la vita
Con alcun' arme o per mortai ferita.
38. Angelica al re disse : « mio signore.
Tronca a costui la formidevol testa
Se v[u]oi della vettoria haver l'honore. »
Onde il re con la mano ardita et presta
El crine piglia con molto furore.
Troncando il teschio : tremò la foresta
In modo tal che l'animo di fuoco
Del re che non cadesse mancò poco.
39. Quando la donna vidde il gran tremuoto
Al taglio acerbo della testa irsuta,
Cadendo in terra riman senza moto
Nò parla qual se fusse stata muta.
Stupido ancor il re al ciel fa vuoto
Se vita alla regina è restituta
Menarla al padre intatta et incorrotta
Et fatto il vuoto quella surse alhotta.
80 I DODICI CANTI
40. A quel tremuoto apersesi la porta
Di quella torre et fu ogni laccio vano.
La donna, come saggia astuta e acorta,
Fa quella testa prender al suo nano,
Che caduto era, rilevato, e scorta
Vuol che col re le sia per monte et piano
Ognun sali a cavallo et quel corriere
Prese di Feraguto il bel destriero.
[F. 20 pò] 41 . Era venuto quindi per ventura
El cavai del Spagnuol che solo andava,
Perchè di quel tremuoto hebbe paura;
Forse ivi il suo padre trovar sperava.
Et Rabicano per la selva oscura
Fuggendo inver Levante ritornava.
Solo intrepido resta Brigliadoro,
Quegli altri de* destrier privati fuoro.
42. El nano per Thyrsuta et longa chioma
A Tarcionlega il capo di Gorante.
Sciolto si sente della greve soma
Delle catene il gran signor d*Anglante,
Rinaldo et Feraguto ancor et toma
Per uscir presto Tuno a V altro inante,
Et tutti tre fuor della torr* a uu tratto
Si ritmo varo, et ciascun stupefatto
43. L'un Taltro guata et pur niscinn favella.
Come da un grave sonno risvegliati ;
Et gli altri tre eh' eran montati in sella,
Per la vittoria lieti et consolati.
Il nano, il re, la vaga damigella.
Si furon presto a un calpestio voltati,
A un calpestio che dietro lor venia
Contro oltra lor speme, oltra lor fantasia.
44. Etvidder senza il teschio a se venire
Dietro quel fusto del crudel gigante.
El nano di paura hebbe a morire,
Cadendo de Tarcion a quel inante.
Angelica si mise per fugire.
Ma inanzi se gli para Sacripante
Dicendo : :< Ove v[u]oi tu ire, dolce mia speme ?
Se teco i* son, perchè timor ti preme ? »
CANTO SECONDO «1
45. Acostasi a 1* arcìon dove è la testa
Quel smisurato et incantato fusto,
Et quella prese con tanta tempesta
Che' 1 cavai del Spagnuol, benché robusto,
Sforzato fu cader nella foresta,
Poi el capo sì rìpon sopra el suo busto,
Et, qual se mai stato non fusse mozzo,
Sani si ritrovorno il collo e il gozzo.
[F. 20 ir®] 46. Stupiva l'alto re di Circassia,
Stupiva la regina ancor d'Albracca.
El nano, rilevatosi per via,
Si mise in fuga et givase alla stracca ;
Re Sacripante pien di gagliardia
La battaglia anco col gigante attacca.
Né più da Frontalatte scender vuole
Che per distrezza gira come il sole.
47. Feraguto et Rinaldo nel gran bosco
Si pongono a cerca di lor destiieri :
L'uno va in questo, l'altro fu in quel fosco
Vallon cercando per strani sentieri.
Quel ardito signor da Tochio losco
Monta in arcion et lassa i dua guerrieri ;
L' arme in dosso tenendo, in man la spada.
Traversa il bosco et ariva in su la strada.
48. Pien di sdegno amoroso il conte aranca
Che s' era rifrescato Brigliadoro,
Et col gigante la persona franca
Di Sacripante suona al battiloro.
Di vermiglio color é fatta bianca
Angelica, e a dir meglio ha il color d'oro
£t le labra di mamole viole
Languide come colta rosa al sole.
49. Doppia paura a questa il cuor percuote :
Una é di questo re, l'altra é del regno
Che lasciò il nano con dolenti note.
Non perch' abia pietà del guerrier degno
Ma perchè lui condur seco non puote
Con l'arte sua, col neghitoso ingegno,
Per contrastar al re di Tartaria,
Onde sdegnosa sol si pone In via.
6
B2 I DODICI GANTI
50. Sola si pon in via con stran pensiero
Pian pian lasciando quei nella baruffa.
Rinaldo che non truova il bon destriero
Che fu deir Argalia, con ira sbuffa
Qua et là cercando questo et quel sentiero,
Con San Martin bramando haver la zuffa
Sol per tuorle il cavallo, et bastemiando
Si duol perchè non tolse quel d' Orlando.
[P. 21 p°] 51. Sacripante vedendo esser pa[r]tita
Quella in cui post* havea tutto il suo amore,
Prigione tiense et privo della vita
Perchè ella seco ne portò il suo core ;
Volto al gigante : « anima gradita,
Se mai bramasti, disse, in terra bonore
Deh non intertenermi, ecco la spada :
Lasciami andar diritto alla mia strada. »
52. Quand' un insan si priega, più s'indura.
Cosi el gigante pien d'ogni aroganza.
Però che vilano era per natura,
Al degno re rispose : u Altra speranza
Haver convien. » Et cosi oltra misura
Mostrò sopra del re sua gran possanza.
Tirando al capo, d'un fendente altiero,
In terra al re gettò tutt' ei cimiero.
53. Fu tanto il colpo del gigante ardito
Che per nare et per bocca il sangue scoppia.
Et sul collo al cavallo tramortito
Cadde colui che tutta la Etioppia
Combattendo trascorse, et mai ferito
Non fu eh' avesse segno di sinoppia ; j
Et bora tramortito iJ bon campione I
E da Gorante tratto fuor d'arcione. !
!
54. Haveva visto il perfido ribaldo |
Che la regina havea seguito il nano ; '
Porta il re in spalla furibondo et caldo |
D'yra, dietro lei corre in monte e in piano. I
Il nano fugge et scontrasi in Rynaldo
Ch'in van cercando andava Rabicano
Et chiede al nano se per sorte in quel sito |
Veduto havesse il suo cavai smarito. |
CANTO SECONDO 83
55. « Volesse el cìel, rispose quel piccino,
Oh' io non havessi mai cavai trovato,
Che mi cresi morir per mio destino
Per un crepaccio che cadendo ho dato.
Yiddi una cosa, aimè lasso, tapino !
Che '1 cor mi fa tremar, mancar il fiato,
Quando vi penso, et honne ancor passione.
Che maledetto sia il re Gallaphrone !
[P. 21 V*] 56. Perch' il re Gallafron a ritrovare
Mandommi una sua figlia eh' era in Francia,
Angelica costei si fa chiamare
Ch* un angel par alla polita guancia.
El re di Tartaria per terra et mare
Condotta ha molta gente a spada et lancia
Con soldo grande per disfar il regno
Di questo re già vechio, honrato et degno ;
57. E la cagion che '1 re di Tartaria
Ha tanta gente al Cataio condotta,
Ch'essendo morto in Francia TArgalia
Angelica fia herede saggia et dotta.
Lei Agrican per sua sposa voria.
Porsi per farsi nostro re tal hotta,
Et Gallafron per levarsi l'assedio
Le la darà per ultimo rimedio.
58. Però mandato m' ha per ritrovarla.
L'ho ritrovata et poi hoUami persa.
Non so come potrò, lasso, menarla.
Forsi questa gran selva ella atravesar
Perch' hebbe la paura a traboccarla.
Quando caddi io, odi cosa perversa,
Quando la mia regina riscontrai,
Un gicante a battaglia ritrovai.
59. Combattea seco un cavallier a fronte
Che di cavalleria mostrava il fiore,
Parea il gigante per grandezza un monte.
L'altro un Alcide somigliava al core ;
Al fin cadde el gigante perchè un fonte
Facea il suo corpo in terra del cruore
Ch' us[c]ia per le ferite, e il capo netto
Le tagliò si che non le valse elmetto.
84 I DODICI CANTI
60. Io con le proprie man quel teschio orrendo
Per le chiome appiccai nanzi Tarcione
D*un cavai che trovai ivi pascendo.
Poi prendemmo la via per il sabione
Et senza el capo quel busto tremendo
Ne giunse fuor d'ogni espettatione
Ch* avevam caminato una gran lega.
Credo quel sia figlio a qualche strega.
[F. 22 T°] 61. Quel cavallier, eh' io dico, andava innanzi
Et lui seguiva Tinclita regina,
Quando quel corpo che morto pur dianzi
Haveva il cavallier con gran mina
Lasciato, ci ragiunse, ond' io dinanzi
Giù deir arcion li caddi alla supina
In piana terra et fu si grand* il scoppio
Ch* a pensarvi anco il duol al duol radoppio.
62. Et poi con tanta furia quella testa
Da Tarcion prese et rapicoss' ai collo
Che ne tremò per tema la foresta.
Ma il cavallier che non era satollo
Di battaglia di ferrirlo a sesta, |
Et io eh' havea levato il duro crollo,
Àbandonati lor, pel mio viaggio 1
Mi puosi, sol per non patir più oltraggio. » j
63. Rynaido, intesa eh' ebbe da quel nano |
L' aspra contesa et V opra di Gorante, 1
Pensa che quel cavai sia Rabicano |
Ond' è caduto il picciolo gigante, \
Et per trovarlo cerca monte et piano
Ch' a piò le incresce andar come un vii fante. |
Cosi cercando tutta via s'inselva !
Et riscontross' in una fera belva. 1
64. Non vuol con quella il paladin porse
Ch' ha gran disio d'andar verso il Cataio
Et trovar Rabican, ma quella corse
Contra di lui et sgrettolò l'acciaio i
Del scudo con l'onghion, onde via tuorse
Non può il guerrier che pria non tiri un paio !
dua di colpi alla maligna fiera i
Che contra lui ne va cotanto altiera. I
CANTO SECONDO 85
65. Se '1 palladin si cruccia, se' 1 se adira
Vedendo il scudo fracassarsi alato
Da V animai, se '1 capo se gli aggira,
Se contra qnel usa del desperato,
S' un sopra l'altro in fretta i colpi tira,
Lassolo giudicar a chi ha provato
Restar per sorte nel camino a piede
Quando più franco cavallier si crede.
F. 22 v**] 66. Da disperato a quella i colpi mena.
Né l'offende però che è tanto presta
Oh' in sul terreno ferma i piedi a pena
Et hor la zampa porge et hor la testa
Et tanto ben si snoda nella schiena
Che presta in mar non è l'onda qual questa.
Over le biade in campo al vento scosse,
Qual l'animai al fuggir le. percosse.
67. Pardo visto non fu sì destro unquanco
Né si irato orso o leon più superbo.
Che saltando al guerrier diede in un fianco
Con un corno eh' ha in fronte un colpo accerbo,
Ma, perchè Thora sua non è giunta anco,
Che morir deggia, il ciel gli hebbe riserbo.
Vero è che cadde in su la piana terra
Facendoli però col brando guerra.
68. Non so s' unqua fu vista una tal fera
Che humano ha il volto, il petto dì leone,
Gli echi dì drago, il piede di pantiera
Et l'ale grandi a guisa di griffone.
Questa è da molti dettala Chitniera.
Di serpente ha la coda et il groppone
Di tor simiglia, et l'orechie asinine,
Un corno in fronte et del cignale il crine.
69. Discosta tienla con Thonrata spada
Vibrando agli ochi d'ogni intorno sempre;
Gorante il re Circasso tien a bada ;
De Angelica il destrier piglia le tempre
Quasi di nave in mar, in su la strada
Feraguto il suo truova, il conte Orlando
Va verso Albracca hor di passo hor trottando.
86 I DODICI CANTI
70. Passati i Pirenei giunse in la Spagna,
Et nelle parti dell' Andologia
Vidde gente attendata alla campagna
Et, disiando di saper qual sia,
Ivi si trasse et la persona magna
Del re Marsilio riscontrò per via
Di cui Tarmate squadre esser intese
Per diffension li poste del paese.
[F. 23 r*'] 71. Sospettava Marsilio di Gradasso
Et ben ragion di sospettarne haveva,
Qual quando il conte vidde ivi a quel passo,
Perchè cavallier degno li pareva,
Feceli offerir soldo alto et non basso
Benché chi [sia] quel re non lo sapeva.
El conte ringratiandolo rispose
Ch* ir conviengli oltre per più degne cose,
72. Nò potea soggiornar per le facende
Che gli erano importanti andar costinci ;
Et questo detto, il suo sentier riprende,
Il re lasciando et l'altra gente quinci.
Un certo superbon la lancia prende
Et dietro al conte va correndo linci.
Sfidandolo a battaglia, et el si volta
A quel che va correndo alla sua volta.
73. Non portava il quartier quel sir d' Anglante
Perchè lasciollo et si vesti di bruno
Per girsene più franco nel Levante,
Presto passando incognito a ciaschuno.
Non vuol firmar il pie, ma gir inante,
Quanto più può procaccia che d' alcuno
Messo di Carlo non le sia impedito.
Per ciò del soldo ricusò lo invito.
74. Havrebbe volentier mostrato il sire
Ivi la forza sua, ivi il valore.
Ma dentro el petto tanto gran martire
Tanta passion, tanto sfrenato ardore
Il preme eh' ad Albracca è disposto ire
Né gloria brama più ne cerca honore,
Che, se non truova la sua gentil dama,
Honor più non disia né acquistar fama.
CANTO SECONDO 87
75. Haveva in prima essendo ancor fanciullo
La patria aban donata e in Puglia era ito
Solo per ritrovar qualche trastull[o] ;
Trastul d' honor il paladino ardito
Iva cercando et di suo par fu nullo
Che di lui fusse al mondo più gradito,
Et hor, che più conosce, meno aprezza
Di eterna fama la sublime altezza.
[F. 23ir<>] 76. Ma che dico io che più conosca il conte?
Errando il disse, eh' un eh' è inamorato,
Se di infinita gloria un alto monte
Dinanzi havesse ond' esserne beato,
Con sommo honor, potesse et alla fronte
Porsi hedra o myrtho o il bel lauro pregiato,
Se la sua amata donna noi consente,
Men che la mano vi poria la mente.
77. Pur perch' ognuno è di se stesso amico
Et quanto può da morte si discosta,
Ch' apprezzarsi convien il suo nimico
Per picciolo che sia, senza risposta
Non vuol passar il^conte, et col suo antico
Sdegnato orgoglio a quel villan s'accosta
Et con la sua famosa Durinda[na]
Le fa cader la lancia in terra piana.
78. Come si vide della lanza privo
Colui che Berzavaglia nomato era,
Hebbe del conte si quel atto aschivo
Che s'a restava qual sylvaggia fera
Col brando in mano, et, benché l'ardir vivo
D'Orlando mostri la sua forza altiera.
Pur la sua ancora mostra Berzavaglia
Perch' era coraggioso, uso in battaglia.
79. Sta r uno et 1' altro acorto in su 1' aviso
Al riparar hor pronto, hor al ferrire,
Al capo mena questo et quel al viso
Vibra di punta sol per far perire
El compagno chi può ; ambi conquiso
El cor han, perchè vegono l'ardire
In loro pare non sperato unquanco.
Pur dansi al latto dritto hor, hor al manco.
88 I DODICI CANTI
80. Fra più colpi colui che '1 nero veste
A Berzavaglia dette in su V elmetto
Et Durindana cosi bene investe
Che le spezzò sul capo il bacinetto
Et, calando la spada alle man preste
Del sir su 1* homer di quel maladetto.
L'astrinse il colpo al ralentar la brìglia
Adolorato et pien di meraviglia.
[F. 24 r®] 81. Era forte costui fuor di misura
Sopra tutti e' soldati della Spagna
Et era grande sì di sua statura
Ch* in quello campo alcun non Paccompagna
D'altezza né di forza, et di natura
Superba villanesca era et grifagna ;
Pur per colpo eh* egli ebbe, sbalordito
Fu quasi tutto et di se fuor uscito.
82. Tal che sul dorso del cavai si versa
Così stordito per lo colpo grave.
Hebbe la destra staffa ancora persa,
Tanto il dolor par che lo prima aggrave ;
Così la sua superbia è già somersa,
Come spesso intervien a genti ignave.
Cavalca il conte pian per la sua via
Che dentro Tarde amor con gelosia.
83. Sa che Rinaldo Angelica anche amava
Né sa che al fonte si cang[i]asse amore.
Però presto trovarla desiava
Sentendosi infiamar da troppo ardore.
Pur lentamente hor cavalcando andava
D'Angelica pensando et del suo honore,
Volgendo spesso Tochio a remirare
Se vede Berzavaglia ancor cascare.
84. Non cade quel pagan, ma via sei porta
Così stordito il suo cavai correndo,
Tal che pareva una persona morta
Et di veder il fin il conte attende.
Cosi mirando vede ana gran scorta
Di gente armata onde il sir cor riprende.
Né fugge,[anzi si ferma e in se dice ; « Hora
A voi farò quel che questo altro ancora. »
CANTO SECONDO 89
85. Et cosi fermo in su i' arcion aspetta
Col brando in man di più vittorie adorno.
Contra le vien quella gente stretta
Che circondar sei pensa d'ogni intorno,
Ma il conte che tien l'ochio alla velletta :
« Per voi, disse, fia questo il sezzo giorno,
E fallirà el pensier che voi facete
Ch* io partirò, voi morti restarete. »
W. 24 v«] 86. Et, questo detto, Brigliadoro spinge.
Con quel furor che Torso a quella pechia
Hor a queir altra con furor si stringe,
Havendo punto il muso over l'orechia.
Mostrando il conte la sua forza stinge
Questo et quel, da queF altro disparechia;
Fra Tira, el sdegno et l'amorosa rabfa
Tinge col sangue lor tutta la sabia.
87. Non vi riman un sol per testimonio
Ch' al re Marsiglio la novella porti.
Era affannato ben più d'un dimenio
A portar 1' alme giù n' istigii porti
Né ritrovossi un sol fra tanti idonio
Ch' eschi per sua virtù fuor di quei morti
Vivo, che fur seicento in un sol groppo
Che morirò, qual nanzi l'un qual doppo.
88. Nanzi che ritornasse Berzavaglia
In se di stordigion, quella empia setta
Tutta mori nella crudel battaglia
Per man d'un sol guerrier con mag<rior fretta
Ch'un pisciolino d'Arno non si scaglia
Per man d'una ligiadra fanciulletta.
Marsilio il vedde et hebbene dolore
Ch'un sol a soi tuoi la vita et l'honore.
89. Pur Berzavaglia n se ritorna et vede
Il gran signor di Brava ch'avea in mano
Sanguigno il brando, et galloppando riede
Verso lui tratto da furror insano
Perch' inghiottir quel palladin si crede
Con sua superbia il perfido pagano.
Orlando si dimena al modo usato
Ferrendolo hor da questo, hor da quel lato
90 I DODICI CANTI
90. Similmente il pagan con molto orgoglio
Cerca de disarmar il palladino,
Poiché '1 vede in arcion qual duro scoglio
Fra Tonde mosse dal vento marino
Ai colpi soi, ma Orlando : « Se qual soglio
Hora sarò, diceva, o Sarracino,
r ti farò pentir di tua pazzia
Poiché venesti a disturbarmi in via».
[F. 25 T^] 91. Questo dicendo sopra in scudo lassa
Cader la tremebonda Durrindana
Che quel rompendo lacera et fracassa,
Tal che spezzato cade in terra piana
Et rompendo il braccial tutto lo passa
Fin eh' ella giunse alla carne pagana,
Della qual trasse un bel ruscel di sangue ;
Onde il pagano bastemiando langue ;
92. Et sopra il paladin ferrendo tira
Un gran fendente, sol per darle in testa.
Orlando, eh* a quel colpo orrendo mira,
Si trahe da parte che la bestia presta
Ubidisse alla mano et, con molf ira,
Si volge a Berzavaglia che pur resta
Pel colpo privo del spallaccio manco
E in el braccio ferito e al destro fianco.
93. Come in l'autunno per il vento australe
Un alber è spogliato di sue foglie,
Ai colpi di quel brando senza uguale
E spogliato il pagan con pene et doglie
Di piastra et maglia et è il giu[o]co inuquale,
Ch* oltra che in terra van le ferree spoglie.
Resta il pagan ferrite in questa e io quella
Parte del corpo et fin in la mascella.
94. Qual se vedendo in più parti sanguigno
Et sentendo di forza sminuirsi,
Quasi a guisa d'un can facendo un rìgno.
Già in mente dessignato havea partirsi.
Ma pria vuol il spirito malign[o]
Ch' indi non possa il conte Orlando girsi ;
Menolli de un fendente in su l'elmetto
Che quasi el capo le fé entrar nel petto.
CANTO SECONDO 91
95. E, se non che ritrasse el capo Orlando,
A se coDvenìa forsi ivi cadesse :
Pur non cadde, e stordito allentò il brando
Quasi in terra ir, ma la catena el resse.
Fatto il colpo il pagan più che trottando
Volse il cavallo et in fuga si messe
Lasciando il conte adolorato forte
Che si crese vicin quasi alla morte.
[W. 25 ▼<>] 96. Alle schiere del re suo ritornando
Berzavaglia ferrito et disarmato
Truova Marsilio eh* iva suspirando
Del caso corso et non da lui sperato,
Et della fellonia di quel, che quando
Giò ad assaltar il conte, non mandato
Vi fu, né chiese al re licentia prima,
Ch' estimato non è chi altrui non stima.
97. Et se non eh' era huom forte quel fellone
Del fol ardir V havria forsi la guancia
Fatto batter il re Marsilione,
Ma perch' or bisogno ha d'huomin da lancia.
Supportasi l'oltraggio et le persone
Morte vengiar non vuol, e quel di Francia
Cavalca col disio di truovar quella
Angelica beltade a lui ribella.
98. Forza de Amor, ben valorosa sei
Che con Tarbitrio tuo sol guidi il mondo,
Come a te pare astringi homini et Dei,
Qual infelice rendi et qual giocondo,
al riporta di te immortai trophei
Et qual da te scacciato premi al fondo ;
Chi più t'adora ingrato al fondo premi.
strani guidardoni ! o amari premi !
99. Orlando in fuoco ardendo ogn' hor ti segue
Per Pamor che ad Angelica sol porta,
Rinaldo non vuol teco paci o triegue,
Ard' Angelica in lui la mal accorta.
Con odio il re di Circassia prosegue
Che lei pur ama et se stessa comporta
Ardere indamo, et per li su' amatori
Punto non sente gli amorosi ardori.
92 I DODICI CANTI
100. È uscito il conte a pena d*un periglio
Che '1 guidi, Amor, a sorte più orgogliosa
Ove non vai saper de armi o consiglio ;
Che giunto a Calpe, Tonda perigliosa
Passa il guerrier et indi dà di piglio
Sotto d*Ahila in la piaggia arenosa
Et costeggiando il bel lito Affricano
Verso il Levante va per colle et piano ;
[F. 26 r°] 101 . Et quasi giunto al mezzo giorno, havendo
Dietro di se tutta Spagna lasciata,
Alla man destra sopra el lito essendo,
Un giorno vidde una gran gente armata
In terra e in mar et con gli ochi ferrendo
Di navi discernea grande brigata
Venir a piaggia, onde ei firmato attende
Nel luogo al qual il lor venir comprende.
102. Sol firmosse a mirar per sua sciagura
Il conte quel che di veder non spera,
Et una nave con la vela oscura
Vien che fra Taltre mostra esser più altiera,
Verso la piaggia più franca et sicura.
Et, giunta ch'è presso alla riviera,
N' un palischermo si dimostra al conte
Una sol donna con fatezze conte.
103. Con gli ochi lagrimosi et con la guancia
Mesta si mostra in l'arenoso suolo
Al palladin che di tutta la Francia,
Anzi del christianesmo, è campion solo
A pie, a cavallo, a piastra, a spada, a lancia.
Cui quella donna, piena di gran duolo
In apparenza, disse : « signor mio,
Non qui senza mister mandotte Idio.
104. Da rindia in Francia i' me era in camin posta
Con queste navi sol per ritrovarti.
Ma quando te, signor, in questa costa
Descender vidi, subito le sarti
Feci calar per venir a la posta
Dove eri tu sol, per posser parlarti ;
Ond' io ri[n]gratio il ciel poich' ho truovato
V huom da me lungo tempo desiato.
CANTO SECONDO 93
]05. Sei da me lungo tempo desiato
Sol per la tua virtù, per tua prudezza,
Qual quel eli' in tutto il mondo è nominato
Di forza, di valor, di gentilezza,
Più saggio in Tarmi et più da ognun lodati
Di continenza in ogni tua grandezza,
Diffensor di giustitia et di ragione
Et, di chi a torto pati« sei campione.
[K. 36 v^] 106. Le genti, che tu vedi in terra e in mare.
Sonno per sottoporsi a tua ubidenza
Per volontà dei Dei che coniendare
Non mi volser d'altrui la diligenza,
Pel consiglio de* quali al navigare
Qual mi vedi posi, che sentenza
Loro è che al riporme dentro al mio regno
Ogni altro capitan n'era men degno.
107. Però di te mi dier notitia vera
Per visione, et mi mostraro in sogno
11 nomo tuo et la persona altiera
A ciò che soccoressi al mio bisogno.
Però ne venni con la vela nera
(Ch'altro color haver mai non agogno)
A ciò che, signor mio, tu non dinieghi
La giusta gratia a^ mia dolenti prieghi.
108. Tu non prendesti mai più generosa,
Poiché nascesti, et la più degna impresa
Di questa, et forsi mai simile cosa
Unquanco dal tuo orechio non fu intesa ;
Ma aciò che non ti sia Thy storia ascosa,
La ti dirò, s'udirla non ti pesa.
Ascoltami, per Dio, gentil campione.
Che so che piangerai per compassione ;
109. Né t'incresca d'entrar nel palischermo.
Che più adagiatamente parlaremo,
Perché ti veggio della mente infermo.
Insieme alquanto ci recrearemo.
Poi, stabillito l'animo tuo fermo
Ad aiutarmi, indietro tornaremo,
Et, quando non disponghi pur venire.
Potrai ritrarti e al tuo viaggio gire. »
94 I DODICI GANTI
110. Entra nel palischermo et Brìgliadoro
El conte lascia et sol la spada ha seco
Et assiso contempla Fontedoro
(Ella cosi fa dirsi) col cor cieco ;
Et venuta era ella in quel tenitore
Con più de Tochio assai Tanimo bieco,
Volendo al conte Orlando far mal scherzo,
Come udirete poi nel canto terzo.
CANTO TERZO
PF 27. p°] 1. Quand' un più cerca quel di che non deve,
Se qualche disventura gli n'adviene
Esser non le dovrebbe amaro o grieve,
Ancor che poi ne gusti acerbe pene.
Spesso a brieve piacer caduco et lieve
Dietro Teterna penitentia viene,
Dina et Sichem ne danno esseoipio verde
Ch*ella rhonor et ei la vita perde.
2. Chi entrar nel laberinto talhor cerca.
Se tardo n'esce o pur non n'esce mai.
Non dee dolersi, et s' Orlando hor ricerca
Il mal et truova più di quello assai
Che non vuol, impar' hor come si merca
Tal mercè con spietati affanni et guai
Da quella eh' engannar ciaschedun suole,
Che le comincia a dir queste parole :
3. « Fontedoro sono io, del gran Senapo
Cara nipote, posta in dura sorte
Per esser il mio regno senza capo.
Priva del dolce et caro mio consorte
Che fu per proprio nome detto Lapo,
Flavio cognominato, et posto a morte
Per man di Sarmagon Tempio assassino
Per me trar seco e il regno in suo dimino.
4. Era il mio sposo giovanetto et vago
Che non più bel di lui fu quel di Psjche,
Pareva proprio una divina imago
Se mai fra le moderne o fra l'antiche
Ne furon viste ; ond' io mai non mi appago
Ne appagare de inumere fatiche
Che sol per far vendetta del mio sposo
Mi truovo in stato accerbo et periglioso.
96 I DODICI CANTI
5. Era huomo sì degno il mio signor gentile,
Di beltà ornato et di ligiadra chioma,
Sopra ogni altro tenea del signorile ;
Si a li costumi, si al grato idioma
Non hebbe in vita par o simile,
. Né doppo la sua morte alcun si noma
Né nomaranssi mai per dir il vero
Chi aguagliar possa il mio signor altiero.
[P. 27 v®] 6. Parte di Media et della Armenia tenne
Sotto in suo impero et fu Cristian dal fuoco
Dov' ai bianchi Albani 1* origin venne ;
Bench' ei meco regnass' insieme poco,
Che' 1 re ìnfìdel d'Hyberia sopravenne.
Ai lassa me I con tanta festa et giaoco
A privarmi del mio diletto et caro
Consorte con modo aspro al mondo raro.
7. Fingeva seco amor et fé sincera
Per me ardendogli Amor Tinfìdo petto,
Né dimostrò mai da matino o sera
Portarmi alcun particular affetto.
Ma fìnta continenza ogni hor seco era.
Né altro che Flavio par eh' habia in ogetto
Ma come poi li para enganno et frodo.
Se mi ascolti, signor, dirotti il modo. »
8. Ascolta Orlando quasi stupefatto
Ciò che la donna con industria dice,
Ch' ella favella mostra, gesto et atto
Come suol dimostrar qualche infelice
Per qualch' orrendo et spaventevol fatto ;
Guatala in faccia et tiensi alhor felice
Il conte per sentir si bella donna
Parlar in chi gratia immortai s' indonna.
9. Et rompendo ella gli echi a duri pianti
Mandava fuor del petto alti suspiri,
Coi quai bastava romper gli adamanti
Non che solo mutar gli human desiri.
Et li spessi singhiozzi erano et tanti
Che facevan inditio di martyri,
Nò men di quella piange il fero conte
Vedendo afflitte le fatezze conte.
CANTO TEBZO 97
10. Doppo le molte lagrime colei,
Ch'era di frode ud empio labyrintho,
Rivolta al conte disse : » Se ta sei
Da cotanta pietà, signor mio, vinto,
Che meco piangi i duri casi miei,
Fa che 1 nimici) mio da te sia estinto.
Che se ciò fai, per Dio, tu non havrai
Di fama etema maggior gloria mai.
[F.28r<»] 11. Et per non ti tener in lungo tedio
Conchiuder voglio la mia hy storia brieve
Perch'ai fuggir Amor non è rimedio.
El forsenato Sarmagon di lieve
(Cosi detto era il re de Iberia) assedio
D'amor non era et più eh' egli non deve
Amar, per haver me spense il bel viso
Dove era il mio diletto e il paradiso.
12. In una caccia ad orsi et a leoni
Oh' a pie di monti Caspii si faceva,
Infra forti cespugli entro a burroni
Armate genti Sarmagon teneva.
Segretamente et di certi valloni
Usci un leone et, perchè Lapo haveva
Gran cor, quello aterrò, ma quel re crudo
Diede al mio Lapo col suo brando ignudo ,
13. Ch' erano stretti ambi dua e regi
Et quinci et quindi homini havean lasciati
Per portar della caccia ornati fregi.
Onde fumo egli nel leon scontrati,
Et Lapo per mostrar sua fatti egregi
Fece gli effetti, ai lassa 1 sventurati,
Che cosi quel fellon crudel dio morte
Al mio caro fedel divo consorte.
14. simulato amor I o amor crudele !
Simulava amar Lapo oltra misura
Re Sarmagone perfido, infidele.
Infido traditor per sua natura.
Era, come si dice, senza fele
U mio sposo gentil, colomba pura;
Però fu facil cosa al traditore
Dar morte tal al mio gentil signore.
98 I nODICI CANTI
15. Et poich' uccìso Thebbe il neghitoso,
Le stracciò ei panni in dosso et si ferìllo
Per tutto el corpo che era paventoso
Caso a vederlo, et tutto dipartillo
Come far suole un leone orgoglioso
Contra chi a lui contrasta ; e a ciò sortillo
L*invida sorte mìa che sol le increbbe
Del mio honorato ben e il mal m*acrebbe.
[F. 28t®] 16. Cominciò quel crudel, poich' hebbe morto
Colui senza del qual nonvorei [vita],
A pianger si l'horrìbil caso in torto
Operato da lui che quasi invita
Ogni sjlvaggia fera al suo conforto,
Et diceva il fellon : « Datemi aita
In questo caso, o cieli ! o voi elementi !
Porgete fine ai miei tanti tormenti.
17. Deh chi m* ha occiso, o mìa spietata sorte !
Dinanzi agli ochi il mio caro fratello ?
Chi portarà tal nuova a sua consorte?
feroce leon crudele et fello,
dura, amara, accerba, invida morte
Ch* oggi sveit' hai il più vago, il più bello
Fior che natura havesse mai creato,
Un huom più degno che sia in terra nato !
18. Morte, come mai più senza costui
Viver potrò contento, ai lasso 1 al mondo ?
La vita mi è un morir senza di lui
Che mai più in vita non sarò giocondo. »
Mentre che questi va incitando altrui
Con Talta voce, col gridar profondo.
Induce a pianger seco ciascun eh* era
Presente a sua querela accerba et fera.
19. Ognun pensava che '1 mio dolce Lapo
Pur stato fusse dal leone ucciso
Come pareva linci, che il bel capo
Che pria d'oro era, è si nel sangue intrìso
Ch' era orror a vederlo, et questo capo
Prender. Il traditor sol hebbe aviso
Pianger per ben coprir sua fellonia
Ch' a coprirla non sa modo altro o via.
CANTO TERZO 99
20. Sol questa via sa il traditor trovare
Per ricoprire il suo tanto delitto.
Et sa col pianto sì ben simulare
Che par per doglia dentr' il petto afflitto.
EI corpo alla città fece portare
Del mio marito esangue et derelitto
Da r anima gentile, et presentoUo
A me chi del suo male era satollo ;
21 . E con lagrime false et con suspiri
Mostrava il cor haver pien di ramarco,
Solo per generarmi quei martiri
Che mi havean già il petto carco ;
Maledicendo il ciel par che se adiri
Volendosi mostrar di error più scarco,
Et con quel corpo mi portò il leone
Dicendo : « Del tuo mal questo ò cagione, a
[P.29 r«]22. Poi fece dar al corpo sepoltura
Condegna in vero al regno et al suo merto,
Kt tutti i soi coprir di vesta oscura
Con dimostrar cordoglio a tutti aperto,
E in sul sepulcro fece una scrittura
Che dicea il caso et non com' era certo.
Il caso come fu non vuol aprire,
Ma sol dette la loda al grande ardire.
23. Qual fusse la mia pena, o cavalliero,
Vedermi inanzi a V improvìso un caso
Non mai più visto il più spietato et fiero,
A te pensar lo lasso, ove persuaso
Era il mio cor sol pel tormento altiero
Certo scoppiar, ma fu si duro il vaso
Che 1 mio dolor teneva stretto et chiuso
Ch' io non potei morir, e il ciel ne incuso
24. La notte che segui l'horribil morte
Del dolce caro mio pregiato pegno,
Dico del divo mio e fedel consorte,
Mi apparve el spirto generoso et degno
Et racontommi sua infelice sorte
Et quanto oprò già Sarmagon d' indegno
Contra di lui, et, quando ragionava
Piangendo meco, gli ochi si asciugava.
100 I DODICI GANTI
25. Dioeamì il gentil spirto : « O mia diletta
Et cara sposa, guarda non ti fidi
Di quello che la vita m' ha intercetta,
Che a pena il credo ai stessi ochi miei fidi,
Chel mi mostraro ; in una valle stretta
Sylvosa a caccia u' non si odiano i gridi.
Col brando eh' egli astrìnse nudo in mano,
Mi uccise il traditor crudo, inhumano ;
26. Dico di Sarmagon, Sarmagon quello
Che fingea tanto caramente amarmi.
Poich* uccisi io il leon crudo et fello,
Ei sufferse con man proprìa amazzarmi ;
Né a caso il fece, ma il mio regno bello
Forse bramando nò di quel privarmi
Sapendo ritrovar modo nò patto.
Quel traditor divenne a simil atto.
27. Non era io ancor fuor del mio corpo uscit[a].
Benché del moto suo fusse ei privato,
Che la persona in più lati ferita
Fu dal suo brando crudo et dispietato,
Et poi gridando con voce smarita
Tutti li cacciator s* hebbe adunati,
E inanzi a lor facea si grandi i pianti
Che inteneriti havrebbe i dur diamanti.
[F. 29v^]28. Piangendo lamentavasi il crudele
Fuor dimostrando le mentite larve.
Tal che compagno grato et più fedele
Agli ochi di chi il vidde, unqua non parve
Pur di esso, et si pietose le querele
Facea eh' i' non so dirle. » Et via disparve
L'alma gentil poiché questo detto hebbe.
Onde il dolor sopra il dolor mi crebbe.
29. Con quanto duol, con quanto stratio et pena
Io rimanessi afflitta et sconsolata
Quanda partiò la mia luce serena
Ch'in sogno ancor vederla erami grata,
Dir noi potrei, o, s'il dicessi, a pena
Creso mi fora, anzi sarei chiamata
Sempre bugiarda, che ' l dolor fu tale
Ch' a quel non hebbi et non havrò ma' uguale.
CANTO TEAZO 101
30. Nò doppo troppo il falso temerario
Cercò per mezzo d*una mia nudnce
H avermi in sposa senza alcun contrario,
Sperò di me gioir qaelF infelice.
10 che ' 1 cor fermo havea né punto vario,
Mi crebbe il duolo, et crudeltade ultrice
Me incitò vendicarmi de V inganno
Che ' 1 traditor mi usò ma con suo danno.
31 . Cosi una notte da un luogo secreto
Soletto il feci entrar nella mia stanza,
Et quel cb' ardeva come mal discreto
Vi venne armato tutto di speranza
Prender la man pel dimostrato deto.
Nel laberinto entrò pien di baldanza
Nò fu la intrata a lui cosi gradita
Quanto noiosa poi la dipartita.
32. Et per darle tormento aspro et martyre
L' accogliezze li feci in vista grate,
Con un vin concio per farlo dormire
Et confetion di prezzo et delicate.
Più volte la Dudrice gli hebbe a dire :
« Bevete ben, signor, et confortate
Le membra che convienvi oltra sei miglia
Andar con questa ligiedretta figlia. »
[F.30r*]33. Et per più colorir la cosa anch' io
Fingea di ber bagnando i labri a pena.
Et di piacermi ; havendo egli el disio,
Non conoscendo sua futura pena,
11 vaso di mia man togliendo il rio
Non pensava eh' havea la zucca piena,
Che solo compiacermi ei pensa et vuole
34. Perch' ei sperava nel steccato entrare,
Volendo esser gagliardo a meraviglia.
Quel tutto bebbe et più ne fé portare,
Et ribevendo inarcava le ciglia.
Quella mistura un ippocrasso pare.
Però spesseggia il ber che '1 cor le piglia.
Et su passa al cervello et ivi siede,
Et quel bevendo adormentossi in piede.
ÌÒt I DODICI CANTI
35. Et dormendo cascò sopra del spaldo
La testa percotendo a un forziero,
Né punto si sentì ; si dormìa saldo,
Ancor se la rompesse il poltroniero ;
Tanto era dal disio et dal vin caldo
Che '1 sonno suo non fu molto leggiero.
Quando il viddi cader, me ne alegrai
Pel gran disio eh' io havea di darli guai.
36. Di spada et maglia et di pugnai armato
Il ribaldo era dalli piedi al collo,
Et, quand * io il viddi in terra stramazzato
Quel che del sangue altrui era satollo,
Fu lievemente da me disarmato
Et con destrezza ; a ciò che maggior crollo
Darli potessi, i* non vuoisi amazzarlo.
Anzi a maggior dolor sempre servarlo.
37. Havrei potuto per veneno darli
La morte o con lo istesso suo pugnale
Dal crudo petto Tinfido cor trarli,
come suolse ad un brutto animale
Dentro la strozza quel tutto cacciarli,
Ma perchè ciò mi parca poco male
Al merto suo malvagio, al tradimento.
Servar il vuoisi a suo maggior tormento.
38. Poiché spogliato i* Fhebbi in bel farsetto,
Le mani et piedi et collo li legai
Con certe funi, et fu il legar si stretto
Che le carni non ruppi i* m'ammirai ;
Et per provar se quel licer perfetto
Era, col fumo al naso cominciai.
Poi pungelo con l'ago et col tirarle
L'orechie e il naso et mille stratii farle.
[F.36to] 39. Quand' io m'aviddi lui non risentirsi
Al fumo, al punger, al tirar, al stratio
Di naso, orechi et qual morto dormirsi,
Divotamente tutto il ciel ringratio
Et che quel vegli in mio favor scoprirsi
Il prego, a ciò il mio nom da l'Indo al Latio
S' oda et di la vendetta ovunque o disse
La fama e il peragrar del Greco Ulisse.
CANTO TERZO 103
40. Poi con un stil di ferro gli ochi punsi
A r infelice più di volte mille,
Che la luce da quei divolsi e agiunsi
Dolor sopra dolor a sue pupille,
Et dalla testa ambe gli orechi sgiunsi,
Et dov' havea Tudir chiare sentille
Con un licor eh* entro vi posi i' tolsi,
E a crudeltà maggior il cor i' volsi.
41 . Che '1 naso li tagliai, le labra fesi
Qual di lepor fusse, i genitali
Ancisi e in su la fronte le distesi,
Et con polve incarnai, ma, perch* i mali
Mi parean pochi, assai diletto presi
Tagliarle ambe le goti e in modi tali
Io r aconciai eh* egli huom più non parea,
Poco martir a persona si rea.
42. Et quella man crudel, che fu tanto osa
Versar del mio marito il sangue giusto,
Arsi col fuoco mentre che si posa
Col licor indigesto quel re ingiusto ;
Et Taltra che non fu ver lui pietosa,
Tagliata si restò senza il suo fusto ;
Nò lasciai crudeltà eh' io non facessi
Contra colui pur eh* io la conoscessi.
43. Porlo poi feci fuor del mio palagio
In piana terra così adormentato.
Lasciandolo possar a suo bel agio.
Ma digesto il licor si fu svegliato
Secondo il merto il perfido malvagio
Dalla sua crudeltade acompagnato^
Et, ritornato il senso, il miser sente
L'aspra sua pena et il dolor cocente,
[F.ai r*] 44. Per esser un tal re si male addutto.
Quando fu giorno, fu da molti visto
Quel che del suo mal seme ha il peggior frutto ;
Non era conosciuto, perchè piste
Era dal capo al pie di sangue brutto
Et con la fronte il genital suo misto.
Cosa non più veduta in faccia regia
Ch* inanzi pure era tenuta egregia.
104 I DODICI GANTI
45. Por la mattina a tardo i servitori
Suoi di Ini van cercando a questo e a quello
Chiedendo in la città dentro et di fuori,
Dei quai venendo un per sorte al mio hostello
In terra il vidde che di sua dolori
Gridando si doleva il crudo et fello.
Fu conosciuto alla favella sola,
Che tutto il resto crudeltà Tenvola.
46. Cosi ferito riportar si fece
In suo paese meglio eh* egli puote,
Et nelle spitiarie non lasciò pece
Per medicarsi orechi, naso et gote,
Che guarito, al mio regno fa in sua vece
Guerra il fratel, che sempre mi percuote
Il cor e il regno con la sua ferezza
Nimica di virtù et di gentilezza.
47. Seffronio ò detto quel eh' ha asediata
La mia città d'Albana che del regno
Capo è, et la region si mal trattata
Ch* ogni mio cittadino è d'odio pregno
Centra di [me] misera et sconsolata,
Ch' al scampo mio non ritruovo ingegno.
Sarmagon pigliarmi per marito
Convienmi o morte in ultimo partito.
48. Si che, signor, se mai pietà te avinse
Il gentil cor, non rifiutar l'impresa
Che se mai lauro o quercia tempie cinse
Ad alcun che vinta habia alta contesa,
Non però a te la gloria ancora estinse
Di questa, benché me ne duole et pesa.
Ducimi, signor, di pòrte a impresa tale
Che l'honor sarà il tuo, ma mio fia il male. »
[F.31 v^I49. Mentre la donna dice tai parole,
Suspir dal petto et lagrime dagli ochi
Versava, ma però non eran sole,
Ch' altresì piange il conte et par che fiocchi
Dalle sue luci, et hora più non vuole
El Cataio veder che pria non tochi
Albana, et cosi a quella donna giura
Trarla d' ogni timor, d' ogni paura.
Canto terzo ics
50 . Ma mi ricordo havervi già lasciato
El re Marsilio che del magno Carlo
Vidde el forte nipote bene armato
Far si gran pruova, et a se ritocarlo
Ha già disposto, et subito chiamato
Quel dalla Stella manda per trovarlo
Perch* egli lo invitò come cortese
Quando eh' Orlando giunse in quel paese,
51 . In quel paese dove fu assalito
Da Berzavaglia il valoroso conte
Et poi dai settecento, et che l'invito
Del soldo ricusò con lieta fronte.
Hora Marsilio il degno re, pentito
Di non haverlo, pria che '1 sol tramonte
Vuol che Serpentin vada ad operare
Ch' egli si degni il suo soldo accettare.
52. Va Serpentin seguendo il cavalliero
Qual, poiché Berzavaglia era fuggito,
Trovato havendo il suo primier sentiero
Se n'era andato come havete odito,
Né Serpentin ritruova quel che a nero
Se tutto et il destrier havea guernito ;
Ne va chiedendo per castello et ville
Ben per tre di senza chiuder pupille.
53. Ha seco quattrocento il capitano
Del re Marsilio et ovunque egli ariva
Col gran drapello ognun mena la mano,
Né truovasi fra lor persona schiva,
Se non del poco un cavai lier estrano
Di nuovo giunge, ond' un disse : « Chi viva ? »
Egli ripose : « Viva il mio signore
Et viva seco chi gli porta amore. »
[F. 32 r^] 54. Serpentin l'arrogante della Stella
Al cavallier chi sia el signor 8[u]o chiede,
Et quel, che ben si truova armato e in sella.
Rispuose : « La mia lancia farà fede
Qual sia di chi chiedi hor. » Né più favella,
Se non eh' alquanto acortamente riede
A dietro tanto che del campo prese
Quanto pensò bastare a tali imprese.
106 I DODICI GANTI
55. Et con quella prestezza che '1 baleno
Da se il scoppio disserra et la saetta,
Quel nuovo cavallier nò più nò meno
Altresì face : coraggioso in fretta
Torcendo inverso Serpentino il freno
La lancia abbassa, et Taltro non aspetta
L* improvisa percossa, perché volta
La lancia et valle centra a briglia sciolta.
56. L'un r altro investe, et Serpentino a terra
Si ritruovò con disuguale inciampo
Che col cavallo cadde, e il mastro di guerra :
« Chi lui vuol riscattar, pigli del campo,
Gridando disse, perchè se non erra
Alcun di voi a procurar suo scampo,
Ch' intendo meco di prigion menarlo
Et legato al signor mio in schiavo darlo. »
57 Un, che di Serpentino era più forte
Et più robusto, il nuovo sir affronta
Per vendicarlo della strana sorte,
Non prevedendo il misero sua onta.
Porta una lancia da impaurir la morte
Et spronando il corsier in furia monta,
Ch' avresti detto un smisurato scoglio
Non potrà mai star fermo a tanto orgoglio.
58. Quale veduto il guerrìer pellegrino
Disse fra se : « Vien pur quanto p[u]oi saldo.
Che se più che propitio il tuo destino
Non ha*, al mio colpo non potrai star saldo.
Se fusti il mio fratello o il mio cugino,
r ti farò mutar l'animo baldo. »
Et spronando il destrier, dògli nel petto
Un colpo tal che fu a cader constretto.
[p* 32 ▼•] 59. Vedendosi caduto vuol far scusa
Con dir che di ciò fu il cavai cagione ;
Cu' el nuovo cavallier : « Questo non s'usa,
Ma per farti veder che sei poltrone
Et che la codardia di ciò t'accusa,
Contento son che rimonti a l'arcione
Et che ripruovi ancor se la tua forza
Il mio valor intepidisse o smorba.
CANTO TERZO 107
60. Ma ben ti giuro, per il mio signore,
Se la seconda volta ancor t'abbatto,
Re starai privo al tutto de Thonore
Nò meco truovarai pietoso patto. »
Risponde quel : « Sì, si, » et con furore
Al suo cavallo rimontò di fatto ;
Et, come di prima, a rafrontare
Qael nuovo cavallier che un Hettor pare.
61. Quel nuovo cavallier mostrar volendo
L'ardito cor et la virtù infinita
De Tanimo suo forte in se prendendo
Et più sdegnoso una crudel ferita
Falli nel petto, et po' via trascorrendo
Fra l'altra gente la persona ardita
Hor questo fere, quel fuggir incalza,
Hor questo uccide, hor quel di sella sbalza.
62. Perchè cadendo Salimbrotto in terra
(Così detto era quel) ruppe la lancia,
L incognito guerrier agli altri guerra
Col brando sol face[v}a ; ai quai si lancia
Co' molto ardir et tutti insiem li serra
Dandoli quanto p[u]ò sì rustra mancia
Al primo che egli affronta et al secondo,
Al terzo, al quarto et dove gira in tondo.
63. Et vede un eh' una grossa lancia tiene
Che sta fra gli altri per callarla al basso.
Onde egli rattamente il sopra viene
Affrettar al destrier facendo il passo ;
Come li è appresso , il brando non ritiene
Ma giù lo cala co' molto fracasso
Sopra il cimiero et con la man sinestra
La lancia trasse a quel fuor della destra.
[P»33 r*]64. Poi si ritira quanto le bisogna
Adoperando il brando in sua diffesa
Fuor della calca, et d'arestar non sogna
La tolta lancia per seguir l'impresa
Già cominciata, che vittoria agogna
Havendo l'alma nel furor accesa ;
Et visto Serpentino un tanto ardire
In questo cavallier le prese a dire :
108 I DODICI GANTI
65 . « Magnanimo signor, s* unqua ti offesi
Col troppo chieder più eh* io non devea,
Farò restar questi miei suspesi
Dalla battaglia perigliosa et rea.
Se morto è Saliuibrotto che più pesi
Voleva il miser taor che non potea,
Habisi il danno et nai facciamo triegua,
A ciò che maggior mal fra nui non segna.
66. Cosi dicendo il degno Serpentino
Fece ritrar sue genti et ripor Tarmi,
Cui rispondeva il guerrier pellegrino :
« Che parli come accorto et saggio parmi,
Contento son lasciarti in tuo dimino,
Ancorché tu sii stretto a seguitarmi
Per ragion d'armi et di cavalleria,
Ch* io non posso mancar di cortesia.
67. Con questi tuoi far triegua mi contento
Per fin dimane allo levar del sole,
Né vorei che credesti per spavento
Me usarti, o cavallier, queste parole,
Ma per Tamor che dentro el petto io sento
Di cortesie, di gentilezze sole
Et per amor del mio signor eh' io amo
Più che me stesso et ritrovar i' bramo.
68. S* il truovo, poi vogliate guerra, sia
Guerra fra nui secondo il voler vostro.
Che vi prometto in su la fede mia,
Se viva chi fondò il celeste chiostro.
Che poco aprezzo vostra compagnia
Né Tarmi temo né l'orgoglio vostro,
Che quando io penso al mio gentil signore
Mi si radoppia forza, animo et core. »
[F.33v<*]69. Sta Serpentino a tal parlar suspeso
E imaginando va qual sìa el signor so
Di chi quel cavallier par tanto acceso
Et sicur si che non ritruova morso
A Tardir grande, a tuor si grave peso
Sopra se solo senza alcun soccorso.
Doppo le viene a un tratto nel pensiero
Che sia quel che cerca esso il cavalliero.
CANTO TERZO 109
70. Il cavallier per chi Marsilio manda
Serpentin pensa che quest* altro sia,
Voria saperlo et pur non lei dimanda
Temendo in ciò di farle villania
Che già Toffese in chiederli, et da banda
Da ragion mosso pon sua fantasia,
Ch* altro di quello et di questo altro vede
Altro il vestir, per ci costu' altro crede.
71. Che quel primo di ner tutt' ha la vesta
Ma questo altro è vestito tutto bianco,
Bianco veste costui dal pie alla testa.
Coperto ha il scudo d*un damasco bianco,
Bianco ha il cavai, bianca ha e la sopravesta
Et porta sul cimier un pennon bianco,
Perchè vuol dimostrare a chi che' 1 vede
Qual sia verso il signor sua pura fede.
72. Tant[aJ è la fé eh* al suo signor ei porta
Nel cor, che la mostra anco al vestimento,
Et Serpentin come persona acorta,
Benché nero non vede il guarnimento,
Non di saperlo ancor si disconforta.
Anzi nel cor concepe un argomento
Per scoprir e invitol seco al dassezzo
Ad albergar, che è in regia corte a vezzo.
73. Quel cavallier che è generoso accetta
Ampiamente Tinvito per mostrare
Ch* egli non ha timor et men suspetta
Di tutti lor. Poiché la notte appare
Ognun scavalca et il destrier su' assetta
Meglio che puote et pongonsi a mangiare
Chi qua, chi là, et a un hostel vicino
Col cavallier si trasse Serpentino .
[F. 34 r*] 74. Puose una mensa Fhoste et le vivande,
Venero vin di poma et di prunelle
Ch' altro non si usa troppo in quelle bande.
Se assigono i guerrier : le chiome belle
Cavando l'elmo a sorte il guerrier spande.
Serpentin vede l'elmo et le mascelle
Che mostran più di bella donna altiera
Che di guerrier di cui pur ha maniera.
110 I DODICI GANTI
75. El gaerrier s'arosciò quando 8*accorse
Esser per donna conosciuta alhora
Et per non so che tutto si scontorse;
De rhostaria subito uscendo fuora,
Le orate trecce al degno capo atorse,
Poi d*una scuffia quel coprendo honora
D*oro contesta et seta damaschina
Gh* in duono havuta havea da Fiordispina.
76. Poi dentro ritornò tutta cambiata
Di pensier tristo in un pensier giocondo
Et disse a Serpentin : « Se già turbata
Tu mi vedesti nel levarmi el pondo
Del capo et se la chioma scapigliata
Mi mostrò qual tu non credevi al mondo,
Non t'ammirar, per Dio, perchè sono usa
Sempre ne Tarmi et non ne so far scusa.
77. Sempre sono usa a Tarmi et a destriero
Da picciolina e a pie tal volta in guerra.
Hor armo sempre mai da cavalliero,
S'awien ch'io vada o per mar o per terra.
Et hor mi sento accesa d*un Ruggiero
Ch* in tutto il mondo il più gentil non erra.
Et vo di lui cercando in ogni luogo
Tutta infiammata in Tamoroso fuogo. »
78. Una figlia de Phoste, che non era
Al primo ragionar delle parole.
Mirando in faccia alla donzella altiera.
Se accese più che la fenice al sole.
Quando vi venne a servirli in maniera
Con che gran cavallier servir si suole,
Talvolta suspirando chetamente
Per la gran fiamma che nel petto sente.
[F. 34 V*] 79. La cena fatta a riposar ne vanno
Ma separatamente i guerrier forti.
Perchè due camerette t a lor si danno
Con loro letti e i servitor acorti
A disarmarli, perchè dalT affanno
De Tarmi tolto ognun si riconforti,
Ma la figlia de Thoste sola smania
Perchè era entrata in Tamorosa pania.
CANTO TERZO IH
80. Dice sola fra se la meschinella :
« Deh come, Amor, m' hai preso alla tua rete I
Deh com* accesa m' hai con tua facella
Che mi dà tanta inestinguibil sete ! »
Et levata del letto discende ella
Che già le genti sente dormir chete
Et alla cameretta senza lume
Va, che di casa sa tutto il costume,
81 . Alla camera ove era Bradamante,
Che cosi nomato era il cavalliero.
Anzi a dir meglio che tenea sembiante
D*un forte et ben magnanimo guerriero,
Ch* iva cercando come vera amante
Le vestigio del suo amato Ruggiero ;
Entra donque de V hoste la figliuola
In questa cameretta scura et sola.
82. S'accosta al letto et va pian pia[n] toccando
Et Bradamante truova esser vestita
Che dormendo la man tien sopra il brando ;
Onde ènne la fanciulla sbigottita
Et dice : « cavallier, tutta tremando,
Habii pietà di mia misera vita,
Che se mi sprezzi, i' son la più dolente
Che mai nascesse infra tutta mia gente. »
83. Bradamante da se alquanto sorride
Et ben conosce eh* egli è la fanciulla
Ch* a mensa lei servir sì pronta vide,
Et seco in stessa di lei si trastulla ;
E il cor della fanciulla si conquide,
Et bastemia ella il latte eh' in la culla
Susse, poiché così il cavallier dorme
Qual d'esser vivo pur non mostra Torme.
»
[F. 35 ro] 84. Fingeva Bradamante di dormire
Sol per veder della fanciulla il fine,
Et sente ch* ella dice : « l' vuo* morire.
Allacciandomi il col con questo chrine ;
Miseramente mia vita finire
Intendo, eh' in le genti Saracino
Più pietà si ritraeva che in costui,
Et pur fiamma crudel m'arde per lui. »
112 I DODICI GANTI
85. Credeva la donzella Bradamante
Homo esser pur, non femina come era,
Perchè alla propria effigie havea sembiante
Assai più d^huomo che di donna altiera ;
Onde tutta arde la infelice amante ;
Pur se si sveglia quella truovar spera
Ciò che desia et che concepe in core
Che a un punto con la speme nasce amore.
86. Pur disse Bradamante : « In questo errore
Non pria cadesti tu, non disperarti.
Nò sola sei che desiasti in core
Ci[ò] che altru* amando alfin potrà incontrarti.
Questi li modi son tutti che Amore
Usa, queste le astutie, ingegni et arti
Coi quali enganna i miseri mortali,
Spesso indarno aventando i duri strali.
87. Non ò minor il fuoco eh* ho nel petto
Che m'arde pel mio sir che quel che senti.
Se f ha gabbato Amor sol col mi' aspetto,
Se tlia causato dolorosi accenti.
Me ancora accese senza alcun rispetto
Con li suoi duri, accuti strali ardenti.
Et fammi errar in questo et in quel luoco
Piena d'incendio e inevitabil fuoco.
88. A ciò che tu più certa sapii el tutto
Et che conoschi ben eh' io non te inganni
Volendo tu del tuo amor corre il frutto,
Hor mi ti acosta quivi intro alli panni,
Pon qui la mano, che Taccerbo lutto
Voglio tutto bora lassi et ti disganni. »
Ciò detto sua man prende et fa toccare
El luogo ove la donna donna appare.
[F.85v*]89. La donzella eh* era ita et ha truovato
Quel che non vuol et quel che vuol non truova.
Se si ritruova in petto il cuor gelato.
Se duol crudel nell* alma se gli innuova,
S' il spirito infelice ha in lei turbato,
Se gli par haver fatta trista pruova.
Giudicai tu, signor, che in sensi parse
Qual quella che già in marmo si converse.
CANTO TERZO 118
90. Conobbe Bradamante che costei
Per questo divenuta era angosciosa,
Onde comincia a ragionar con lei
Dicendole : « Non star più dolorosa,
Femina sono et femina tu sei ;
Esser non dei meco si vergognosa
Che Fiordispina ancor mi tenne seco
Et diletto hebbe d^abracciarsi meco.
91 . Del mio Ruggier, un di, cercando io andava
Qual andar per la Spagna errando entesi.
Perchè Festivo sol mi molestava,
Scavalcata in sa Therba un di m* istesi.
Fiordispina cacciando ivi arìvava
Et gli ochi miei truovò dal sonno presi,
Che la visiera pel gran caldo alzai
A una dolce ombra e al fin mi adormentai.
92. SoHngo è il luogo et è coperto a fronde
D'alberi spessi, a tal che '1 vivo raggio
Del chiaro sol a pena vi si asconde
Quando è più basso, et, per fuggir Toltraggio
Del gran calor, ve entrai, che le chiare onde
Coi dolce mormorio che fan rivaggi
Ivi d'intorno m'invitarno, et quella
Vi capitò qual matutina stella,
93. Forsi per ri[n]frescarsi del calore
Che ella sentiva nella caccia ; et quando
Quinci mi vidde, il pargoletto Amore
L'atroce sette in se tutta voltando
Comutò quel arcier in tanto ardore
Ch' apresso me colcata suspirando
Ardi baciarmi in bocca eti' mi destai,
Et quella in faccia subito mirai.
rF.36i^] 94. Cresimi che quel fusse il mio Ruggiero
Che guidato da Amor fusse ivi giunto ;
Ma, quando viddì vano il mio pensiero,
Tutta smarita rimasi io in quel punto,
Et tanto mi mancò l'ardire altiero
Che di vergogna grande hebbi il cor punto,
Ond' ella visto forsi il perso ardire
Mi cominciò queste parole a dire :
8
114 I DODICI GANTI
95. « Ascolta, cavallier, le mìe parole :
Del re Marsilio sono unica figlia,
Di degna stirpe non men degna prole.
Che quivi giunta infra tue belle ciglia
Viddi Amor starsi et nella fronte il sole
Et Vener nella tua faccia vermiglia
Spargere con sua mano i bei ligostri»
Discesa a posta dai celesti chiostri,
96. Et, come se tu *1 proprio suo Adon fusse,
Teco scherzare et di te prender gioia ;
Et per acenderme qui Amor m^adusse
Ove tu sei con disusata noia.
Pel dolce latte che tua bocca susse,
Non comportar, campion gentil, eh* io muoia,
Che, s*io ti truovo oltra la mia credenza,
Da te non farò viva dipartenza.
97. Non m^esser crudo, se in te gentilezza
Unqua si vide o regnò cortesia,
Poiché t* ha dato il elei tanta bellezza,
Se punto cara t*è la vita mia.
Se ti conduchi el cielo in grande altezza,
S'impetri ciò che lo tuo cor disia.
Non comportar che mi consumi amore
Nò che mi strugghi in petto il miser core. »
98. Et io, per non mostrar quella viltade
Della qual sempre fui crudel nimica,
Risposi a lei : « Regina di beltade.
Se v[u]oi che sempre mi ti mostri amica,
Faroilo ; et ho di te molta pietade.
Vedendo come Amor te involve e intrica
Nei lacci suoi per me : che qual tu sei
Ancor sono io, ti giur per gli Agnus Dei. »
[F.36v*]99. Seco m'astrinse andar nella sua terra
Ivi vicina ; scompiacer non volli,
Anzi vi andai senza contesa o guerra
Sempre cacciando per piani et per colli
Lepori et caprìuol di serra in serra
Tanto che fumo homini et can satolli ;
Et cosi giunsi ad una degna mensa,
A ciascun grato il cibo si dispensa.
CANTO TERZO 115
100. Di ricca gonna poi vestir mi volse
A ciò che ognun pensassemi donzella,
Benché '1 contrario nel suo cor avolse
Errando come te la mischinella ;
Fin tanto che nel letto suo mi tolse
Seco, et poi vide eh' io non havea quella
Cosa che si pensò, restò smarita
Et più che prima dentro al cor ferita.
101. Fecemi star poi seco a suo diletto
Più giorni, ond' io non volsi scontentarla
Et sempre mai li fui compagna al letto.
Al fin deliberai pur di lasciaria,
Perch' altra fiamma mi scaldava il petto
Et scalda ancor né posso ben celarla.
Da lei partita son qui capitata
Come te ancor d'amore inviluppata. »
102. Alla donzella così Bradamante
Diceva et rimandolla alla sua stanza.
Poco le crede la misera amante,
Ma lagrimando priva di speranza
Torna al suo letto alfin tutta tremante
Qual chi sa della casa ben l'usanza,
Né però dorme, perchè il suo pensiero
Fermo ha che quella pur sia un cavalliero.
103. Parie la notte lunga oltra misura
Et ha disio che presto il di ritorni
Per ritentar se mai per sua ventura
Far possa eh' ivi ilcavallier soggiorni,
Et meglio riveder se la natura
Mutass' il sesso; cosa ai nostri giorni
Vista non mai fa desiar amore.
Che una speme amorosa unqua non muore.
XF*37r«] 104. La notte volge a Serpentin la mente
Et sopra Bradamante fa disegno
Di disonesto amor, che già si sente
Infiamar tutto ; et la forza et l'ingegno
Non ha, che sa quanto in armi é valente
Quella, che n' ha veduto chiaro segno ;
Onde se aresta, et non ne vuol far pruova
Però eh' a dubio di battagha nuova.
116 I DODICI CANTI
105. Ne vien l'Aurora con l'aperto grembo
Pieno di fiori di color diversi
Dei quai ne' sparge et quinci et quindi un nembo,
Bianchi, crocei, sanguigni, oscuri et persi,
E poi aprendo a poco a poco il lembo
Lascia quasi da ognun tutta vedersi ;
Entra per porte et per fenestr' ov' ella
Cosa non truova che le sia ribella.
106. Bradamante del die vedendo Torme
Dimanda l'hoste che li porti il lume»
Et la fanciulla ardente che non dorme,
Anzi le par il letto hispido dume,
Presto si lieva et imprime le forme
Del fuoco in la bombace et fa che alume,
Et va sicura co' l'accesa lampa
Al cavallier di cui tutt' ella avampa.
107 . Con quel timor de un cagnolin battuto
Che ritorna al patron poi richiamato.
Ne va costei col cor quasi perduto.
Anzi ferito, anzi pur lacerato.
Et humilmente a Bradamante aiuto
Chiede et mercè del suo infelice stato.
Bradamante gentil si lagna et duole
Che far non può ciò che queir altra vuole.
108. Col lume poi quel eh' in la notte oscura
Le fé sentir, le mostra apertamente,
Ma la donzella che ha del suo ardor cura
Et cerca estinguer la fiamma rovente,
Onde altri pr[o]cacciarsi ella procura
Per isfogar il suo animo ardente.
Da questa parte, et va dove l'altro era
Et co' lui spinse la sua fiamma altiera.
[Fo 37 v^] 109. Ch' in la camera entrando il lume porta
Et dice ella : « Su, su, che è chiaro il giorno »,
E ciò dicendo richiude la porta
Et poi se accosta a Serpentino intorno.
Costui troppo molestia non supporta
Che haveva la donzella il viso adorno :
Quel che con Bradamante hebbe pensato
Ad effetto con questo hebbe mandato.
CANTO TERZO IH
110. Partesi ella da poi contenta et lieta
Et sodisfatto surge Serpentino.
Già Bradamante s* è levata et cheta
Era andata a guernir il suo ronzino
Di sella et briglia copertate a seta,
E, quando quinci giunse il Saracino,
La salutò con riverenza, et quella
Gratamente rispose a sua favella.
HI. Seppe si Serpentin col suo bel dire
Oprar con questa eh* ella fu contenta
Far seco pace, et cosi ognun partire
Dispensi senza guerra, et si contenta
Di ciò la turba che provò l'ardire
Et sa eh* in lei la forza non è spenta.
Partita, Serpentin narrò ai sol eh* ella
Era una valorosa damigella.
] 12. Vassene Bradamante a Montalbano
Non ritruovando il suo gentil consorte.
Fa sonar a cavallo il capitano
Et ritruovar da Thoste alcune scorte,
Poi cavalcando va per monte et piano
Per ritrovar il buono Orlando e, a sorte
Scontrato un passaggier, hebero inditio
Da quel dal degno conte a un certo hospitio.
113. Del cavallo et di lui il contrasegno
Et che passato ha il periglioso stretto
Di Zibiltarro sopra un picciol legno.
Le racontò lo passaggier predetto.
Et che non vi era modo né dissegno
Che fusse giunto quel cavai perfetto
Però eh' egli passato in Barberia
Esser doveva et già per lunga via.
[F<*S8 r^] 114. Però si toma Serpentino a dietro
Con quei che lasciò vivi Bradamante
Che quindici ne uccise et qual di vetro
Spezzò lor Tarmi la donzella errante.
Ma, perchè dentro el mar turbato et tetro
Convienmi eh' io soccorra il sir de Anglante,
Vi lascio Serpentin, fo fin al canto
Etnei mar entro da fortuna affranto.
CANTO QUARTO
1. Con la facondia un orator sovente
Ottìen ciò che disia, ciò che egli chiede.
Benché fusse Solon grato et prudente,
Athene pur a Pysistrato cede.
Quel Romano orator tanto eccellente
Libera se dalla superba cede
Di Mario et la sua patria Pericle anco
Riduce in servitù col suo dir franco.
2. El dotto Hegesia col suo dir ornato
SI ben biasmava la miseria humana
E in dimostrar ciò fu si accomodato
Et quanto fusse in lei speranza insana
Et che si ritruovava immortai stato
Per una mortai vita al tutto vana,
Tal che si davan volontaria morte
Molti per ritruovar più lieta sorte.
3. Però imparate vui, sir, che reggete
Ville, città, castri, provincie et regni.
Prender le Muse con la ferma rete
Di vostri rari et pretiosi engegni,
Ohe, se lor tutte o almeno in parte havrete,
Placar potrete V ire humane, i sdegni,
Firmar i vostri stati, i vostri imperi
Dai vostri fin* agli estremi emisperi.
4. Ponno le Muse et inclite Chamene
Per lor virtù dar gratie e imensi honori,
Et mal usate ancor diverse pene,
Stenti, supplitii, stratii et dishonori,
Che virtute han tal hora di Sjrene
Ordir inganni sotto altri colori,
Come fé Fontedor che gabb* il conte
Con le parole et con le astutie pronte.
CANTO QUARTO 119
[F.38t<»] 5. Lettor, sevi ramenta, i vi lasciai
Che 1 conte Orlando della Francia honore,
Di poco uscito fuor de* accerbi lai,
Intrar s'aparechiava in un maggiore
Error di prima, a[n]zi peggior assai,
Che sana non havea mente né il core
Per le parole et per quegli atti che usa
Questa donna crudel più che Lanfusa.
6. Dico di Fontedor, la falsa maga,
Che col suo falso nome inganna altrui ;
Enganna il conte et falle nuova piaga
Nel cor, né pietà prendeli di lui,
Che per quella regina non s'appaga
Nò vuol Amor donar triegua a costui.
Sa questa strega eh' egli si affatica
Di cercar chi ella tiene per nimica.
7. Per nimica coste' Angelica tiene
Né per error che Angelica habia fatto
Centra di lei, ma, per levarli spene
D'ogni salute et perché sia disfatto
Suo regno, sconosciuta cosi viene.
Che d'ogni incanto et di malia ogni atto
Ha sì infisso in la mente et segni et carmi
Come scultura che si faccia in marmi.
8. Né sapeva Acheloo tante figure
Pigliar quanto ella, né mutar altrui
In fiere, in pesci, in herbe, in scorze dure
D'alberi, et pietre in color chiari o bui
Far in l' barene, et in Tacque sculture,
Qua! Fidia in marmi coi scolpelli sui.
Che facea di pietre homini et cavalli
Armati andar per tutto di met[a]lli.
0. Le frondi d'herbe sol gittando in mare
Mutava in navi, in fusto et in galee.
Spesso coi carmi il sol fece fermare
Dal ciel tirando le celesti Idee ;
Gli huomini in sassi facea ritornare.
Cosa che a pena le celesti Dee
Non osavan di far, facea costei
Con li suoi incanti dispietati et rei.
Ito I DODICI CANTI
[F. 39r<»J 10. Correr ancor a dietro gli erti fiumi,
L*onde del mar firmar, firmar i venti,
1 monti caminar, i chiari lumi
Nel suo maggior splendor in cielo spenti
Facea agli ochi parer nò i sacri numi
Uguali a lei tener da vane genti,
Perchò facea al veder oltra misura
Cose che non può far Talma natura.
11. Di costei Orilo nacquero et Gorante
Et d*un alpestre satiro inhumano ;
A Orilo il chrin fatò con forze tante
Che non potea morir unqua il pagano
Ancor che tronch' avesse tutte quante
Le membra, e ognun s^affaticava in vano
Di darle morte non svellendo al fino
L'incognito immortai fatato chrine.
12. Sovra la poccia manca haveva un pelo
Fatato questa a T altro suo figliuolo,
Cui non poteva fulgore dal cielo
Morte prestar né ferro mortai duolo.
Fur da picin nudriti al caldo e al gelo
Fra coccodrilli che da l'imo suolo
Rscon del Nilo, et membra di gigante
Hebbero et nere dal teschio alle piante.
13. Su la riva del Nilo una alta torre
Oltra el Cayro havea fatta per incanto
La mala strega et dentro vi fé porre
Un coccodrillo che da ciascun canto
Horrendo era a veder, né cibo abhorre
D'humane carni ; et nudricollo, in tanto
Ch* i figli grandi fur, di fanciulletti
Ch' ella occideva ne* materni letti.
14. In quella torre Alfegra i suoi figliuoli
Pose, che Alfegra per suo nom fu detta,
Non Fontedor, la fata, a ciò che duoli
Dessero al padre (o che crudel vendetta!) ;
Quindi usava passar già con li stuoli
De' satyri, compagno di tal setta,
El padre, che in quei piani le capanne
Havean di palme et zuccarine canne.
CANTO QUARTO T«l
tF.89v«] 15. Perch' ogni donna è mobil per natura,
Per altro amor il lor padre Brione
Lasciò la strega fuor d*ogni misura,
Et fuor di modo ardendo ; né cagione
Havea lasciarlo, ond* ha grave paura
Di lui, eh' ogni sua cura et studio pone
In sol farlo morir ; cosi ha disposto
Ch' ai figli paghi il fio di grave costo.
16. Tal ordin dato, la malvagia strega,
Che fata fu chiamata, si ridusse.
Ne risole Perdute, né si piega
Se no a Medoro et quel seco condusse
Con Tarte maga et si in suo amor il lega
Stretto a ciò che manto unqua non fusse
D'Angelica gentil, che conobbe ella
Che a questo il favoriva la sua stella.
17. In queir isula havea pur per incanto
Fatto un pallazzo bello a maraviglia
Ch' a ogni altro di beltà toglieva il vanto,
Sol per privar la generosa figlia
Di Gallafron d'un giovinetto tanto
Bello che di beltà nullo il somiglia ;
Anzi di beltà seco perde il sole
Che sceso pare da divina prole.
18. De dìciotto anni il giovinetto a pena
Era formato d'una bella forma
Con una faccia lucida et serena
Et Ter d'Arabbia i bei capei l'informa.
D'un grato et bel parlar dolce ha la vena
Et i costumi alla beltà conforma,
Tal che bel si può dir dentro et di fuore
Et degno quasi del divino Amore.
19. Tutti i piacer, tutti i diletti insieme
Ch' un corpo human può haver, havea Medoro,
Ma il giovinetto pur si lagna et i;eme,
[PJerchè la libertà, dolce thesoro,
Ei non si vede haver ; però che teme
La strega perder sì degno lavoro,
Lo tien in quel pallazzo con diletto
Et sola gode di quel divo aspetto ;
Ito I DODICI CAT
[F. 39 p«J 10. Correr ancor a dietro g^ ^^*
L*onde del mar firmar, fi
I monti caminar, i chia^^ V
Nel suo maggior spler * ^
Facea agli ochi parer > »
Uguali a lei tener d) - V
Perchè facea al ved •
Cose che non può «
11.
Di costei OriU
Et d'un alpestre
A Orilo il chri'
Che non poter
Ancor che tr
Le membra
ade
Di darle ir
L'incogm'
leti.
12.
Sovra
.co starsi
Fatato
ila donna
Cui n
immollarsi
Mor
.ndo lei « madonna «>,
Fu'
a
di lontanarsi
Fr
mpre nel suo cor se indonna
F aai con
gesti con parole
ir a
quel
che brama et vuole.
i
13 A fu la cagion eh' Alfegra fece
n] pallazzo, e immortai odio porta
ao marito et procurò sua nece
ji proprii figli quai sempre conforta
A questo oprar, et pruova che non lece
Loro disdir a lei, che cosa torta
É di non ubidir la madre chara
Ch' a darle il latte non fu punto avara.
24. Quei, eh' eran già d'un animo malegno,
Concorser presto alla sfrenata voglia
De l'empia madre e adempirò il disegno,
Occidendo il lor padre con gran doglia ;
Doppoi surse fra lor grave disdegno
Pe' furti lor di questa et quella spoglia,
Ne per lor mala fama ormai più ariva
Persona alcuna alla famosa riva.
/
CANTO QUA7
Gorante per part*
'^rilo andar '^
125
^unse n- ^
^laf:
V
f
>
A, d'Inghiit
. suo cugino Orit.
ji, villa né terra
on gisse adimandando
.avallier che in mar o in terra
.amoso e ovunque andava il brando ;
óylvana al duca fece honore
guanto stimò degno il suo valore.
Questa fata era figlia alla Sybilla
Che di Troia predisse il grave danno
Et hebbe del predir qualche scintilla
Come la madre et il gravoso affanno
Predisse ad Alexandro et come stilla
L'ira sua il cielo nel superbo scanno
Di Xerse il grande, et che Phyllippo padie
Non le era et che gabbata fu la madre.
28. Fu dalla madre essendo ancor fantina
Fatata questa veneranda fata
Che per nome era detta Soffrosina
Pria che fusse in l'Egitto trasportata
Da certe Idee, che di lei rapina
Pecer ne l'isola ove ella era nata
Ch' era detta Eritrea, et poi Sylvana
La gente s'appellò da gente estrana.
29. Presso la Tana in una selva umbrosa
Da certi spiritei lasciata sola
Rimase con la faccia lachrimosa
Che del tornarsi adietro se le invola
Ogni speranza, et cosi dolorosa
Fa dentro il petto di sospir gran mola,
Ma pur se adorme poiché *1 sol fra Tonde
Havea tuffate le sue chiome bionde ;
124 I DODICI CANTI
30. Et dormi infine che dal balcon d*oro
Mostrò la faccia rubiconda et lieta
Chi solo a se sacrò lo verde aloro,
La donna sola con la mente cheta ;
Et svegliata il sylvestro territoro
Cominciò a rimirar tutta inquieta
Et fra certi alber vede non lontana
Una opera celeste più eh' humana.
31. L'opra è un palazzo lavorato a smalto,
A oro, a gemme, con molta adomezza,
Sopr* un poggetto in quadro posto et alto
D^una assai bella et competente altezza;
Onde passò la diva a un tratto il salto
Qual tygre isnella con molta prestezza;
Giunta alla porta nulla sente o scorge
Se no il bel sito eh' ivi altiero sorge.
[F. 41 ro] 32. Non vi entra la fanciulla, anzi va intomo
Con speme di truovar chi entrar la inviti,
Et cosi andando quasi mezzo giorno
Vi consumò mirando a quei politi
Et belli intagli et quel palazzo adorno
Come era solo in quegli alpestri siti.
Tutta suspesa cominciò a pensare
Et se pur deve o non vi deve entrare.
33. Era il palazzo a forma d'un castello
Fatto in fortezza senza calce o barene.
Ma più eh' un spechio luminoso et bello.
Le porte ha di smiraldi et le cathene
Dei ponti son di bianco argento, et quello
Dove si sale di diamanti, et tiene
La donna oppenione et èlle aviso
Che dentro a quel sia proprio il paradiso.
34. Sotto del qual un rusceletto vede
Uscir d'una acqua limpida et si pura
Ch'invita a ber o almen firmando il piede
A mirar sua chiarezza, per ventura
Chiunque vi passa : et quel mormora et chiede
Ch' ognun si posa alla fresca verdura.
Al dolce mormorio, a la opaca ombra
Ch' ogni pensier col sonno svelle et sgombra.
CANTO QUARTO 125
35. El vago fiumicel che quivi scende
Non men che l'oppio genera il dormire
Per sua natura, et chi di quel s'accende
Troppo nel ber mai non si può partire
Più da quel luogo, imperò eh* egli rende
Un di memoria privo et di pentire
Non men che Lethe. Bebbe la Donzella,
Po' adormentoss' in su l'herba novella.
36. Né guari stette poi che fuor di quello
Palagio usci di donne una gran schiera,
E in su la riva al vago fìumicello
Venne dove la diva adormita era,
Et presa lei con modo honesto et bello
La portaro entro della stanza altiera,
Poi la svegliaron con certi strumenti
Sonori et pieni di soavi accenti.
[P.41 v»]37. Come chi a l'improviso si risveglia
Si guarda in torno la donzella et vede
Quegli angelici volti, et, se è ancor veglia
pur se dorme, ella non sa, et si crede
Quasi sognar piena di meraveglia ;
Hor quinci hor quindi col bel ochio fiede,
Non si ricorda o sa come ivi venne
Et qual sentier a intrar, qual modo tenne.
38. Oro, smeraldi, zafiri et rubini.
Perle, diamanti et limpidi berilli,
Chrisoliti, baiassi et dei più fini
Amatisti, iacinti et se lapilli
Più pretiosi son di quei confini
TEbro '1 Gange ne produchi o stilli.
Vede ne' pavimenti et nelle mura
Postevi con grand' arte et con misura.
39. Vede una quercia di smeraldi finta
Che di purissimo oro ha le sue ghiande
In un aer di zafiri distinta
Che gli alti rami in fin al ciel ispande :
Dui gi'an pastor in mezzo l'hanno avìnta
Un col saver, l'altro col poter grande.
Et i bei rami soi tanto alto inalza
Che ambi i pastori soi sopra il ciel balza.
IS6 I DODICI GANTI
40. Vede dui altri col porpareo manto
Vestiti eh* alla quercia fanno honore.
Et un che fra gli armati et nome et vanto
Riporta di virtude et di valore.
Che dui chiari figliuol si tiene a canto,
Mostrando lor con filiale amore
Quanti trophei sul beir alber di Giove
Sono per le vettoiie antiche et nuove.
41 • Attenta stava la gentil donzella
A mirar le figure che pur vive
Parevano et Thistoria a lei novella
Desiava saper da Taltre dive,
Onde proroppe pur nella favella
L^ornata lingua et disse : « Non si schive
Chi di voi sa questa legiadra hystoria
Far ch'io ne possi haver chiara memoria.
[F.42r'^] 42. Una rispose: u Quando il tempo fia,
Tu per te stessa altrui la farai chiara ;
Di ella convien eh' interprete ne sia,
Però che sarà cosa al mondo rara.
Ancor non è suo bel principio in via,
Ma tosto fia con sua. virtù preclara. >»
Et così detto fu la mensa posta
Et Sylvana con Taltre ivi preposta.
43. I varii cibi, i delettevol vini,
Le grate servitù, li suoni, i canti
Non vi potrei narrar, se li divini
Spirti noi concedessero; i presta[n]ti
Et ben legiadri aspetti et pellegrini
Ch' ivi eran proprio dai celesti et santi
Regni parean discesi, se Tauthore
Turpin chel scrisse non comise errore.
44. Et, finita la cena, la fanciulla
Fu da quatro matrone incoronata.
Tutte eran donne et infra lor fu nulla
Che non Thavesse in regina accettata.
Benedicendo il latte et quella culla
Che da bambina Thaveva alevata.
Et fu resa da loro ella capace
Esser mandata lì per la lor pace ;
CANTO QUARTO 1«7
45. Et eh* ella viverebbe in fin a tanto
Chel re del ciel giudtcarà la terra ;
Ma essendo nostra carne un fragil manto
Converrà poi che'l corpo torni in terra,
Che non è alcun mortai che si dia vanto
Di vivere in etemo soyra terra ;
Et che per lei il palazzo era fondato
Dal primo di che *1 mondo fu creato ;
46. Era f andato in la divina idea
Dal principio del mondo, et che la notte
Ch'ella cavata fu fuor di Erithrea
Et quinci posta, da Tinferne grotte
Trasse la madre sua detta Erithrea
Orrendi spirti, a ciò più non si arotte
Ella ne' boschi, et fu fatto il palagio
Aciò eh* ella vi stesse a suo bel agio.
[F.42v*]47. Dinanzi donque la crudel ruina
Di Troia in fin a V apparir del duca
Astolpho governò questa regina
Quel regno in pace, et hor se lo manduca
L'empio Gorante con crudel rapina.
Et, perchè par che ardir et forza luca
In questo cavallier, hebbe assai caro
La venuta d'un huom degno et preclaro ;
48. Ch* erali pervenuto già air orechi
Esser capitato ivi il rio Gorante,
Onde di afianni par si strughi e invechi.
Né di beltà più mostra haver sembiante ;
Però : « Fa, disse al duca, ti apparechi
A battaglia, signor, con quel gigante,
Con quel gigante che ne V ampio cielo
Fa ritardar il corso al sir di Delo.
49. Sono circa otto giorni eh' al mio regno
Arivato è il gigante, anzi il latrone
Ch' al mal far sol' ha pronto il mal ingegno
Et sopra il Nilo occise ha più persone
Col suo fratello di crudeltà pregno.
Con chi egli havendo certa quistione
Da lui partito il perfido assassino
Contra mia voglia offende il mio dimino.
128 I DODICI CANTI
50. Tatte sian donne noi ciascuna imbelle,
A lancia inette et inimiche a Tarmi,
Et ciascuna di nui cangia la pelle
Ogni di ottavo et non per via di carmi
Magichi, no ; ma perchè dalle stelle
Questo ci è dato, onde se tu v[u]oi farmi
Degna di tanta gratia che tu scacci
Costui, mi legarai teco in pid lacci ;
51 . Et tal duon ti farò eh* unqua il simile
Non ricevesti mai da altra persona,
11 più bello, il più vago, il più gentile
Che dalla Tana al fiume di Garona
Fusse mai visto, et ha questo monile
Virtù tal che di rado assai si dona ;
Se a dosso il porti, il tuo nimico mai
Indarno coi tuoi colpi ferrirai.
[F.43r'^]52. Et aciochè costui non sia impunito
Della sua tanta gran sceleratezza,
Essendo egli venuto nel mi' sito
Senza saputa mia per sua sciochezza,
Piglia il presente, o mio signor gradito,
Et, quando tempo fia di tua prudezza
Mostrar, la mostrarai. » Et questo detto,
Le pose al collo il bel gioiello eletto.
53. Per sua sorte et ventura havea la lancia
D*oro Astolpho che fu de l'Argalia ;
L'Argalia mischinel portoUa in Francia
Sol per mostrar che ancor in pagania
D'armi era esperienza et non da ciancia,
Ma da gloria, da honor, da ligiadria
Accompagnata -, et contra il suo concetto
Ivi lasciarla il giovine fu astretto.
54. Haveva ancor il duca il bon Baiardo
Che Rinaldo lasciò dentro Parigi ;
Benché altra openion tenga il Boiardo,
Del ver mi accosto io sempre più ai vestigi.
Hor Astolpho al frappar qui non è tardo
Et promette a Sy Ivana eh* i letigi
Aquetarà di quel gigante altiero
Et che farà sicuro ogni sentiero.
CANTO QUARTO 129
55. Brasi disarmato il paladino
Per riposarsi alquanto con diletto,
Havendo fatto assai lungo camino ;
Senza Tusbergo va, senza Telmetto
Passeggiando pel vago et bel giardino
Fra donne, non havendo alcun suspetto
Di cavallier eh' or al giostrar lo inviti,
Pur di Sylvana tien tutti gli inviti.
56. Et, mentre a ragionar di questo stanno,
A la fata un guerrier si rapresenta
Chel cor dimostra haver colmo d* affanno.
Onde Sylvana alquanto si sgomenta.
Nò poco di timor l'altre donne hanno
Oh* in la regina lor veggono spenta
Ogni baldanza, ogni supremo ardire,
Cui cosi prese il cavallier a dire :
[P.43v«]57. « Egli è pur ver che dalle donne Jun regno
Et da;un fanciullo è malamante retto.
Che runa [è] poco et Taltro me' ritegno
Non questo havendo et men quella intelletto ;
Priva d'ogni discorso et buono ingegno
La donna sol nel mal nudrisce il petto ;
Però dimostri chiar che donna sei
Accettando e' nimici delli Dei.
58. Non era a te dal volgo *un simil nome
Ancora dato infin a questo giorno.
Ma poiché di ragion il chiaro lome.
Madonna, hai perso, quasi ad ogni intorno
Di grave infamia ti porti le some,
Nò so quando il tuo honor farà ritorno
Dove era prima, che, chi el perde, tardo
L'aquista, ond' io me n' avampo et ardo.
59. Et più mi duol eh' al fonte del verziere
A te suggetto un perfido assassino
A donna, a pellegrino, a cavalliero
La vita tolle in questo tuo dimino,
Né paesan vi passa nò straniero
Ch' andar non faccia il crudo a morte chino.
Et giunto a pena un mi' fratell' ha ucciso
Che disceso parea dal paradiso. »
9
130 I DODICI CANTI
60. Astolpho il duca generoso e ardito,
Enteso ciò che ha il cavallier parlato,
Non mutato di cor, non sbigotito
D'animo, disse : a II ciel t*ha qui mandato
A ciò che tu mi mostri il camin trito
Et sia da me quel ladro castigato ;
Secondo Topra sua, secondo il merto
Del tutto purgarono, te ne acerto.
61 . Ma tu da quel viltà sei tanto offeso
Che mostri pur buona presentia in Tarme
A non haver il tuo fratel diffeso.
Pur, poiché non l'hai fato, là menarme
Non ti ri[n]cresca, che da me fia preso
Quel fellon , se tu il luogo y[u]oi mostrarme.
r ti farò veder cosa che mai
Con gli ochi forsi ancor vista non hai. »
[V 44 r*] 62. Al duca disse il cavallier errante :
c( Tu debbi haver qualche peccato antico,
Tu non hai visto in faccia anco il gigante
Nò debbi di vittorie esser amico,
non ha* enteso nominar Gorante,
Nò sai la forza del suo braccio oblico :
A qualunque egli mira fiso in faccia.
Intorno al cor il sangue se le aghiaccia.
63. Se tu fusti colui che già il quartiero
Tolse ad Almonte o quel che di Mambrino
Porta il degno elmo, lo tuo cor altiero
Non suffriria mirar il Saracino
In faccia, non tremase di legiero,
Come al vento un virgulto tenerino :
Di lui visto non fu più altiero unquanco
Che fa mirando altra' il cor venir manco. »
64. Il duca Astolpho a lui: « Hora conosco
Che sei nudrito di damme et cognigli ;
Se l'intelletto al tutto non ho losco,
A me non si convengon toi consigli.
Ben forsi il tuo veder ò tanto fosco
Ch' al ver giuditio punto non ti apigli.
Rinaldo stimo poco et meno Orlando
Finché non manca la mia lancia e il brando.
CANTO QUARTO 131
65. Mi 8on trovato in ver con ambi loro,
Lor ambi ad una et io ad an altra parte ;
Solo sudar gli ho fatti ove Taloro
Si pon per gloria alli scrittor di carte.
Se quivi fusser ambi dui coloro,
La sperientia ti farei con arte
Ch* oggi nel mondo non è cavalliero
Simile a me, se ben non ho il quartiero.
66. Ho già vinto Gradasso et il re Carlo
Con li soi palladini ho liberato
Di prigionia, che già volea menarlo
Seco in trionfo al carro incatenato ;
Nò mai altro il possette liberarlo.
Se non io sol, eh' in Francia era egli andato
Per haver il destrier eh* io cavalco hora ;
Fu di Rinaldo et guadagnailo alhora.
[F<'44 v<']67. Si che ensegnami il luogo et poi ti toma,
Se tu non v| u]oi veder Taspra contesa ;
Ma, se brami veder persona adoma
Unqua di gloria per famosa impresa,
Tu meco restarai, che chi soggiorna
Attendendo virtù mai non le pesa,
Che benché sia la sua radice amara,
E dolce il frutto et cosa al mondo cara. >»
68. Aleramo rispose, che fu detto
Cosi quel cavallier, al sir Englese : ¥
Se, com* al dir, ne Tarmi si perfetto
Sarai, dubio non ho che le mie imprese
Di certo havranno generoso effetto
Et vettoria otterrai di tai contese.
Però, se teco dovess' io morire.
Ad insegnarti il luogo i' vuo' venire ;
69. Benché mi duolga un cavallier
Debbia morir per man d'un ladron tale. »
Cui disse Astolfo dimostrando sdegno :
« So che di te più che di me ti cale.
Ma non guastar, ti priego, il mio dis segno.
Che so che tu vedrai un opra quale
Forsi non speri di veder giamai.
Andian, se star non vuoi, tornar potrai.
132 I DODICI CANTI
70. Non ti pensar eh' io cerchi per paura
In tal impresa la tua compagnia,
Perchè la lancia mia tanto è sicura.
Tanto è sicura questa spada mia
Che d'altro aiuto che del mio non cura
Quella nò questa, et non ti fo bugia,
Che, 8* io potessi andar giù ne V inferno,
Cerbero ne trarei con onta et scherno. »
71 . Et volto a una donzella, alla cui diede
Questi in governo Tarmi, surridendo
Disse : « Dama gentil, per vostra fede
Arechatemi Tarmi, eh* io comprendo
Ch* io venni qua sol di colui mercede
Che '1 tutto regge, a ciò che '1 monstre orrendo
Per mia man pera et liberi lo regno
Vostro con la mia forza et col mio ingegno. >»
[p«45r»] 72, Venute Tarmi, quelle il sir si veste
Con tanta ligiadria che dimoi posso.
Le donne, che per pria parevan meste,
Hor liete stanno et da lor petti scosso
Hanno il timor et tutte fansi preste
A speme et a baldanza. Astolpho un grosso
Non stima il mondo eh* ha destrier et lancia
De la qnal non è par de* Indi alla Francia.
73 . Se vi ramenta ben, signor mio caro,
In la selva d*Ardenna il prò Rinaldo
Lasciai col mostro [con] pensiero amaro,
Da Parigi partito havendo caldo
11 petto di suspir et senza paro
Ardendo, et, benché fusse in amor saldo,
Fu pur mutato il suo sfrenato amore
Al fonte del famoso incantatore.
74. Baiardo era rimase entro a Parigi;
Hor perso ha Rabican stando in prigione ;
Astolfo, che d'Orlando li vestigi
Cerca, ha il cavai delfigliuol[o d' A mone],
Che con Gradasso quietò i letigi
Ch' eran già nati sopra quel ronzone.
Cosi lo cavalcava a tutto passo
Chi per quello havea vento il re Gradasso.
CANTO QUARTO ^^3
75. Ma diverso dal Conte il camin tenne
Costui, però eh' Orlando per la Spagna
Andò verso il Cataio et questi venne
Di Francia in TUngaria per TAlemagna,
Passò il Danubbio e ad Alexandria senne
Andò senza firmarsi per campagna ;
Lasciò la Thracia et Ponto et alla Thana
Giunse alfin nel bel regno di Sylvana.
76. Quella li die il monil, come di sopra
Intendesti, signor, con molto amore,
Né forsì mai più vista simil opra
Fu, tanto egregia o di tanto valore.
Argia a Eriphyl el die perch' ella scuopra
L'ascoso suo consorte, o grande errore !
In man poi venne, et non so come dire,
Di questa che lo diede al nobil sire.
[F«45vo]77. Ha quel cavai eh' ogni vii cavalliero
Per sua bontà sol rende coragioso ;
Ha la lancia eh' abatte ogni homo altiero,
Et chi la porta vien per lei famoso ;
Ha quel monil che fa ogni colpo fiero,
E chi il porta divien vittorioso
In ogni impresa fatta con ragione
Centra ogni ferro e ogni incantagione.
78. . Fecelo già Volcano et servò il tempo
Nel qual effetto tale il ciel produce,
Bene ogni cosa fa chi la fa in tempo
Che 1 tempo è d'ogni cosa mastro et duce.
Già Tydeo il tenne in gran prezzo gran tempo,
Onde fra i forti già fu spechio et luce.
Ma tornar mi conviene a dir d'Orlando
Ch' io lasciai con la strega suspirando.
79. Se vi ricorda, dissivi eh' Alphegra
Sotto il bel falso nom di Fontedoro
Era comparsa con la vela negra
Nel bel lite Affricano, et come fuoro
A ragionar il conte et essa, eh' egra
La mente haveva sol pel suo Medoro,
Et con Orlando Pamicitia finge.
Et Taltrui caso per lo suo depinge.
184 I DODICI GAHTI
80. Et, mentre ad ascoltarla intento ò il conte,
Gamina il palischermo et ei noi vede,
Ha tanto gli ochi agli ochi et alla fronte
Costa* di lei eh* ogn' altra cosa cede,
Et di lei guata si le beltà conte
Che più quelle di Angelica non crede.
Le navi, che di fronde erano nate,
Non vede ei più eh* in fronde son tornate.
81 . grande forza delli incantamenti !
Unhuon si saggio, un huon si valoroso.
Tu, di consigli privi et d'argumenti
Et di fortezza un almo coraggioso !
Muovonsi in mar a furia quatro venti
Che 1 chiaro cielo rendon tenebroso
Et del mar alzan si le turbate onde
Ch* ambo del palischermo empion le sponde.
[F^4Q r"] 82. Da un grave sonno quasi risvegliato
Parendo Orlando si rivolge al lito,
Ma già da quello è tanto lontanato
Che della terra non disceme il sito.
EI vechio Egeo muggiar tutto turbato
Con roca voce fu dal sir odito,
Né può negar con le sue forze pronte
Ch' hora timor non habia il fiero conte.
83. Et» rivolto a colei che quinci el trasse,.
Turbato in faccia et bieca guardatura
Facendo, disse con parole basse : .
« Dama, che di tua vita non hai cura,
L'armata ove ò? dove tua nave stasse ?
Quivi come possian vita sicura
Haver? » Mentre ciò dice, il mar se inalza
Et quinci et quindi il picdol legno isbalza.
84. Chiama sant* Berme, invoca san Dionigi
Il conte et tien la guancia laghrimosa ;
Hor si augura le porte di Parigi
Et tutta via la faccia ha rugiadosa.
La mala donna, amica di letigi,
Di lui si ride et lieta si riposa.
S'adira il conte et scagliasele adosso
Per pestarle la carne et franger Tosso.
CANTO QUARTO 135
85. Poi si ritien quel animo gentile
Da quel pensier, da quella frenesia,
Dicendo in se : « Gli è cosa troppo vile
Gometter tal error, far tal follia ;
Bruttar le mani in sangue feminile
Vi[e]n da viltade, vien da scortesia. »
Ma lascian loro et torniamo a Rinaldo
Che di crudel disdegno il petto ha caldo.
86. Che, poich' egli hebbe occisa la Chimiera,
Intrò in la selva inhospita et men colta,
Essendo giunto il giorno a Tatra sera
Cui già sua luce il sol havea ritolta ;
Et, perchè il destrìer anche truovar spera,
Dove sente un rumore, il sir si volta,
Et, rivoltato, vede un gran Ieon[e]
Diffendersi a fatica da un griffone.
[F*46v*]87. Là se tirando il paladino mira
Tenendo ancor la spada in man sanguigna,
Et d*intorno al leone il griffon gira,
E quel si volge et i denti digrigna
Et talhor con la zampa a 1' augel tira
Per pettinarlo a guisa di matrigna,
Ch* hora si lieva a vuolo un gran pezzo alto
Et hor calando in giù fa nuovo asalto.
88. Quando atteso hebbe un pezzo il sir Rinaldo
Delle due bestie ardite il lungo schermo,
Havendo il petto d* ira et sdegno caldo
Né possendo per rabia star più fermo
Da quelle fiere Rabican di saldo,
Deciso esser pensossi come infermo
Che per acuta febre è infrenesito ;
Vuol che sia il grifo pria da lui punito.
89. Et pensa, poiché quello bavera morto,
Occider con sua mano anche il leone.
Onde si mette in su Taviso accorto
Che s'alzi prima et poi cali il griffone,
E vendicar il bon destrier a torto
che sia, o che non sia pur di ragione,
Nel cor per quel cavallo ha tanto sdegno
Che r ira sua non truova alcun ritegno.
13« I DODICI GANTI
90. Et nel calar che fa il griffone a terra
Vibra la spada il generoso sire,
E in mezzo il petto con furror l'afferra
In modo che non può più al ciel salire
Che '1 gozzo passa et Tanimal atterra,
Né coi gran vanni le giovò il schermire.
El leon, che si vedde da quel sciolto,
Subito al cavallier si fu rivolto,
91 • per ringratiarlo, ancora o forse
Per meraviglia, o pur sdegno et ira
Che 1 cavallier non chiesto lo soccorse.
Onde Rinaldo a quel tanto s'adira
Che con la spada furibonda torse
Verso il leone et sovra el capo tira
D'un gran fendente a quel veloce et ratto,
Ma per la furia colseli di piatto.
[F« 47 p«] 92. Pur fu il colpo si crudo et si scortese
Che venne da l'altiero et forte braccio,
Che come morto in terra si distese
Il misero leone, et fuor d' impaccio
Il sir di Montalbano esser si crese
Di queste bestie uscito. Hor di lui taccio
Però eh' Astolpho vuol dichi di lui
Né più lo lasci per seguir altrui.
93. Io l'haveva lasciato nel giardino
Armarsi et col monil che quella fata
Dato gli haveva a ciò di suo dimino
Egli scacciasse la bestia incantata.
Armato che fu il vago palladino.
Salse al destrier et fa una maneggiata
Con quel cavallo eh' era unico al mondo.
Se si può dir, et dal ciel al profondo.
94. Ad Astolpho Aleramo tai parole
Disse : « signor, andian fin alla fonte.
Ti condurò pria che tramonti il sole,
Et, se vedrai Gorante nella fronte.
So che ti scordaran le ciancie et fole
Et l'elmo di Mambrino et quel d'Almonte,
Né ti trarà di mano di Gorante
S'anco in te fusse il spirto d'Agolante. »
CANTO QUARTO 137
95. Così dicendo Aleramo fu mosso
Inanzi et lui seguiva il duca Astolpho,
Qnal in la faccia diventò più rosso
Che non fu mai cotal di fuoco un golfo
Per ira a che parlando l'ha commo8[8]o.
Colui, che è acceso più che [d*]Etna il zolfo,
Se le invia dietro, cui cosi Aleramo
Diceva laghrimoso in vista et gramo :
96. e Signor, quel huom crudel una cappanna
Ha fatta presso al fonte fresco et chiaro,
Ove ciascun che quindi ariva inganna
Col dar ricetto et col dormir amaro.
Un letto ha di dua braccia et d*una spanna
El traditor (o caso crudo et raro !),
Stende in sul letto della trista stanza
Et taglia tutto quel che fuori avanza ;
[F»47v«]97. Et, se per sorte alcun fusse più corto
Del letticiuol, li lega il capo a un legno.
Pei piedi il tira fin tanto che morto
Vi resti poi o che pur gionghi al segno ;
Et se uno fusse in su quel letto sorto
Lungo quanto esser basta a tal disogno.
Sei trangugia il gigante cosi vivo,
Tal eh* ivi alcun non è di morte privo. »
98. Stava amirato il gentil duca Englese
Di tanta crudeltà d'un corpo humano,
Et cavalcando il petto se le accese
Centra il gigante d'animo inhumano,
Ma desioso in queste crude imprese
Seco ratto trovarsi a mano a mano
Priega il compagno che cavalchi in fretta
Nanzi che '1 sol ne TOccean si metta.
99. Era il gigante, quando i cavallieri
Giunsero, dentro la crudel cappanna
Forsi a dormir o, pur, sovra. pensieri
Di riempersi la bramosa canna ;
Or, giunti donque i nobili guerrieri,
Astolfo il corno suo sonarsi affanna.
Cerante quello enteso usci di fuore
Con gli ochi accesi di superbo orrore.
^38 I DODICI CANTI
100 . Aleramo a mirar lontan si [puose]
Per veder quanto Astolfo sa d'ischermo,
Et se alle sae parole boriose
Egli ha Talmo conforme, sano o infermo.
Stava egli adonque infra più q aeree ombrose
Col cor tremolo si, ma Tochio ha fermo,
Sopra un poggetto onde veder poteva
Chiaro ciò che ciascun di lor faceva.
101 . Et vidde eh' a l'uscir che fé Gorante
Astolfo con la lancia un sovramano
Le die nel petto, et il colpo arogante
A dietro roversò sopra del piano
Quel crudo alpestro et ligido gigante
Fra tutti gli altri in apparenza strano,
Et eh' Astolpho alla gola del latrone
Tenea la lancia et le dicea : « Poltrone » .
f P«48 pò] 102. Et poi udi che 'l duca ad alta voce
Minacciava il gigante d'impiccarlo
S* indi a partirsi non era veloce
che volea di sabito scannarlo.
Il gigante, che mira il sir atroce,
Prega ir lo lasci et non voglia amazzarlo,
Cai disse Astolfo : « Sì con questo patto
Che tu ti parta, o gran ladron, di fatto.
103. Et voglio che tu vada nel Ponente,
Et, se tu mei prometti, me l'osservi,
Se non, ti farò far morte dolente
Sol per la man dei miei più tristi servi.
Che me nel sangue tuo bruttar mia mente
Non lo comporta et men vuo' che mi servi. »
El gigante promette et giura andare
Se '1 duca gliel comanda in mezzo il mare.
104. Tanta ha paura della forte lancia
Ch' Astolfo le tien ferma in su la gola,
Vedendo che '1 guerrier non fa da ciancia,
Grave timor l'ardir superbo invola.
Vuole costui mandar questi in la Francia
Aciò eh' Orlando con sua forza sola
Un di l'uccida, onde egli al duca cede
Et di partirsi al fin le dà la fede.
CANTO QUARTO 199
105. Non sa eh* in quella lancia è virtù tale
Et non nel cavallier, però si rende
A lui con patto d'irsene con quale
Maggior prestezza il palladino intende,
Et giura per quel sol, cV ogni mortale
Col suo lume et splendor vivace rende,
Di non posarsi mai in tutta la via
Fin eh' in Ponente giunto egli non sia.
106. Con questo modo il duca Astolfo quello
Ladron levò del regno di Sylvana,
Onde ei giunse in Ardenna et fé Thostello
Che dissi già della torre profana
Ove Orlando e Rinaldo e il damigello
Spagnuol vi capitar con mente insana.
Et con Tanello che pria fu di Gigi
Fur liberati et non da Malagigi.
[FM8v®] 107. Et perch' in quella selva aspra ventura
Truovorno i cavallier [cjercando della
Regina ingrata fuor d'ogni misura,
Ad Amor , a natura, al ciel ribella,
Speser più giorni indarno et per sciagura
Hor questa region cercando, hor quella.
Et pensando lontan indi scostarsi
Fur stretti in quella selva ritruovarsi ;
108. Però che Malagigi ivi da presso
Intertenea Rinaldo e il conte Orlando,
Perchè egli havea saputo et chiaro espresso
Che ne venia Gradasso dal cui brando
Esser dovea re Carlo al tutto opresso.
Onde venia sua arte dispensando
In questo modo, benché nulla valse,
Perchè di Carlo ai cavallier non calse.
109. Non era ito prigione il gentil mago,
Perch' i demoni Angelica gabbare,
A quai seppe egli simular Firn ago
Si che noi conoscendo lo lasciare.
Et tornato in Guascogna tutto vago
Al suo comando li dimon tornaro.
Et, al petrone di Merlin tornato,
Truovò il libro da Angelica lasciato.
140 I DODICI GANTI
110. Angelica il lasciò quando partisse
Con TArgalia eh' ivi lasciò la lancia
Che tolse Astolfo poi ; per quella ardisse
Tanto costui con la superba lancia,
Pur prigion stette, come Tautor scrìsse
Di lui come degli altri sir di Francia
Li gesti tutti, et prigion stette tanto
Che di vincer Gradasso portò il vanto.
111. Astolfo havendo poi, come v' ho detto,
Superato Gradasso et liberato
Re Carlo et Francia, lasciò il suo distretto,
Ch' era Orlando truovar deliberato.
Giunse in l'Egitto alfìn. Questo è l'effetto
Onde Gorante il ladro hebbe scacciato
In la selva d'Ardenna, ove ancor era
Rinaldo, Orlando et Angelica altiera.
F®49 r®] 1 12. Stupì Aleramo quando oltra sua fede
Vide el duca gentil tanto galiardo
Et, bench* a pena alli [ochi] stessi il crede,
Disseli: u signor mio, quanto più guardo,
Debitamente a te Rinaldo cede,
Debitamente Orlando t' ha riguardo.
Però che tu del mondo in ogni parte
Somigli, anzi sei, credo, il Dio Marte.
113. Ma, poiché V bora è tarda et già nel mare
Vedesi Apol tuffar i bei crin d'oro,
Parmi, signor, dobiamo rìtornare
A la fata gentil et del lavoro
Tuo degno a lei chiara notitia dare,
Ch* io so che n'haverai degno rìstoro. »
Cui disse il duca : « La fata gentile
Me ha ristorato, » et le mostrò il monile.
114. Poi disse: « V non mi parto sodisfatto.
S'io non abrugio la cappanna e il letto
Nel qual el traditor n'a più disfatto,
Se vero è quel che tu narrando hai detto. »
Et così smonta de V arcion di fatto.
Che già partito s'era il maladetto
Nò lontano era mezzo miglio al luoco
Che volto al crepitar vidde il gran fuoco.
CANTO QUARTO 141
115. Et vidde Astolfo in la cappanna entrato
El letto fatto per l'altrui tormento
Et teste ancor sanguigne hebbe trovato
E d'un romito certo vestimento.
Aleramo cercando in altro lato
Del frate il capo vidde, onde lamento
Si grande fenne che a pietà comosse
Il duca che da lei mai non se mosse.
116. Sepeliron le teste et fuoco derno
Alla cappanna et ripreser camino
Verso Sylvana, il maxime et eterno
Dio ringratiando. Il degno palladino
El compagno conforta eh' al superno
Redentor creda, perchè Saracino
A rhabito pareva, onde ei Christiane
Si confesò et di patria Alemano.
[F^ 49 v^] 1 17. Cosi arsa la cappanna et discacciato
li gigante ladron, con lieta fronte
Fu col compagno Astolfo ritornato
Ove hor lo lascio ritornando al conte,
Ch* ancor dubbioso dentr' al mar turbato
Si truova et verso el ciel con le man gionto
Suplica aiuto, et pur sei porta il legno
Fra l'onde piene d'impeto et di sdegno.
118. Et un turbine vien pien di furrore
Che tutto il palischermo sotto l'acque
Cuopre. Se '1 conte hor ha pena nel core,
S'aita paura nel suo petto nacque,
Giudicalo bora tu, saggio lettore.
Che per mezza hora come morto giacque
Et sotto l'onde per lo mar andava
El battei che la strega lo guidava.
119. In se tornato lo signor di Brava
Si vede come un pesce in el mar cupo
Et d'Alessandro alhor si ricordava
Del drago nato, se fu vero il strupo,
Che col vetro ne V onde si calava :
Essendo della terra avido lupo.
Desiava soggiogar ne V onde il pesce.
Ma il desio humano sempre non riesce.
142 I DODICI GANTI
120. Rivolta il conte alla maligna strega
La schiena sol per non vederla in faccia,
Perch* a pietà di lui mai non si piega
Nò ridurlo alla ripa ancor procaccia,
Anzi ogni gratia, ogni favor le niega
Et di farlo perir quasi minaccia ;
Ma egli guata nel fondo et chiaro vede
Quel pesce eh' indi parte et quei che riede.
121 . La spinosa murena trascorre
Ch'or questo pesce et hor quel altro prende,
L'anguilla spesso quinci e il lupo corre
Che questa il fragolin, quel altro attende
La scialpa e il tordo ; il tonno vi concorre
Che Tuno et l'altro poi di quegli offende ;
Li squadri, l'ampie ragge vede e i rombi,
Li cani, i polpi et li pasci palombi.
[F*^ 50 pò] 122. Le sepie, i cantalupi, Taligoste,
L'ostrache sorde, cannole et telline
Van boccheggiando con le dure croste
Et fanno pur ma deboli rapine.
Gambari grand andar vede in più poste
Solcando il mar come le crude Erine,
Et vede giù nel mar fra i pesci guerra
Qual fanno fere et homini su in terra.
123. Vedevi il magior pesce che '1 minore
S'ingoa ne l'acque come il lupo in selva
La pargoletta dama senza core,
come la maggior la minor belva,
come fa il tyranno col furore
El suddito meschino che s'inselva
Spesso fugendo, ove poi muor di fame
Et col suo satia altrui le voglie brame.
124. Ah Italia ingorda de 1' altrui fatica.
In te si nudre il perfido tyranno
Coir altrui sangue I età beata antica
Che ti vivevi in pace senza affanno,
Sol di virtù, sol d'honestade amica.
Nò teneva fra i tuoi superbia il scanno.
Nò te Avaritia dominar poteva.
Però lieto et contento ognun viveva I
CANTO QUARTO 143
125. Deh, vedi un poco il regno delli Insubri
Et come sta la misera Liguria
Che del suo cigno i pianti ancor lugubri
Manda fin alle foci deli* Etruria ;
Poi guarda Roma con li soi delubri
Come bora jace et quanto è sua penuria
Degli huomini cb* amor la libertade
Della ior patria, della lor cittade.
126. Tu non vedrai più il Code, Curtio, Attilio,
11 Torquato, Camillo, il bon Marcello,
Mudo, Fabritio povero, Manilio
Flaminio o il Cursor o il villanello.
Ma Scipio truovarai posto a Tesilio
Come se fusse alla patria libello,
Et con Sardanapalo et Cathilina
Tornato ò Crasso in ultima ruina.
[V 50 vo] 127. Vedi i Rutili, i Volschi, li Latini,
Li Marsi, li Picenti, il mio paese,
Ch' al vincitor fu termini et confini
Che ritornò da bellicose imprese ;
Mira et Ravenna con li soi vicini
Ove vedrai la gente Ferrarese
Ingrassarsi nel sangue Ravennate
Senza mostrarle segno di pietate.
128. Vedi san Leo col Montefeltro, tutto
Il smantellato Urbino ; ah, fier leone,
Questo ò il soave et delettevol frutto
Già meritato per lunga stagione
Da chi nel tempo del tuo acerbo lutto
Te acarezzò nella sua regione !
Questo ò quanto tu de' a V al ber di Giove
Che al ciel ti fé salir, non per tue pruove I
129. Italia, il regno che al dassezzo perse
Il re Aragonia stirpe, non ti dico :
S'unita fusti, 1 militi di Xerse
Con quei di Dario, ancor che tuo inimica
11 mondo havessi, non potria tenerse
Centra di te, o s*havesti il ciel amico ;
Ma haver noi puoi perchè persa hai la fede
Che ti facea del sommo Giove herede.
144 I DODICI GANTI
130. Lupi 8on fatti li pastori tuoi,
Li principi tyraani oltra misura,
Dalli toi mari ìq sin ai liti Eoi
Gente peggior su la terra non dura,
Né amor ne fede regna infra gli heroi»
Nò delle pecorelle ha il pastor cura,
Nò può mia penna scriver senza pianto,
Onde fin faccio a questo quarto canto.
CANTO QUINTO
{WBlv^] 1 . Italia mia, con le lagrime agli echi
Io ti lassai, ma pur quando io ripenso
Che tutti i popol tuoi non sono sciochi,
Parte in lodarti Topra mia dispenso,
Et, se tu meco con la mente adochì,
Dirai eh* io non ho perso al tutto il senso,
Oh' in te qualche giustitia ancor si truova
Là dove il Leon d'oro entro il mar cova.
2. Tra Vinegia et Ravenna sovr' el Kto
Adria cita già popolosa giacque,
Forte di gente et nobile di sito,
Che *1 nome diede a l'Adriatiche aeque ;
Nò quinci molto lungi era il gradito
Aitino, già città, che, quando nacque
L'empia Gottica guerra, fu distrutto.
Onde il popolo altronde hebbe il ridutto.
3. Sopra il Tymano infra i Camii Aquilea
Già grande et bora pargoletta jace,
Ch' ad Attyla già fu crudel et rea.
Et egli a lei, turbandoli ogni pace ;
Con Adria et Altin ch'io vi dicea.
La distrusse e arse il re crudo et rapace.
De' quali i populi, ove è Vinegia bora,
Edifficamo una cita decora.
4. Et perchè gli Altinati i primi furo
Che ritrovamo in le salse onde il luoco
Che dalla fera guerra era sicuro,
El popol d'Adria divenuto fioco
Per l'aspre pugne, ancorchò fusse duro
La lor patria lassar dal crudel fuoco
Già devorata, si condussero ivi.
Quasi di lor austantie al tutto privi.
IO
146 I DODICI GANTI
5. L*Aqaileiaiii il barbaro furore
Fuggir volendo et le crudel contese
Di quella guerra et del crudel signore
Le superbe, maligne et dure offese,
Mandarno agli Altinati un oratore
Per haver luoco seco in quel paese ;
Quai dissero : « Httc venisti », et quel rispose :
« Veni etiam », che *1 nome al luoco pose.
[F*^ 61 ▼*] 6. Cosi da quelli a questi nostri tempi
Yenetia detta fu la cita altiera,
Ornata di gynnasii et sacri tempi
Più eh* altra in l'Adriatica riviera,
Di virtù egregie et di notandi esempi
Spechio dovunque la celeste sphera
Nel mondo gira, et ògli dato un tale
Favor dal del che la farà immortale.
7. Fanno immortale sette cose un regno :
Concordia, pace, fé, pietà et giustitia,
Et quello rende in sempiterno degno
Solecitù nimica di pigritia
E amor di suoi o ben astro benegno
sorte lieta a tal cita propitia,
Che tutte insieme queste sette cose
11 ciel benignamente in te ripose.
8. La concordia si vede in te si grande
Che da quel di che fusti fabricata
Non per Tltalia sola il nome spande,
Ma ovunche *1 mare la terra habitata
Circonda, a tal che, quando delle ghiande
Fo Fuso quella gente più beata,
Non potea dirsi del tuo concistoro,
Perchò ritornò teco Petà d'oro.
9. La pace e la virtù, senza la quale
A Dio piacer non puossi, et la pietade
Con la giustitia a l'ombra di quelle ale
Del Leon santo sono nutricate
Conia solecitude e amore uguale
Ai soi suggetti, anzi pur caritade.
Con quai vinci i superbi et il tuo stato
In terra e in mar sol hai magnifficato.
CANTO QUINTO 147
10. La terra che pria vidde il fanciul Giove *
Et lo nudrl, che fu regina al mare,
Et quella ove le sue delitie piove '
Chi Cyprigna da lei si fa chiamare,
Et quella dove dei gìardin le pruove
Fece il figliuol di Nasitoo nomare,
Stannosi liete in la pietosa branca
Del Leon sacro eh* a bontà non manca.
[F«5a*p*»] 11. L' isola a chi il fig[li]uol de Dioneo »
Diede già il nome et quella che '1 figliuolo
Di Dardano pria tenne in suo tropheo ♦,
Stan sotto Thonorato et degno stuolo
Dil Veneto Leon che 1 mar Egeo
Solca non sol, ma l'uno et l'altro polo
Trascende in modo che del mar regina
Vinegia è sol nella lingua latina.
12. Da questa alma cita tutta si noma
La provincia gentil ove ella siede,
Et a tutta quella presta il suo idioma.
Cui la cita di Brenne serva fede
Ch' a quella d'Anthenor posta ha la soma
Delle- alte mura, come chiar si vede.
Per fuggir il barbarico furore
Che già gli era molesto a tutte Thore.
13. Trivise ancor sotto il Leone alato
Dalla Theodesca rabia si diffende.
Udeno, Feltria e il monte dedicato
Alla dea di battaglie che si stende
Ai campi Vicentin dal stanco lato,
Quando verso la scala sì discende.
Stanno contenti sotto Tale d'oro
Del Leon sceso dal celeste choro.
14. Vincenza ancora pargoletta et vaga
Lieta si pasce col Leon nel sangue
Hyspano, benché salda la sua piaga
Sia a pena, e in parte cede il superbo angue
Al re degli animali et se le appaga
L'augel di Giove, et la Romagna langue
Poiché priva ò del protettor suo grande
Ch' al ciel l'ali, i pie in terra et nel mar spande.
^ En marge: Gandia. -« En marge: Cypri. - 3 En maree-
Gephalonia.-4Enmarge:Zante. ^
148 I DODICI GANTI
15. Isole molte insien con la Cannea
Da ri stria, da Dalmatia et infin dove
Si passa il lungo tratto di Malea
Più con celesti as8ai*ch'hamaneprao ve.
Vi lascio a dietro, et dove Citharea
Già si bagnò]et il padre di Giove
Lasciò cader i genitali sui
Et ove già Jason domò li bui;
[F* 6ftV] 16. Ch*ivi trascorre la cita superba
Con le sue navi spesso et oltra passa,
Et nel passar tal maiestà si serba
Ch*ogni altro potente andar la lassa
Libera, et se persona truova acerba
Spesso la stratia, lacera et fracassa,
Che quando il Leon d*or si spiega in mare.
Si vede il re di quel quasi tremare.
17. Et mentre la giustitia in lei riluce.
Come ogni hor fa, non mancarà il suo impero ,
Per certo mai havendo per suo duce
Sol la virtù, ch'in ciascuno emispero
11 nome eterno et sua fama conduce
Su Tali quel Leon divo et altiero;
Et mentre seco havrà quel capitano
Che regge Urbin, non havrà caso strano.
18. Costui col et per mare et per terra
E per dsr meta ad ogni gran contesa
Con quei duo' Orsini che per pace et guerra
Sanno come il governo humano pesa ;
Succederà al figli uol poi, se non erra
El mio giuditio, ogni famosa impresa
Per la severità, pel chiaro engegno
Che del luogo paterno il farran degno.
19. Ma perchè alla mia hystorìa tornar huoppo
Émmi, eh* io vedo da molti aspettarmi,
Cui par eh' al ritornar forse io stia troppo,
Havendo a loro a dir d'amor et d'armi,
E il conte Orlando ancor terrami zoppo,
Però, Vinegia, eh' io ti lasci hor parmi.
Che di te dir non so quanto io vorrei.
Perchè troppo eccellente al mondo sei.
CANTO QUINTO 14^
20. Signor, i' vi lassai sott* acqoa Oriando
Che contemplava i pesci a schiera a schiera,
Et mentre quegli mira suspirando
Suvengli della sua Angelica altiera
Et ducisi che partir lascioUa, quando
Sola dormir trovoUa in la riviera,
In la riviera dì quel saggio mago
Che d*ogni humano effetto era presago.
[F* 68 r^] 21. Mentre in lei pensa e i pesci di quel luoco
Mirava il conte, al palischermo viene
Un grande pesce che gli ochi ha di fuoco,
De* quali altri che dui lo mar non tiene,
Che struggerebon certo a puoco a puoco
Li pesci e i Dei del mar con gravi pene.
Quando apparir tal pesce il conte vede,
Col forte brando sopra el capo il fiede ;
22. Ma non ha tanta forza Dnrrindana
Che quello tagli già nò li fa segno.
Onde dal legno in su la bestia strana
Calò d*un salto Orlando pien di sdegno^
Pur di sotto acqua dalla bestia strana
Al summo fia portato il campion degno
Et gira a salvamento nel Levante
Col franco et coraggioso Sacripante.
23 . Gol franco et forte re di Circasia
Andrà in Albracca il gran signor di Brava,
Né contradir potrà a tal compagnia
Con le lusinghe sue la donna prava ;
La donna dispietata iniqua et ria.
Che da durezza il cor non purga o lava,
Far non potrà che per Angelica anco
Non adoprino ei brandi eh* hanno al fianco.
24. SI che lasciamo il conte sovra el pesce
Perch* ora i* vi vuo* dir di Sacripante
Di chi ad Angelica anco assai rincresce.
Poiché rapito il vidde da Gorante.
Gorante il prese, se fuora non v'esce
L'hystorìa della mente qual davante
P vi lasciai, quando già i* vi diceva
Che ripresa battaglia seco haveva ;
150 I DODICI GANTI
25. Quando spiccò da quel arcìon la testa,
Da quel arcion onde ne cadde il nano.
Et poi correndo via per la foresta
Portava armato il cavallier sovrano,
Dietro Angelica andando per la pesta
Del buon destrier che fugia in monte e in piano,
Ch* Angelica fuggìa per la paura
Ch*havea di queir horribile statura.
[Fo 53 Y«] 26. Quel portandosi il re cosi correndo
Va per prender se può quella regina
Col viso acerbo dispietato orrendo,
Ma '1 buon cavallo vola et non camina
Verso li Pyrenei. Quella sentendo
Presso se il calpestio tutta meschina
Si volse et gridò forte : « Ah villan crudo,
Le disse al fin, d*ogni clementia ignudo. >»
27. Et ciò dicendo il bel anel scoperse,
L'anel che centra ciasch* incanto vale.
Onde Gorante in quel la forza perse.
Nò a quel presente ò Tardir suo più quale
Era primier che Panel non sufferse
Tanta arroganza in un ladron cotale ;
Onde el privò di sua fatai virtute
Per dar a Sacripante alhor salute.
28. Lassasi il rubaldon cader in terra
Privo di forza quel guerrier armato.
Poi per la folta selva la via afferra ;
Et in se Sacripante ritornato
Ogni timor da se scaccia et disserra
Poich' Angelica sua si vede a lato,
Né pólle ritornar dentro al pensiero
Come ivi in terra sia senza il destriero.
29. Ma tutto il fatto Angelica gli amenta
E come è entrato nella selva folta
Il rio gigante, né però paventa
L'ardito re ma presto a dietro volta
Al suo voto destrier di qual s*aventa
Sopra gli arcioni con prestezza molta.
Angelica si parte in quello istante
Che ricavalca il suo infelice amante.
CANTO QUINTO 151
30. El monte di Pyrrhene con gran fretta
Passa costei che ritrovò il suo nano,
Per via distorta montaosa et stretta,
Mal nota a forastier e a paesano ;
Vaolse ir per quella questa giovanotta
Per lasciar Sacripante in desir vano.
Et quello ben sapeva il nano a punto
Che di puoco in Ardenna indi era giunto.
[JP«B4r«] 31. Cavalca a più poter quelle contrade
L'in amorato re per ritruovare
Ove lasciata havea tanta beltade,
Et quinci et quindi puonsi a rimirare,
N*ò lei truovata, che per altre strade
Gol nano ò sol disposta al padre andare.
Entra in la selva il re, lassa la strada
Tagliando i rami con la degna spada.
32. Entra in la selva però eh' ha suspetto
Che da Gorante non le sia tolta ella ;
D'amor et di disdegno ha colmo il petto.
Né creder può che sia fuggita quella,
Quella da chi si pensa con effetto
Essere amato più che dalla bella
Venere Adone, et con tal pensier losco
Si traeva inviluppato entro un gran bosco ;
33. Onde ritrarsi vuol, nò traeva il guado,
Il guado che *1 rimèni a l'ampia via,
Alla via eh' ha lasciata, et suo mal grado
Conviengli far a l'orsi compagnia
Per una intiera notte, et io il suado
A patientia o buona o mal che sia.
Et starvi tanto che Rynaldo traevo
Ch' in quella selva fa mirabil pruove.
34. Dianzi ve Io lasciai che haveva ucciso
El superbo grifon che facea guerra
Con quel leon, però che gli era aviso
Che quel cavallo, qual sopra la terra
Nullo havea par, nel corso havesse anciso
Col fier artìglio, et pur ei di questo erra.
Et il leon (se vi ricorda) stese
In terra et verso Spagna il camin prese.
15f I DODICI CANTI
35. Ma nann eh* egli uscisse fdor del bosco,
11 stordito leonin se menne
Et saltellando per un sentier fosco
Dietro Rynaldo a naso il oamin tenne
Et osservarlo punto non fu losco,
Onde al finir del bosco il sopravenne.
Rynaldo, che sentì le fra8c[h]e muovere,
Si volse essendo sotto un alta rovere,
F*64 yr^]3ò. Et dietro a quella si scostò perch* ivi
Non potea ben la spada adoperare.
Passar oltr' il leon par che si schivi,
Però se impunta et non vuol via passare,
Et ò noia a Rinaldo aspettar quivi,
Onde mostra voler più lungi andare
E il scudo imbraccia et impugna la spada.
Poi va pian piano per la stretta strada.
37. Et tutta volta il capo a dietro gira
Hora da l'uno, et hor da l'altro lato,
Pur al leon tien sempre un ochio a mira
Per non esser sprovisto ritruovato.
Lo leon anche a quella spada mira
Che *1 braccio che la regge ha già provato,
Et sa quanto quel puote et quanto vale
Ch' ha in la memoria anco il passato male.
38 . Nò se avicina troppo al palladìno.
Perchè si vede in luogo stretto et forte.
Ma va ancor egli pian col capo chino,
Qual presago di sua vicina morte.
Rynaldo va seguendo il suo camino
E nanzi et dietro e intomo ha fide scorte
Delle sue istesse luci et dì Frusberta
Che dove egli la mena altrui deserta.
39. Non più che uscito il palladino al largo
Et altresì il leon largo si vede,
Qual percosso da un aspero letargo
Inanzi passa al palladin, poi riede
Infuriato, et quel che gli ochi ha d*Argo,
11 braccio di leon, di tygre il piede.
Si mise in guardia di spada et di scudo,
Havendo il cor d'ogni timor ignudo.
CANTO QUINTO 153
40. Quando il leon su le diffese scorge
Quel ben maestro in Tarte militare,
Un graffio al scudo con Tonghion le porge
Che fa tutto lo aciaio sgrettolare.
El cavallier a tempo ben se accorge
Et mostra di volersi ritirare,
Poi d'un riverso le menò alle gambe
Dinanzi e a un colpo sol taglioUe entrambe ;
[V»65r»] 41. Et disse a quella bestia : u Giunta è l'hora
Che ti convien padir il destrier mio.
Per mia man disposto ho non muo] ancora
Et testimonio in ciò me ne sia Dio.
Voglio che stenti nanzi che ti accora
Morte et che purghi il tuo peccato rio»
Che di gola fatto hai senza avertenza :
Digiunando farai la penitenza.
42. Voglio che sapii eh' io son confessore
Et nella conscienza amaestrato
Ch* in tal studii molti anni ho speso et bore,
Et so la pena dar qual è il peccato,
Et qualche volta ancor la do maggiore
Acid si purghi meglio il confessato.
Perchè il sangue ti agrada, il sangue bevi,
Ch'io ti do quel eh' in desiderio havevi. >•
43. Cadde il leone in terra senza branche
Ruggiando, e per il duolo e per la rabbia
Grida si forte che par Malebranche
Quinci venuto dalla Stigia sabbia ;
E quelle con lì denti lacera anche
Che par in bocca i piò del nimico habbia,
Et si dimena il dorso et capo et coda
Che giù in lo inferno fa che '1 romor s'oda.
44. A tal ruggito il re delii Circassi
Meglio che puote per li folti rami
Insieme con Torechie adrìzza i passi.
Spezzando inanzi gli intricati rami ;
Camina su per sterpi, bronchi et sassi,
Trahendo a man il destrier faor dei rami ;
Et, quando il* leon vidde il cavalliero.
Divenne in vista più superbo et fiero.
154 I DODICI GANTI
45. Pel oaminar a piò sotto tante armi
Et pel digiuno era Rinaldo afflitto.
Per molti giorni haver già letto panni
Ch' in quelle selve ei stesse al gran conflitto
Di queste et altre fiere, et ricordarmi
Non posso haver truovato in luogo scritto
Che mangiasse o bevesse, se non Tacque
Già dette dalle quai sdegno in lui nacque.
[F*66 ▼*] 46. Onde assiso era, quando il re Cyrcasso
Truovò il leon, per ripossarsi alquanto
Sotto un bel faggio et sopra un duro sasso.
Pensando al viver suo crudo aspro et tanto
Rio, tenendo il mento sovra el casso.
In voce a se dicea quasi di pianto :
« Rynaldo, morrai pel tuo peccato
Di fame in queste selve abandonato.
47. Tu sai pur che Gradasso irato viene
Per disfar Carlo et soggiogar la Francia,
Et la pazia ne' boschi sol ti tiene,
Nò mostri la virtù della tua lancia.
Ma vai patendo stratii, affanni et pene.
Non potendo satiar la vota pancia.
Partesti a piedi senza far pur motto
Al tuo re, cui tu dei sempre star sotto.
48. Deh, quante volte a Carlo hai tu fallito !
Et Carlo pur t' ha perdonato sempre,
Che se ti havesse del tuo error punito
Non le usaresti bora si ingrate tempre.
Deh, come sei, Rynaldo, al tutto uscito
Fuor di te stesso ! ch*ora si distrempre
In te l^ira di Dio è ben ragione.
Che di sua fé non sei più a diffensione.
49. Chi fia vettoria de Timperadore
Se tu lo fughi et fuggelo il nipote?
come in Francia esser dee gran romore,
come stracciaransi et chiome et gote.
Quando mancar vedrassi el gran favore
D'Orlando che ne Tarmi tanto puote,
Et di me ancor eh* insieme ambidua nui
Pluton traremmo fuor dei luoghi bui?
CANTO QUINTO US
50 De chi sarà diffesa della fede
Di Chrìsto e della Chiesa prottettore ?
Chi fia dello Romano impero herede ?
Chi trarà Francia dal crudel furore
Dil re Gradasso ? ove sarà la fede
Del vechio Garlomagno imperatore ?
Se con Orlando io fussi apresso a Carlo,
Potremmo fuor di gran fastidio trarlo.
51 . Inimicato son col mio cugino
Per seguitar una sfacciata putta,
Però se mi ha condotto il mio destino
Sol con le bestie haver continua lutta
Senza la gloria haver di palladino ;
In le selve mia forza mostro tutta,
Né satiar posso le mie voglie brame,
A tal che quivi morrò di fame.
[po 56 v] 52. Quanti garzon di stalla et caratieri,
Quanti guattari ancor sono in la corte
Che 'I pan buttano, et carne in su e' taglieri^
Avanza loro, et io propinquo a morte
Perir mi veggio in questi boschi fieri !
Che ben tristo è chi nasce a trista sorte
E tristo più degli altri è ben colui
Che perde se per ritruovar altrui. »
53. Mentre sta in tai pensier Rynaldo, arìva
El re Circasso a Tanimal ferito
Di cui la voce più crudel s*udiva,
Che come i' dissi si era insuperbito ;
E per la rabbia più spietata et viva
Hebbe coi denti il scudo al re ghermito.
Ma ei gli Io ritolle et poi con quello
Le ruppe il capo et le schiacciò il cervello.
54 . In pie rizzossi lo figliuol d*Amone
A quel romor, a quel gridar si forte,
Et toma a dietro et va verso il leone
Qual vede da quel re già posto a morte,
Onde torbato disse a quel campione :
e Per Dio, eh' assai felice è la tua sorte.
Tu non devi esser troppo usato in guerra
Poich* ucciso hai chi sta per morto in terra. »
156 I DODICI CANTI
55. Non hebbeil re la scasa pronta in fktto, .
Ma ben dì sdegno s 'a vampo nel viso.
Et dimostroBsi assai turbato in atto :
Pur sia che vuol jaee il leone ucciso.
Et doppe ch*hebbe ben pensato a un tratto
Rispose Sacripante : « S'io ho ucciso
La bestia che tu vedi, con cagione
L'uccisi, s' hai ben tu altra openione.
56. Pur se diffender vuoi la bestia morta
Contra ragione et contra ogni dovere,
Che la tua openion sia iniqua e torta
Son preparato in fatto a sostenere
Ovunchò vuoi, si che ti riconforta.
Ch'io ti farò il tuo grande error vedere.
Ma prendiamo del largo, aciò che meglio
Ognun di sua virtù dimostri el speglio. »
57. Rynaldo a lui : Un prato è qui davante
Atto a pedoni et atto a cavalliero
costà, hor vieni. » Et Sacripante
Preseli dietro il più corto sentiero :
Questi dietro l'andava et quello inante.
Al largo uscito il re, lega il destriero
A un albero ivi, et, imbracciato il scudo,
Contra Rynaldo va col brando ignudo.
[F«66 v^] 58. Hor chi vedesse il furibondo assalto
Che fa l'un contra l'altro ambo costoro,
Ben direbbe che '1 fulmine più d'alto
Cadendo non fu mai simile a loro.
Fa questi inanzi et fa quel dietro un salto,
Si ritrahe questi smorto come aloro,
Quel sotto se gli caccia tutto acceso
Di sdegno et di furror non mai più enteso.
59. È destro il re, destro anch' è il palladino ;
S'ardito è l'uno, l'altro è coraggioso ;
S'un fort' è armato, l'elmo di Mambrino
In testa porta l'altro ; et sta animoso
L'un scudo et Taltro, et ciascun brando è fino
Quanto esser deve a cavallier famoso.
Ma qual dei cavallier sia vincitore
Ti sarà noto altronde, almo lettore.
CANTO QUINTO 157
60. Ch' or mi rìeorda hayervi gii lasciata
Angelica fuggir dal re CyrcaBao,
Et presso ai Pyrenei si fu scontrata
Nel nano che n'andava di gran passo ;
Onde ambi lieti havendo trappassata
La montagna aspra, il corner era lasso
Pel gire a piedi et per esser digiuno,
Onde se assise stanco sotto un pruno;
61 . £t venne in tanta debolezza ch* ivi
Gli ochi versando cadde a capo chino
Su le propria ginochia ; i spirti privi
Havendo del vital humor vicino
Bra al morir. A chi gli ochi lascivi
Volgendo quella eh' aspetto ha divino,
Vidde il suo nano comutar la vita
Con morte, se non ha subito aita.
62. Et poichò '1 vede contrastar con morte,
Ratta del suo destrier la donna scende,
Non sbigotita ; ma d'animo forte
Una certa radice dlierba prende
Qual fra molte altre, eh' ivi haveva scorte,
Conobbe di virtù chiare et stupende,
Con qual, poiché scelta hebbe, al nano tocca
Il petto et polsi et poi le misse in bocca.
[po57ro] 63. fusse pur l'odor o la dui cozza
pur Tamarìtù della radice
la propria virtude da l'altezza
Del ciel infusa o che l'incantatrìce
Angelica il facesse per prudezza.
Se prudezza tal cosa dirsi lice.
Come da un picciol sonno risvegliato
Subito el nano si fu in pie levato :
64 . Et qual se stato mai non fusse stanco
Giva nanzi al destrier della regina
Verso Granata, e usci dal lato manco
Della strada alla donna con mina
Un giganton con una storta al fianco.
In vista acerbo sol per far rapina
Di lei, ma con Panello che fu di Gigi
Parti ak che noa vidde egli i vestigi.
158 I DODICI GANTI
65. Non vede lei el gigante et meno il nano
Ove ella habia ripreso il ano camino,
Et resta ognun di lor quasi ivi insano
Et amirato uno a Taltro vicino.
A quel grande pareva un caso strano
Vedersi presso un huom cosi piccino,
Et al nano pareva una paura
Presso vedersi si lunga statura.
66. La donna era sparita et costor stanno
Non altamente eh* un lupo e un agnello.
El nano pensa al suo futuro danno,
Fa dissegno il gigante sopra quello.
Al cavalcar veloce prende affanno
Colei eh* in bocca tien chiuso Fanello,
Et cavalcando gente armata scorge
Gh' in su un poggio lontan poco le sorge.
67. Tornar non vuol in dietro et gir inante
Suspetto la ritien, né sa che farsi.
Dubbia tornando del crudel gigante,
E andando a quelle genti di accostarsi
Teme, perchò si vede sola errante
In Taltrui terre, et li partiti scarsi
Di sua salute vede, perchò sorte
Le minaccia di stenti et non di morte.
[F* 67 vo] 68. Volendo il nano da paura tuorse,
Gon gli ochi mira ove salvar si possa,
Perchò lì stando ò di sua vita in forse,
Che giudica il el gigante haver gran possa.
La divina bontà, che pur soccorse
AUi semplici sempre, si fu mossa.
Che *1 gigante a un rumor poco lontano
Enteso corse abandonando il [nano].
69. Libero il nano dal suspetto piglia
Della regina sua seguendo Torme
11 sentier, et colei che già la briglia
Suspesa tien, per quelle armate torme,
Ma con lo anello in bocca, si consiglia
Scoprirsi a lui con le su* usate forme,
Et di bocca l'anel presto si toUe.
Lei vista il nan vien d*alegrezza folle.
CANTO QUINTO 15»
70. Delibera saper Angelica bora
Qual sia la gente eh* ella armata vede.
Et però manda il nano et eh' in brieve hora
Ritornando riporti ehiara fede
Di ehi le genti sono. 11 nano alhora
Si avaneia, quanto può menando il piede,
Et per la via si affronta a un cavalliero
Vestito a bianco et ha bianco il corsiero.
71 . Coi dice il nano : «0 sir, per cortesia,
Se notitia hai di quella gente d*arme,
Qual si vede occupar tanto di via,
Per Dio, non ti fia grave appalesarme
Et ciò che quivi faccia et di chi sia.
Et se sieur a lor potrò accostarme
Con una generosa damigella
Nata infelice al mondo ancorché bella. »
72. Bradamanie, che si era dipartita
Da quei di poco, a quel nano rispose :
a Se la fanciulla ha la guancia pulita
Et non si sente forze poderose
Al diffensarsi dalla turba ardita,
Più presto al mal eh' al ben andar non ose,
Ove ella può ricever più vergogna
Ch' honor, s'ella punto honor agogna.
[P»58po]73. Son quattro cento sotto Serpentino,
Eccetti quei che per mia man son morti.
Vuolse meco pruovarsi il poverino.
Et poi certi altri in l'armi mal accorti :
Abbatei lui, ma per lor mal destino
Molti hebbero da me tristi conforti,
Che vuolsero pruovar Tarmi lor meco ;
Po' hebher di gratia i' mi appagassi seco.
74. Sono Spagnuoli tutti, anzi Marrani,
Né adorano Macon né manco Ghristo.
Ovunch' arivar posson con le mani.
Non curan che sia buono o rio Faquisto.
Usan co ei porci et stanno ben co ei cani.
Qual credi esser miglior, quel è più tristo.
Soldati son del re Marsiglione
Che van robbando questa regione. »
160 I DODICI CANTI
75. Cui diise il naao : « air, per gentilezasa,
Deh non te incresca meco accompagnarti.
Perchè ti mostrarò tanta bellezza
Quanta possa altro al mondo unqua mostrarti.
So che se tu vedrai sua diva altezza.
Non potrai certamente lontanarti,
Che non la meni prima a salvamento
Fuor del drapel, che non fia il suo honor spento.
76 . Questa opra pia eonviense a cavalliero
Benigno qual sei tu, signor mìo caro,
Et 8*honor cerchi et di venir altiero
Per fama al mondo, un modo unico et raro
r ti darò, magnanimo guerriero.
Ma del tuo aiuto non mi esser avaro.
Suscitata è una guerra in pagania.
Che se vi vieni, tua la gloria fia.
77. Per quanto io veggio allefatezze, a ranni.
In tutte le tue imprese glorioso
Sarai per mio giuditio, perchè panni
Delle battaglie un Dio certo famoso.
Et però non te incresca seguitarmi.
Se veder brami il bel viso amoroso
Che detto i* t'ho, perchè intender potrai
Tal cosa ancor che forsi cara havrai. »
[F" 68¥"]78. « Deh, che più cara et che più dolce cosa
Esser mi puote, disse Brada mante,
Che cosa più soave et più gioiosa
Che di saver del mio signor amante ?
É cosa buona agli altri esser pietosa.
Quando pietà si truova o doppo o inante.
Ma chi a se truova usata crudeltade,
Deh, come agli altri puote usar pietade ?
79. Pur vuo' venir dove tu m' hai già detto,
Sol per parlar a tua diva padrona,
Che potria forai el mio parlarli effetto
'Oprar in me di qualche cosa buona.
Dopoi che visto havrò quel vago aspetto
Di tal date lodata a me persona.
Intender pore* ancor di quel eh* io vado
Cercando et che saper mi fuora a grado. »
CANTO QUINTO 161
80. Et cosi detto dietro al nano in via
Si paone la magnanima guerriera.
Non sa questa eh' Angelica già sia
Colei che '1 nano suo fa tanto altiera.
Vederla vuol non per quel che n* adia,
Ma perchè intender del suo Kuggier spera ;
Spera del suo Ruggier intender cosa
Come nel cor disia lieta et gioiosa.
81 . Quando Angelica vidde il nano et quello
Che li pareva un cavallier a fronte,
Fuor della bocca trassesi Fanello,
Perchè mirando agli ochi et alla fronte,
Farveli di veder Rynaldo il bello
Che si partì si ratto da quel fonte.
Quando ella era di lui cotanto accesa
Come havete rhystoria sopra intesa.
82. Et quasi che chiamarlo a nome volle
Et dir : «Rynaldo » et cominciò già a dir «Ry »..,
Ma ripensado in se oltra il dir tolle.
Non li parendo ben quel si pentì,
Et sta tutta confusa et come folle.
A rider cominciò dicendo : « Ah hy ! »
Con pensier se Rinaldo il guerrier fia,
Se le discuopra in qualche modo o via.
[F*59r«] 83. El nano alhor le disse : « Alma regina,
Questo un cavallier è franco et sicuro,
Ma quella gente giuoca di rapina
Nò huomo infra loro è che non sia fiit-o;
Soldati son Spagnoi dalla fucina
Inferna amaestra ti a Tempio et duro
Oprar, ma forsi col costui favore
Fuggir potremo il lor crudel terrore ».
84 . Stava Angelica attonita a mirare
La faccia di colei eh* huom si credeva,
Ch* a volta a volta il suo Rynaldo pare,
Rynaldo eh' ella amando in cor tetiev.i.
Pur alla voce odendola parlare
Che Rynaldo non era conosceva,
Ma cavallier che di lui tien sembiante
Giudicò et non che fusso Bradamante.
Il
162 I DODICI CANTI
85. Onde le disse : « Del re Gallafrone
Unica sono et molto amata figlia,
Et per me al mio paese una tenzone
Nata è che'l regno mio tutto scompiglia.
Se si truovasse al mondo hor un campione
Che ponesse al superbo ardir la briglia
Del re Agricane, lo mio padre degno
Le farebbe gran parte del suo regno.
86. Se tu campion volessi questa impresa,
Sopra di te sarebbe tua ventura. »
Stette alhor Bradamante un pò* suspesa,
Et poi rispose poi con mente sicura ;
« Se in questa aspra battaglia, eh* bora accesa
Mi dice, fusse per sorte o sciagura
Il mio Ruggier, i' vi verrei sperando
Dar al nimico tuo perpetuo bando ;
87. Bapdo di vita al tuo nimico altiero
Con lamia propria man dar crederei,
Per la presentia sol del mio Ruggiero,
Senza la qual più viver non vorrei ;
Ma se ei non vi è, d'un altro cavalliero
Hor ti procaccia, perch' i* non potrei
Vettoria darti senza il signor mio,
Che per lu' ogni altra cosa dono a oblio.
[F*59v«]88. Se mi fai certa che Ruggier vi sia,
Te impegno la mia fé di venir teco.
Che se egli v' è, che la vitoria mia.
Per certa opinione, ancor mi areco.
Sarà, che '1 ver ti dico et non bugia ;
Ma, se m*enganni, converrà che meco
Habii battaglia senza alcun perdono.
Che qual tu sei et io femina sono. »
89. « Saresti mai sirochia al bon Rynaldo ?
Saresti mai tu quella Bradamante
Che per Ruggier sol hai il petto si caldo,
Come r ho io per quel di chi io son amante? »
Rispose a lei col suo bel parlar saldo :
« La cugina sono io del sir d'Ànglante,
Suora a Rynaldo, che pel mio Ruggiero
Vo scorrendo di et notte ogni sentiero. »
CANTO QUINTO 1«3
90. L'alte acoglienze, i bei ragionamenti
Che si fanno tra lor le damigelle.
Li dolci cari et stretti abbracciamenti,
Le lagrime e i suspir vengon con elle,
Et si senton uscir si dolci accenti
D'ambe le bocche coralline et belle.
Una si duol del degno cavalliero
Rynaldo, et Taltra del gentil Ruggiero.
91 . Dice Angelica : « mia gentil sorella,
Hebbi Rinaldo tuo già tanto a sdegno
Che chi portata mi havesse novella
Del suo morir, dato gli havrei il mio regno ;
Ma un di vedendo sua persona bella,
Ay, lassa me! che U cor li diedi in pegno,
A una fonte ove lo trovai dormire
Et risvegliano sol per mio martire.
92 Perchè, svegliato, subito partito
Fu sul destrier, che fu del mio Argalia,
Né posso ritruovar dove sia gito
Né trarlo fuor della fantasia.
Se come Ganimede in ciel salito
Non è o vero in stella trasferito
Come Archade, dovrei trovato haverlo,
Et qual Vener Volcan stretto tenerlo.
[F®60 r®] 93. V veggio et so eh' ei m'odia et io non posso
Né vuo', e volendo odiarlo non potrei.
Un tempo fu che 'l cor di pietà scosso
Hebbi verso di luì nei pensier miei ;
Ma quando al fonte il vidi, il cor commosso
Hebbi et ho che vederlo ognhor vorrei,
con altrui di lui ragionar sempre
Per isfogar le mie amorose tempre.
94. Et quando i* viddi il tuo bel fronte altiero,
Mi desti di Rynaldo un bel sembiante,
Tal che volendo dirti il proprio vero,
Dolce sorella, cara Bradamante,
Havea formato il nome nel pensiero
Per dir Rynaldo mio dolce amante,
Ma a rhabito e al destrìér doppoi mi accorsi
Che pel desir in qualche error trascorsi.
164 I DODICI GANTI
95. Et cosi mi restai chiamar quel nome,
Quel nome dolce che nel mìo cor saldo
Sculpello me intagliò dopoi che dome
Pur le mie forze dal mio bel Rynaldo,
Et mozzai la parola, et non so come
Farlo potessi, havendo il petto caldo
Si per la tua presenza et si per quello
Oh* ho dentro el cor stampato tuo fratello.
96. Però ti prego, se ti calse mai
Del tu* Ruggier, del tuo gentil amante,
Gh* habii pietà di me, se puoi, se sai
Aiuto daroìi, o cara Bradamante,
Et dove sia colui che mi dà guai,
Quel eh* ha posto il mio core in fiamme tante,
Ensegnarmi per Dio non ti sia tedio,
Gh' a mia morte non truovo altro rimedio.
97. T*ha il ciel mandata qui per mia salute,
Dolce mia cara et unica sorella,
Aciò che mostri in me la tua virtute,
Gome a rinvio nochier la chiara stella
Ghe '1 mar governa, ove alle destitute
Mie forze, alla maligna et ria procelia
D*amor venuta, dammi quel* aita
Ghe neccessaria vedi alla mia vita.
[F« 60 ▼®]98. Tu sei sorella di quel empio et crudo
Ghe mi stratia, consuma e a tutte Thore,
Di quel eh* armato a me, che senza scudo
Et senza maglia son, distrugge il core ;
Se '1 tuo spirto gentil di pietà ignudo
Non è, non mi negar il tuo favore,
Ghe quando sarai giunta a Monte- Albano
Per parte mia dei basa[r]li la mano. ]d
99. Bradamante ad Angelica rispose :
u Mi meraviglio che Rinaldo mio
Ti faccia ha ver le guance rugiadose,
Gh' ei le donne non suol darsi ad oblio.
Ma suole per lor far di quelle cose
Ghe sonno in dispiacer al nostro Iddio,
Et ha la mente il misero si vana
Gh' a battezzata non guarda o a pagana.
CANTO QUINTO 165
100 . Di che n* è stato più volte ripreso,
Ma lo riprender nostro stima nulla.
Sempre si truova in alta fiamma acceso
Hora di questa, hor di quella fanciulla ;
Porsi di te si sente alquanto offeso
E strugerti et stratiarte si trastulla,
Ma pur se 'l truovi, falli buona cera
Che gratia ottien chi sofre amando et spera.
101 . Sapi che'l mio fratel non è villano,
Sapii che '1 mio fratel non è di sasso.
Se per sorte il truovass' io a Montalbano,
El farei qui venir più che di passo,
Ma credo certo eh' egli sia lontano.
Pur s' io il conduco al tuo amoroso passo,
Ma se tu truovi el mìo Ruggier per sorte,
Simil farai, perchè le son consorte.
102. Ei m'ha data la fede, io li ho promesso
Ch' altr* huom non mi posseda in vita o in morte.
Ardo per lui ; deh, se mi fìa concesso
Gioir di questo mio caro consorte.
Al sommo Giove chi sarà più presso
Di me ? deh, quanto lieta fia mia sorte !
Et, se per mezzo tuo Ruggier truovo io.
Tu gioirai per me del fratel mio.
fF®61 r°] 103. Cercato ho di Ruggier per Spagna tanti
Et tanti giorni ch'io son quasi stanca.
Li lamenti, i suspir, singhiozzi et pianti
Ch'ho fatti, dir noi posso, che mi manca
La lena et quasi i spirti tutti quanti.
Et in bataglie poderosa et franca
Mi son trovata armata qual mi vedi
Spesso a cavallo et spesse volte a piedi.
104. Et, dove ho visto genti d'arme, entrata
Vi sono per veder se Ruggier vi era,
Ruggier quella persona desiata,
Quella in chi forsi in vano il mio cor spera.
Tanto di lui mi sento, ai me ! infiammata.
Ch'io mi distruggo, come al fuoco cera.
Di un certo amor, d'un certo incendio altiero
Accesa vo cercando di Ruggiero.
166 I DODICI GANTI
105. Del mio Ruggier, del mio signor cercando
Vo in sassi, in sterpi, in valli amen[e], in colli;
Di lagrime bagnata et suspirando
Sempre mi truovo gli òchi humidi et molli,
Nò stingaer posso il fuoco lacrimando
Né col faogo asciucar li mal satolli
Ochi dal pianto, et cosi in acqua e in fuoco
Mi stillo et struggo ardendo a poco a poco.
106. Tu d*un christiano, io d'un pagano, ay lassa!
Siamoci inamorate et forsi in vano ;
Ma perch'ai cavalcar Thora trappassa,
Io me ne voglio andar a Montalbano.
Se tu veni[r] vi vuoi, adesso lassa
Che ritorni al tuo padre questo nano,
Che sfogaren tra nui li nostri ardori
Col parlar, non truovando i nostri amori. »
107. « Io non potrei restar, disse la dama
A Paltra, mai certo in tua compagnia.
Che de V horribil guerra la gran fama
Mi fa ratta tornar in pagania.
Tutto il mio regno sol mi aspetta et chiama
Ch' io a stinguer vada quella fiamma lia,
Et forsi ch'io potrebb[i] ancor per sorte
Truovarvi il mio Rynaldo e il tuo consorte.
[ F^6 1 v^] 108. Soglion questi homini coraggiosi andare
Dove si sente una famosa guerra,
Sol per la lor virtù chiara mostrare
In questa, in quella et in quella altra terra.
Però sforzata son a ritornare
Che l'uno et l'altro amor tanto m'afferra
Del padre, della patria et de l'amante
Ch'io soggiornar non posso, o Bradamante. »
109. u Vattene in pace, o vera mortai Dea,
Rispose Bradamante alla regina,
Et prestiti '1 favor suo Citherea,
Che ti sia una perpetua medicina
Rynaldo mio come a Didone Enea;
Ma ricordati ancor di me tapina,
Se per sorte ritruovi il mio Ruggiero,
A dirli quanto ei mi sia crudo et fero. »
CANTO QUINTO 167
110. Giunger poi bocca a bocca et palma a palma
Con qualche lagrimetta le donzelle,
Caricate ambe d'amorosa salma,
Qua runa et Taltra là partendosi elle.
Amor diguazza ne' lor petti in calma,
Ma 8i lamentan di lor fere 8tell[e],
Quésta pel suo Ruggier et per Rinaldo
Quella tenendo i[n] petto amor ben caldo.
111. A Montalban pur giunge Bradamante
Piena d'affanno et d'amoroso fuoco,
Cercando ognor novella del suo amante ;
Hora manda in uno, hor in un altro luoco.
Meglio che puote le sue fiamme tante
In se celando, ardeva a puoco a puoco.
Et dentro el suo Castel stette più giorni
A comportarsi gli amorosi scorni.
1 12. Pur ritruovò col tempo il suo Ruggiero
Et seco combattè con spada et lancia,
Che per Leone, che tenea l'impero
Di Grecia, alhor venuto era egli in Francia
A dimostrar quant' era in l'armi altiero ;
Poi stette di sua vita in la bilancia
Ruggier, mostrando l'alta gentilezza
A quel Leon di fede et la firmezza.
113. Ma Leon, ch'era saggio anco et virile.
Vista la ferma fé, la cortesia
Di quel Ruggier magnanimo et gentile,
Non vuol che Bradamante più sua fia,
Ma con perfetto amor, col cor humile,
Vuole a chi vinta T ha ch'ella si dia,
Et così Carlo il tutto mandò a effetto,
Come, signor, altrove havete letto.
[po62po] 114. Però non mi convien di Bradamante
Hora più dir eh' assai n^ è detto altronde,
Ma di questa regina di Levante
Vi seguirò, che con l'anel si asconde
Et vassi dietro al suo fidato fante,
Fra gli intricati rami et fra le fronde.
Passò fra quella gente ch'io diceva
Franca et sicura, et seco il nano haveva.
168 I DODICI GANTI
1 15. Andava Serpentin con li siio[ i ] errando
P6[r] le campagne, per castella et ville,
Di quel gran cavalliero dimandando.
Pur uno ne truovò che infra di mille
Le seppe apertamente dir eh' Orlando
Passate havea le perigliose stille
Di Zibeltarro, onde tornar dispone
Per altra via al re Marsilione.
1 16. Per altra via voleva ritomarse
Per ritruovare vitovaglia nuova
Ch' havean rubbato in quella et le paglie arse,
Onde pria vener per mostrar lor pruova,
Che non fur mai le man Spagnole scarse
A far disastro ch^ altrui poco giova ;
Et cosi ritornando riscontraro
Certi che del suo error li gastigaro.
1 17. Era un ladron gigante ivi in un bosco
Ch* havea seco ben venti mascalzoni.
Et per sorte arivato in tempo fosco
Serpentino ivi coi soi compagnoni
Vidde un ladron ch* haveva un echio losco
Cui disse il primo dei Spagnoi campioni :
M Signor, che azes ? haveos da comier ? »
Quel disse : « SI, se tu mi da' il cimier. »
118. Turbato Serpentin gli urtò il cavallo
Adosso et rumor fassi in un momento.
Corse il gigante in poco d'intervallo
Con gli altri suoi, et fassi un torniamento
Si strano eh' al Spagnoi parse far fallo^
Che non si partirà senza tormento
Dalla zuffa coi suoi, perchè el gigante
Questo et quel percotendo si fa inante.
[F« 62 T*^] 1 19. In rotta posti quei di Serpentino
Ne va chi qua chi là, chi si litira,
Chi spegne inanzi centra il Saracino,
Ma quel soi colpi smisurati tira
Con molta forza, et fa da palladino
La sua battaglia, et nullo in faccia mira ;
Ma con la scimittara squarta e ancide,
Et spesso pel traverso altrui divide.
CANTO QUINTO 169
120. Le gambe^ bracia, teste et le cervelle
Di quei Spagnol facevon l'aer nero.
Tutto di sangue imbratato di quella
Gente era quel gigante alpestro et fiero ,
Onde trasse per forza fuor di sella
Prendendo per un braccio un cavalliero,
Et lo gettò tanto alto che spavento
Diede a ciascun e a Serpentin tormento.
121 . Perchè cadendo in sul cimier li dette
La maggior botta ch'egli havesse mai,
Onde egli tramortito una bora stette
Cadendo del destrier con molti guai ;
Et ne uccise il gigante sette et sette
In men di tempo eh* io non vel narrai,
Con un di quei eh'' è mezo morto iu terra,
E cosi terminò tutta la guerra ;
122. Che per un piede il prese, et quel per mazza
Adoperava sopra gli altri vivi
Con tanta forza eh' una larga piazza
Si fece far da ognun eh' era giunto ivi.
Chi può fuggir la gigantesca razza.
Più non aspetta che '1 gigante il privi
Di vita, ma ricerca di salvarsi
Et dalle sue percosse discostarsi.
123. Stava stordito insien con Serpentino
Quel che cadendo gli die si gran botta,
Et risentiti poi del suo distino
Si dolgono. 11 gigante in la empia frotta
Fa guerra con quel morto e a capo chino
Più di cento ne uccìse in men d'un' botta,
Ma perch' egli era in più parti ferito
In piana terra cadde tramortito.
ff^63r"] 124. Li mascalzoni e rubator di strada
Uscivon fuor perispogliar e' morti,
Ch' avean già presa ei vivi la lor strada
Per far possendo più lieti diporti.
Restano i doi storditi in la contrada
Simili ai trapassati in vista et smorti,
Pur quando loro giunser quei ladroni
Le reser delloro opre i guidardoni.
170 I DODICI CANTI
125. Che rìsentìti con la spada in mano
Fecer risposta a chi volea rubbarli,
E tre di loro ne atterrò sul piano
Quel Serpentin eh' havea disposto farli
Tutti morir, ma lo lor capitano
Con alta voce cominciò a parlarli
Et dirli : « cavallier, faciamo pace
Poiché tu sei ne l'armi tanto audace. »
126, Serpentin ch'era di furor ripieno
Et per li morti et per li persi vivi,
Con quel furore che doppo il baleno
Ne vien il tuon, fra quei di mercè privi
Si scaglia a loro et sopra del terreno
Mandò fra quei molti altri semivivi,
Et fra molti altri quel gigante uccise
Ch'essendo in terra per mezzo il divise.
127 Poi per fossati et sterpi et bronchi et sassi
Errando Serpentin hebbe truovato
Il suo destrier, ch'andava a lento passo,
ToUendosi la fame in certo prato ;
Sopra mentovi et per incolti passi
Fra machia, siepe, serrame et steccato
Segui li suoi che stretti ivano insieme
Pel timor che '1 lor cor gravando preme.
128. Solo ri trovone cento cinquanta
Che gli a[l]tri tutti morti eran rimasi.
Al suo re torna et non con tutta quanta
La gente, et le narrò quegli aspri casi
Che gli eran corsi, et sol si loda et vanta
D'haver morto un gigante, e i soi disasi,
Et che quel cavai lier di ner vestito
Qual nebia inanzi al vento era sparito.
[F'63v<>] 129. Marsilio dei suoi morti si lamenta
Che per un sol n' habia perduti tanti.
Nel mar Orlando ogni baldanza ha spenta.
Sol lagrime ha negli echi et nel cor pianti.
Et, se su la balena ben s'aventa,
Non riporta però di quella i vanti ;
Ma quello che gli avenga intenderete
Se al sesto canto mio ritornarete.
CANTO SESTO
1 . Non è maggior error che servo farsi
Libero havendo ogn* buon fatto natura.
S'un augelletto vien constretto a starsi
In gabbia, quando può per via sicura,
Bench* adagio vi stia, cerca ritrarsi
Per ritruovar più libera ventura ;
Che 1 star suggetto altrui vien da viltade
Quando haver può da se la libertade.
2. Mentre era il conte Orlando in suo dimino
Et eh' egli fu patron del proprio core,
Non le convenne ir mai col capo chino
Né mai fu privo del suo usato honore.
Hor che si è fatto servo a un fanciulino
Ch'è ignudo et cieco, nominato Amore,
Nudo Orlando è d'honor, cieco del lume
Che drizza altrui di fama al sacro nume.
3. Per seguitar Angelica crudele
Egli è de r un ne l'altro error caduto.
Pria di Gorante perfido infidele
Stato è prigion ; nel mar hor è perduto.
Ove ha già fatto et fa tante querele.
Ne però al voto su* anco è pervenuto.
Non perverà che prima Dragontiha
Non le dia gran fastidio et Fallerina.
4. Di Morgana non dico imperò eh' egli
Terrà Angelica ignuda anco in le braccia,
Pria che ponga la mano entro a' capegli
Di quella che crìnuta tien la faccia.
Ma pria convien più volte si risvegli
Ch' ei giunga dov' ogn' hor giugner procaccia,
Ch' or sta su la balena che la fera
Acquatica ove saltò cosi detta era.
172 I DODICI CANTI
[F*64 p«] 5. Penso di mente ancor non vi sia uscito
Quando vi dissi che provò la spada
Con quella bestia il cavallier ardito.
Et perch' ei vede eh* in ciò indarno bada,
Altra onta farle prese per partito,
Aciò che la gran bestia non si vada
Et quinci et quindi per quel mar vantando
Ch* habia fatto tremar el cor d*Orlando.
6. Per ciò le saltò sopra tutto armato
Come si ritruovò il signor d'Anglante ;
Ma quando vidde el pesce smisurato,
Un scoglio il crede, et di dietro et davante
Quando che Thebbe ben considerato,
Vuolse al batel ritrarse, ma in quel stante
El palischermo con chi dentro vi era
Sano i[n]golò la paventosa fera.
7. Se '1 conte stesse di sua vita in forse,
Lasciolo giudicar a chiunche legge.
La bestia sopra Tacque il conte sorse
Sul duro dorso a Tonde senza legge,
Et poi ne l'alto mar procura porse
Dove Nettun pascea sua bianca gregge,
Et quando il re del mar el baron vede
Chi[u]nche elio sia li dica lo richiede.
8 . Stava Nettun sul dorso d'un delfino
Tenendo in man di ferro un gran tridente
Et in capo un diadema d*oro fino.
Mostrando deitade apertamente,
Cui Orlando risspose : « Palladino
Di Francia sono, al gran Carlo parente.
Che per schiochezza mia sono arivato
In questo mar crudel et dispietato.
9. Una pagana venne, et non è molto.
In Francia con Tinsegne di regina,
Ligìadra di costumi et bella in volto
Che in aspetto parea cosa divina.
Et mal per me ch'ero libero et sciolto
Né mai per pria d'Amor sentii la spina.
Anzi dirò pur Taspro et crudel strale
Ch' ella aventomi per mio acerbo male.
CANTO SESTO 173
?• 64 v*»] 10 Per trovar lei, ai me ! perso ho me stesso,
Me stesso ho perso in questo irato mare,
Né uscito a pena d*un periglio messo
Son mi ne raltro,onde poter scampare
Non mi veggio atto, se non mi è concesso
Da chi può Tacque a suo modo quetare.
Però se sei quei tu che quivi siedi,
Uscir di tal periglio hor mi concedi.
1 1 . Per quanto i* veggio a tue divine insegne.
De Tacque patron sei, del mar signore ;
iDonque per tue virtù eccellenti et degne
Degnati di mostrarmi il tuo favore ;
Fa d'ascoltarmi il modo non ti sdegni,
Come eh' io son tratto a tanto errore.
Ti prego per la testa di Medusa
Che già T amasti et non ne puoi far scusa.
12. Ha tanta forza Amor Taspro fanciullo
Che lega huomini et Dei come a lui piace :
Tu '1 sai, sai Giove et sai Pluton eh' a nullo
Perdona quel arcier cieco et audace,
Sanlo meco molti altri che trastullo
Seguendo lui non ritrovian di pace.
Pur support' io, che gioia è de' mortali
Sovente haver compagni alli suoi mali, o
13. Cheto si stava il re del mar attento
Né gli ochi pur movea non eh' altre membra.
Orlando, per sfogar il suo tormento,
Di Angelica per ordin gli ramembra
L' alta cagion del suo inamoramento
Et la beltà di lei tutta le assembra,
Anzi le pegne più con le parole
Ch' un pittor col pennel mostrar non suole ;
14. Dicendole eh' in Francia el cor le accese
La bella donna nella regia corte,
Et che partita quella il camin prese
Dietro a lei per le piagge et vie distorte,
Et eh' al fonte, ove l'amorose imprese
Restano in chi quel gusta tutte morte,
La ritruovò ; né disse la natura
Di quel, che noi sapea per sua sciagura.
174 1 DODICI CANTI
[F«> 65 r"] 15. Ma come sparve ben le disse a punto
Et come lei seguir vuolse in Levante,
Et come da Gorante sopragìunto
Fu mal tratato lo infelice amante,
Et dopo a V Affricano lito giunto
Restò gabbato da quel bel sembiante
Di quella donna dentro al palischermo
Et che né a lei nò al mar seppe haver schermo
16. Et come dalla bestia su qual era
Fu el palischermo san tutto inghiotito
Con quella donna dispietata et fera
Oh* havea condotto lui a mal partito,
Et il suo Brìglìador nella riviera
Del mar lasciato in lo arenoso lito.
Et quanto puote il conte a Nettun chiede
Che lo conduchi ov* el cavai suo siede.
17. Quando Nettuno intese il palladino,
« Non dubbiar, disse, se venuto sei
Guidato da tua sorte et tuo destinò
Nel mio regno in la forza delli Dei.
Sicuro mandare tti al tuo camino
Con onta et con oltragio di colei
Che t' ha impedita si leggiadra impresa,
Havendo tu d' amor l'anima accesa.
18. Mosso a pietà mi son per di eh' entesi
Dal centro giù del mar le tue querele,
Et questa via perla corta presi
Per liberarti da quella crudele
Che te in 'sto mar ha più et più altri offesi,
Et mandar procurai ti la fidele
Balena a ciò ti transportasse altronde
Che non perissi in queste mie salse onde. »
19. Ma perchè, Signor mio, mi torna a mente
Lasciato havervi Astolfo col compagno
Che dirizzato havea verso il Ponente
Gorante lo assassin brutto griffagno,
Havendo Febo le sue luci spente.
Tornò Astolfo al pallagio pien di lagno.
Era il pallagio alhor di lagno pieno
Che pria Astolfo trovò tanto sereno.
CANTO SESTO 175
[F«66v«]20. Era sereno il luogo della fata
Quando prima v'entrò quel primo duca.
Tornava hor lieto alla stanza incantata
Né truovavi donzella che '1 conduca
Come pria dentro, perchè rimutata
S'era quella famiglia, et par non luca
Più di baldanza il luogo, benché chiuda
Nisciun la stanza, et non vi è chi Tescluda.
21 . Et giunto il duca in su la porta un serpe
Di color bigio, giallo et nero truova.
Onde per tema dentro al cor si scerpe
Tanto il cor paura nuova.
Un altro ancor ne vede presso un sterpe
Fuor della porta et per far di se pruova
Volge la lancia a quel, onde Aleramo
Gridò ; « Non far, signor, che morti siamo.
22. Noi siamo morti, o cavallier, che sai
Se mal alcun facemo a quei serpenti ;
Questi son fate, i' non so se tu il sai,
Però non le donar maggior tormenti.
Basta che tormentate sono assai,
Né vuolse aggiunger stento a stenti :
Basta eh' un giorno intero il ciel le mute
In brutte serpi et fa lor lingue mute.
23. Hor stassi in quella forma ogn' una d'elle.
Come tu vedi, per un giorno intiero
Da Tuno a l'altro apparir delle stelle,
Qual di bigio color et qual di nero.
Queste son tutte vaghe damigelle.
Benché le veggi in tal volto straniero.
Si che non dubitar meco in la porta
Entrar, che ti farò per tutto scorta. »
24 . A tal parlar Astolfo si rincora
Et entra nel pallagio alto et superbo.
Mentre che quinci va, linci dimora.
Qua vede un, là uno altro aspetto acerbo
Di serpe più, né più si discolora.
Che più non teme il duca et fa riserbo
In se sicuro di riveder anco
L'orate chiome e il volto roscio et bianco.
176 I DODICI CANTI
[F« 66 r*] 25. Poich* entrati adagiato i destrìer hanno,
Con uno torcia in man di passo in passo
Per certe scale in una scala vanno
Guatando dietro a se con Tochio basso.
Et quivi et ivi veggon pur che stanno
Dentro li serpi immoti come sasso,
Et un s) brutto infra quegli altri vi era
Che non si vidde mai si sozza fera.
26. Guardando i cavallierì a questo mostro,
Parea vederli una corona in testa
Et non di rosa o di bianco ligostro
O d'altro fior o myrto o hedra contesta
Né d'oro o gemme eh' habian color d'ostro.
Ma ben di corna alla lor vista infesta,
E il ver pensare i cavallierì eh' ella
Sylvana fusse eh' era prìa si bella.
27 . Cogli ochi li acenava il mostro eh' egli
Si partissero d' indi ad altro lu[o]co.
Di Astolfo s'aricciavano i capegli
Et parea disvenisse a poco a poco.
Di ciò il compagno acorto animo dògli,
Et partitisi alhor col vivo fuoco
Che portava Aleramo, i sin entromo
In un veron d'ogni [ajdomezza adomo.
28. Le gemme, l'oro eti sottili entagli
Ch' in le parete veggion della stanza
Et su nel ciel li inumerì fermagli
Dan lume tal eh' ogni splendor avanza.
Dal lucido orìzonte par eh* entagli
Ivi sua luce Phebo per usanza,
Perch* il minor splendor eh' ivi si sceme
É il torchio spento dalle luci interne.
29. Ivi trovare una solenne mensa
Di bianchi panni et di bei vasi ornata
Con degni cibi : ognun di mangiar pensa
Di quei che ben la cena han meritata
Havendo fatta un' opra tanto immensa,
L' E[n]glese Astolpho in ha ver discacciata
Da quel paese la funesta lue
Più con r oper' altrui che con le sue .
CANTO SESTO 177
[po 66 ▼•] 30. Di candeUeri d' oro et di salette,
Di tondi et piatti lavorati a smalto,
D* oro le coppe et confettier' elette
Sono, et di seta i pani racamati
Che cuopron quelle vivande perfette ;
Soavi i vini al gusto et delicati.
Mangiono et bevon senza alcun suspetto,
Poi per possarsì van cercando un letto.
31 . Una camera ornata di puro oro
Et di gemme trovar di quadro bella
Quanto altra mai, et con sotil lavoro
Rilevate figure erano in quella.
Fra le quali una donna in verde aloro
Vedean mutarsi mentre che fugge ella
Dal biondo Febo, et uno al dolce metro
Le fiere e i pesci a se trahea col pietre.
32. Ne r altro quadro una fontana sorge
Con limpide onde di polito argento.
Sopra la qual un bel colle si scorge
Di querce, hedre e alori da un dolce vento
Mossi, et diletto ai riguardanti porge,
Che chi in quel mira par viva contento ;
Et vedeasi ivi d'huomo un cervo farsi
Che fu troppo oso al bel fonte acostarsi.
33. Nel terzo luogo fuor d*un lago uscire
Vedeva un serpente de ira acceso
Et centra un fanciuUin ratto venire
Ch' in quelle acque mirar stava suspeso ;
Di terra un altro serpe hebbe a salire,
Quel d'acqua, et Tud con Taltro essendo apreso
El fanciuletto ardito ambi gli uccide
A guisa del famoso antieo Alcide.
34. Parevan proprio le figure vive
Et muoversi del lago Tonde al Noto,
E i serpenti anellarsi in quelle rive.
Et il fanciul d'ogni paura vuoto
Con man pigliarli et con le forze dive.
Senza altro supplicar, senza far moto.
Ambi strozzarli a un tempo, indi et portarli
Seco e ad Augusto pronto apresentarli.
IZ
178 I DODICI CANTI
[P* 67 p«]35. Nello quarto era un gran guerrier armato
A r habito^al sembiante et al costume
DMnclito padre et degna matre nato ;
D* imortal gratia dal celeste nume,
D*alto valor et di virtude ornato ;
Che ben si scerne in lui Tantico lume
Della sua stirpe generosa in terra,
Degna del cielo et per pace et per guerra.
36. In campo azurro con le ghiande d*oro
Una alta quercia porta per insegna,
Che visto non fu mai più bel lavoro
N'opera più excellente nò più degna,
E a un gran leon poneva freno il soro
Tollendoli la preda eh' a lui prima
Havea tolto il leon di pregio et stima *.
37. Dal ciel scendendo un bel leon alato
Quel guerrier prender si vedea [et] portarlo
Per aria sovra el mar con un voi grato
Più che *1 suo Ganimede Giove, alzarlo
Fin alle stelle, et poi quindi firmato
Sopra gran moltitudine honorarlo,
Et, dove quel leon haveva il regno.
Darle il suo imperio in man qual di quel degno.
38. Stava Aleramo con quel torchio acceso
Et Astolfo a mirar quelle figure.
Et ciascun d'essi nel mirar si atteso
Gh* et egli altresì ancor parean sculture.
Fuggiva il sonno lor qual d'arco tesa
Fuggitiva saetta per le oscure
Tenebre di la notte, et mentre stanno
Quivi un rumor di fuor nato enteso hanno.
39. Ma perch' i' vi promisi in l'altro canto
Di quei campion eh' insieme hanno battaglia
Per il morto leon con sdegno tanto
Dirvi, et però cora' ognun si travaglia,
Quivi odìrete, et chi riporti il vanto
D'honor, et cui disio d' honor caglia,
Che un degno torniamento i' vi apparechio.
Se voi mi porgerete il grato orechio.
' Il manque un vers àcette octave, et la rime et le sens indi-
quent que c'est le siziòme.
CANTO SESTO 179
[po Q7 ^j 40 . Questi dui cavallier pochi pari hanno
Di forza, di virtù, d'esperienza
Ne Tarmi, et animosi e irati vanno
Per dimostrar ambi la sua eccellenza.
Colpi seuza misura altier si danno.
Ha Sacripante ai colpi aspri avertenza.
Che fa Rjnaldo fuor d*ogni misura :
Di quei treman le piaggi[e] et la pianura.
41 . Mena anco il forte re colpi tremendi,
Et sul scudo al nimico spesso il fuoco
Quasi che sfavillando par se accendi,
Né Tun nò Taltro mai sta fermo a un luoco.
Non fur mai visti colpi si stupendi.
Le spade in aria/an spietato giuoco,
Cadendo sopra coi spessi fendenti,
Et con dritti et roversi, ai sir valenti.
42. Stracco è Rynaldo pel digiuno et per lo
Peso de 1' armi et le diverse lutte
Gh' hebbe più di in la selva» et a vederlo
Stracco non par, tanto le membra tutte
Franche dimena a tempo et spera haver lo
Nimico o morto o preso, et poi ridutte
Al fine le battaglie di quel bosco
Prima che ceda il sol a V aer fosco.
43. Da l'altra parte il franco re si sente
Lasso per doppia lutta in uno instante:
Una è del corpo, l'altra è della mente.
La prima fu col rigido gigante,
L'altra con la regina d^ Oriente
Di chi gioir pensò essendone amante ;
Et havendola hor persa se ne duole
Più d'altro mai che amasse sotto el sole.
44. Con l'amorosa, acerba et cruda rabbia
Che suol il thor per la giovenca persa,
Sacripante si muove in su la sabbia,
Et hor questo et hor quel lato traversa
Con tal tempesta che ben par eh' egli habia
La lena grande nel furor immersa ;
Onde, fra gli altri colpi, un denne crudo
Al prò' Rjnaldo che li ruppe il scudo.
ISO I DODICI CANTI
[F*68ro] 45. Da \m lato il prese quasi con la punta
Et netto ne tagliò ben quatro dita,
Ma per disgratia il brando se le spunta,
Ch^ era la lama sotiletta et trita.
Quanto n*entrò nel scudo, se n'è giunta
Giù in piana terra, nò è però smarìta
La mente di quel sir, eh' a dirvi il vero
Non se n' accorse pel furor suo altiero.
46. Era d*aciai' coperto il scudo e il fende
Pur Sacripante, et gettane su l'herba
Un pezzo, e il paladin d'ira se accende
Et con tra il re mostr[a] la forza accerba
Con un gran colpo che sopra li stende
D'un fendente aspro, né si disacerba
Per questo Tira nò manca il furore
Qual troppo puote in un sdegnato core.
47. Colse di filo Thonorata spada
Con quel furor sopra il regal elmetto,
Con qual dal ciel par che saetta cada ;
Pur quel per sua boutade al colpo ha retto.
Tornava il sol per la sua usata strada
Oltrail Murocco al solito suo tetto,
Apparsero le stelle et l'aria nera
Divise lor dalla battaglia altiera.
48 . Havea dagli echi lor la notte tolto
Ogni veder, tanto era buio ; ond' uno
A l'altro disse : « Ognun di nui fia stolto
Tenuto, combattendo a l'aer bruno.
Non vedendo com' un sia a l'altro volto.
Dei nostri colpi l'aere digiuno
Non fia. » Et d'accordo un di essi da un lato,
L'altro da l'altro si tirò del prato.
49. Erano i cavallier di quella etade
Oentili et coragiosi oltra misura,
Tendendo sempre a semplice boutade ;
La virtù lor per tutto era sicura.
Eran costor di diverse contrade.
Diversi in legge, et ciascun s'asicura
Star al nimico suo puoco lontano,
Dico il Cyrcasso et quel di Montalbano.
CANTO SESTO ISl
[F° 68 v^] 50. Dorme ciascun di lor senza suspetto,
Levatisi li elmetti et quei famosi
Brandi, et fa loro la fresca herba il letto
Infra certi cespugli alquanto ombrosi;
Ma Sacripante eh' ha infiammato il petto
Non dorme come l'altro ; ch'ei si posi
Non lo consente Amor ; però si sviglia
Et del re Gallafron pensa alla figlia.
51 . Né si può imaginar che traditrice
Le sia havendo in se tanta bellezza
Colei eh' è del suo duol prima radice,
Et che nel core lo disama et sprezza,
Ma pel suo caso chiamasi infelice,
Et quel gigante senza gentilezza
Perfido al tutto, dispietato et fero
Appella suspirando il re guerriero.
52. Malagigi, che di Rynaldo ha cura.
Poiché da Astolfo vinto fu Gradasso,
Et eh' hebbe i cavallier di quella scura
Selva d'Ardenna sciolti a largo passo,
Dai spirti soi in la battaglia dura
Conobbe il suo cugino afflitto et lasso
Per fame et per strachezza, et di tal tedio
Procura trarlo con nuovo rimedio.
53. Sa il negromante che quel re pagano
Per Angelica il cor tutto ha di fuoco
Etquistion col sir di Monte-Albano,
Et quel esser per fame et lasso et fioco.
Tal che s'ei non provede al caso strano,
Se non muor il cugin, mancarà poco.
Però muta un delli angeli soi neri
D'Angelica nei bei sembianti altieri ;
54. Et così rimutato presentarsi
Con una accesa face a quel re il fece.
Che per cagion d'Angelica posarsi
Noi lascia Amor et men dormir li lece.
Comincia il mal demonio a lamentarsi
Centra del re facendo lunga prece.
Spesso chiamando lui per proprio nome.
Mostrandoli di duol gravose some.
18« I DODICI CANTI
[F* 69 r"] 55. Non più che fu vicino il demon rio
Che presa havea d*Àngelica la forma,
Cominciò con soave mormorio
A dir : « Par che quel re jacendo dorma,
Havendo al tutto me data ad oblio,
Et io seguendo, ai me ! la sua dolce orma,
Vadomi sempre consumando dietro
A chi ha il cor di diamante et non di vetro.
56. Deh Sacripante, che ti giova hor mai
De haver lasciata la tua patria e il regno
Per cercarme, poiché truovata m* hai,
Sola et lassarmi, o cor pien di disdegno ?
Qual gloria di mia morte, aime I haverai ?
Qual fama, qual honor da un altro ingegno ?
Ben ti potrò chiamar sempre crudele,
Acerbo, iniquo, ingrato et infidele . »
57. Rynaldo il cavallier dormiva forte
Che dalla pugna et dal camino a piede
Era si stanco che sembiava a morte
Per il dormir ; ma per quel parlar riede
11 re più acceso, che per mala sorte
Non dorme, anzi ode quel parlar che '1 fiede
Nel cor, però che nominar si sente
Infido dalla sua donna sovente ;
58. Anzi da quel dimon che lei somiglia
Al bel sembiante et alla afflitta voce ;
Qual quanto sa più fenger si assotiglia.
Di lamenti empie tutta quella foce
Chiamandose la sventurata figlia
Di Galafron et Sacripante atroce ;
Poi si apresenta con Taccesa face
Dove il re presso a Frontalatte jace.
59. Non fu si presto a lui quel dimon giunto
Ch'in piò si fu levato Sacripante,
Et visto il falso aspetto fu compunto,
Che seco andar promesso havea in Levante
A quella che le haveva il cor disgiunto.
Né seppe che si dir in quello instante.
Se non che rattamente il cavai prese
Et leggio et vergognoso su vi ascese.
CANTO SESTO 18S
[pò 69 v<»]60. Et perch' a pie la fenta donzella era
Salir la fece con prestezza in groppa.
La face tollea lor Toscura sera,
Onde quanto più puote il re gualoppa,
Et gionge nanzi giorno alla riviera
Ove era Brigliador, né parse zoppa
La bestia che portava l'uno et Taltro,
Di quel re dico et del dimonio scaltro.
61 . Prestava quel dimonio a Frontalatte
Per arte diabolica un andare
Che piani li parean fossati et fratte ;
Però si presto lo condusse al mare
U' fur de Alfegra le genti disfatte,
E in sassi, onde eran fatte, ritornare
Furon constrette et quelle navi in fronde,
Se vi ramenta ben, per le salse onde.
62. Quando Angelica in groppa haver si crede
Et che per riposar scavalcar vuole.
Rivolto a dietro Angelica non vede
Et meti ode le angeliche parole,
Onde di lieto tutto afflitto riede
Per doglia, et bastemiar comincia il sole
Et tutti i Dei del ciel con quei del mare
Et chi più fu cagion di farlo amare.
63. Poi contra la regina tutto ardente
Laghrimando quel re cominciò a dire :
« Ah donna ingrata, ah donna frodolente.
Donna che sei cagion del mio languire,
Sol per trovarti i' venni nel Ponente
A rischio mille volte di morire,
Et hor per te son stato sì leggiero
Che rotta ho la mia fede a un cavalliero ;
64. A un cavallier al più gentil del mondo
Et più valente che sia sotto Tarme,
Rotta ho la fede mia, non me ne ascondo.
Deh, come mai potrò più re chiamarme !
Cagion n'è stato il tuo volto giocondo
Et il saver tuo ben si lusingarme.
Deh, ai me 1 eh* io non pensai eh' in tua beltade
Regnasse mai cotanta crudeltade !
184 I DODICI GANTI
[F« 70 p*] 65. Dov'- ita sei, crudel, eh' io non ti veggio ?
Di tua partita più mi affligge il core
Lo esser mancato del mio honor, qual deggio
A quel gran cavailier d'alto valore.
Come viver potrò più nel mio seggio
Regal, essendo privo del mio honore ?
Però con questa spada i* mi vuo' torre
La vita che più di morte mi aborre. »
66. Cosi detto, scalvalca e il brando afferra
Quel re dolente per darsi la morte,
Del qual ponendo il degno pomo in terra
La penta rotta ritrovò per sorte.
Onde, per meglio, il suo pensier crudo erra.
Però Buspeso imaginando forte
Va come rotta sia la forte spada,
Onde qui il lasso finch* altro le accada.
67. Vi lasso Sacripante che Rynaldo
Sì risveglia bora et va di lui cercando ;
Ch' a la promessa sua non resti saldo
Tal cavailier si va forte amirando.
Pel prato sovra de V herboso spaldo
Pensoso truova la punta del brando,
Del brando che havea rotto quando il scudo
Di Rynaldo spezzò col colpo crudo.
68. Onde fra se lo sir di Montalbano
Dicea : « Torto non ha quel cavalliero,
Si s' ò partito, poiché 1 brando in mano
Non si ritrova combattendo intiero.
Ben potea far motto, che villano
Stato non le sarei, crudo o severo,
Ch' io stimo gentilezza et cortesia,
Perchò nimico sono a villania.
69. Pur vada in pace ancor chò me ne duolga,
Altro non posso ; onde i' vuo' procacciarmi
Come il digiuno hormai da me si sciolga,
Ch' io sento in questi boschi hoggi mancarmi
Nel petto il cor per fame et u' mi volga
Non so né ir nanzi né dietro tornarmi,
Ch' io non veggio sentier né camin trito
Dov* io prender mi possa alcun partito. »
CANTO SESTO IW
[Fo70v<^] 70. Et cosi detto un campanello entesO)
À cui drizzando con Torechio il piede
Verso d'onde udì il suono il camin prese,
Ch' indi a dua miglia un romitorio siede
De una valle. À quello il sir si estese,
Et quel trovato nella porta diede
Un calcio, et Theremita che dentro era
Dubioso di sua vita si dispera.
71 . Havea sonata a Talba il matutino
Lodando alhor del tutto el creatore,
Quando vi giunse lasso il paladino ;
Ma rheremita con tremante core
Dicea tr[a] se : a Quello è qualche assassino ;
Qualche gran rubaldon, quinci di fuore
Fia quel che pichia l'uscio tanto forte ;
Hoggi fia il di della mia cruda morte. »
72. Pichia et ripichia Rynaldo eh* ha fame.
Poi dice : » V getterò questo uscio in terra.
Frati brodaii, saccadi letame.
Che solo alle virtù facete guerra.
Devria[n] le Parche rompervi il stame,
Però che amor di Dio più non vi afferra
A vera religione, a divin culto,
A quai facete ognor spietato insulto.
73. Domenico, Francesco e Benedetto,
Bernardo, Egidio, Antonio, Hyllarione,
Fondator vostri, nel bel regno eletto
Sono et non vosco ; nullo più vi espone
Come esser de' vostro viver perfetto.
Però dati li havete a oblivione.
Né di essi alcun di voi più si ricorda.
Che più non vai coceollo o portar corda.
74. Se nasce heresia alcuna, da voi viene.
Se nasce error, se nascon tradimenti ;
Deir inferno mostrate altrui 1^ pene.
Predicando di quel li aspri tormenti.
Che si vuol digiunar, si vuol far bene ;
Formate solecismi et argumenti
Et fate lume altrui cóme il candele.
Nò per ciò charìtà vi tira in cielo,
186 I DODICI CANTI
[F» 71 r»] 75. Oh' in voi né charità né amor si vede,
Benché n* andiate sempre a collo torto
Et con li lenti passi, a pena il piede
Movendo, acompagnate il corpo morto.
Nemici di virtù, rubei di fede,
Guidate Talme spesso al Stigio porto. »
Cosi dicendo, per l' ira che '1 porta.
Col piò in terra gettò la chiusa porta.
76. Et entrato che fu nel romitoro,
Cerca et ricerca questa et quella stanza.
El monaco trovò col color d^oro
Che sotto il letto havea preso fidanza.
Pel piede il prese et trassel con martore
De una fenestra fuor con sua possanza,
Dentro d'un horticel che Theremita
Fatto havea per sestetto di sua vita.
77. Pur quel divin Motor senza del quale
D*albero fronde al vento non si muove,
Preservò Theremita d*ogni male.
clementia di Dio che gratia piove
Sopra ciascun eh' é inverso lui leale !
La fenestra alta è palmi trenta nove,
Né ricevette mal quel huom di Dio,
Benché alto fuss' il precipitio et rio.
78. Non si coruccia quello et men se adira,
Ma prega Dio per chi Toffende et stratia.
Rjnaldo ancor che fusse pieno d*ira,
Ode il santo huom che '1 sommoDio ringratia;
Tempra l'orgoglio, al monaco rimira,
Perdon le chiede et pregai che di gratia
Entro ritorni, perch' il parlar molle
Dal petto humano spesso Tira tolle.
79. El monaco ritorna et : « Cavalliero,
Le disse, se io fui tardo a dar riposta,
Non ti amirar, che a questo monistiero
Persona buona di rado si acosta.
Quaranta anni son stato dal primiero
DI ch'io ci veni per salvarmi aposta.
Che fu già una badia di prezzo et lode,
Ma poi ricetto de huomini pien di frode.
CANTO SESTO 187
[P»71 v«] 80. Li ladri che nel tempo del re Arturo
Si ritrovaro in queste aspre campagne,
Facendo del magnanimo et sicuro,
Li frati occiser tutti con magagne
Et perchè l'era alhor forte di muro
Vi abitar dentro persone grifFagne.
Della casa di Dio fecero un speco
Di ladri col Latin rubando il Greco,
81. El Turco, il Moro, l'Arabo, il Caldeo.
Non mai sicuri vi passò in quei tempi
Tartaro, Egitio, l'Indo o il Nabatleo,
Sol per il puzzo dei passati esempi ;
Fuggiva questo luogo col Giudeo
Il battezzato per fuggir li scempi ;
Et io altersì, Signor, s'io non rispusi,
Appo la tua mercè il timor mi escusi. »
82. « Padre, disse Rynaldo, el non è huoppo
Di rethorica o far di ciò più scusa ;
Io mi muoio di fame, et però dopo
Ch' havete ogni paura da voi schiusa.
Datemi un può' di quel che manggia il tuopo
Che quivi haverne l'habito v' accusa.
r vuo' manggìar et ber, poi caminare,
Che mi convien lungo viaggio fare.
83. Io son miglior Christian che voi non sete,
Che per la fede sol combatto al mondo,
E fo con l'opre quel che voi credete.
S'io non acqua, bevomi il vin mondo.
Datemi lietamente quel eh' avete,
Che d'ogni peccato hor vi assolvo et mondo.
Se claretto non ci è, datemi il Corso,
Che l'uno et l'altro volontier mi sorso. »
84. El frate con benigna et lieta fronte
Le die del cibo che per se teneva,
E una acqua fresca de una chiara fonte
Ch'altro liquore... egli non beveva.
Rynaldo adimandò se quindi il conte
Per sorte capitar veduto haveva.
Mai non haverlo visto l'heremita
Rispose in tutto il tempo di sua vita.
188 I DODICI CANTI
[F* 72 1*] 85. Poiché pasciuto fu il figliuol d'Amone,
Del suo viaggio domandò la via.
Il santo vechio in su la strada il pone,
Andando seco un pezzo in compagnia ;
Et viddero ivi presso il bel ronzone
Pascersi che già fu de l'Argalia,
Poi di Rynaldo, che lo perse quando
Prigione fu con Feragù et Orlando.
86. Ringratiò Dio il palladin cortese
Del truovato destrier, e il monaco anco
Del cibo, et della strada il camin prese,
E fu salito Tuno et l'altro fianco
Stringendo. In brieve ne l'Hyspan paese
Giulivo giunse il cavalliero franco ;
Ma lascianlo ir, perchè mi chiama il conte
Oh* r lo tragghi del mare et meni al monte,
87. Al monte dove il suo bon Brigliadoro
S*era tirato per scacciar la fame,
Truovatovi un herboso tenitore,
Dove pascendo le sue voglie brame
D'herbe et dolci acque satiate foro.
Oh* erano pria [in] litto state grame.
Del qual cura havean presa certe njmphe
Dei monti herbosi et delle chiare Ijmphe.
88. Le Driade eh* havean quel bel destriero
Quindi trovato preser di lui cura,
Che sapean bene eh' ivi il cavalliero
Padron di quello ancor per sua ventura
Doveva capitar per quel sentiero,
Che sua fortuna di mostrarli cura ;
Però nudrivan quel cavali' adorno
Come si richiedea di notte et giorno.
89* Nettun eh' havea promesso al palladino
Condurlo in terra et darle ancor vettoria
Gontra la strega, sopra del delfino
In groppa se lo pose ove la gloria
Di quel regno era, et, postosi in camino
Verso il litto Affrican di chi memoria
H aveva il conte, il pose in su la barena.
Tornando ov' ha lasciata la balena.
CANTO SESTO 189
[F072 vo]90. Alla balena torna che ingollato
S* ha il palischermo et quella strega ancora.
Et subito che quella ha ritrovato
Al litto la mandò senza dimora
Ov' Orlando è, ma quasi disperato
Che non truova il destrier ; et del mar fuora
Sopra rharena fu la strega posta
Da quel gran pesce in TAffricana costa.
91. El conte, che pel lito iva cercando
Di Brigliadoro, riscontrosse in quella,
Quella eh' odiava tanto il conte Orlando
Et pria have' amata, afflitta et mischinella,
Con le laghrime agli ochi suspirando,
Come fortuna a lei fatta è ribella,
Ch* essend' hora del mar scaciata et priva
Del suo Medor, non vuol esser più viva.
92. L'havea Nettun scacciata del suo regno
Et toltoli il poter del sacro libbre,
Perchè arivando ivi un sublim[e] ingegno
Fin alla foce del famoso Tybbro,
Scorrendo in grande overo in picciol legno,
Et tal hor sovra un mal composto cribbro
Rubba[va] al mar et dove Medoro era
Il conduceva o da mattino o sera.
93. Hor vedendo ella il conte abbassò i lumi
In terra lagromosi pel timore,
Ch'ora hanne, ma non lassa i rei costumi,
Benché dei peli lassi il prio colore
La volpe. Orlando inverso i sacri numi
Le mani con la mente indriza e il core
Regratiandoli, poich' a ritrovata
Colei che stata gli è tanto spietata.
94. La piglia et per la gola ben la lega
Con la centura del brando affilato,
Dopoi le dice : « scelerata strega.
Che mi gabbasti dentro el [mar] turbato,
Se 'l tuo animo rio non si piega
A rendermi hora il mio cavai pregiato,
Ricordarotti i torti che nel mare
M' hai fatti e i miei suspiri e il lagrimare.
190 I DODICI CANTI
[F*73 1^]95. Dentro el mar di Scicilia Enea mai tanto
Non fu dolente quando Palinuro
Suo perse, come i' fui con grave pianto
Constretto a suspirar mio caso duro,
Quando mi vidi nel pericol quanto
Tu mi ponesti, né mai fui sicuro
Della mia vita fin eh* io non truovai
11 re del mar che mi cavò di guai. »
96. Alfegra s'ingenochia, priega et piange,
Scusasi et del cavai nulla saperne
Dice, et col suo spietato pianto frange
I duri sassi, che '1 conte discerne
Irato tanto, onde gran dolor Tange,
Che da sue man uscirne unqua posseme
Non spera, se non truova il bon destriero,
Onde a quel pianto corse un cavalliero ;
97. Che, quando quella per la gola tra[r]se
Vidde dal conte, fece un si gran strido
Che dal suo bel Medor potea ascoltarse,
Non che da quei eh' eron vicini al lido ;
Però si presto il cavallier vi apparse
Che vi fu tratto dal spietato grido,
Et Vel spinse d'Angelica l'amore
Ch' esser lei quella si pensò nel core.
98. Sacripante era il cavallier che giunse,
Ch' iva cercando il demon trasformato
In quella donna che '1 petto gli emunse.
Da Malagigi a lui così mandato.
Nova pietà d'Alfegra il cor le punse
Vedendola condotta a si mal stato,
Et subito si pose in fantasia
Prestar soccorso a quella donna ria.
99. Ma prima vuoile, con parlar humile
Che l'ira spezza, il palladin provare ;
Onde al conte n* andò quel re gentile
Et gratamente cominciò a parlare
Dicendo : « cavallier, è cosa vile
Volersi un buon di donna vendicare ;
Però perdona a lei bench' errato habbia,
Ohe'l vendicar del saggio è senza rabbia. »
CANTO SKSTO 191
[F^73v^3 100. Era pel sdegno del perso destriero
Tanto turbato nella mente il conte
Che non entese il dir dei cavalliero.
Né le rispose ; intento a render Tonte
A quella strega havea tutto il pensiero
Ch' a Sacripante non rivolse il fronte,
Ma alla strega dicea « Mi renderai
Il mio destrier o per mia man morrai. »
101 . Non può però morir la mala strega
Per man del conte no, benché punita
Ella sia del suo error : piangendo prega
Quel re cortese che le porga aita ;
E alia voce di quella il re si piega
Ch' havea l'alma gentil d'amor ferita,
Et volto al conte disse ai cavalliero :
u Esser non vuoisi a femina s i altiero.
102. Per amor mio vorrei ti contentassi
Or mai lassarla et non darli la morte.
S' io vedessi eh' honor tu n'acquistassi
Di condurre ima donna a .^ ria sorte.
Non credere, per Dio, eh' io tei vietassi.
Imperò non ti paia duro et forte
Alia richiesta mia lassar costei,
Che tanta crudeltà dispiace ai Dei.
103. Orlando eh' è non men del re cortese
Et di cor generoso, poich' udito
Hebbe quel re che di viltà il riprese,
Honestamente si fu risentito
De r honor che perdeva in vili imprese.
Et quasi di tal fallo il cor pentito
A quel re disse : u Per chi faccia questo
A più bel agio ti fia manifesto.
104. Pur per far cosa grata a te, che sei
Discreto cavallier per quanto i' veggio.
Se per tua donna brami haver costei.
La ti darò ma fia forsi il tuo peggio,
Con patto primo che però da lei
lo resti sodisfatto, come io deggio.
Del mio destrier, perch' ella me n' ha privo
Havendomi essa con fortuna a schivo.
l^f I DODICI CANTI
[F*74r«] 105. La più ribalda et scelerata maga
Non hebbe unquanco l'uno et l'altro cljma,
Stratiar liu[o]mini, degni è sempre vaga
Nuovi modi cercando come oprima
Mai sempre altrui, né mai l'animo appaga
Per gentilezza o cortesia, che prima
La neghitosa strega non si satii
Di veder altri sotto a mille stratii.
106. Affrica mai non hebbe una tal hyena
Che miglio simulasse humana voce
Per dar a concurrenti accerba pena,
Ma della hyena è questa assai più atroce,
Degna d'ogni suppiitio, ogni catena
Per domar lei, d'ogni animai feroce
Ferocissima, cruda et dispietata,
Sol per stratiar altrui nel mondo nata. »
107. Era si accomodato di parole
Et di fatti anco il buon re Sacripante,
Quanto altro nato sotto il chiaro sole
Da queste parti a quelle di Levante ;
Però col conte fa che più non vuole
Da Alfegra riconoscer lo afferante.
Ma li perdona et al re la concede
Col cor gentil, con sua solita fede.
108. Al magnanimo conte persuade
Quel re discreto che '1 cavai si cerchi.
Et cosi van vedendo in le contrade
La barena u' del cavai col pie si merchi.
Vede il conte apparir in quelle strade,
Non guari indi lontan, con certi cerchi
In capo d'hedra a guisa di corone.
Venir da un poggio a lor certe persone.
109. Quali et chi questi sieno in altro lu[o]co
Vi fia, signor mìo car, chiaro et aperto
Ch' ad Astolpho tornar bisogna un puoco,
Che sta col intele tto et ingegno erto
A mirar le figure, e un breve gioco
Già in quel luogo lo mosse per un certo
Rumor ,
(1) Lacune au ms.
CANTO SESTO 193
[Fo74t«] 1 10. Porta Astolfo la lancia in chi ha più fede
Ch* in alcun arme sue, et fuor uscito
Un rozzo vili ancien et bestiai vede
Ch' aveva in mano un gran baston g[h]ermito,
Con qual sopra una delle serpi fiede
Per darle morte, et quella a mal partito
Vedendosi condotta fé il rumore
Che trasse i cavallier quinci di fuore.
111. Sdegnasi il palladin ferrir colui
Con Tarmi, onde erta subito in la porta
Et tuoi la stanga, et poi contra colui
Fuor esce irato, che 1 furor lo porta.
Menando ad ambe man con rabia a cui
Donar la morte a un colpo si conforta ;
Ma il villan si ritira et di man sdruccia
La stanga al duca del che si corruccia.
112. Et a colui che tien là torcia in mano,
Tra capo et spalle, un gran colpo disserra
Col suo bastone il perfido villano
Con tanta forza che lo gitta in tesra.
Scaglia Aleramo il torchio a quel pagano
Nel suo cadere et nel viso Tafferra,
Nò si cura il villan perchè ò robusto
Ch*in pie si tien per forza il rozzo fusto.
113. Parve ad Astolfo troppa scortesia
A quel tempo ancor di colui ferrire.
Ma ben le disse : « pover huom, va via,
Se tu non brami per mie man morire ;
Havendo di posar tu fantasia
Entra et potrai per fine al di dormire,
Et, se posarti quivi al fin non vuoi,
Vaten per la tua via pei fatti tubi. »
114. Crese il villan che Astolpho alhor temesse
Della sua forza, onde ardito rispose :
« Eh ! chi tua codardia non conoscesse
Che per viltà mi proferi tue cose ?
Deh I queste serpi chi mai le tenesse
Se non tu per viltà le vellenose.
Perchè modo non hai da far diffesa
Se non tien queste serpi per impresa ?
18
194 I DODICI CANTI
[F' 75 v] 1 15. veramente tu sei ciurmatore
Di quei eh' in panca salgono tal botta ;
Però a serpenti fai cotanto honore
Che tu ne tieni teco si gran frotta.
Ma con mia istessa man trarotti il core
Et quel darò mangiare ad una botta,
a queste serpi, over le occidrò teco
Poiché '1 compagno tuo m'ha mezzo cieco. »
116. Quando eh' Astolfo il borioso duca
Se da un villan nomar ciurmator ode,
Quasi di rabbia dentro si manduca
Et macina nel cor che '1 sdegno il rode.
Persuade al villan fin che '1 sol luca
Aspetti, che '1 buio è padre di frode ;
Ma quel ricusa, ond io, signor, mi poso
Perch' ò ogni lungo canto al fin noioso.
CANTO SETTIMO
1 . Non fa Natura ogni cosa perfetta,
0, se la fa, non la mantien doppoi.
Spesso una pianta fa fra Taltr' eletta
Per la bontà dei cari frutti suoi ;
Suscita Taltra infra li pruni abietta,
Dalli plebei sprezzata et dalli heroi ;
Ond' ella partial ènne appellata
Et imbecille spesso riputata.
2. Cosi del corpo human, così de Talma
Ha dimostrato haver diversa cura,
Oh* a rintelletto ugual non dà la salma
À questo come a quel questa Natura,
Ma variando vuol portar la palma
Oh' orna d'honore questa creatura,
Di disnor Tal tra nota in modo tale
Ch' un huomo a Taltro non si truova uguale.
3. H aveva a quel villan data fortezza
Senza la discrition, senza il rispetto,
Senza il discorso, senza gentilezza,
Tal qual se privo fusse d'intelletto.
Però il detto del duca non apprezza
Che li parlava pure a buono effetto ;
Et, quanto men si mostra il duca accerbo.
Tanto più fassi quel villan superbo.
4. El villan più superbo centra Astolfo
Mostrasi et crede quel per viltà parli,
Onde nel viso come acceso zolfo
Col baston mena al duca et crede darli
In testa ; ond' egli entrato in Tampio golfo
De Tira acceso, che mal giuoco parli
Quel del vilan, con impeto insolente
El brando afferra et strenge mano et dente.
196 I DODICI CANTI
5. Con quel furore che* 1 cignal ferito
S 'a venta al cacciator, si schiude il sire
Al perfido villano insuperbito
Per farle giù depor, se può, l'ardire ;
l^a il villan, eh* è non men di forte ardito,
Non si lasciò dal bon duca ferrire,
Anzi col baston fé schermo di sorte
Che fu per dar a quel baron la morte.
[po 76 pò] 6 La morte fu per darli, che li giunse
Sopra una spalla col baston suo duro,
Et tanta accerba doglia il cor le punse
Che non si tien di vita esser sicuro,
Ma cadde per il duol et le compunse
Il petto il gran timor, et, se l'oscuro
Deir atra notte in quel punto non era.
Quella era al duca l'ultima sua sera.
7. S*havea già tratto il cavallier dal collo
Con Telmo il bel monile di Sjlvana,
Però non hebbe il rustico quel crollo
Ch' haver devea da sua spada sovrana.
Ma l'altro che parea tutto satollo
Di guerra et che Jaceva in terra piana,
In quel che cadde Astolfo su risorge
Et contra il rozzo il brando ignudo porge.
8. Diede al villan vibrando d'una punta
Che in mezzo il petto passò per ventura
La spada al duro casso essendo giunta.
Come vnolse per sua sorte o sciagura.
CacioUo in terra et fu l'alma digiunta
Dal corpo per trovar parte più scura,
Et fur le fate liberate a un tratto
Et del suo folle ardir purgato il matto.
9. Rizzossi Astolfo et nel pallazzo insieme
Entraro ambo lassando il corpo spento,
Che seminando havendo il tristo seme
Lo ri colse peggior con suo tormento.
Nissuno sopra il morto corpo geme,
Ch' Astolfo lieto, Aleramo contento
Vanno a posarvi in un bel letto in fine
Ch* Apollo al mondo mostri il suo bel cline.
CANTO SETTIMO 1«7
10. Lasciamoli doimir che a luoco et tempo
Li svegliaremo ancor con suoni et canti,
Et truoviamo Rinaldo perchè tempo
Mi par eh' un poco ormai di lui vi canti.
Lassailo in Spagna, non è ancor gran tempo,
Già tratto fuor del numer delli amanti ;
Che prima seguitava per amore
Angelica, hor la siegue per furore.
[F<>76 v^Jll. Vi dissi già, signor, s' havete a mente.
Quando quel nano che venne d*Albracca,
Poi d'arcion cadde, ritruovò il possente
Figliuol d'Amon che con la mente fiacca
In la selva cercava del valente
Corsier che in sul gel corre et non Tamacca.
Le racontò la guerra et la cagione
Ch' Agrìcan mosse centra Gallafrone.
12. Però in queir hora si dispuose il sire
Andarvi et in favor del re Agricane
Oprando tanto o vincere o morire,
Cosi la sera come la dimane,
Pure che tolga a Gallafron Tardi re ,
A Gallafrone il dispietato cane
Che TArgalia havea mandato in Francia
Per soggiogarla con la falsa lancia.
13. La lancia fabrìcata per incanto.
Oh* ognun che tocca dal destrier scavalca,
Qual hora Astolfo si ritruova a canto
Et apre ovunche ariva ogni gran calca.
Rynaldo ritardò in Ardenna tanto
Quanto sopra vi dissi ; hora cavalca
Pel paese di Spagna, e in Barbaria
Di andar dimanda la più corta via.
14. Non vuoile soggiornar troppo il campione
Dubiando col tardar non esser lento ;
Pur un di cavalcando d'un burrone
Ode uscir voce piena di tormento,
Ritira il freno e ad ascoltar si puone.
Et sente fare un feminil lamento :
Se indrizza cheto alle dolenti note
Et truova un eh' una f emina percuote.
taa I DODICI GANTI
25. Poiché *1 bisbiglio fu di Malagigì
Che inamorato quella oprìmer volle,
Non havendo elio Dio nò san Dionigi
Dinanzi agli ochi, lo insensato et folle,
Fra li quatro giganti i gran letigi
Feraguto acquetò, che fé satolle
Di tre miir aquile, onde costui solo
Campò che come morto cadde al suolo.
[F®78r^] 26. Doppo si trasse al regno di Granata
Facendo lo assassino e il rubbatore ;
Non volea pace l'alma dispietata
Con passagiero o con habitatore.
Erane la città spesso turbata.
Quando ei v* entrava ; et, s'usciva di fuore
populare o cittadino o vero
Baron, di lui restava prigioniero.
27. Però pensando far del palladino
Quello che di molti altri fatto haveva,
Calava sopra Telmo di Mambrino
La scimitarra che in la man teneva.
Rinaldo accorto quel cor pellegrino
Che sol commetter qualch' error temeva.
Scansò quel colpo col saltar da lato
Et dèlie una altra punta nel costato.
28. Passò Frusberta a quel dal lato manco
Al destro con sì crudo et gran dolore
Che, nò su Tuno né su l'altro fianco
Reggersi più possendo il rubbatore,
Ingenochiossi d'una gamba, stanco
Già divenuto con molto terrore ;
Et rincorata la donzella al tronco
Aspetta di vederle il capo tronco.
29. Poi diceva fra se : ** Deh, se costui
Per sorte fusse quel che Riciardetto
Liberò già dal fuoco, o quanto a lui
Obligo havrei se da 'sto malladetto
Me liberasse ! Che una mano a dui
Amanti porgeria gaudio perfetto,
Liberato havendo un dalla ria fiamma
Et l'altra dal dolor che sì m'infiamma.
CANTO SETTIMO «01
30. Ma non mi par costui Ruggier per certo
Ch* altre eran Tarmi sue, altro il cavallo ;
Pur sia chi -vuol, che cavallier esperto
Ne Farmi il credo ; et so punto, io non fallo,
Se mi trae questi del mio stato incerto
Rendendomi a colui senza intervallo
Che mi sposò, ben potrò lieta starmi
Et dir che questi sia primo huomo in Tarmi. »
[P»78v^] 31 . Et come haveva pria pregato molto
Ella il guerrier che andasse alla sua via,
Hora il rìpriega con ardito volto
Che seguiti la pugna accerba et ria,
Fin che habia a quel ladron il viver tolto,
Et lei del bosco traghi in cortesia.
A cui Rjnaldo : « Della tua preposta.
Disse, fia Topra mia piena risposta. »
32. Non attendeva il negro più a ferire.
Ma procurava sol di qualche schermo.
Rjnaldo centra^ quel pieno d'ardire,
Benché mal volontier centra un infermo
Combatte, offende spinto dal disio
Della dolce vittoria, a quel che fermo
Sta in pertinacia, su la coscia fiede
Tal eh* al gigante sol rimane un piede.
33. La coscia a un colpo ancise il bon campione,
Onde la dama assai si meraviglia.
Non sapeva ella che *1 figliuol d*Amone
Sol è costui che con tal forza piglia
La diffesa di lei senza cagione
Haveme ; ma pur tutta si scompiglia
In se sol d*allegrezza, ancor legata,
Per la vettoria da lei non sperata.
34. Su Therba rovesciato il vasto Moro
Richiede il cavallier pur di battaglia.
Correva il sangue per quel tenitore
Et col menar la storta si travaglia,
Ma Rjnaldo ch'havrìa nel santo choro
Voluto puor quella alma : « Se ti caglia
Di mercè, disse, ascolta il parlar mio.
Non vuoler esser più dispetto a Dio.
208 I DODICI CANTI
35. Quel sommo plasmator della natura
É si clemente et è benigno tanto
Chiusa misericordia oUra misura
Et riceve ciascun nel regno santo,
Purché senta nel cor quella puntura
Che fa tornare in dolce riso il pianto.
Rendendo l'alma a lui per sempre unita,
Poiché fia sciolta dalla mortai vita.
36. Et per ricomperar nostro peccato
Che era infinito et possa ognun salvarsi,
Mandò il figliuol dal suo regno beato
(Che tutti gli altri modi erano scarsi)
In una virginella, et di lei nato
Senza peccato vuolse a morte darsi :
Ucidendo la nostra orrida morte,
Del ciel morendo aperse a nui le porte.
[F*79 r*]37. Ma, prima eh* ei morisse, da Giovanni
Vuolse esser battezzzato nel Giordano
In la perfetta ettà già di trenta anni,
Et sopra se le aperse el ciel sovrano.
Che *1 padre eterno dalli eterni scanni
Mandò il Spirito Santo et non in vano,
Perchè sacrò il battesmo in modo tale
Che chi il prende di cor nel cielo sale.
38. Se tu v[u]oi donque creder, com' io dico.
Al Padre, al Figlio, a lo Spirito Santo,
Sarai del tuo f attor perfetto amico
Et gioveratti hor il morir cotanto
Quanto il viver ti nocque et fé nimico
Al re del ciel. Se tu pensi ben quanto
Offeso r hai et se ne prendi duolo.
Gioirai lieto nel celeste stuolo.
39. Et perchè acqua qui sorger non si vede,
Il tuo battesmo fia il tuo proprio sangue,
Perch' a firmar il cor basta la fede,
Che Jesu Chris to in croce fatto exangue
Col sangue Tacqua dal costato diede.
Quel che per nostro amor sul legno langue
Solo per trame dal Tartareo tedio
Per Tacqua et fuoco et sangue dà in rimedio. »
CANTO SETTIMO «03
40. Non ti sarà molesta più mia spada,
Se tu vuoi creder nel figliuol di Dio. »
Cui il Moro disse : Più morte m'aggrada
Né miglior cosa desiar posso io.
UccJdemi poi, va, per la tua spada,
Che solo è di morire il desir mio,
Nò creder vuoglio a quel che detto m*hai
Ch' in Dio non credo né vi cresi mai.
41 . Se tu mi toi la vita, i* Tho ben caro,
Che far non posso più lo uffìtio mio.
Et il viver così m*è troppo amaro.
Però la morte sol bramo et desio.
Per la tua mano di morir mi è caro
Che più degno guerrier mai non viddi io.
Tu il vanto ne V armi, ha *1 pregio, '1 valore,
Che di cavalleria tu porti il fiore. »
42. <c Non piaccia a Dio, disse il figliuol d'Amone,
Ch' un che non è più huom per mia man muoia.
Disposto ho di lasciarti, o mascalzone.
Vivo et non darti del morir hor gioia.
So che la morte a un pessimo latrone
Mal vivo sana [gioia] et nulla noia,
Che più pena di morie a chi l'aspetta
É l'indugiar che se ella giunge in fretta. »
[F«79t^]43. Ciò detto il lassa et sciogle la donzella
Quel valoroso sir pietoso e humano.
Cui gratamente poi cosi favella :
« Non dubbiar, donna, di essere in mia mano.
Perchè libera sei, non schiava o ancella,
Et fuor vuo* trarti di 'sto luogo strano,
Ovunche vuoi facendoti la scorta
Che da altri tu non fusti o presa o morta. »
44. Alzasi il cavallier, mentre ciò dice,
La lucida visiera dal bel viso.
Et la cognata alhor di Doralice
Crede aperto veder il paradiso.
Chiamasi ella contenta, anzi felice.
Vedendo il suo nimico quasi ucciso,
Et se libera et sciolta in picciol spatio,
Dicendole : « signor mio, ti ringratio !
«04 I DODICI CANTI
45. Ma ben mi duol, segue ella, che bastante
Non son quanto ì' vorrei per farti honore.
Pur s' io mancassi, ho un generoso amante,
Anzi vero consorte, anzi signore,
Non guari quinci lungi, al qual sminante
Mi rapresenti, o sir d'alto valore.
Supplirà in vece mia, poich' è degno
D^ogni alto impero, non che del suo regno. >i
46. Et quando tai parol questa diceva»
Lodandolo di sua tanta fortezza,
Et fiso il mira, in lui quasi vedeva
Di Riciardetto alquanto di fatezza.
Con certo desiderio le nasceva
Dentro el cor amorosa tenerezza,
Ricordandosi come farsi suole
Del primo amor ai gisti o alle parole.
47. Non eh* ella non conosca aperto et chiaro
Oh* altro ò costui, altro era Ricciardetto,
Ma pel suo caso tanto acerbo e amaro
Di più fantasme havea ripieno il petto.
Et videndo costui di beltà raro.
Simile al frate, hebbe nel cor suspetto
Che Riciardetto fusse, se non che ella
Che ei non era conobbe alla favella.
48. Et dolcemente il cavallier la priega
Che di chi è figlia ella le vegli dire.
Et ella che cortese non li el niega,
Anzi le dice : « Se ti piace udire.
Poco più quinci lungi è d*una lega
Una cita, et, volendo ci venire,
Qual e chi io sia, aperto entenderai.
Et di tua opra el guidardon n* haverai. >»
[Fo80r®]49« Rispose il sir : « Per farti compagnia,
Verrò se tu volesti in capo al mondo,
Ch* altro facendo saria scortesia ;
Ma se colui, che sta nel ciel giocondo,
Ti presti ciò che l'alma tua desia,
- Dirmi chi sei non ti sia grave pondo,
Che questo mi sarrà quel guidardone
Da me bramato sol fra le persone.
CANTO SETTIMO «05
50. Non cerco haver thesor, non cerco impero.
Ma ben cerco acquistar nel mondo fama,
Che questa sempre dura, et di leggiero
Perde la vita chi quegli altri brama
Per cupidigia. Fama un huom fa altiero
In vita et doppo morte al cielo il chiama.
La egregia Fama un huom rende imortale
Et di salir al ciel li presta Tale ».
51 . Cosi dicendo ingroppa la fanciulla
Che non si cura più dì veste o gio[i]e,
Ma la sola camisa et d'altro nulla
Pensa portarsi, et le passate noie
Tutte s'oblia, et lieta si trastulla,
Et dice al palladin : « Sir, non te anoìe
Meco venire alla cita vicina
Ove honor degno havrai da Fiordispina.
52. Fiordispina sono io di Zenodoro,
Figliuol di Stordilan re di Granata,
Vera consorte, pel cui dolor moro,
Finch* io noi vedo havendomi sposata.
Dirotti cavalcando come il Moro
Al dolce sposo mio m*hebbe imbollata,
Aciochè men ce incresca questa via.
Et cosi intenderai quella ch*io sia.
53. Essendolo al padre mio unica figlia
Et come vedi nubile di etade,
Spesse volte egli meco mi consiglia
Di maritarmi ad huom di gran boutade,
lo sempre le mostrai torte le ciglia,
Imperò che mi usò una crudeltade
Delle più aspre et delle più crudeli
Che mai fra pagan fusse o fra fedeli.
[F<>80vo]54. Andand' io un giorno a caccia per diletto
Una fanciulla a guisa di guerriero
Truovai che dimostrava al chiaro aspetto
Huom signoril magnanimo et altiero ;
Meco la trassi e in un medesmo letto
Jacemmo per più di col cor sincero.
Et tal si diportò ch'ai suo partire
Cresimi per il duol grave morire.
206 I DODICI CANTI
55. Io m'era tanto di lei inamorata
Che sempre desiai eh' ella homo fusse,
Ma, perchè mal mi vuol sorte spietata,
Un suo fratello, ai lassa I mi condusse
Forsi perch' io da lei fussi lodata.
Fortuna per donarmi di sue busse
Mandomi a ritrovar il gioAÒnetto
Che conosciuto fu per Ricciardetto.
56 . Alla persona, a 1' habito, al sembiante
Alli costumi, alla gran ligiadria.
Pareva ei proprio quella Bradamante
Che più dì stette meco in compagnia :
Le acoglienze eh' io feci a quella inante,
Furono un zero in su la fede mia
A quello che doppoi feci a colui
Che '1 cor con l'honor mio portò con lui.
57. Qual giunto a me vestii con quelli panni
Con quei che la sorella fu vestita.
Per ben eh' io non conobbi alhor gli enganni,
Gli enganni che fur dolci alla mia vita,
Ma doppo amari et pien di tanti affanni
Che, poich' egli da me fece partita,
N'heb' io a scoppiar et egli a morir prima,
A tal che '1 dolor mio fu senza stima.
58. Grave è la pena mia eh' io mi ricordo
Che come donna me lo misi in letto.
Et ei colcato come cieco et sordo
Stettesi un pezzo pien d'ogni rispetto ;
Ma perchè la natura fece ingordo
L'huomo et la donna di quel gran diletto,
Quel diletto apetito naturale
Ad huomo a donna e ogni altro animale,
59. Seppemi ei sì ben dir con le parole
Ch' egli era Bradamante eh' io gli el cresi.
Et che perla virtù del sacro sole
S'era fatta homo, et io che dir già entesi
Quel mutar di Tjrrhesia, come suole
Credula donna, al suo disio più mesi
Mi diedi in preda volentieri, et lieta
Ne fui fin che la cosa fu secreta.
CANTO SETTIMO «07
[F«81 r*]60. Ma poiché si scoperse il meschinello,
La vita vi lasciava, se non era
Un certo cavallier valente et snello
Che [ca]pitò per sorte alla riviera
Nostra quel di che dovea morir quello
In fuoco orrendo et la persona altiera ;
Fu da quel cavallier tolto alla morte
Che la sbirraglia uccise il prode et forte.
61 . Per quella crudeltà del padre mio
Non ho voluto maritarmi mai
A chi di darmi haveva egli in disio»
Ma la Fortuna per donarmi guai
Fatto ha del mio cor crudo un cor più pio
Che quel d'nna colomba pura assai,
Et sol di Zenodoro al primo sguardo
Io alsi et arsi et sempre aghiaccio et ardo.
62. Una giostra ordinata in Tharagona
Fu dal mio padre assai grande et solenne,
Che venirvi potesse ogni persona,
Purch^ adori Macon ; onde vi venne
Dalla Granata il gran re di corona,
Et seco in fin da risola di Lenne
Fuvi una donna che è cotanto fiera
Che combattuto havria con la Chimera.
63. Venuto vi era quel gigante ancora
Che per nome faceva Argeste dirsi,
Et la già detta donna Sicomora,
Grande ella ancora quanto possa udirsi
Da me narrare ; et senza far dimora
Prima fu contra Argeste a discoprirsi,
Chiedendole battaglia a V improviso
Con un robesto et ben turbato viso.
64. Fecero insieme una battaglia quale
Devea farsi da dui corpi robusti,
Ma il crudo Argeste ch'era assai bestiale
Menava a quella colpi poco giusti.
De Tarmi, della forza ognuno uguale
Era al compagno ; con dui mazzafrusti
Si davano piombate per la schiena
Ch*una bastava a occider la balena.
«08 I DODICI CANTI
65. pur volesse sorte o por ventura
Di quella donna, al capo del g:igante
Giunse una palla fuor d'ogni misura,
Et corse il sangue dal teschio alle piante ;
Onde quel per vergogna o per paura
Fuori della cìtade in uno istante
Partine senza preda, et non fu visto
Se non quando di me fé il crudo acquisto.
[F*81 v<>] 66. Sicomora poi sempre stessi in pace
Che seco alcun più contrastar non vuoile.
Di Zenodoro alcun non ò più audace
Nò che col sguardo lo mio cor più immolle.
Tmi stava assai dura et pertinace,
Pur questi mia durezza svelle et tolle
Et tanto m* ard' il cor, tanto Faccende,
Qua[n]to più seco la virtù comprende.
67. Et tanto più la sua virtù m' accese
Che della giostra riportò llionore,
Et pò* egli istesso al mio padre mi chiese,
Et quel- mei persuase, il suo valore
Lodando molto, et Tamor che m'aprese
Di dur mi fece in petto molle il core ;
Et già sei mesi son ch*hebb* io Fanello
Dal mio sposo et signor liggiadro et bello.
68. Son venti giorni che cavalleria
In Taragona egli mandò assai grande,
Solo per farmi fida compagnia ;
Del mio andar in 6ra[na]ta già si spande
La voce in corte, et con gran baronia
Del padre mio, a ciò da tutte bande
rfussi ben guardata et ben sicura
Potess' io di Granata entrar le mura.
60. Non guari lungi dove mi trovasti
Sopra la strada n'attendeva il negro
Dalle cui mani tu mi liberasti,
Rendendomi il cor san che prima era egro
Quel rubaldon senza l'altrui contrasti
Trarmi di sella punto non fu pegro,
Nò riscattarmi forza hebbe già mai
Tutta la turba, ancorché fusse assai.
CANTO SETTIMO 209
70. Me sotto un braccio portò il neghitoso^
Trahendo per il freno il bello ubino
Che mi portò, per che '1 vidde pomposo
Di gemme pretiose et d'oro fino
Tutto coperto, et meno fu quello oso
Ritrarsi dalla man dell' assassino,
Ma nosco venne per la torta via
Un pezzo et riscatol la compagnia.
71. Caminando per quella il tristo latro
Pur mi condusse in quel alto burrone,
Ove è più basso un luogo scuro et atro,
Et dentro una cappanna al fin mi puone
Prima legata ; poi com crudel latro
Canino esce di fuor alle persone.
Ne uccise assai et ne feri de* molti,
Rompendo lor le braccia, teste et volti.
[po 82 r®] 72. Quegli fuggero et io prigion rimasi.
Le riche anella et la corona degna
Et le ampie veste tuolsemi, ond* io quasi
Fui morta dal dolor, ma pur indegna
Di tal morte servata ad altri casi.
Costui contra di me più si disdegna,
Perchè non volsi consentir a quello
Ch'a tal bestiame poco era il mio hostello.
73. Qual mi trovasti po' ignuda legommi
Et m'affliggeva ancor come vedesti.
Ma la pietà ch'i Dei benigni et sommi
Opraron tanto che tu qui venesti,
Fece per sua boutade ch'ai fin sommi
Da morte a vita tolta in tanti mesti
Affanni miei, et veggio mi rinata
Per tua bontà, per tua virtù pregiata. »
74. Et finché ragionando ivan costoro
Inverso la cita, da una gran gente
Vidder coprir tutto quel tenitoro.
Mostrandosi in la vista assai dolente.
Né si sentiva alcun suono tra loro
Di trombe o di tambur, ma grandemente
Dicevano fra lor di dar la morte
A quel Argeste furibondo et forte.
14
210 I DODICI CANTI
75. Sicomora fra questi era la prima
Che*l cor voleva a quel trar fuor del petto.
Zenodoro di lei fa maggior stima
Che di tutto altro il bel drapello eletto ;
Sol quella honora, sol quella sublima.
Solo di le fa questi alto concetto,
A lei vuol che si dia la ubidienza
Ch* ir non vuol al gigante di lei senza.
76. Disse alhor Fiordispina al bon Rinaldo;
« Deh, vedi, signor mio, per cortesia
S* ha di me il mio consorte il petto caldo,
Ch' adunata ha si bella compagnia
Per vendicarsi di quel gran ribaldo
Ch* è vero padre d'ogni villania. »
« Meritamente, il cavallier rispose,
11 tuo consorte fa debite cose. »
[F°82 v**] 77. Era in camisa alhor quella regina
In groppa al cavallier, che quel ladrone
Deir altre veste havea fatta rapina,
Kt quelle ascose dentro del burrone ;
Ma la camisa sopra d*una spina
Havea gettata il perfido ghiottone,
Mentre che la battea con certe funi
A quai legati havea può genti pruni.
78. Vedendo tanta gente air improvisa
La damigella fatta vergognosa.
Regina essendo et vedersi in camisa.
Divenne sbigotita, et lagrimosa
Dicev' al bon Rinaldo a questa guisa :
« Non mi condur più oltra, ma mi posa
Quivi, et a Zenodoro vanne ratto
Et dille che son qui, narrando il fatto. »
79. Rynaldo, che mai sempre del gentile
Ritenne, fece quanto quella vuolse.
Et la regina per vergogna humile
Di groppa a Rabican ratta si tolse.
Et in cespuglio, benché rozzo et vile,
Meglio che seppe tutta si racolse.
Spronò Rjnaldo col suo Rabicano
Che si lasciò qual vento a dietro il piano.
CANTO SETTIMO «U
80. DiZenodoro subito adimanda
Il eavallier a Sicomora, et quella
A Zenodoro un messaggiero manda
A dirli come un eavallier Tappella,
Arìvato di nuovo in quella banda.
Ma non sa ancor qual aporti novella.
Zenodoro ne vien col messaggiero
Dove Sycomora ò col cavalliero.
81 . Con quella riverenza et quel honore
Ch* a re conviense, prese il degno sire
Del fatto a racontar tutto il tenore.
Si meraviglia il re di tanto ardire,
Et eh' buon si picciolo habia sì gran core
Ch' un tal giga[n]te fatto habia perire !
Ma Sycomora di ciò nulla crede.
Cui disse il sir : <c Le donne han poca fede. »
[F* 83 r°] 82. Armata quella in modo tal andava
Qual si convienne a donna et a guerriera.
Però Rinaldo tal risposta dava
A quella dispettosa, invida, altiera.
11 re, eh' alla sua donna pur pensava,
Crede che sia la cosa certa et vera,
Come le narra il sir, che sostenere
Con Tarme vuol le sue parole vere.
83. Fu per nascer discordia fra Rjnaldo
Et Sycomora, se Talta presentia
Del re non era, eh' ognun fé star saldo
Con la soave sua grata eloquentia ;
È fatto desioso et tutto caldo
Della sua sposa non vuol più Tabsentia
Et prega il eavallier che '1 meni dove
La sua sposa dimora et non altrove.
84. Rynaldo andava inanzi et egli dopo.
Per fin che giunse ove era la regina :
Fatta era quasi simil al piropo
Nel viso per vergogna la mischina.
Discese il re, né di mezzan fuo huopo
Ad abbracciar la bella Fiordispina.
Le lagrime che versan tutta via
Fanno pianger Rynaldo in compagnia.
212 I DODICI CANTI
85. To[rJna8Ì il re di fatto in la citade
Che vicina era men di mezzo miglio.
Poiché con la sua sposa per pietade
Di lagrime bagnato hebb' il bel ciglio.
La cosa al vechio padre come accade
Narrò chiedendo et parer et consiglio
D'honrar il cavallier eh' ha liberata
La cara sposa da lui tanto amata.
86. £1 bon re Stordilan, eh' era già vecchio,
Elper consiglio et per e8peri[enjtia
Di tutta Spagna era lucido spechio,
Morigerato etpiendi sapientia,
Fece di donne fare un apparechio
Conveniente a regal eccelentia,
Corona, anella et vesta pretiosa
Per adobbar la ritruovata sposa;
87. Suoni di trombe et di tutti istrumenti
Che si poteano in la città truovare,
Hi tutte quante quelle armate genti
De Tarmi sol da offender fé spogliare,
Et li soi cittadin tutti contenti
Di varie veste fé subito armare,
E un carro trionfai con molto honore
Ove era scritto : « Al mio liberatore. »
[Fo83 v^^J 88. La bella Doralice era la prima
Fra Taltre donne figlia a Stordilano,
Di cui goduta havea la spoglia opima
Al suo volere il Tartaro pagano.
Vedova ritornata bora si stima
Più bella della moglie del germano,
Ch' ora havendo diposto il viduile
Velo si mostra vaga et signorile.
89. Porta Tanella questa et la corona,
Chi porta la centura et chi la vesta,
Per adornare Tinclita persona
Di Fìordispina fuori alla foresta.
Tutta la terra ribombando suona
Per alegrezza et per honorata festa.
Si cuoprono le vie con ispessi archi
Trionfai di vaghezza et trofei carchi.
CANTO SETTIMO 213
90. Le donne vanno prima in ordinanza,
I regi a piede et tutti i citadìni,
Fra quali il carro pieno di baldanza
Senza alcun suso tiran quatro ubini ;
Poi Sicomora con la sua aroganza
Vien fra li cavallieri et fantacini,
Gridando tutti con molte rumore
Di Fiordispina al buon liberatore.
91 . Veston la sposa quelle donne et poi
La pongon sopra Tbonorato ubino.
Vanno ambi i regi con quelli altri heroi,
Con riverenza molta, al palladino,
Et per forza di braccia dalli suoi
Arcion lo tranno, a qual spirto divino
Facendo tanto honor chM' non vel narro,
Percb' io non basto, e '1 poser sopra il carro.
92. Sopra il carro bavean posta un ampia seda
D*oro et di gemme sotilmente ornata,
Et convien che Rinaldo a forza ceda
Ai degni regi, alla turba honorata,
Et contra il suo voler sopra essa seda,
Cui intorno va la bella gente grata
Gridando quel che sopra il carro è scrìtto :
« Al gran liberator per sempre invitto. »
93 Nella citade con trionfo tale.
Entrò Rynaldo et seco Fiordispina,
Et, giunti quelli al palazzo regale,
Nullo deiduoi coi suoi piedi camina,
Ma di peso portati per le scale
Fur presentati alla vechia regina.
Madre di Zenodoro et Doralice,
Che piangendo si chiama esser felice.
[F* 84 r"] 94. Per esser quasi già decrepita ella
Non havea fatto all'altre compagnia.
Ma in casa si sedea aspettando quella
Sua cara nuora che veder disia.
Poiché r ha vista tanto ornata et bella.
Dimanda del campion qual egli sia.
Le fu riposto : « Egli è il liberatore ,
Degno di loda et d' imortal honore. »
214 I DODICI CANTI
95. Lievasi in piede et Tuna et Taltra guancia
Basa la vechiarella al cavalliero,
Poi benedice il primo che la lancia
Le puose in mano et le ensegnò il mistiero ;
Poi de una degna vesta le ennancia
Et con sua propria man vesti il guerriero,
E una girlanda Doralice dèlie
Di gemme che luce più che le stelle.
96. L*hora ne venne et Tapparechio grande
Fu fatto del convito alto et solenne.
Dir ben non vi potrei delle vivande
Et del bel ordin eh* al mangiar si tenne.
L'odor de 'cibi per tutto si spande.
Al qual un certo infermo si revenne,
Che dalli medici era diffidato,
Subito che tal fumo hebbe odorato.
97. Il vescovo Turpin, che mai non disse
Nel scrìvere le sue storìe bugia,
Di questo infermo chiaramente scrìsse
Più che d'Orlando l'estrema pazzia.
Il credo, come nell'Apocalisse,
Che un buono odor qual si sente tra via
Spesso ad un corpo human dà gran conforto,
Come l'incenso a l'anima del morto.
98. La vechìarda regina volse anch' ella
Con Fiordispina et con la Doralice
Far quella mensa più liggiadra et bella,
Onde ne vien, si come l'autor dice,
Rinaldo in sala ricordando a quella
Come havea liberata la felice
Sposa di Zenodoro, che è presente,
Et ciò che '1 guerrier dice afferma e assente.
99. Et Doralice a canto al palladino
II tutto odendo stupefatta il guata,
Poi dice in se : u Volessse il mio destino
Ch' io fussi in matrimonio a costui data.
Et non a Mandricardo il Saracino,
Ch' io vedova non fora adiventata.
Però ch'assai più bello et più gagliardo
E costui che non fu quel Mandricardo;
CANTO SETTIMO 815
[P°84 v°] 100. Quel Mandricardo Tartaro, che morto
Fu da Rugier non lungi da Parigi,
Perch* egli seco combatteva a torto,
Come padre di guerre et di letigi
Egli ancor mi rubbò qual ladro accorto,
Et, s^ io non era dei suoi mal servigi.
Non bisognava Topra di Ruggiero
Ch*a gastigarlo era atto il re d*Algiero ;
101 . A chi mio padre il vechio Stordilano
M'havea promessa in sposa, et Mandricardo
Con un troncon di lancia eh* havea in mano
Per forza mi furò senza riguardo.
Questo diceva e al sir di Montalbano
Doralice con un pietoso sguardo
Et quasi lagrimando suspirava,
Mentre che da se stessa in ciò pensava.
102. Come esser può, dirai, grato lettore.
Che Doralice ancor vedova sia
Et che viva Agrican, pien di furore.
Et ad Albracca habia di Tartaria
Condotta gente piena di valore
Per sottopor quel regno a sua balia.
Et che sìa morto Mandricardo il figlio
Che già di Carlo fé grand' onta al giglio ?
103. Per farti chiaro, fur dui Mandricardi,
Un padre et l'altro figlio d'Agricane,
Ambi valenti in Tarmi et si galiardi
Ch' i scrittori le lor scritture vane
Confuser spesso, et parsero bugiardi
Nel scriver loro openioni insane.
Che se un da Faltro havesser ben distinto
Si sapria quale da Ruggier fu vinto,
104. Sei vechio fussse o pur il giovanetto,
Che del vechio anche fu Agricane il padre,
Che quello che Gran Can da nui vien detto,
Agrican dicon le Tartare squadre.
SI che giudica, tu, lettor diletto,
Qual Mandricardo sia che le ligiadrie
Beltà godesse della Doralice
Per la cui morte ella tiensi infelice ;
216 I DODICI CANTI
105. Con quelli adonque suoi ragionamenti
Tutte tre le regine ad una banda.
Da Taltra i regi e il palladin contenti,
Lor le corone et egli la girlanda
Tengono in testa e i regii vestimenti.
Assisi, il gra[n] 8e[n]scalco a tutti manda
Li grati cibi. Hor lasciangli mangiare
Et d'Orlando torniamo a ragionare.
[F«8 >p°] 106. Lasciaivelo che genti a lui venire
Vidde da un poggio d* hedra coronate,
Né chi alor fusse vi possetti dire.
Che verso Astolfo fiiron rivoltate
Le rozze rime mie, che per udire
Di lui vidd* io persone accomodate
Kt desiose, onde a dirvi ri tomo
Del bel drapello di cortesia adorno.
107 Nymphe eran queste che fra querce ombrose
Facevan la lor vita in lieta pace.
Et di Nereo le figlie gratiose
Nelle chiare onde et non nel mar rapace
Fanno soggiorno, et a tutti amorose
Tutte erano, et seco hanno un Fauno audace
Ch*a loro instantia di quel conte altiero
Pasceva il dì et la notte il buon destriero.
108. Stanno elle in cerco al bel cavai pregiato,
Il Fauno a piede per la brìglia il mena.
Pria fu da loro il conte salutato.
Po' il re eh' Alfegra havea tratta di pena;
Et con un bel parlar dolce et ornato.
Con lieto sguardo et con faccia serena,
Al patron vero consegnarne il perso
Cavai più grasso, più polito et terso.
109. Qua] il pastor che s'allegra truovando
La pecorella per più di smarita.
Anzi più lieto alhor divenne Orlando
A guisa d' un eh' è ritornato in vita
Ch' al ponto estremo stava suspirando
Et, dal medico fido ha vendo aita,
Ridotto al stato suo lieto et giocondo,
Be[a]to tiense in questro nostro mondo.
CANTO SETTIMO 217
1 IO. Trasser le Nympheil conte e il re da pai te
Kt del nome cVAlfegra li amoniro,
Kt come ella era dotta in magica arte
I^]t vaga d'onte altrui, d'altrui martiro.
Ma che Nettun le havea tolte le carte
Con le quali inJuceva in picciol giro
Molte persone centra il lor volere
In risole Perdute a suo piacere.
111. Ma pur non si fidassero di lei
Che per natura havea del traditore,
Kt se gabbar pottesse ì sacri Dei,
Non chei mortai, fiiceval di buon core.
Tanto le Nymphe sepper di costei
Dir che del cor del re la trasser fuore,
Che pria disposto havea menarla seco
Ov' egli andava già insensato et cieco.
[F^SSvo] 1 12. Stava quel re suspeso a rimirare
S' in quel drapello Angelica sua fosse.
Né vedendola ei ivi al suspirare,
Poi eh' in mente le venne, si commosse,
Et quasi cominciava a lagrimare
H avendo fatte già tumide et rosse
Le chiare luci, né se accorse il conte
Di ciò, eh' altronde havea volta la fronte.
113. Ensegnarono ancor ai cavallieri
Le Nymphe di fuggir molti prestigli
Che ritruovar devean fra quei sentieri
Pe' quai doveano andar con più letigii.
Passando lor per paesi [s]tranieri.
Di Gallafrone andando alli servigli.
Et come truovarebbono la figlia
Di quel re per via bella a meraviglia.
114. L*uno et l'altro guerrier nel cor se alegra
Di tal novella che fu data loro.
Sacripante dispon lasciar Alfegra
Con quelle Nymphe, ma quel divo choro
Non si degna accettar donna si pegra
Al ben oprar, sol atta al mal lavoro;
Ma pur la lascian, prendendo la vìa
I guerrier degni e '1 Fauno in compagnia.
218 I DODICI CANTI
1 15. Oh' a preci delle Njmphe in fin al regno,
Al qual era molesto il re A gincane,
Promise il Fauno andar senza disdegno,
Et operar tutte le parti humane
In servigio del conte honrato et degno
Et di quel re, che le virtù sovrane
Erano al Fauno note et alle Nymphe
Tanto de' boschi quanto delle lymphe.
1 16. Riman la strega, i cavallier sin vanno
A la lor via ehe loro il Fauno mostra,
A quai le Nymphe vittualie danno.
La strega disperata si dimostra
Et pen [sa] in cor ai cavallier far danno.
Ma forsi offendo la presentia vostra
Col rozzo mio cantar, col basso dire ;
Però v' invito a un altro canto udire.
CANTO OTTAVO
[F°86r®] 1. Fu la amicitia anticamente in preggio
Et gloriosa et riverita in terra,
Ma dai moderni si sprezzar la veggio
Ch' in luogo suo sol regna rissa et guerra,
Et seco spesso si fa tal maneggio
Che suscita mina in qualche terra,
Né amicitia hoggidì è se non finta
Che come una Chymiera vien dipinta.
2. Intendami chi po' che m'intendo io
Perchè n' ho fatte esperienze assai.
Tal ti si mostra amico eh' in oblio
* Ti dà, se per ria sorte a qualche guai
Fortuna ti conduce in stato rio.
Chi è vero amico, non più car mai.
Ma quel eh' è fìnto ti conduce a sorte
Che si fa desiar sempre la morte.
3. Non più di questo,, ma di Sacripante
Et d'Orlando tornian, signor, a dire,
Ch' io vi diceva nel cantar davante
Com' egli trasse Alfegra del martire
Che le havea apparecchiato il sir d'Anglante,
Di mille error volendola punire.
Et a prece del re le ne fé duono
Et alla strega diede a tuor perdono.
4. Non conoscevan Pun l'altro, che mai
Non s' eran visti i generosi heroi.
Pur il sangue gentil che puote assai
Alhor oprò tutti gli effetti suoi ,
Et fé scordar al conte li aspri lai.
Et insieme amicaronsi ambi duoi
Con tanto amor quanto dui frati fanno
Che d'un corpo Torigine tratta hanno.
?2 I DODICI CANTI
5. Acombìatarsi adonque dal bel gregge
Di quelle boscarecce et sacre Dee,
Seguendo il Fauno che hebbe già per legge
Condurli per li regni et le duchee,
Per salvatiche parti et per egregge,
Per boschijper montagne et per vallee
Fin al Cathaio, dove a Gallafrone
Faceva il re Agrìcan la quistione.
[F^ 86 v°] 6. lieta, o generosa compagnia,
Quando si truovan dui di virtù pari!
Andavan ragionando per la via
Di guerre et fatti d*armi alti et preclari.
Né Tun nò Taltro già dicea bugia
Narrando i gesti suoi di fama chiari,
Però che in opra qual sonava il dire
Era ognun d'essi di supremo ardire.
7. Pur uscì prima a ragionar il conte
Della bellezza et crudeltade della
Donna cVei ritrovò, poi perse ai fonte,
Al fonte che le accrebbe la facella •
D'Amore amara che di monte in monte,
Di piaggia in piaggia, il fa cercar di quella
Angelica crudel, ma a Sacripante
Dispiace udir che '1 conte le sia amante ;
8. Qual si pensò di trarnela del core
Con un bel modo et con biasmar colei,
Colei ch'ambi costor strugge d'amore,
Et disse : ^^ signor mio, da te vorrei
Che tu spendesti il tuo gentil vallore
In acquistarti houor, gloria et trophei,
Et non in seguir donna si legiera,
Ingrata, desleal, superba, altiera.
9. Sapii che questa donna dispietata
E incantatrice et mostra tal bellezza.
Come credo io, per forza incanta[ta] ;
Nemica di virtù, dì gentilezza,
l*eifida, disoortese et ostinata.
Ogni fedel suo amante schema et sprezza,
E un incantato anel 1^ ingrata tiene
Col qual a mille amanti dà gran pene.
CANTO OTTAVO 2 il
10. Semiramisse, rinclita regina
Di Babilonia, essendo inamorata
Del suo proprio figliuol, quasi vicina
A morte, dentro il letto disperata,
Non truovando al dolor suo medicina.
Con certo mago già deliberata
Narrar lo incendio suo, narrò l'ardore
Et la passion che le affligeva il core.
* 87 r*l 1 1 . El negromante, che degli eccellenti
Fu del suo tempo, fabricò un anello
Che portato rendeva i lumi spenti
Di ciascun che mirato havesse in quello ;
Ch' in deto lo tenea, né i vestimenti
Visibili eran anco a V echio isnello.
Cosi invisibil fatta la regina
Al suo dolor truovò la medicina.
12. « La medicina, disse Sacripante
Al sir di Brava, quella in fuoco accesa.
Quella che del figliuol secreta amante
In dubioun tempo era stata suspesa,
Truovò con quel anello io uno istante,
Dalla invisibiltà essendo compresa
Col figlio spesso incognita nel letto,
Del suo disio sfogando il rio concetto.
13. Poi sancì legge publica nel regno
Ch'ogni donna, la qual non ha marito,
Tuorselo possa (o feminil ingegno
Sol pronto al mal I) secondo el suo apetito
Fratello o figlio, ovunque fa dissegno,
Et chi disdice in fuoco sia punito.
Cosi poi per tal legge il figliuol toUe,
In luogo di marito, acerbo et molle.
14. Ma poco tempo visse il giovanetto
Nel stupro della matre, che la morte
Invida di sì bello et vago oggetto
Anco immaturo il fece a se consorte.
Quella che spesso ne l'altrui diletto
Dolce Tascentio mesce amaro et forte.
Onde el figlio et marito a un tratto tolse
Alla regina chi per se lo vuolse.
222 I DODICI GANTI
15. La madre et moglie al suo figliuolo et sposo
Adolorata fé una statua d*oro,
Sopra un cavai ponendo il glorioso
Idolo suo, et era il cavai d'oro
Aitersi, et Tanelletto virtuoso
Pose in un deto a quel bel idol d*oro,
E il cener sacrò dentro, et finché *1 stame
La Parca ruppe adorò in voglie brame.
[F^87v®J 16. Quel saggio incantator che l'anel fece
Doppo che Tempia amante ha Male Bolge,
Come ivi, non altronde, andar sol lece,
A chi dal bon camin ivi si volge,
Di quella statua d'oro in luogo et vece
Et non per empir d'or sue vuote bolge.
Di terra una ne fé et forma li diede
Che quella propria sia ciascun si crede.
17. Et quella d'oro in un momento puose
' nun antro in Lydia, finché U pastor Qige
La pioggia et le saette fulminose
(Che facean l'onde turbi dando bige)
In quei antro fugendo si nascose.
Di che inproviso ritruova il vestige
Dei symolacro, che stese la mano
Ove era l'anelletto a quel villano.
18. Et quel che discorso hebbe l'anel prese.
Perchè lo vidde d'un splendor estremo ;
Quel si puose nel deto et qual coitese
D'altro non fece il symulacro scemo.
Cessò la pioggia, il sentier riprese
Gigi, et ritruova uscendo il pastor Hemo
Ch' iva cercando una sua pecorella
Persa per la tempesta et ria procella.
19. M Che cerchi? » le adimanda Gigi, et quello
Gige al parlar conosce et non lo vede.
S tassi ammirato et non sa de l'anello
L'alta virtude, onde sognar si crede.
Hemo risponde a Gigi et Gigi ad elio
Paria, né sa ch'egli iavisibil riede ;
Pur visto fu doppoi, che qual discreto
Si trasse» per provar, l'anel del deto.
CANTO OTTAVO 283
20. Et ottener sperò il rozzo pastore
Di Lydia la regina con l'anello ;
Perchè vedendo lei arse nel core,
Andar dispose nel regal hostello.
L'anel si pone in deto, da Tarnore
Tratto ne va, qual pardo arditto et snello,
Entra in la corte regia, nò si vede
Da alcun, a tal eh* a pena egli sei crede.
21 . Si pongono le mense, [alla] regina
L*invisibìl pastor s'acosta alquanto.
Et fa di certi boconci rapina.
Si volge ella hor da questo, hor da quel canto,
Mirando in torno la vista dechina
Per veder se cagnuol o gatto a canto
Le invola de sul tondo alcuna cosa.
Nulla vede, onde sta maravigliosa.
[F<>88 r**]22. Dice fra [se] : « Non dormo hora, non sogno ;
A mensa sto, né mangio il tutto aposto
Di saper questo fatto, pur agogn[o].
Sparisse a un trato i-lesso con Tarosto,
Tveggio questo aperto, non è sogno,
Né già al mangiar mi truovo più disposto
L'appetito hoggi fuor di mio costume,
Se vive in me della ragione il lume. »
23« Et finito il mangiar, resta suspesa
L'inclita donna, et il pastor occulto
Al tinel con li servi ha la via presa.
Et fa nascer fra lor non poco insulto,
Che'l piatto scarca, perchè troppo pesa.
Del cargo cibo, et senza altro consulto
Fa ognun rumore, et da parole i fatti.
Gode sol Gigi infra cotanti matti.
24. Corron li gentil homini al rumore.
Fa adimandar il re del maggiorduomo.
Dimanda la cagion di questo errore.
Ma quel saltando va dal pero al pomo,
Perchè non sa il segreto del pastore
Che vede la Regina et non so corno
Rider di questo, perchè enteso haveva
El tutto da un scudier che li el diceva.
224 I DODICI CANTI
25. Et di camera uscita entrovvi Gigi
Che satollo era et havea doppio csldo.
La regina puon fine alli letigi,
Ch* al re narrarli era il scodier pur saldo,
Che ne portava in faccia anche i vestigi
D'un pugno eh' ei levò cadendo al spaldo :
Fece una guancia lisa per tal modo
Che buono inditio fu del pugno sodo.
26. Vien Thora del dormir, corcasi in letto
La regina gentil, come era usata;
Vi si corca il pasto r senza rispetto ;
Parte la camariera, che lasciata
Lei sola crede senza alcun suspetto,
Et pur lasciolla bene acompagnata.
S'adorme la regina, ma il pastore
Conta le quinte, seste et. settime hore.
27. Vede il tempo opportun, la gente queta
FA commincia a basar la bella donna;
Si risente ella et si dimostra lieta,
Che libidine calda in lei s'indonna.
Tocca il pastor giù basso, ella noi vieta
Che di mai mo non è fredda coUonna.
Fa Gigi Topra sua tanto gagliarda
Che fa che'l spento fuoco ancor riarda.
[Fo88vo]28. Tocca et ritocca et rinov' ella il giuoco,
Piace alla donna del pastor non meno.
Se per strachezza si riposa un poco,
Si trastulla il pastor nel bianco seno.
Poi. qual si cava della selce il fuoco.
Incita Gige lei al giuoco ameno
Et ben conosce ella che '1 marito
Non è costui eh' in l'opra ò più spedito.
29 . Sentesi ella impir anco da ogni banda
Da questo che da quel con più diletto,
Onde chi sia costui spesso el dimanda.
Ma d'appalesarsi ha il pastor suspetto.
Elia qual sia il suo nome prega spanda,
Et ch'un poco le mostri il chiaro aspetto.
Vieta questo il pastor se non giura ella
Per tutti i Dei non esserli ribella.
CANTO OTTAVO 225
30. Giura ella più che Gigi non le chiede
Et fa ch*ei giuri a lei ritornar spesso.
Si trahe il pastor Tanel, la donna il vede,
Et come è ben membruto et ben complesso ;
Poi del suo nome le fa Gigi fede,
Qual nel cor [è] di lei subito impresso
Con tanto amor, con tanto rifrigerìo
Ch* in sposo haverlo ha solo il desiderio.
31 . Entesa la virtù del sacro anello,
Le persuade che 1 marito uccida^
Et che dormendo il re il pastor con quello
In camera entrari essendo ella guida,
E armato sol d'un semplice coltello,
Et col suo anel entrar Gigi si fida.
La regina è di notte al pastor scorta
Et fa che *1 camarì[e]r gli apre la porta.
32. Et dentro entrato uccide il re che dorme.
Et anco il camarier manda sotterra,
Nò pur del malfattor si veggon Torme.
Del morto re si spande per la terra
La nuova, i[l] pastor prende le sue forme
Regali, apparechiato accerba guerra
A sosteniere, e in tribunal salito
Della regina diventò marito.
33. Così di Lydia la regina altiera
11 pastor vinse, e *1 misero re uccise,
Et poi del regno la corona vera
Sul capo pastoral la donna mise.
Poichò 1 pastor giunse alla estrema sera,
Venne Tanel in man di quel Gambise
Che padre fu di Cyro, per il quale
Astiageo le fu si liberale.
[Fo89 r^] 34. Doppoi gran tempo questo anel pervenne
Alle mani d'Athlante di Carena
I Per mezzo di quel re di Tremisenne
I Che di Persia solcata havea Tharena,
j Nò la virtù di quel cara si tenne
f Che n'era ignaro, nò richiesto a pena
Le fu da Athlante, che ne fece il duono,
Qual fatto non aver forsi era buono.
15
226 I DODICI CANTI
35. Quel poi con carmi alla virtù viriate
Di quel aggiunse eh* invisibil fia
Vuol chi lo tien in bocca, et che salute
Nel deto apporti contra ogni malia.
Doppoi pervenne in quelle mani astate
Di Gallafron, padre di scortesia,
Che gli lo diede Athlante per disfare
Carlo et la Francia e il suo Ruggier salvare.
36. Angelica crudel, che sa l'incanto
Di questo anello, sempre seco il porta^
Et tien d'ogni malia anco ella il vanto,
Come sagace, astuta, scaltra, accorta.
Misero me chiamata Tho cotanto
Quanto un vero amator d'amar comporta I
Ma che mi giova, se la speme è verde,
Che chi serve agli ingrati il tempo perde ?
37. Per amor di costei servito ho il padre
Et il fratello in mille loro imprese,
Che mi promise già sua cara madre
Darmela in sposa, il che più assai m'accese ;
Ond* io non dubitai fra armate squadre
Soletto entrar et farle mille offese ;
Nò bastò questo, che per ritrovarla
Non dubiai sol in Francia seguitarla.
38. L*ho ritrovata, ai lasso ! et che mi giova
Con un gigante haverla combattuta
Et per lei fatta si mirabil pruova,
Ch* in un momento poi me l' ho perduta,
Cagion dello anelletto che si truova
Della detta virtù non conosciuta,
Ch' a me dinanzi si ritolse a un tratto.
Onde a pensar vi resto stupefatto ? »
39. Il conte cui tal caso già intervenne,
Quando la perse al fonte di Merlino,
Fu sbigotito e a pena si ritenne
Che non dicesse al re quel palladino :
« Sapii che similmente ancor mi avvenne » ;
Ma per vergogna tenne il capo chino.
Pensando come occasion si bella
Persa havea al fonte di goder di quella ;
CANTO OTTAVO 227
[Fo89v<^] 40. Che di gioir di quella et tempo et lacco
L*haveva posto la fortuna in mano.
Non prende il molto chi non piglia il poco,
Che spesse volte è il desir nostro vano.
Voleva Orlando Tamoroso fuoco
Sfogar e esser pregato di lontano,
Et hor in fuoco si consuma et strugge,
Seguendo indamo chi lo sprezza et fugge.
41. Et, mentre vanno i tai ragionamenti,
Su la riva del mar i gran campioni
Veggono in acqua navi, in terra genti
Di quai parte era a pie, parte in arcioni.
Orlando, che i passati incantamenti
Sapea d*Alfegra, salse in suspitioni
Di quella strega, et però il Fauno manda
E il tutto enteso torni le comanda.
42. Portava il Fauno quelle armi d'Appollo
Che poi si vendicò Cupido ancora :
Una saetta di quelle eh' ha al collo,
Et Farce tolse in man senza dimora,
Non si vedendo mai stanco o satollo
D*ubidir quel guerrier che tanto honora.
Tornato disse elio : « É quel arogante
Rodomonte che ir vuol con Agramante. »
43. Et che Agramante havea deliberato
Seppe il Fauno, ire in Francia vendicare
La morte di Troian col stuol armato,
Et tutta Barbaria faceva armare
A questo effetto ; et, quando hebbe parlato
Costui, comminciò il conte in se a pensare.
Poi disse rivoltato a Sacripante :
« Seguita me, signor, ch'io vado inante. »
44. Né questo a pena detto al corridore
Suo punse i fianchi et fuor il brando trasse
Con tanto sdegno, con tanto furore.
Quanto altra volta in quello adoperasse ;
Né prima giunto fatto fu un rumore
Che parea che la terra ne tremasse.
Et del suo assalto fu si crudo il crollo
Che per timor ciascun abandonnollo.
228 I DODICI GANTI
45. Ognun volta le spalle al fiero conte
Che fende et fora et squarta i Saracini,
Cui s'oppone il superbo Rodomonte,
E il Fauno ariva con li pie caprini
Insien con Sacripante, et scherni et onte
Fanno ambi questi a quelli Paterini,
Uno con Tarco et l'altro con la lancia.
Tal che pochi di lor andranno in Francia.
[Fo90r<*]46. Fé a Rodomonte la superbia danno.
Perchè vedendo senza lancia il sire
La sua gettò come i superbi fanno
Che con vantaggio sdegnansi ferrire
E' sua nemici, il cor dei quai non sanno
Nò quale sia la lor forza et Tardire,
Et per superbia engannano se stessi,
Onde ne son tenuti pazzi expressi.
47 . El re Circasso, che '1 compagno vede
Posto alle man con un quasi gigante,
Vuol soccorer il conte, qual le chiede
Ch* a lui lassi l'imprese horevol tante,
Et che li altri egli offenda, onde egli riede
Soccorer quel dalle caprine piante,
Che già le havevan fatto cerchio intorno.
11 re le genti allarga al suo ritomo.
48. Con Durrindana Orlando al re d*Algieri
El cuoio del serpente a falda a falda
Taglia coi colpi soi tremendi et fieri,
Et anco il fere con la forza salda
Sopra una spalla, et quel coi gridi altieri
Et col solito orgoglio si riscalda
Centra del palladin, perchè si vede
Oh' a viva forza quello il mette a piede.
49. Cavalcava una alfana di pel sauro
Che la più grossa o la più bella mai
Non fu veduta dal mar Indo al Mauro,
Stellata in fronte, et havea gli echi gai,
D*un piò balzana, nella qual molto auro
Spese Agramante et con amor assai
DonoUa a Rodomonte, a ciò che poi
Più ardente fusse contra i Franchi heroì.
CANTO OTTAVO 229
50. Iroso adonque la sua spada afferra
Et mena un colpo al gentil Brigliadoro
Per darle in testa, et chi il cavalca in terra
Por giuso cerca Torgoglioso Moro ;
Ma quel campion, eh' avezzo è sempre in guerra,
Al destrier punse i fianchi coi spron d*oro
Et di urto in petto diede al re de Algiere
Tale che fu constretto di cadere.
[F® 90 ▼*] 51 . Né si levò che prima il re Cyrcasso
Facesse grande strage di quei Mori.
H aveva quasi voto il suo turcasso
Il Fauno sagettando i fuggitori.
Seguì il conte anco, et fer tanto fracasso
Che gli angel ner de V alme portatori
Si posavan su gli alber delle navi,
Per la strachezza dei lor pesi gravi.
52. Quando quei Mori che vivi restare
Vidder caduto il lor re Rodomonte,
Inverso la città il camin pigliare,
Quai seguirò il Circasso, il Fauno, il conte,
Et seco a forza dentro Algiero intraro,
E a guardia della porta sovra il ponte
Vuolse il conte che 1 Fauno si restasse
Et seco dentro Sacripante andasse.
53. Parevano dui lupi infrale zebe
Il conte e il re, che in su la piazza andati
La tinsero col sangue della plebe
Fuggita inanzi ai lor volti turbati.
Non fu di donne un simil pianto a Thebe
Quando vi andarne i sette coronati.
Come le donne inanzi ai cavallieri
Facean lamenti in la cita di Algieri.
54. Non divenne più pio già Gostantino
Quando i mesti gridar di madri et figli
Entese, che facesse il palladino
Vedendo delle donne i gran bisbigli.
Et, rivolto al compagno che vicino
Le era et feriva braccia, 8p[a]lle et cigli.
Disse : « Non più per hoggi, è fatto assai :
Restar si vuol dalla battaglia hormai. »
t30 I DODICI GANTI
55. 11 re che era gentil molto si astenne
Del ferir anco, ma perchè il suo brando
Rotto era come i dissi, non si lenne
Sodisfatto 8* un altro al suo comando
Nonne truovasse, et del desir suo avenne
11 caso a punto eh* un iva bravando
In su la piazza in man un ne portava
A punto come il re desiderava.
56. AndoUe incontro et disse : « tu che porti
Quel per brando che a te poco si conviene,
Fa che combatter meco ti conforti,
lo mi dar senza gustar più pene.
Over virtude il te salvar te apporti
Insien col brando; et s'animo ti viene
Di voler mi disdir quel che non p[u]oi,
r ti farò pentir delli error tuoi.
[F® 9 Ir*] 57. Yoltossi per fuggir quel gran bravone,
Ma il re col brando rotto Tintertenne
E in poche tempo lo gettò d'arcione,
Cui in mano il brando desiato venne.
Era per terminarsi la tenzone
Fra i combattenti, ma vi sovravenne
Chi el disturbò, però che Rodomonte
Trovando il Fauno el gettò giù del ponte ;
58. Etdoppo entrato dentro della terra
Si trasse là dove il tumulto sente.
Cominciando una nuova et mortai guerra ;
Come il cignal batteva dente a dente.
Onde Orlando il suo brando usato afferra
Et valle centra valorosamente ;
Ma perchè Rodomonte era ferito,
Se dal conte scostar prese partito.
59. Et si rivolse a quello re eh' aveva
Tolto il brando a colui quasi in quel punto.
Cui Rodomonte altamente diceva :
« Dorrati, o poverello, esser qui giunto. »
L'ardito Sacripante lispondeva:
<c Più dorrà a te per esser sopragìunto
Meco a battaglia, che non havrai scampo
Hoggi di morte o di crudel inciampo ».
CANTO OTTAVO 231
60. L'alfana non truovò, quando levosse,
11 re di Sarza, et però venne a piede.
La storta et Tarmi del suo sangue rosse
Et cincischiate havendo quel re fiede,
Ma son si indebolite le sue posse
Che nulla in le sue man vittoria vede.
Benché di Sacripante habia più orgoglio,
Pur sta il Cyrcasso come fermo scoglio.
61 . Et col nuovo acquistato brando fere
A più potere sopra il re superbo.
Son le percosse sue si grandi et Aere
Che par tal giuoco a Rodomonte accerbo,
Ma con parole minacciose e altiere
Gridò al Cyrcasso et disse : « Habii riserbo
Della tua vita et dammiti prigione,
Che della tua virtude ho compassione.
62. Mi duol, per Dio, che un huom sì valoroso
Habia a morir per la mia fera mano. »
Sacripante gentil et animoso
Disse : « Di te ti duolga bora, pagano,
Che del tuo sangue sol sei sanguinoso,
Et perchè sei bestiai troppo e inhumano,
Farai morir qui el popolo tuo tutto
Et tu col regno tuo sarai distrutto.
[F*91i^]63. Composto havevan già di qui partirci.
Ma la venuta tua tanto robesta
Et la imprudentia usata in l'assalirci
Ci ha fatto rimutar et rifar testa.
Perchè pensasti qui forsi impedirci,
La cita teco di duol piena resta. »
Mentre si dice questo, quel eh* è a piede
Nel suo palazzo il fuoco acceso vede.
64. Però nulla risponde, anzi si parte
Correndo Rodomonte et la via prende
Là dove il fuoco la miglior sua parte
Consuma, et la sua madre Talma rende
Al gran Cocito, che da nulla parte
Del fuoco la meschina si diffende
Per la vechiaia et pel dolor che sente
Morir vedendo tutta la sua gente.
f 82 I DODICI GANTI
65. Par, quando vidde il re così abragi&re
El palazzo, v* entrò con gran prestezza
Volendone la vechia madre trare.
Mosso a ciò dal dover, da tenerezza,
Ma non fu a tempo et non possette entrare
Dentro la camera, onde con tristezza
Et per la rabbia seco si piangeva
Del caso cbe insperato le occoreva.
66. Bl Fanno, che del ponte fa gettato,
Non gaari stette che le forze prese
Et dentro della terra entrando irato
La regia inprima con il fboco acoese,
Et doppo discorrendo in ogni lato
Le case tatto intomo alle contese
Fece arder presto, che una non rimase
Gie di legname ha là tatto le case.
67. Se le strade di Algier fusser d strette
Come qnelle che a Genoa hoggi sono.
Li ha[oJmini et donne, vechie et giovanotte.
Non havrebbono havato alcun perduono ;
Ma quelle, habandonate le casette.
Per le vie et per le piazze un crudel suono
Facean con crude et spaventevol voci
Per il foro aspro et per le fiamme atroci.
68. Che 1 conte et Sacripante et il Fauno audaci
Sforzavano coloro entrar nel fuoco.
Tal che di Rodomonte li seguaci
Erano molestati da ogni luoco
Da Tarmi, da saette et dalle faci ;
Onde el popol d^Algier tutto era fioco
Oh* inanzi et dietro, da ogni lato intomo,
Haveva o morto o doloroso il giomo.
[F"98 r*] 69. Partironsi li tre liberi et sani
Lassando et fuoco et sangue in la cittade.
Et Rodomonte si mordea le mani
Per rabia, per dolor et per pietade
De Farsa madre et ddli suo* Algerani
Che da fuoco et da ferro in cradeltade
Yedea morir, né le può dar aiuto.
Ma più de llionor suo ch*avea perduto.
CANTO OTTAVO 233
70. Haveva Thonor suo quel orgoglioso
Perso, che si vantò con Agramante
Solo Francia pigliar il borioso,
Né restar puote al conte e a Sacripante
Con mille cavallier, che far fu oso
Fuor del suo regno, et con persone tante
De sua vassalli, che fur numerati
Sei mila et cento alla Moresca armati.
71 . Quando uscir della porta insiem costoro.
Su quella scrisse il conte : « Qui fu Orlando. »
Un di guarito quel superbo Moro
Il motto legge a Francia minaoiando
Con suspìr, ricordato di coloro
Che nel sangue d*Algier tinsero il brando,
Et ben pensò eh' altro esser non poteva
Che Orlando chi tal pruove fatte haveva.
72. Cresesi l'altro fusse il suo cugino
Rynaldo et non il re delli Cyrcassi ;
Ma la scrittura di quel palladino
Fece danni in Parigi et gran fraccassi,
Che si scrìsse nel cor quel Saracino
Il motto eh' in la porta scrìtto stassi.
Et di vendetta seguitò i vestigi
Col ferro et fuoco dentro di Parigi.
73. Quando egli in Francia andò con Agramante ,
Benché tardasse poi per disfar Carlo,
Nullo vi fu di questo più arrogante ;
Ma non bisogna adesso rìcordarlo
Perchè n* havete lette carte tante.
Però più di suo' fatti bora non parlo,
Ma seguirò di quel eh' io cominciai
Che infino ad bora non fu inteso mai.
74. Dicovi di Aleramo et de 1' Englese
Duca, che ormai tempo è di resvegliarli,
Che a dormir stracchi per le grandi imprese
Sue, fui constretto alhora di lasciarli.
Hor che devon venire a più contese
Et d'importanza, vuo' del letto trarli
Et dir come le fate rìtornaro
Nel stato bum ano lucido et preclaro.
«34 I DODICI CANTI
[F« 92 v«] 75. Già s'era dipartita Tatra notte
Et havea discacciato il sol le stelle,
Tornato era Morfeo nelle sue grotte,
Havea il di preso le sue forme belle,
Quando le dure et rozze scorze rotte
Di serpi havean le vaghe damigelle,
Et lassando le brutte et pallide orme
Riprese havean le loro humane forme.
76. Non sapeano i guerrier che al balcon d*oro
Si mostrava già Febo in fine al petto,
Quando da un canto risvegliati foro
Da un canto ameno pien d'ogni diletto.
Et le finestre g^à davano a loro
Per le fessure il chiar splendor. Dal letto
Levandosi i campion non ritruovaro
1 panni lor si come li lasciato ;
77. Ch*ove ha li soi lasciati Astolfo truova .
Una camisa a seta ricamata
Et ad oro, e un farsetto fatto a pruova
Per magica arte et per virtù incantata.
Che regge a Tarmi tutte ove si pruova
La ignota sua virtute a pochi data.
Et calze e giubbe a pardi lavorate,
D'oro et di gemme riccamente ornate.
78. Aleramo altresì camisa et panni
Ritruovò similmente ricamati
A serpi d*oro et perle senza inganni,
Ch' havrebbon più d'un pai*d*huomin cavati
Fuori di stenti et di gravosi affanni
Di povertade ; et così quei pregiati
Cavallier rivestiti dimostrorno
L'aspetto lor d'ogni vaghezza adorno.
79. La nobil stirpe et da panni et costumi
Accompagnata fa di costor fede
Come sono dui chiari et vivi lumi.
Et che fra loro alta virtù procede.
Come dalli supremi et sacri numi,
Quando ci appar il sol, chiaro si vede
L'eterno mugister, la virtù imensa
Che la eterna bontà qua giù dispensa.
CANTO OTTAVO 235
80. Spesso una gemma, quando è acompagnata
In anel d'oro o in altro magistero,
Si dimostra più bella agli echi et grata,
E il suo valor fa divenir più altiero.
Ma se per sorte in fango è ritruovata
Da chi non la conosce, di leggiero
É disprezzata et fansen poca stima
Se '1 suo valor ben non conosce in prima.
[po93r»]81. Hor quanto Tuno et Taltro campion vale
Sallo Sylvana et mei' chiarir si vuole
Per far la fama lor sempre immortale,
Aciò che luca al mondo com' il sole
Et che a portarli in ciel già spieghi l'ale,
E ognun di lor più ratto in sul ciel vole :
Un mostro fa apparir in quella [ parte ]
Non da impaurir sol lor ma il fiero Marte.
82. Un monstre che la terra mai simile
Non. bave, fuor fischiar forte si sente.
Onde Sylvana ai cavallier humile
Si rapre8[8ava] in el giardin dolente,
Et dice : « Abi[mè] lassa I che quel vile
Che vo' occidesti, è fatto bora un serpente,
Anzi pur drago, anzi sì brutta fera
Che natura non fé mai tal Chymera.
83. Credo che Pluto dalla inferna fossa
Mandata Thabia qui per divorarne.
Se non ne aiuta vostra humana possa,
Forza saranne in sua balia di darne ;
Tanto mi truovo di baldanza scossa,
Che, s*un di voi non obrica camparne,
Morren di duoglia, perch' al nostro tedio
Sol dalla vostra man prende il rimedio. »
84. Aleramo, eh* ai fatti et no a parole
L'animo haveva assai più che disposto.
Disse : « Hor andian, prima che scaldi il sole.
Che forsi al mostro meglio esser discosto
Fora. » Astolfo non men di quel che suole
La lingua mena, et ha nel cor proposto
A cavallo salire et quella lancia
Seco portar che bave a acquistata in Francia.
236 I DODICI CANTI
85. Ma la gentil Sylvana, in mezzo stando
Ai guerrier, a TEnglese la man prende
Con la sua destra e a Faltro caminando
Dà la sinestra» et con costor discende
Giù del palazzo al mostro che gridando
Molto feroce bestia si comprende.
Cosi ambedoi costor si ritmovaro
Sol coi brandi, a TEnglese assai discaro.
86. Volea portar la lancia che virtute
Sola d*ogni vettoria in se contiene.
Et quei cavai d' ogni guerrier salute,
Senza il qual di vettoria non ha spene ;
Ma la fata gentil con le arti astute
Ambi li cavallier per le man tiene,
Aciò che sol col brando et col pugnale
[F^ 93 V»] 87. Et cosi giunti ambi i guerrier dov' era
Lo orrendo mostro, a lor la donna dice :
« Se non sapete qual sia questa fera,
Vel dirò chiaro, perchè el dir mi lice.
Ella ò venuta dalla inforna schiera,
Thesiphone è chiamata Finfelice,
Per divorarvi et per portarvi al centro,
Perchè osi fusti sì a V entrar qua dentro.
88. Et quel, che questa notte ucciso havete.
Un' altra volta è stato Gerìone.
Se vi venea Volcan con la sua rete,
Ciascun di vui restava suo prigione.
Questa hora vuol veder quei che voi sete.
Et, se terminarete la tenzone,
Ne verrà poi Mezera et doppo Aletto
Che vi farà tremar el cor nel petto. »
89. Signor, se mai vedesti al sol ardente
Languida divenir già colta rosa,
cera liquefarsi che repente
11 fuoco senta, o V herba rugiadosa
Tronca da falce, quando sopra sente
Del chiaro sol la spera luminosa,
Impallidir, pensate che TEnglese
Fece il simil quando la donna intese.
1 Lacune au manuscrit.
CANTO OTTAVO «37
90. Et da tal paura hebbe il cor percosso
Che tentò di ritrarsi dalla mano
Che lo teneva, et d'animo si scosso
Si traeva, benché sia il partir villano,
Nel cor dispuon partir tatto commosso
Sol dal parlar, ancor che '1 monstre estrano
Visto non habia. Il sotio ivi morire
Pria vuol che con vergogna indi partire.
91 . Cosi animoso a l'animai ariva
Questi et quel altro pavido et tremante.
Mira ambi lor la generosa diva,
Poi rivolta al cugin del sir d*Anglante
Disse: « Non: assalir la bestia aschiva
Che a te basta haver vinto il rio Gorante ;
A questo altro convien col suo valore
Di lei riporti irsempiterno honore. :ù
92. Alhor T Inglese si dimostra caldo
Di voler la battaglia, ma la fata
Le dice : « gentil sir, restati^saldo.
Ch'ai sotio tuo convien questa giornata. »
Onde Aleramo entra sicuro et baldo
Alla opra degna che fia ancor lodata.
S'acqueta il duca et tirasi da parte
Per veder del compag[no il mo]do et l'arte.
[P>94 r^] 93. El modo et l'arte vuol veder l'Inglese
Che tiene il sotio suo nella battaglia.
Perchè senza armi il vede et senza ame[se].
Né piastra lo diffonde o men lamagl[ia],
Ma sol spada et pugnai in quelle imprese
Si truova bavere, et come si travaglia
Vedrete poi, ma torniamo in Granata
Hor, ove Fiordispina fu lassata.
94. Già fu lasciata Fiordispina quella
Ch' honorar cerca il sir di Montalbano,
Et Doralice l'unica sorella
Di Zenodoro et figlia a Stordilano,
Che d'amor sente al cor l'aspra fiamella
Sol per Rinaldo il cavallier estrano,
Alla mensa real già tutta accesa
Di quel per la superba et degna impresa;
23S I DODICI CANTI
95. L'impresa ch'io vi dissi già d'Argeste,
Quel superbo a cui tolse Fiordispina
El palladin con le sue forze preste,
Et rese al sposo suo Talta rapina,
Del che hor si fanno canti, giuochi et feste.
Et al figli uol d*Amon ciascun s'inchina
Per farle honor chiamandolo felice
Guerrier, ma più degli altri Doralice.
96. Doppo al pasto real sul carro adomo
Dai regi è posto il palladin Rynaldo,
Et van per la città tutto quel giorno.
Ma inanzi alquanto un ben loquace arraldo
Giva sonando alla Moresca un corno
Nel qual dice con tuono chiaro et saldo :
a Tutti honorate il gran liberatore
Degno di gloria et sempiterno honore. »
97. Havea dal padre suo la Doralice
Et dal [frate] impetrato ella et la sposa
Andar sul carro ove si tien felice.
La cognata alla destra si riposa
Del gran campione, alla sinestra lice
A lei seder, con quella fiamma ascosa.
Con quella fiama che lo cor Tincende,
Perchè beltà et virtù di quel l'accende.
98. Non sapea Stordilan nò Zenodoro
Imaginar Thonor grande et solenne
Oltra Targento et oltra el donato oro
Al palladin, che di quei poco tenne,
Perchè non desiava haver thesoro,
Ma sol disio d' honor sempre le venne
Nel cor; però il triompho accettò solo,
Aciò di lui la fama andasse a volo.
[po94vo] 99. Contenti però furo ambi li regi
Che Fiordispina et Doralice insieme
Con il campion sul carro d'alti pregi
Stessero, aciò con lor bellezze estreme
Rendessen lui più adorno^ e in tanti fregi
Vedendolo d'alegrezza il vechio geme,
E il giovane ne va suso un destriero
Che alla prestezza par pardo o cerviero.
CANTO OTTAVO 239
100. Guernito è di puro oro il palafreno
Che porta il sposo et d*or tutto adobbato
É egli, et di bianco argento ha il degno freno
Con pretiose gemme intomo ornato.
Lustra tutto il cavai come il balleno,
Ch' ha tutto il fornimento ricamato
Con oro et perle orientai et contesta
Di zafiri et rubin la sopra vesta.
101 . Li baroni, li conti, li marchesi,
Li principi et li duchi che vi vanno
Tutti guerniti con diversi arnesi,
Et li gentil corsier che disotto hanno.
Dir ben non vi potrei, benché più mesi
Spendessi con la penna» anzi il pieno anno,
Ch^erano tanti si belli et diversi
Ch* io chiuder non potreili in prose o in versi.
102. Sicomora solo ivi non fa festa
Del gran triompho che si fa al guerriero.
Ma con certi de* suoi Tinvida et mesta
Procaccia di far scorno al cavalliero.
Et tutta armata sotto della vesta
Si rapresenta con il viso altiero
In piazza, et centra del figliuol d* Amone
La favella proruppe in tal sermone :
103. V tu che siedi bora infra le due putte.
Che Tuna e Taltra a foiza fu rapita,
Et si triomphi delie false lutte
Quali non ma* ottenesti alla tua vita ;
Ancoraché le forze fusser tutte
Di Hercole in te, non per tua mano uscita
Fora vittoria tal contra d'Argeste,
Ma forsi a tradimento ruccidest[ej.
104. So ch* era forte et reportarne honore
Non bastava tua forza et tuo sapere.
Se non le havessi usato il traditore.
Et ciò ti vuo* con Tarmi sostinere ;
Né ti varrà di dua regi il favore,
Ch* io manterò le mie parole vere
Et teco et seco et con qua] nuche voglia
Meco pruovarsi quanto vai sua spoglia. »
240 I DODICI GANTI
[F®96r<^] 105. Rizzato in piede a tal parlar Rinaldo
Disse : « Mi duol che femina tu sei
Et di sdegno e invidia il petto hai caldo ;
Et, se nel cor pensier malvagi et rei
L'animo te percuoton, che mal saldo
So certo che starà alli colpi miei.
Ti darrò tanta guerra quanta vuoi
Con la licenza di questi almi heroi. »
106 . Et cossi detto giù del carro scende
Et fa venir il gentil Rabicano,
Poi l'elmo di Mambrin pregiato prende
Et quel si puone in testa di sua mano ;
Sopra il destriero poi velloce ascende,
Ch'era egli armato, et col brando sovrano
Va centra la sdegnosa Sycomora
A chi la invidia sola il cor divora.
107. Havea un cavai che Zenodor gli haveva
Dato, gagliardo et di persona beli [a],
Qual alla effigie Rabican pareva.
Che al tersi come quello era morell[a].
Eccetto che in la fronte egli teneva
Una ampia bianca rosa o vuoi dir stella.
Né cosi lieve qual Rabicano era^
Benché nel volteggiar parea una sphera.
108. Di prima giunta il palladino assale
La gigantessa che una storta tiene,
Et un colpo le dà con forza tale
Ch' in sul destrier a pena si sostiene :
DèUi nel petto che al capo non vale
Giunger tanto alto, onde ella le cathene.
Che con tre palle a Tarcion tien suspese,
Iratamente et con furor si prese.
109. Perchè di man la scimitarra, che ella
Tenea, li cadde pel gran colpo in terra,
Col mazzafrusto più crudel et fella
Tenta col palladino accerba guerra ;
Ma il palladin ch'avea la bestia isnella.
Fa che 1 gran colpo da lei tirato erra.
Et poi con urto se li serra in modo
Centra che 1 suo cavai non restò sodo ;
CANTO OTTAVO 241
[Fo95v<>] HO. Ma se le apperse il petto et cadde sopra
Una coscia a colei che è si superba.
Scavalca il palladino, o gentil opra,
mente d*honor vaga et non acerba I
In aiutarla il palladin se adopra
Et tuorla alfin disotto al cavai che herba
fieno biada haver più non agogna,
Che a lei d*un altro prò veder bisogna.
HI. Quando Thebbe disotto al peso tratta,
La scimitarra sua in man le ripuone,
Poi dice : « Hor su, ti spaccia presto et ratta,
A ciò finisca nostra quis tiene,
Ch'avendo tu parlato come matta
Difiender ti convien tua openione ;
Et, se non v[u]oi perir come quel altro,
Fa che habii il core generoso et scaltro.
112. Mi spiace ben che femina tu sei.
Che poco honor mi fia vincerti i' veggio,
S'io riportassi ben mille trophei
Vincendote, s'al tutto i' non vaneggio,
Nò a gloria nò ad honor quelli potrei
Ascrivermi già mai ; però che peggio
A un degno cavallier non si può dire
Che sei sia atto a femina ferrire. »
113. Stanno amirato i Re del generoso
Atto che usa colei quel gentil sire.
Ella l'aspetto fa più tenebroso.
Che per vergogna crede ivi morire.
Nò però caccia dal petto orgoglioso
Lo sdegno o l'ira, anzi le prende a dire
Che quel eh' ha fatto da viltÀ gli avviene.
Non da bontà eh' in lui parte non tiene.
114. Se/1 palladin s'avampa, se '1 si sdegna
Centra Tinvida donna ha et superba,
Se di abbassarle l'orgoglio s' ingegna.
Ne ò testimonia la sua spada accerba,
Poichò quella fa quanto ei dissegna
In l'armi di colici, come infra Therba
La adonca falce, et con sua forza salda
Tutte le getta in terra a falda a falda.
i<5
242 1 DODICI CANTI
[po 96 r»] 1 15. Fa quella ancora con la scimitarra
Diffesa quanto può, ma non le vale ;
Se adopra ben la cruda et la bizarra,
Ma quel gentil campion par che habia Tale,
Nò quello che d'Harpalice si narra
Fu tanto vero quanto in costui: se assale
si ritira, il fa con tal destrezza
Oh* Harpalice non hebbe più prestezza.
116. Si diffende el campion dalle percosse
Che Sycomora darle s'affatica.
Ella bastemmia il di nel qual si mosse
Dal suo paese con tanta fatica
Sol per venir in Spagna, poiché scosse
Vede sue forze et sorte a se nimica ;
E, mentre ella bastemia, a un man riverso
TaglioUa il palladin tutta a [t]raverso.
1 17 . Nel fianco destro Taf&lata spada
Alla superba intrò con furor tanto
Che di sangue et di fiece in su la strada
Sparse si ch'io non saprei ben dir quanto.
Cosi convien che quella invida cada,
Che s* havea dato di vittoria il vanto
Contra il magno guerrier di Montalbano^
Che mostrò quanto il cor valse et la mano.
118. Se le due donne al cor letitia n' hanno
Di tal vettorìa, a voi pensar lo lasso,
Se liete sono del scorno et del danno
Di Sycomora eh' a l'estremo passo
Giunse, che rinfaccio non senza affanno
Haveva il meretritio lor già casso
Quasi era hor mai dalla memoria humana,
Et lor lo rinfecciò la donna strana.
119. Haveva Sycomora dal paese
Condotto cento cavallier armati
Seco per sua bisogni in dure imprese,
Che schiavi alle Amazon erano stati,
Ma pur con giuramenti la scortese
Stretti gli havea che fossero tornati
Alla lor servitù, s'ella per sorte
In tal viaggio devenisse a morte ;
CANTO OTTAVO 24 3
120. Ma che non ritornassero che prima
Non facesser di sua morte vendetta,
Tal che la fama andasse in ogni clyma.
Cosi li cavallier in squadra stretta
S'erano posti , perchè ognuno stima
Il giuramento ch*alla maladetta
Fero di vendicar sua morte rea,
Ch' ognun giurando quel promesso havea
[F^96 v^] 121 . Et fecero a Rinaldo un cerchio intorno
Che della piazza uscir non possa senza
La seconda contesa, et un che adorno
Di cavallo era, d^armi et di presenza.
Prima parlando disse : « Hoggi è quel giorno
Che meco pruovar dei la tua eccellenza
In Tarmi, eh' io son stretto a vindicare
La morte di costei senza indugiare.
122. Se ti vuoi meco, o gentil cavalliero,
A pie pruovar o sul cavai, favella.
Ch' io scenderò, se vuoi, del mio destriero,
Over ti aspettare che monti in sella,
Né riputar il mio parlar altiero,
Ch* io son sforzato a ciò poiché quella,
Qual occidesti, m' uhligó si for[te]
• Ch' andar non può impunita la sua morte.
123. Et non solo io, ma tutti i miei compagni.
Che cento sono sotto giuramento,
Obligo han meco, benché ognun si lagni
Di darti, o cavallier, morte o tormento.
Che non semo assassin, ladri o griffagni.
Ma per forza obligati con gran stento,
Sendo nui privi della libertade
Nel regno feminil senza pielade.
124. Ciba condotto con seco Sycomora
Deir Amazzone la crudel regina
Nui per uscir del regno alquanto fuora.
Del regno governato di rapina ;
Con giuramenti di tornare ancora
Alle conochie, alla ria disciplina
Del carpir Therbe et cultivar la terra.
Promesso havemo et far centra te guerra. »
244 I DODICI GANTI
125. Rynaldo al cavallier ratto risponde :
u Servar il giuramento i* vi comendo
Che llìuom, che si rivolge come fronde
D'albero al vento, senza fò comprendo.
Se tanto giuramento in voi s'infonde,
Assolvervene in brieve et presto intendo,
Perchè di servitù insieme e di vita
Priva sia questa compagnia gradita.
[F°97r*]126. Ma, perchè ad uno ad un non basta il giorno,
Non intendo combatter teco solo
Per ben che sii tu cavallier adomo,
Si che in due parti dividi il tuo stuolo,
Et vederai come in picciol soggiorno
Del vostro sangue fia vermiglio il suolo
Di questa piazza, et sia la elletione
Tua di combater a pie over in arcione. »
127. Rispose il bon Onerino: « Non mi pare,
Signor, che a contrastar habii con tanti ;
Ma, se a cavai ti vuoi meco pruovare,
Vincendomi saren tutti tuoi fanti
Et la lite verrassi a disbrigare,
Che potrai conseguir triomphi tanti ;
Ma, s*io ti vinco, tu verrai prigione
A servir nosco in schiavo a l'Amazzone. »
128 . Rynaldo acetta et ferma questo patto.
Purché ciascun delli altri sia contento ;
Onde Ouerin diceva : « A questo tratto
Asciolto restarò dal giuramento. »
Et cosi aconsentirono di fatto
Al voler di Ouerin tutti li cento,
Oiurando in mano del re Zenodoro.
Cosi due lance presentate fuoro.
129. Era Onerino un corpo grosso et grande
Di fortezza et di cor molto animoso.
Et capitò ne l'Amazzone bande,
Sendo al cercar del padre curioso.
Subito alla più grossa lancia spande
La forte mano, et l'altro sei* famoso
Quella altra prende, et ciascun si ritira
A porre con tra Tun l'altro la mira.
CANTO OTTAVO 24 5
130. Cavalcava Guerin un cavai sauro
Veloce al corso et forte a meraviglia,
Che '1 capo ha di monton, simil di thauro
Il petto quasi, et il re di Siviglia
A Sycomora il diede per ristauro
D* una opra eh' ella ad un di sua famiglia
Oprò in salute ; a Guerin diello, il moro
Cavallo havendo lei da Zenodoro.
[F«97vo]131. Datosi il segno, ognun dei guemer sprona
L*an contra Taltro con la bassa lancia.
Infra la plebe cheto si ragiona
Che *1 cavallier, che la polita guancia
Rese al suo sposo, contra la persona
Di quel fresco guerrier non havrà mancia
D*honore alcun, perch* era affaticato
Ne l'altro abbattimento et insudato.
132. Altri dicevo : « Perchè è insuperbito,
Havrà vittoria il gran liberatore,
Che essendo Torso o lo leon ferito
Tanto più alla vendetta indura il core,
Che un generoso cor mai sbigottito
Non si ritruova, ma cresce il valore,
La forza et la virtù dove è l'ingegno,
Come la esperienza ne dà segno. »
133. Si scontrano i guerrieri a mezza piazza
Con tal furor che fa tremar la terra.
I buon destrieri di perfetta razza
Furon constretti di seder in terra.
II vento delle lance i tronchi spazza
Ne l'aere per fin fuor della terra.
Né fur truovati, et parte sopra i tetti.
Né si ferimo i cavallier perfetti.
134. L'uno et l'altro destrier al spron si rizza
Et li signori lor prendono il brando
A bataglia col qual l'un l'altro aizza.
Ma Rabicano in l'aer se levando
Sopra del sauro si conturba et stizza.
El buon Guerin si adira minacciando
Al destrier suo, che '1 vede a l'andar pegro,
Et vincere si lascia da quel negro.
946 I DODICI CANTI
135. Con li speroni spesso i fianchi prieme
Al sauro che ò impaurito et non le giova.
Onde per sua tardanza alquanto teme,
Che di Rabican scorge Talta pruova.
Però dice a Rynaldo : e Se tu insieme
Meco ucciderti vuoi, battagli [a] nuova
Prendiamo a piedi, perchè '1 destrier mio.
Come tu vedi, hor è fatto restio. »
[F* 98 r*] 1 96. Rynaldo il coraggioso non risponde
Alla preposta, ma del cavai scende.
Guerino ancor da l'arcionate sponde
Scender quasi il medesmo tempo prende.
Se mai, signor, vedesti del mar l'onde.
Quando una sopra l'altra discoscende
Con rovinoso vento, imaginate
Che altersi fare i dui guerrier vediate.
137. Forte ò Rynaldo, forte ò l'altro ancora
Dì maglia et scudo et d'usbergo guemito.
Presto uno è, l'altro fa poca dimora.
Et quando un fere, ha già l'altro ferito.
Si meraviglia l'uno ad bora ad bora
De l'altro che sia in l'armi si gradito,
Et in se dice il sir di Monte- Albano :
« Questo mi par pur caso orrendo et strano. >
138. Desia saper chi sia quel cavalliero,
Quel cavallier che tanto gli è molesto,
In V armi tanto ardito et tanto fiero.
Che Orlando non gli par simil a questo.
Si puone in cor di dimandar l'altiero ;
Ma, per vederlo si manesco et presto,
Suspetta che firmando il pie, per sorte
Non le dia quel vituperosa morte.
139. Già l'uno a l'altro il scudo in schiegge haveva
Gettato in terra et disarmato il braccio.
La bella Doralice già temeva
Del nuovo amante et già sentiva il ghiaccio
Al freddo cor, né contener posseva
Fiordispina i sospir pel dolce laccio
Ch' a con Rinaldo, per il benefficio
Ricevuto da lui senza servi tio.
CANTO OTTAVO 247
140. Parea Rinaldo stanco per la voglia
Ch'a di parlar, nò più al ferire attento.
Zenodor ciò vedendo n* ha gran doglia,
E il vechi[o] Stordilan pena et tormento.
Trieman le donne come al vento foglia,
Poich*è Rynaldo nel ferir si lento
Et veggon l'altro valoroso tanto,
Onde in sol carro cominciomo il pianto.
[F(»98t®]141. Rinaldo un tratto al carro gli ochi alzando
Vidde quelle asciugarsi il mesto viso,
Et, dentro di se alquanto suspirando
Del pianto lor, diss' : « Hoggi i* sarò ucciso
Con mia vergogna, s'io vo aspettando
Che sia il mio honor da incognito huom conquiso. »
Et cosi detto affretta il brando e il piede,
Et centra il suo nimico irato fiede.
142. Nò Guerrin fugge, anzi a quel sir s'accosta
Et dà un fendente a l'elmo di Mambrìno,
Ma truovò la sua tempra tanto tosta
Che poco nulla offese al palladino ;
Qual con gran forza centra se le arosta
Et prue va fa del suo brando accialino
Sopra la piastra forte et tranne fuoco
Tanto che quasi accende tutto il luoco.
143. È si piena la piastra e si perfetta
Che non può il palladin da quella trame
Oncia, e ogni lima fora '1 tutto inetta
Una sol dramma o un screpolo limarne.
Guerino al ferir lui più si rasetta,
E cerca ritrovar la ignuda carne,
E in su una gamba di piatto li colse.
Tanto furor il buon Guerino avolse.
144. Fu per cader il sir di Monte- Albano,
Onde con furia adesso se le astrinse
L'incognito guerrier ad ambe mano
Et petto et reni al buon Rynaldo cinse,
Et fa di lotta per gettarlo al piano ;
Pur far noi può, se ben stretto lo avinse ;
Et Zenodor, per fuggir maggior male.
Smontando ad ambi lor tols' il pugnale.
248 I DODICI GANTI
145. Havean lasciati i brandi alfin costoro
Cader in terra et fa ciascun di lotta.
Motteggiano le donne infra di loro
Col sperar pur eh* alfin vada disotta
Quel feroce Guerino, et Zenodoro
Altresì brama di veder la botta
Di quel estrano, et pur Tama eh *el vede
Cosi come a cavai valente a piede.
[B*o99r«]146. Se accosta Zenodoro e a tutti dui
Differire la lor lutta persuade
Pel nuovo giorno, onde risponde a lui
Onerìn che contento ò, se con le spade
Il di seguente vuol seguir con lui
Con chi contrasta, purché questo aggrado
Al compagno anco, et Rynaldo consente
Alle preci del re et de Tal tra gente.
147. Og^un sperava se Rynaldo ha posa
Che sua sia la vettoria senza fallo,
Però la gente è tutta desiosa
Che a questa lite prestisi intervallo.
Brama Rynaldo ancora questa cosa
Per saper chi è il guerrìer et seco fallo
Menar da Zenodoro con honore,
Comendandol di tanto alto valore.
148 Non vuol Rynaldo a carro più salire,
Con dir chiama riposo per quel giorno.
Cosi al pallazzo et seco Taltro sire
Et Zenodoro fecero ritorno.
Confetti et malvagia fece venire
El gentil re d*ogni virtù te adorno.
Con acoglienze et grati parlamenti
Honora quanto puote i sìr valenti
149. Ritoma il vechio re, tornano ancora
Le generose et inclite regine.
Di Sicomora il funere si honora
Dalle sue genti, et qual membra divine
La pongono dentro una alma et decora
Portatile però, et due pellegrine
Chinee carcano et fuori la portare
Della citadeet ivi la guardare.
CANTO OTTAVO 249
150. Vien Thora del mangiar, le mense poste
Sono solenne come ò lor costume.
Le tre regine quindi son preposte
Et li dui regi che dan chiaro lume
Coi bei diadema, et alle loro coste
Rynaldo siede, et par che tutti alume
Guerino che siede al buon Rinaldo a canto,
Et lassandoi mangiar ristringo il canto.
CANTO NONO
[F* 99 T®] l. Quando il g^an Oostantin diede a Sylvestro
L'imperio che egli possedea di Roma,
Fecesi qualche luogo che era alpestre
Et può ver desiar da ogni idioma ;
Che questo fa del tempo il gran maestro,
Qual va scorrendo con canuta chioma
Et quinci et quindi et questo et quel impero,
Dal nostro fin l'antartico emispero.
2. Sotteramo i tesor gli antichi patri
In qualche monte over cavato sasso,
Non volendo ingrassar gli amphitheatri
Di Greci avari o suscitarvi Grasso ;
Ma le richezze in luoghi oscuri et atri
Lasciaron tutti, et chi in alto et chi in basso ;
E in qualche luogo Tistessa natura
Produr thesor per dimostrarsi ha cura.
3. Finch' ò il thesor ascoso non se apprezza
Il luogo ove dimora, et se una luce
Non mostra chiara altrui la sua vaghezza.
Amarla o desiar nissun se induce ;
Né molto s'ama non vista bellezza,
Oh' a l'intelletto nostro non traluoe
Il sol, se prima Tochio non l'apprende,
Ch' ei da se senza il senso non intende.
4. El gran thesor della virtù s'asconde
Talhor in chi non ò chi lo presuma ;
Perchè quella è celeste ella s'infonde,
Comunchò '1 ciel della sua gratia aluma ;
Et poi, con le sorelle sue gioconde.
Purgar dai vitii l'animo costuma ;
Et tanto i suo' amator fra gli altri inalza.
Quanto da loro il vitio più s'incalza.
CANTO NONO 251
5 . Non sta ben dui contrarii in auggetto
Come si vede per esperientia :
Il fuoco dentro il mar non fa il suo letto,
Nò su in Faer la terra ha sua potentia.
Però virtù vuol Tanimo perfetto,
Non sottoposto al vitio, che sua essentia
Divina essendo vuol gli animi interi
Di quei eh' ella nel ciel vuol far altieri.
[F* 100 r*] 6. Vuol far nel ciel altier gli almi gentili
Che la voglion seguir per fine a morte,
Che non può chi lei siegue cose vili
Mai desiar, ma divien huom si forte
Che sprezza al fin tutte le cose humili
Humil...., né quella puone a sorte
Qua giù discesa nelle humane menti,
Chi e* lumi di ragion non ha in se spenti.
7. Ryualdo, che era virtuoso in atto,
El Meschino ama altresì virtuoso,
Qual dimostrava per presentia in atto
Magnanimo esser tutto et generoso.
Li regi, che U guerrier veggono adatto
In Tarme e in altre cose valoroso.
L'amano assai, che ogni spirto gentile
Ama d'amor perfetto il suo simile.
8. Mostra non haver più che diciotto anni
Et canuti pensieri in verde ettade.
fusse per li esperti et gravi affanni
Che prestano intelletto, egli assai rade
Volte rider fu visto, che gli inganni
Tenea nel cor de l'empie et dispie tade
Leggi de TAmazon, malvagio regno
Che ardiva in schiavo un huon tener sì degno ;
9. pur che chiuse nel petto teneva
Le parole che il fan cercar del padre
Che la bella Elisena dette haveva,
Chiamando schiavo un huom che di legiadre
Virtù è dotato et che '1 f ratei teneva
In grande honor; et la sua cara madre
Le '1 volea dar in sposo, ella il disprezza,
Cagion che '1 sir divenne in grande asprezza.
252 I DODICI CANTI
10 Che da Costantinopoli partito,
Poiché hebbe vinto il gran re Caradoro,
Agli Alberi del Sol a*andò espedito
Doppo molti travagli che li foro
Ostacol grande ; et hebbe quinci udito
Che doveva cercar gran tenitoro
Nanzi che i genitor suoi ritrovassi,
Et che passar devea per gravi passi.
1 1 . Stette in qael regno prima che ne uscisse
Ben venti mesi, et poi con Sicomora
Andò in la Spagna, come Turpin scrisse.
Alla famosa giostra, et si traeva hora
Nel regno de Granata infra le risse
Col sir di Montalban, che ivi dimora
Per vendicar la morte di colei
Che per la sua superbia spiacque ai Dei.
12. Però non ride mai, non fa mai festa,
assai summessamente, se pur ride ;
Dimostra esser disceso d'alta gesta,
Né me' di lui creato homo si vide
Né giovenil persona più modesta
Ne Tandar o nel star o se si asside.
Con rìverentia sempre et in ogni atto
Si mostra alla virtute assuefatto.
[F®100v^]13. Mangiano lenti tutti per mirare
Di quel nuovo campion gli alti costumi.
Onde lasciarli intendo et ritornare
Ai guerrier che di sangue et fuochi et fumi
Pieno lassarne Algier, per ritraovare
Quei grati a loro et desiati lumi
Della figliuola del re del Cataio,
Che '1 mondo alor non so s'hebbe altro paio.
14. Dico che un simil pai* d'huomin di guerra
Non hebbe come Orlando et Sacripante,
Eccetto il paio eh' or in Granat[a] erra,
Da l'infimo Murocco al chiar Levante,
Né Gadde li hebbe ne Gardio li serra
Né aerò mai, perbenchè '1 gran gigante
Murocco havesse ; che avanzan costoro
Il Mauri tano et l'Arabo col Moro.
CANTO NONO 253
15. Se vi ricorda, fuor d'Algiero uscire
Ambi color col Fauno in compagnia,
Lasciando gli Algerani in gran marti ro.
Ragionando ne van lieti per via
Inverso Albracca, et con un gran suspiro
Rodomonte si puone in fantasia
Di far vendetta centra il re Francese
Con ferro et fuoco di sue tante offese.
16. Questo Orlando non sa, non spera ancora,
Però ne va qual pesce alla dolce esca
Per ritruovar chi Tanimo le accora,
Chi in la pania d'amor tanto l'invesca.
Al raedesmo camin Sacripante hora
Ne va, che 1 desiderio Amor rinfresca.
Con gioia grande havendo ìd la memoria
Angelica et d'Algier laita vittoria.
17. Et mentre li lor motti la dolce aura
Prende, un corner ne viene a tutto passo
Che sotto haveva una giumenta saura
Che a ogni pel suda, et il corner che lasso
Era pel eorso et caldo, si ristaura,
Dove dovean passar costoro, a un sasso.
Si possava il corrier sotto una roccia,
Cui prima il Fauno [dei] guerrier s'aproccia.
18. Era la roccia discoscesa tanto
Che parea che cadesse in mezzo il mare.
I cavallier, che visto haveano in tanto
Veloce corso quel guerrier firmare,
Mandomo il Fauno inanzi, acìò che quanto
Ivi ritruova gli habia a raportare,
Aciò che qualche inganno non si scuopra
Contra di lor per qualche magica opra.
[F^lOlr^] 19. Tenevon tanto fisso nella mente
Quel che già detto loro havean le Dee,
Che le parea veder sempre presente
La strega Alfegra con l'arti sue ree.
Et imperò mandar subitamente
A scoprir ogni aguito in le vallee [riva,
in poggi in valli o in boschi o in piaggia o in
Ove il lor echio discoprendo ariva.
254 I DODICI GANTI
20. Giunta la bestia, che mezza era humana
Et mezzo hyrcina, a quel corner favella
Con la superba sua voce sovrana,
Che a quel corner entrando in le cervella
Puose nel cor tanta paura estrana
Che in corpo le tremavan le budella,
Perchè animai mai simil non haveva
Veduto a quel eh' al corner si diceva :
21 . c< Tu devi qualche froda a questo sasso
Certo pensar firmato si repente.
Deh, dimi il ver, onde movesti il passo ?
Et dove andar intendi T se dolente
Non vuoi ti renda, anzi che '1 mio turcasso
Manchi d'ogni suo strai forte et pungente;
Che, se non dici il ver, ti farò un scherzo
Che non dirai bugia a secondo o terzo . »
22. Triema il corner et batte i denti in fretta
Come cului cui febbre fredda assale,
Ne può parlar perchò la voce stretta
Se li ò nel petto per timor, che tale
Porsi non hebbe mai ; nò quello aspetta
Il Fauno che sylvaggio era et bestiale,
Ch* alza per darle l'arco in su la testa
Con la sua usata rabbia pronta et presta.
23. Grida il corner: « Non far, ch*io dirò il vero,
Se '1 ver da me punto sapere agogni,
Nò ciò saper ti fia forsi leggiero.
Se tu cerchi supplir a tua bisogni.
Con utile et con fama farte altiero
Et levarti da bassi et vani sogni,
Ti darò il modo et mostrerò la via,
Volendomi ascoltar tu in fede mia. »
24. E segui : « Lo signor mio Gallafrone,
Che in India ha il regno, gran guerra sostiene
Dal Tartaro Agrican fuor di ragione,
Et è fatto angoscioso per le pene
Ch* estreme paté il misero vecchione,
Ch' ancor del morto figlio duoglia tiene
Et d'una figlia sua qual ò smarita,
Tal eh' a pena sostiense in questa vita.
CANTO NONO 255
[F*101v^]25. In ogni regìon corrieri ei manda
Per truovar uno che le salvi il regno,
Et a ciascan guerrier si racomanda
Che le porga soccorso, et, se fia degno.
Le darà guidardon che in ogni banda
Se ne dirà, perchè molto è benegno
A chi lo serve ; giuro in fede mia
Ch* egli mai non mancò di cortesia. »
26. Gol re cavalca il conte a lento passo
Di amor parlando et di vettorìe et d'armi,
Quando viddero il Fauno presso al sasso
Parlar con il corner. Disse il re : u Panni
Che inanzi andiamo a prender qualche spasso
Del staffier nostro, perchè discostarmi
Da lui forte mi par. » Cui el degno conte:
« Sproniamo, » disse con serena fronte.
27 « Era faceto il satiro che loro
Deron le nymphe ad ensegnar la via.
Che sempre motteggiando con costoro
Mantenea lieta quella compagnia ;
Però men grave di quel tenitore
Pareva il lor viaggio tutta via.
Cosi desideravano star sempre
Seco ad udir le sue facete tempre.
28. Et cosi mossi di gualoppo al paro
Giunsero al Fauno che si mostra lieto.
Et qual sia quel corrier lo adimandaro ,
A quai risponde il guerrier che è discreto
Narrando del signor so il caso amaro.
Et l'animo turbato et inquieto
Del figlio, della figlia et poi del regno,
Et quanto imposto le ha il signor suo degno,
29. Che a truovar vadi cavallier erranti
Qua et là del mondo in ciascheduna parte,
Et ne drizzi in Albracca tanti quanti
Truovame può di quei che seguon Marte
Famosamente, perchè pregi et vanti
Et con parole et stipulate carte
Et con effetto poi, se tai sarranno
Di virtù quai di nome acquistaranno.
256 I DODICI CANTI
30. S'alegra il re, ma più se alegra il conte,
Che sa ben quanto Durrindana vale
Et come fugge da sua irata fronte
Ogni pagan come codardo et frale ;
Si come a lui non stette saldo Almonte,
Cosi Agrican non resti, ha pensier tale.
Pur motteggiando al corner disse el sire :
« Che premio havrà chi fa Agrican morire ? »
[F«108r»]31. i^ Ha una figliuola il mio re Galafrone
Di angelica beltà come ò di nome,
Che fia del vincitore il guidardone»
Disse il corner, et potrà por le some
Al vechio padre con qualche ragione ;
Ma, di franco, ella, non so ben dir come
Tornando presa fu da un rubbatore
Che un Castel tiene essendone signore.
32. Questo castello è di muraglia forte,
Che ferro o fuoco romper non le paote.
Su un alta spiaggia, et d'acciaio ha le porte
Che di guardie non restano mai vuote.
Chi quinci arriva over ritruova morte
Over resta prigion, s*ei non percuote
Con morte a un giorno cento cavallieri
In sella armati dispietati et fieri.
33. Sarpedonte ò il signor del Rio Castello,
Figliuol d'Oldrado perfido tyranno
Qual fu al sua vita si crudel et fello
Che '1 popol suo Tuccise, bora ò il terzo anno.
Fé Serpedonte poi crudel macello
Delli vassalli suoi con onta et danno,
Et ha giurata eterna crudelt[a]de
Per dimostrar del padre haver pietade.
34. Trecento cavallier tiene il ribaldo.
Et pascali di prede et rubagioni.
Siede egli nel castel gio[io]so et baldo
Sotto la guardia di cento campioni,
In la durezza sua sempre più saldo ;
Cento intomo al castel fan guarnigioni
Et gli altri cento sempre vanno intorno
Rubbando i passaggier di notte et giorno.
CANTO NONO 257
35. Onde, come gii dissi, ritornando
Angelica di Francia ivi fu presa,
Oh* al padre suo tornava suApirundo
Per l[a] patit[a] dÌ8pietat[a] impres[a]
Del suo frate Argalia ; et però quando
El cor vi dia di prendervi rimpres[a]
Di questa guerra, havrete il guidardone
Detto et sarete amici a Gallufrone. »
36. La distantia et il nome del castello
Dimanda il conte a quel corrier che disse :
<c Per sei leghe ò distante i* luogo fello
Ch' a molta gente la vita prescrisse
Dalle genti appellato Rio-Castello,
Dove non mancan mai bataglie o risse. »
Et per esser si presso il conte vuolse
Gh* ivi si andasse et seco il corrier tolse.
[P« 108 V®] 37. Il corrier ai campion giva per guida
Per mostrarli el Castel di Sarpedonte
Dove la mala compagnia se annida,
La compagnia eh* altrui fa danni et onte ;
Qual vincer Sacripante si confida
Soletto, et imperò supplica el conte
Che lassi a lui la desiata impresa
Per liberar chi gli ha l'anima accesa.
38 . Orlando pur difficil la concede
Ciò che adimanda il re de Cyrcasia,
Et cosi la promette sotto fede
Lasciarlo sol con quella compagnia
Provar sua forza, e a lui vettori a cede
11 conte et vuol che di questo re sia
L'impresa sì ma che la donna bella
Si rimeni al suo padre alfin polzella.
39. Et cosi giura il re che, se vettoria
Acquistarà della maligna setta,
Non ne vuol altro che Thonor et gloria,
Et la fanciulla tomi pura et netta
Al padre Gallafron, ma per memoria
Di sua eccellenza et sua virtù perfetta
Vuol che strughi il dispietato luogo
Come l'antica Troia a ferro e a f uogo .
17
258 I DODICI GANTI
40. Di questo molto Orlando si contenta
Più che di cosa ancor che le sia chiesta,
Aciò la trista usanza ivi sia spenta
Con la superba et dispietata gesta
Di Sarpedonte ; ma il corner sgomenta
Et quanto puote dissoade questa
Subita impresa , et pruova con ragione
Che si dia pria soccorso a GallafrOne.
41 . Dicea il corner : « Signor, perder qui molto
Si puote et lo acquistar è periglioso
Et poco, et imperò non vi fia stolto
Il mio parer. Sliavete luminoso
Vostro intelletto e da paura sciolto
L'animo et qual aspetto coraggioso,
Là si puote acquistare etema fama
Et quivi a pena una misera dama ;
42. Quale, se la vorrete, ancora vostra
Sarà, et se la vettoria havrete in mano.
Ma qui potrete perderla in la giostra,
S*un poco vi si mostra il cielo strano,
se fortuna ria vi si dimostra,
Che mai sempre non tien Taspetto humano.
Vincendo là con genti qua verrete,
Et con assedio almen quella haverete. »
[F<>103 r®J43. Non piace al conte et meno a Sacripante
Di quel corner, benché buono è, il consìglio.
Ma dice il conte : e Cavalchiamo inante,
Che per adesso al tuo dir non mi appiglio.
Combatte assai più volontier l'amante
Et meno apprezza o paura o periglio,
Quando si vede la sua donna apresso
il guidandone al vincitor promesso. »
44 . Et, cosi detto^ tutti quatro vanno
Inverso Riocastel senza dimora,
Benché fuori di strada, a crudel danno
Di quel signor che dentro vi dimora,
Se si può dir signor quel che è tirranno.
Perchè la gentilezza non b onora
Nò la virtù, che uffitio è del signore
Ai spiriti gentil far sempre honore.
CANTO NONO ;è59
45. Ma ne' moderni tempi, aymè che 1 dico
Con le lagrime agli ochi 1 i signor veggio
Tutti tyranni et nullo a virtù amico,
Premiar i rei, ai buon far male et peggio,
L'honesto e il ver tener sol per nimico,
A adolator prestare il primo seggio,
Honorar parasiti sol et Trasoni,
Scorti, cynedi, scenici et buifoni.
46. Et voi che '1 tempo ne' studii perdete,
Tanto dico a' latin quanto a' vulgari,
H uomini litterati che n' bave te
Per servir li signori engrati avari.
Ancor se affaticandovi scrivete
Per farli unichi al mondo o almeno rari,
Non aspettate guidardon, se 'l cielo
Inverso voi non ha di pietà il zelo.
47. Noi dico pel mio sir, che '1 mondo tutto
Già sa quanto è cortese ai vertuosi.
Perchè della virtù coglie il frutto
Ancor sopra dei rami gloriosi.
Che si ò per tal cagion giovin ridutto
Fra squadre armate d'huo[min] generosi
Per non degener[ar] da sua preclara
Gesta, gentil casa de Anguillara.
48 . Cosi lo faccia Marte esser vincente
Come ò di cor ardito et animoso.
Et lo rimandi con tutta tua gente
Al stato suo per sempre glorioso,
Com' io son certo che sua chiara mente
E verso me cortese, et generoso
Animo tien a guisa di sua antica
Stirpe gentile, alla virtù de amica.
[F"103v<>]49. Ma ritorniamo al nostro dir primaio,
Che gionti i quattro al luoco destinato
Qua veggono uno et costà un altro paio
D'huomini armati et qui un cavai legato,
Là un altro pascolar, et in dispaio
I cento rubbator del forsenato
Sarpedonte. II re una basta, che d'un faggio
Per via fece, arestò per farle oltraggio.
260 I DODICI GANTI
50. Il conte, il Faano et qael corner insieme
Si posero a mirar il bello assalto,
Et videro che '1 re scacciando prieme
Questo et quel ladro a lancia, a urto, a salto,
Onde hanno i tre della vettoria speme ;
Ma poi veggion calar giù da un poggio alto
venticinque o trenta huomini armati
Al pian con le lor lance et brandi a lati.
51 . Quai tutti insieme centra il re fan testa,
Et altri tanti o più quasi in quel punto
Si viddero abbassar le lance in resta
Gontra al sol re, onde Orlando, compunto
Di quel che le promise, assai molesta
Mente supporta che *1 buon sir sia giunto
A sì mal passo, et pur per non mancare
Di fò non vuol nella battaglia entrare.
52. Ma ben proposto fa Orlando nel core,
Se perde il re, di vendicar volerlo
Et racquistarle ogni perduto honore.
Però come egli fa fisso a vederlo
Si resta, ma n *ha in se tanto dolore
Che la fò gran fatica hebbe a tenerlo
Che non donasse a quel campion soccorso
Vedendol solo infra tanti trascorso.
53. Gran forza havea la fede anticamente
Che in gran prezzo era et reverita molto ;
Usavasi servar !Ia V Oriente
Fin dove il chiaro lume al sol è tolto.
Hora s*ò dipartita da ogni gente
Et ò il suo tempio fatto un bosco folto.
Da ellefanti honorato et da pantere,
Da cani et da mille altre alpestre fere.
54. Fa Sacripante al suo Frontin sudare
Ciaschedun pelo et egli altresì suda,
Ma son sforzato adesso lui lasciare
Con quella gente dispietata et cruda.
Et dove Aleramo è ormai tornare
Che con la bestia d'ogni pietà ignuda
Combatter vuole, che le dio Sylvana
Tal pugna si crudel, sì orrenda et strana.
CANTO NONO 261
[F*104r<^]55. Già 8*era Astolfo ritirato in parte
Dove scoprir potea rabbatimento
Per veder la destrezza, il modo et Tarte
Del suo compagno che senza spavento
La bestia assai con quel furor che Marte
Et Giove fanno e in mar l'irato vento,
Suspinti dal furor, commossi a Pira,
Quando in Sicilia il gran gigante spira.
56. Tygre, leon, panthera, o isnello pardo
Non fu mai visto si agile et si destro,
Nò pareva Aleramo già più tardo
De l'animai bizarro, aspro et sylvestro,
Et sol di non errar havea riguardo
Nel porre i colpi sopra l'angue alpestro.
Anzi del drago estratto da l'inferno
Per far di quel campion il nome eterno.
57. Dal di eh' Alcide dei furati armenti
Et della vita privò Gerione
Et lo mandò fra l'anime dolenti.
Per fin che venne il nobile campione
Nel regno di Sylvana et dalle genti
Morte lo trasse, stette con Plutone
Il trigemine Hyspano, et hora in drago
Mutato ò uscito de l'inferno lago.
58 . Et ha tre teste e ogn' una un corno ha in fronte
A guisa d'unicornio, et due grandi ali
Che ognun' [h]a gli ochi di Argo et sonno gionte
Sopra le spalle, che han per pene strali
Acuti si che passariano un monte
Di vivi sassi, et farebbono frali
l dur diamanti ; et il campion non teme,
M a sopra l'animai tutto si preme.
59. Et con la spada un colpo al drago colse
Sul collo il sire, et ert forte li dette
Che per un pezzo la gran coda avolse
Crollando le tre teste maladette
Per la gran botta che molto li duolse,
Ma pur legò le gambe in modo tale
Con la coda a quel sir d'alto valore,
Ma non fu pusilanimo nel core.
26 S I DODICI GANTI
60. Anzi cosi legato al fiero drago
Cerca col suo valor la vita tuorre,
Et con la spada fa di sangue un lago
De l'animai ; et cerca il brando porre
Su le ne teste di vettoria vago,
Ma non si può il guerrier indi distuorre,
Se l'annodate gambe non disnoda
Da quella brutta et paventosa coda;
[F® 104 ▼*] 61. Da quella brutta et paventosa coda
Che è biforcata a guisa d^una luna
Et che amendue le gambe si le annoda
Che muover nonne può il guerrier sol una.
In la schiena e in le braccia si disnoda^
Ma ritrarsi indi vivo speme alcuna
Non ha, se prima ben non si discioglie
Da quella bestia con sue amare duoglie.
62. Astolfo, che legato il sotio vede,
Cerca con qualche scusa indi partirsi ,
Perchè, quel morto, la bataglia crede
Debbia contra di lui tutta scoprirsi ;
Ma Sylvana il partir non le concede ;
Pur Aleramo, aciò non possa dirsi
Vilmente morto in cosi dura impresa.
Mostra quanto ha d ardir Tanima accesa.
63. Et volto al coderon alza la spada
Et con la usata possa un gran fendente
Mena, et la coda salta in su la strada,
Onde Aleramo il sir forte et prudente
Tutto si scuote per non star più a bada.
Et, aciò del dragon le forze spente
Restino, con prestezza quanto puòte
La ancisa coda dalle gambe scuote.
64. Ma quella coda si dimena in guisa
Più che se giunta al Corpo fusse stata.
Anzi più assai di pria che fusse ancisa,
Et al guerrier fa guerra più spietata.
Che già di sangue gli ha la faccia intiisa,
Ma non che la forza habia anichilata.
Non dà alla coda più né al drago ancora,
Perchè il sangue il veder le discolora.
CANTO NONO 263
65. Et con la bocca che ha in le parti estreme
La coda al air la destra gamba afferra,
Et tanto forte quella strìnge et prìeme
Che sforzato è costui cadere in terra.
Il drago con la coda mosso insieme
Sopra il caduto sir tutto si serra
Con impeto crudel, con gran furore,
Da dar a Marte non eh' a un huom terrore.
66. Ma Aleramo, che sol dlionor è vago.
Pur si rincora et di rizzarsi pruova
Come della vettoria sua presago,
Usando una destrezza altiera et nuova.
Tutto si caccia sotto Fampio drago
Con el nudo pugnai, et ciò le giuova.
Perchè in un fianco ove la pelle è molle
Tutto lo caccia et la vite le toile.
[F<> 106 r*']67. Poi menò un colpo alle tre teste un tratto
Con la sua spada et quelle tagliò netto,
Et con la coda rimase disfatto
Di vita una altra volta il maladetto
Brutto animai ; et fé la coda un atto
Che fu miracoloso in primo aspetto.
Che, morto il drago, tutta si distese.
La bocca aperse e il sir libero rese ;
68. Come dicesse : « Poich' è morto il resto.
Viver non posso più; però ti lasso. ]>
Ei sir, che '1 drago non ha più molesto,
Lieto et contento ritirato il passo
Per accostarsi ov' è il bel viso honesto
Di Sylvana gentil, pensando al passo
Della immensa vettoria esser già giunto,
Nuova cosa apparir vidde in quel punto.
69. Che vidde dalla bocca certo orrenda
Dei drago morto uscir con sette teste
Una hydra di bru tozza si stupenda
Ch* avria impaurito il forsenato Oreste.
Come contra Aleramo ella sfaccenda,
Inditio fanne l'opre sue moleste,
Ch* un assalto le fé ch'avria impaurito
Ogni altro huom di forti armi ancor guernito.
«64 I DODICI CANTI
70. Astolfo che è lontan, non si a88icar[a]
Quasi ivi starsi ; intrepido sol resta
Aleramo, che sol senza paura
Spera quello, eh' [h]a fatto al drago, a questa
Hydra far anco, et però ben procura
Tener con l'ochio si la mente desta.
Che ovunche l'hydra si rivolge, altersi
Non offeso il guerrier possa tenersi.
71. Ha sette teste, come è detto, e ognuna
Ha un corno in fronte pien di tosco amaro.
Non è persona che la veggia alcuna
Che di fuggirla assai non habia caro.
Eccetto quella d*Aleran digiuna
D^ogni timor, d*ogni suspetto raro,
Gh*uno dei sette capi con la spada
Fa il sìr che sanguinoso in terra cada.
72. Né prima fu quel teschio anciso in terra
Che tre ne surser nel sanguigno collo,
Più brutti et più superbi et alla guerra
Più agii centra il sir, che mai satollo
Non si ritruova finche non atterra
Questo animai con Taltro duro crollo
Deir aspra morte, che vettoria attende
Cui sol drizza il pensier, cui sol intende.
[F'*105v®]73. generoso cor, animo invitto
Che nulla teme del nuovo caso !
Astolfo ha per paura il cor trafitto.
Et scolorito è nel volto rimaso,
Dubbiando et egli a simile conflitto
Successor farsi per Tultimo occaso
Che pensa del compagno et fermo spera
Per la prestezza della strana fera.
74. Dice fra se !o Inglese : « Di due cose
Una convien che sia per quanto i' veggio :
Se ogni testa che taglia tre orgogliose
Ne fa, come le tre ch^han preso il seggio,
Pian le tutte infinite et perigliose
E nostra morte fia per nostro peggio,
E cosi havremo un strano guidardone,
Io del gigante et ei del rio dracene. »
CANTO NONO ««5
75. Mentre che seco ciò TEnglese volve,
Il medesmo Aleramo ancora pensa,
Et dentro el cor pensando si rissolve
Mostrar Tanimo suo, la forza immensa.
Onde li sette colli in su la polve
Fece a colpo cader con quella accensa
Prestezza, et Thydra per la coda prese
Et quella con il drago infuoco accese.
76. Non men fu lieto Astolfo che Aleramo
Della vettoria chela strana lutta
Vidde finir, che prima n'era gramo.
Dubbiando che conversa in esso tutta
Ella non fusse, et, come il pesce a V hamo,
Havervi a rimaner et dalla brutta
Hydra esser col compagno divorato.
Hor che ella è morta, lieto è ritornato.
77. Et baldanzosamente alla regina
Rivolto disse : « generosa diva,
C'ui tanta gratia il ciel largo destina,
Che finché '1 mondo dura, sempre viva
Tua persona gentil, cu' ognun se inchina
Per la virtù che mai in te sempre è viva ;
Hoggi mai faccìan triegua con li mostri
Et contempliamo questi luoghi vostri ;
78. Che un paradiso, un luogo di beati
Certo mi pare questa vostra s[t]anza,
E voi angeli pur dal ciel mandati
Quivi habitar : se non tracotanza
Il mio parer et s' i giudicii usati
Ho meco interi, et se la nuova usanza
Del luogo non mi tolle lo intelletto,
11 Castel vostro è un eterno diletto. »
[F<*106r°]79. Onde la fata sorridendo a lui
Disse : « Un buon cavallier non brama posa ;
Pur, perchè lassi sete hor amendui.
Esservi voglio in questo gratiosa
Che gratiosi ancor comprendo vui
Degni da me impetrar più horevol cosa. »
Et detto questo per la man li prendo
Et verso il bel pallagio il passo stende.
266 I DODICI CANTI
80. Così coi cibi vanno a ristorare
I corpi dalle gravi fatiche affranti,
Et con tra un choro delle fate andare
Videro a se con dolci e ameni canti,
La lor regina vera acompagnare
Et honorar i dna guerrìer erranti
Dentro un giardin d'una bellezza tale
Quanto veder mai possa ochi[o] mortale.
81 . Un mezzo miglio da ogni lato il tiene
Posto in quadrato, et un colletto in mezzo,
Sul qual di marmi un fonte con amene
Acque vi spande, e intorno un grato rezzo.
Quinci habitaron già l'alme Chamene,
Mai si ritornarono al dassezzo
Previsto havendo di Sylvana il caso
Nel biffo reato monte di Parnaso.
82. Et in memoria della lor partita
Fu da Sylvana da quei marmi ornato
Et d'ognuna Timagine scolpita
Col nome lor, col lor significato.
L*opra è si degna, si tersa et pollita
Che ciascun che la vede sta ammirato.
Scritto era il nome ancor di chi ornò il fonte
Che fu de V eccellente Zenofonte.
83 . L'ima^in prima che a V intrar del fonte
Si vedea, havea due facc[i]e e in ogni mano
Un libro grande et sotto i piedi un monte.
Un volto era divino et l'altro humano.
Una corona Tuna et l'altra fronte
D'oro cingeva, cui poco lontano
Sedeva a piedi un vechio al destro lato,
Et dritto a l'altro un giovinetto ornato.
84. Disotto al monticel, eh' ivi era scolto,
laceva un corpo human con quatro teste,
Et era differente ciascun volto
Di quelli quattro, et parte senza veste
Era del corpo, et una parte molto
Non vestita era ben ; et sotto queste
Cose era scritto il nome della musa
Che in Greco et in Latin Clio ogn'uno accusa.
CANTO NONO 267
[F«10ev*]85. L'imagine seconda dimostrava
Una donna gentil saggia et ornata
D'ogni bellezza, che a ciascun prestava
Diletto grande et la chioma ha dorata,
Un flauto tenea in mano, et chi mirava
In lei la mente havea quasi beata.
El pastor Pan da lato li sedeva
Che flauti et zampognette li porgeva.
86. Ove ella i pie firmava, un praticello
Ameno altresì sculto vi si vede,
Con herbe et fiori da qualch* arboscello
Accompagnato, che fa ferma fede
Della eccellentia del maestro isnello.
Cui forsi Pr[a]8itele in questo cede,
Ove è appiccato un epitaphio a un sterpe
Con la scrittura che diceva Euterpe.
87. L'imagiu terza, che '1 bel fonte honora,
Di varie veste una legìadra donna
Vestita, cui la bella trecia infiora
Una ghirlanda d'hedra, a una collonna,
Che li fa sopra una scena decora.
Tutta s'appoggia, et la suprema gonna
Ha de diversi fior tutta dipinta,
Et d'una vite pampinosa è cinta.
88. A pie dui fauni con sonore canne
Segone della diva ai gesti lieti ;
Et sotto i pie pastor con le cappanne,
Con stridoli capretti et agnei quieti
Et cani Colchi che mostran le zanne
A certi lupi o lor greggi inquieti,
V eran scolpiti con gran maestria,
Et scritto infra : la comica Thalia.
89. La quarta una mestissima matrona
Che di sardonio havea la sopravesta
E in man teneva una rotta corona,
Et scuri veli sopra della testa.
Et sopra un tronco tutta s'ablandona,
Su la sinistra tien la guancia mesta,
Et nella destra u[n] gran coltel sanguigno.
Et sotti i piedi un lamentevol cigno.
?68 I DODICI CANTI
[F® 107p®]90. Phylle suspesa al tronco vi si scorge,
Ove la musa il cubito suo appoggia ;
Dalla altra parte una gran pietà sorge
Et inaudita et paventosa foggia,
Pyramo et Thysbe, alli quai sola porge
Una spada la morte che ognun poggia
Volo[n]tario sovra essa; ivi è Medea
Coi figli, et scritto vi è : Melpomena.
91 . La quinta una donzella vaga e humile,
Gioconda et lieta in man tiene una cetra.
Porpora bianca veste la gentile
Fanciulla, et viva par, non sculta pietra.
Una girlanda in capo signorile
Di gemme porta, et sol da lei s'impetra
Soavità, dolcezza, ligiadria,
Gratia, honesti piacier, dolce harmonia.
92. Siede a pie della musa al destro lato
Un pastorello Hebreo su un capo humano
D*un bel diadema d*oro incoronato.
Et al sinistro il Tratio che la mano
Movendo adolcia ogni corefferrato.
Et fuor dei fiumi et fuor de TOcceano
I pesci il suono tira, et sotto il piede
Terpsichore esser scritto vi si vede.
93. El sesto luogo d'un puro alabastro
Una imagine tien che par che spili
Et mostra la eccellentia del suo mastro,
Cui par che im[m]ortal gratia intorno agiri.
Ivi discesa dal più benigno astro
Che fu nel ciel, sia ne* perpetui giri.
Di rose ha il capo ornato inanzi et dietro,
E in una man la lyra e[in]raltra il pletro.
94. Di myrthl ha sotto i piedi un bel boschetto
Fra quai damme, conigli et capriuoli
Van lascivendo, et Cyprigna ivi il letto
Haver si vede infra sua duo ' figliuoli
Ch* uno detto Disio, l'altro Diletto,
Quai senza lei mai non si veggion soli,
E un epitaphio tien dove è notato
A lettre d'oro : « I' son la musa Erato. »
CANTO NONO 269
95. In el settimo laogo una scultara
Sembra una giovinetta honesta et grave
Che nella destra tiene una scrittura,
Et negli echi ha un guardar molto soave .
Nella eloquentia eccede la misura
E i riguardanti in lei unqua non pavé.
In Greco la scrittura scritta estolle :
« Muove ogni cor da V ira il parlar molle. »
[F®107v»J96. Infra i suavi fior del grato amomo
Tiene ella i piedi, e un Greco ha della destra
Assiso a un arboscel di cynamomo
Et un grave Latin dalla sinestra
Di gratto aspetto, et tiene in mano un pomo
Soave agli ochi, e un armellin s'adestra
Di morder quello, et sotto i pie alla diva
Un motto è scritto : « Qui Polimnia viva. »
97 . Ne Tettavo è una donna che li panni
Squarciati porta et poverella pare,
Et mostra per ettà più di ottanta anni ;
Nude ha le braccia et par che misurare
La terra, il mar e il ciel tutta s'affanni.
Con una sphera in man, qual fa girare
Un venticel soave che ivi spira.
Un echio in alto et Taltro in basso mira.
98. Sopra d'un monticel d'alberi et fronde
Privo, la musa ferma ambe le piante.
Siede ivi un vecchio eh' amendue le sponde
Del monte abraccia, et quinci è scritto Athlante.
Di sotto il monte nascon limpide onde
Che danno sete ad ogni circonstante,
Ma chi troppo ne bee viene in insania.
11 motto ivi notato dice : Urania.
99. Adempie il nono luogo una Oamena
Con lunga chioma simile al pur oro,
Vaga in aspetto et di fronte serena.
Cui le tempie circonda un verde aloro.
Et runa et l'altra man di pletri ha piena.
Et ricamate di sottil lavoro
Le veste varie, di bei fior ornate,
A riguardanti sopra modo grate.
270 I DODICI GANTI
100. Di hedre,di lauri, di gesmini et myrthi
Sotto i pie della diva è un bel boschetto,
Cui dalli lati seggono dui spirti
D'uno elevato et divino intelletto,
Li seusi al ci[e]l.... levati et irti,
Un Cyprio, un Mantuan con vario affetto.
Coronati de aloro ognun teneva
Un breve qual Calliopea diceva.
101 . Intorno al fonte di bel marmo bianco
Ligiadri seggi et atti al riposarsi
Ciascun che sìa o per fatica stanco
per voler qualche diletto darsi,
Dove gioDgendo col Thedesco il franco
Inglese con Sylvana prepararsi
Vidder la mensa di soavi cibi
Che par che dichi a ognun : « Perchò non libi ?»
[F« 108 r®] 102. Quivi di canti et suon Taura rìssuona,
Et l'acqua alla regina e ai cavallieri
Alle man dassi, et l'inclyta persona
Pria di Sylvana et puoi i guerrieri
Si pongono alla mensa, e una corona
Si puonein capo dei campioni altieri.
Di quercia verde et di edera contesta
Per le man sol della regina honesta.
103. Vengon li cibi delicati et tanti
Et si diversi et di si grati odori
Che perdon gli gesmini et gli amaranti,
Et di cedri et limoni i vaghi fiori
Di Narciso et Hyacintho et degli accanti,
Et soverchiano i vin gli altri liquori ;
Soverchiano li vasi ogni gran regno
Di prezzo, di materia et di dissegno.
104. Struono a l'alta mensa alcune fate
Più che d'human d'angelici sembianti.
Et con loro accoglienze honeste et grate
Honorano altamente i siri erranti.
Ma perchè le regine già lasciate)
Coi regi et gli altri dui guerrier prestanti,
Che di Rinaldo il bel triompho i* siegua,
Quanto più l'una et l'altro può' mi adegua,
CANTO NONO 271
105. Ritorno a quella mensa ov' io lasciai
Li regi, le regin[e], i cavallieri
Con Doralice, che piena di lai
Va ramentando i sao* tempi primieri,
Nò satiasi mirar costor giamai
Vedendoli ne Tarmi esser si fieri ;
Ma di Rynaldo s*ò fiammata tanto
Che par eh* abia nel petto il cor affranto.
106. Da un carro è lieta di vedersi inante
I sir pregiati questa donna altiera ;
Da l'altra parte du[o]lse esserne amante,
Però che possederli unqua non spera,
Che, l'uno et Taltro di essi essendo errante,
Non ha notitia di lor stirpe vera
Ella nò il padre, e in questo pensier molto
Guardia hora questo et hor quel altro in volto.
107. Et talhor se arosciava et scoloriva
Talhor in faccia, del che la regina
Vechia si accorse, onde di amor non priva
La figliuola conobbe ; et Fiordispina
Sta tutta lieta d'animo et gioliva
Vedendosi honorar et che s'inchina
Ciascuna a lei, et li benigni regi
H onorano i guerrier di lode et fregi.
[po 108 v°] 108. Disì'oso Rynaldo di sapere
Chi sia colui con chi la pugna ha ve va,
La bocca apre doppo un lungo tacere ;
Del nome et della patria il richiedeva.
II bon Guerin, che non si può tenere
Del suspirare, cosi rispondeva:
(1 Signor, non ti so dir dov' io sia nato.
Ma son certo in Bizantio nudricato.
109. El mio nome Meschino ivi fu detto,
Et da fanciul fui preso da corsari
Et da un mercante, eh' io sugge vo a petto,
Comprato fui con robbe et con denari,
Et alla moglie senza alcun rispetto
Mi presentò ; fra presenti più rari
Rarissimo fui io, a ciascun grato
Di lor et da figli uol nutrito e amato.
«72 I DODICI CANTI
110. Un altro figliuolin mio coetano
Havea costui che mio padre io credeva.
Crescendo noi alla scuola andavano
Et ambi per figliuoli ei ne teneva ;
Un vestir, un calzar, un viso humano
A me come al figliuol proprio faceva,
Nò schiavo mi conobbi, un giorno eccetto
Ch' io fui al sacro imperador accetto;
111. Che s'accostò al figiiuol del mio padrone,
Qual sempre i* cresi a me fusse fratello,
Et disse a lui, presente più persone :
« Donami quel tuo schiavo meschinello. »
Ma quel al divo imperatore espone
Suo me non esser, ma del padre, et che elio
Farà col padre se possibil fia
Ch' alla sua Maiestà concesso io sia*
1 12. Et cosi fu che ad Alessandro poi
Imperador et al suo vechio padre
Fui caro servo quanto ad altri heroi
Altro mai fussi, et cosi la sua madre
Portommi amor, et alli tempi suoi
Vinsi una giostra et poi più armate squadre,
Et liberai Constantinopol, ch*era
Da Turchi oppresso, per battaglia fera.
113. Et poi deliberaimi ritmo vare
La stirpe mia onde Torigine hebbe,
E agli alberi del sole investigare.
Di quanto nel disio pensier mi crebbe,
1 genitori miei tanto cercare
Giurai, et giurato haver forte me increbbe,
Quando truovaimi al fium diThermodonte,
Che fa abbassar a ognun l'altiera fronte.
[F® lOSr»] 1 14. Agli alberi del sole i* ritruovai
Un sacerdote cui la barba vesta
Et li capei facevano che mai
Tal ne fu visto, et scalzo sempre resta,
Arso dal sol et crespo d'anni assai,
Et da ridolo suo mi portò questa
Risposta eh' io n'andassi nel Ponente
Dove io ritruovarei mia stirpe et gente ;
CANTO NONO 273
115. Et che io era ancor due volte battezato
Mi sottogiunse il venerabil vecchio,
Et nello primo fui Guerrin chiamato,
Meschin ne l'altro, et cosi mi apparechio *
Venir verso il Ponente, et il spietato
Fiume mi tolse di baldanza il specchio,
Però che un vento dispettoso che bave
Ivi condusse la mia trista nave.
116. Cosi restai prigione in quel rio regno,
Né possuto ho seguire il mio viaggio
Che mi roppe fortuna il mi* dissegno. »
Cui Rynaldo d'Amon, cavallier saggio,
Di fregio ornato et di gran loda degno,
Disse : « Per certo sei di gran lignaggio
Che quel cVè nato d*una stirpe vile.
Mai non può fare un atto signorile.
117. Ma ben mi duol, suggiunse il palladino,
CVhabi giurato vendicar colei.
Perchè morendo non sarai Guerrino,
Né riportarai più tanti trophei,
Anzi prevalerà il nome Meschino,
Poiché Meschin ribattizato sei,
Essendo tu arivato in Taspra mano
Del fer Rynaldo, sir di Monte-Albano. »
118. Quando li regi entesero il parlare
Del sir di Montalban, hebbér suspetto.
Onde li fecer presto acompagnare
Coi lumi accesi dentro al ricco letto,
Né si vuolse alcun di essi disarmare.
Non però che sapessero il concetto
Di questi re, ma perchè loro usanza
Era d'armati star nella altrui stanza.
119. Restano i regi et le regine ancora,
C&cciati i servi fuori, a parlamento.
El vecchio Stordilan con sua decora
Favella dice : « V fui molto contento
Che 1 cavallier, che si da nui s*honora,
Trahesse Fiordispina a salvamento,
Ma ben mi duol che questo sia Rynaldo
Che in Tarmi è si possente, ardito e baldo.
274 1 DODICI CANTI
[po 109 v^] 120. B quel altro anco che la pugna ha seco,
Pur è Christiano et ò ne Tarmi esperto ,
Onde una opinione ai cor mi areco
. Che habia da lor mio regno esser deserto. »
Rispuose Zenodor con Tochio bieco :
« Potrebbe il parer tuo succeder certo,
Se della sposa mia il liberatore
Fusse amico di Gano il traditore.
121. Ma nò l'aspetto suo dimostra, et meno
L*altro combattitor, di delettarse
Oprar effetto che li renda meno
Di honor et gloria, et a me sempre parse
Enteso haver quel sir né più nò meno
Chiaro del sol, nò cupidigia Farse
Già mai se non d*honor, di eterna fama,
Perchò regno o thesor non stima o brama.
122. Se regno desiasse il paladino,
N'havrebbe più di diece al suo comando ;
Quello di Chiariel, quel di Mambrino
Sarebbon suoi o dei cugino Orlando.
Nò re sarebbe il figli uol di Pipino,
Se regno alcuno andesse bora cercando
L'animoso signor di Monte- Albano,
Sì che aqueta il pensier tuo perchò ò vano. »
*
123. La vaga Fiordispina, che si sente
Obligo haver al palladin cortese,
A tal parlar truovandosi presente,
La sua protettion benigna prese
Et disse al suocer suo modestamente :
« So che Rynaldo, o sir, mai non ti offese.
Ma se contempli bene il suo valore,
So che li renderai perpetuo honore. »
124. Crolla la testa il vecchio Stordillano,,
Et ciò vede la bella Doralice
Ch'ama di cor il ser di Montalbano
Et tienesi in amarlo esser felice.
Conoscendo del padre il pensier strano
Chetamente in 1' istesso animo, dice :
« Non ti riuscirà, padre, il pensiero.
S'offender pensi questo cavaliero »
CANTO NONO £75
125. Et cerca con astutia feminile
Del padre saper chiaro il rio concetto,
Dicendo: « signor, mio padre gentile,
Di Doralice tua fermo diletto,
Questo Rynaldo sotto spetie humile
Ti vuol forsi gabbar, ma poi eh* in letto
Ei si ritruova et forsi disarmato,
Potrai pigliarlo e asicurarti il stato. »
[F^llOro] 126. Nò a Zenodoro ne a Fiordispina manco
Piace di Doralice la preposta.
S'arossa il viso a l'un, a Taltra bianco
Diventa per pietade ; e il dir s'acosta
Di Doralice al vecchio, ma il cor franco
Della figliuola fa ferma proposta
Nottifficar ai cav-iliier il tutto.
Che per ben far non habino mal frutto.
127. Et così da li regi la licentia
Piglia con dire che lì duol la testa.
Parte ella adonque, et, poich' è in loro absentia.
Seco una cameriera ardita et presta
Menando dove i cavallieri senza
Timor si posan, chiaro manifesta
Del padre le parole e il pensier strano ,
Aciò si guardin dal novello grano.
128. Ringratian Doralice i cavallieri.
E poi proposto fan di starsi a Terta.
Dorme uno, l'altro veglia volentieri,
Sperando che la cosa a lor Ha certa.
Fan le guardie a vicenda i buon guerrieri
Con la mente ferigna in Tarmi esperta ;
Et io li lasso in fin ch'io torno a dire
Di lor, che 1 canto mio qui vuo' finire.
CANTO DECIMO
F® 1 IOt^»] 1 . La gelosia è ana spietata rabbia
Che consuma altrui l'ossa et nervi et polpa,
Et conrien ch'an gelloso mai sempre Labbia
Una febre che *1 scarna, smembra et spolpa.
Non fu mai moUesta acuta scabbia
Quanto è la gelosia, che senza colpa
D*infamia un huom non lascia né mai lieta
Lo rende, anzi lo fa sempre inquieto .
2. Amorda gelosia è differente.
Però eh' Amor è passion naturale
E una virtù che vien nel cor sovente,
Non come il vulgo d i pungente strale ;
Ma chi la gelosia dentro al cor sente,
Sente espressa pazzia perpetuo male,
Né vien da Amor la troppa gelosia.
Ma da humor malinconico et pazzia.
3. Ciò che Thuom fa che sia fuor di ragione
E ire infamia, disnor, danno et vergogna.
Perchè la gelosia è openione
Ch' altri se arecan più che non bisogna.
Et non è ragionevole passione
Ch'occide la ragione et sempre agogna
Super quel che non lece, et saper crede
Quello che la ragion non le concede.
4. La gelosia di due cose fa guerra
Nel petto human, ciò è di donna et regno :
Se quella prima in human cor si serra.
D'una estrema pazzia è vero segno ;
In qualche cosa men la seconda erra.
Massimo quando ha di ragion dissegno,
Come hor di Stordillano ella il cor prieme
Che non senza cagion del regno teme.
CANTO DECIMO 277
5 . Sa questo re che '1 sir di Montalbano
É palladin di Carlo, et che nimico
Quello è di Moro, di Turco et Marano,
Et questo in casa hor se le mostra amico,
Nò ben si pu[ò] scruttar il cor humano
Che non si vede se egli è retto o oblico ;
Però non senza gra[n] cagion si muove,
Per quanto parli haver suspition nuove.
[F* 1 1 1 r®]6 . Et cosi manda per soi capitani
Et per gli amici consiglier sua fidi,
Et apre a loro i suoi pensier estrani,
Dicendoli: a Non so com* io mi fidi.
In casa ho dui più valenti christiani
Che la Fortuna sopra terra guidi:
Uno è Rynaldo et quel altro è Guerrino,
Che è conosciuto in Gretia per Meschino.
7. Noto è Rinaldo a [o]gnun per sua prudezza.
Di chi più dir chi el sia non è mestieri ;
Ma quel Guerin, che infra i Greci s'apprezza.
Magnanimo è fra tutti i cavallieri,
Et Finidaro e i suoi figlioli sprezza.
Che son di pagania questi guerrieri
I primi et più potenti ch'habia il mo[n]do,
Et pur Guerin gli ha posti tutti al fondo.
8- Vinse la giostra grande et vinse, poi
Che di queir hebbe il pregio per battaglia,
Di Finadoro i figli, grandi heroi,
E in Siria poi lì diede altra travaglia.
Et li scherni di modo che a di suoi
Non rilevar più testa, e hor si travaglia
Con Rinaldo, o signor, come vedete.
Si valorosamente, et visto havete.
9. Vorrei mi consegliastì, che '1 timore
Sovente lieva altrui di buon consiglio ;
Et ben mirate al mio regale honore
Sopra del qual sol vosco mi consiglio.
Perchè la fé eh' è in voi col grande amore
Fa ch'io vi manifesto il mio periglio.
Dubbio ho del regno mio, dubbio ho di vni.
Essendo questi dua guerrier fra nui.
278 I DODICI CANTI
10. Pur, perchè Tun dei dua che fu Rynaldo
Liberò la mia nuora Fiordispina
Dalle rie mani di quel rio rubaldo,
Degno è d*honor da me, non di ruma ;
Vorrei possendo dimostrarmi caldo
In honorarlo, finch' egli camina,
Ma ben vorrei che presto la sua via
Prendesse et l'altro seco in compagnia. »
[F» 1 1 1 vo] 1 1 . Benché 1 figli uol del re non sia chiamato
Ch' egli habia a dir in questo concistoro
Il suo parer, quel che 1 padre ha narrato
Apertamente enteso ha Zenodoro,
Perchè non s*era in letto ancor corcato,
Come pensava il padre barbasoro :
Perch' havea dubbio, stava molto attento
Che Rynaldo non pata detrimento.
12. Però in la sala, ov' eran ragunati
Il re, li capitani et consiglieri,
Entrato Zenodoro, et, salutati
Che gli hebbe tutti, disse : « cavallieri,
Et vo* altri vechi da padri honorati.
Non consegnate contra i dua guerrieri
Cosa che sia contraria a Thonor regio,
Ch' io in faccia comportar non vuo' tal fregio.
13. Non può Rynaldo et, se potesse ancora,
Non è per far al nostro regno oltraggio,
Che la presentia sua degna et decora
Dimostra lui non haver personaggio.
Se non far cosa degna, perchè honora
Questi ciascun come prudente et saggio,
Tal che merita honor perpetuo et degno,
Pérch*egli è gratìa pur del nostro regno.
14. E se qualch'uno ardisce contradire,
Fuora che il padre mio, vuo' sostenere
Che Rynaldo d'Amone è nobil sire
Sopra ogni altro campion che habia potere
Di armi et di stato o di supremo ardire,
Et manterò le mie parole vere
A ognun, benché Rynaldo è huomo tale
Ch* a rispondere a ognun con l'armi vale.
CANTO DECIMO il 9
15. Et volesse Maccon che de* sua pari
Fusse fra nui qualche legiadra coppia,
Ch' oggidì «on nel mondo tanti rari
Perchè Granata in sin' a TRtioppia
Potrebbe il regno con pochi danari
Porsi ampliar, ma di tai n' è si inoppia
Fra nui, che sempre havrem pavido il core
Quando huomo arìva qui d'alto valore.
Foll2r®] 16. Questa è la causa cheM mio padre teme,
Non già che di temer habia cagione.
Se gelosia del regno il cor le preme,
Se centra questi ha mala openione.
Altro non è se non che vosco insieme
Non vede a lor simile alcun campione.
Alcun campion che forsi el liberasse
Quando centra di lui si machinasse.
17. So che Rinaldo ad una sol richiesta
Nostra sarebbe sempre diffensore
Di questo regno, et empisi la testa
Chi vuol di sogni, perchè *1 suo gentil core
Non può pensar a cosa dishonesta,
Rynaldo che sol prezza fama e honore.
Pur consegli ciascun quanto li piace.
Ma non con guerra, possendo haver pace. »
18. Turbossi Stordilan della proposta
Che fece Zenodoro a quei baroni.
Però eh' alcun non vuolse far risposta
Né consigliar centra li duoi campioni.
Ma uno al dir Zenodoro s'accosta
Prorumpendo la lingua in tai sermoni :
(( Sacra Corona, non si vuol cercare
Quello eh' altrui non brama di truovare.
19. Chi cerea il mal ne truova in abondanza
Spesso più che non vuole, et però dico :
Doppo che '1 sir Rynaldo in vostra stanza
Ricolto havete come caro amico,
Mancarle de V honor fìa tracotanza
Et di benevol far crudel nemico.
Massimamente che obrigo l'havemo
Vosco ancor nui come chiaro saperne.
280 1 DODICI CANTI
20. A Igeate già turbava tutto il regno
Et consumava nui con spesse prede,
Ma solo questo cavallier fu degno
Fermarle il crudo et formidabil piede.
Abbassato bàlio et fatto star al segno,
Come di ciò fa Fiordispina fede
Et n' havem visto esperienza chiara
Che questo huomo è d'una virtù preclara.
[F»112v»121. Però, sacra Corona, non è honesto
Non seguir il triomfo cominciato.
Perchè non cominciarlo cosi presto
Meglio assai fora eh' hor sia intralasciato ;
E, quando che 1 re Carlo intenda questo,
Forsi che et egli ne sera turbato,
Et lecita cagione havrà di farvi
Oltraggio, et forsi non potrete aitarvi.
22. Che non potrete vo* allegar ragione
Per qual deviate al cavallier mancare,
Et, se allegaste la suspitione,
Bisogna che sia giusto il suspettare ;
Et chi si muove per openione,
Non la possendo in publico pruovare.
Sempre havrà torto et serra condannato
Per indiscreto, neghitoso e ingrato. »
23. Vuol Stordilan che parta Zenodoro
Che più nel consigliar libero sia
Ciascun. Pa[r]tesi et lascia.il concistoro
Tutto in bisbiglio e alcun non è che dia
Parer qual voria il re, di tutti loro.
Tale eh' egli n' ha al cor malenconia.
Et dice : « Hor dichi ognun senza rispetto
Tutta la openio[ne] che chiude in petto. »
24. Partito Zenodor ne va a Rynaldo
Et a Guerrino et fa quegli uscir fuore,
Mostrandosi in amarli tanto caldo
Quanto altri mai chiudesse in petto amore.
Sta Stordilano nel pensier suo saldo,
Voria il parer d'altrui com' ha nel core,
Et pur comanda si consigli, et dice
El parer che gli ha dato Doralice.
CANTO DECIMO 281
25 Sta quasi ognun insensato e foUe^
Temon del vechio re, tenion del figlio.
Mal volontier Taltrui peso si tolle
Alcun, che portarlo è talhor periglio.
Fa il muto ognun, il re la voce estolle,
Et dimostra turbato haver il ciglio.
Nisciun fa motto, il re di dir non cala,
Et Zenodor coi duoi ne viene in sala.
[po 1 1 3po]26. Era il figliuol d'Amon tanto eloquente
Che un Demostene pare o un Cicerone,
Et Guerin altresì saggio et prudente
In la favella, in ogni sua actione.
Si ammira il re del loro entrar repente.
Pur a dir cominciò il figliuol d'Amone,
Pria salutando il re, poi gli altri insieme :
« Discacciate il timor che 1 cor vi prieme.
27. Cupidigia di regno et men d'impero
Non mi tormenta et non mi affligge il petto.
Combatto per il giusto et per il vero,
Che de aquistar Taltrui non mi diletto.
Non so mostrare il bianco per il nero.
Nò muovi che a Carlo i' sia soggetto
Over Christiane, perchè i* non farei
Ad altri quel che per me non vorrei.
28. Per trarvi fuor d'ogni suspetto rio.
Come finito havrò l'abbattimento
Con questo altro campion, come devo io,
Se 1 mio Jesù vorrà, con salvamento.
Deliberato ho di seguire il mio
Viaggio et Stordilan lasciar contento
In el suo regno et favorirlo ogni bora
Ch' io sarà chiesto et centra Carlo ancora.
29. Et questo dico, quando si movesse
Carlo o altro re senza ragione
Centra di voi, o assedio vi ponesse,
Non havendo ei più che giusta cagione,
Non vi pensate che le man tenesse
Senza oprarle per voi il figliu[o]l d'Amene,
Ch* io vi farrei veder ch'io porto amore
A voi e a Zenodor con tutto il core. »
280 1 DODICI C
20. Aigeste già turbavf
Et consumava nui ce
Ma solo questo cav
Fermarle il crudo ' a
Abbassato hallo (
Come di ciò fa F
Et n' havem vi
Che questo hr
[F»112v»]21. Però, sac
Non seguir erte.
Perchè no giglieti
Meglio a .6
E, quar ^vallieri
Forai e sue coperte
Et lec .le deliberato
Oltn jn senza peccato.
22. ' chiese lor con grande inslanza
P IO ai pie delli campioni,
* jgo che seco in la sua stanza
,ero sempre et gran provisioni
/arse loro et del far amistanza
[j priega* ®' mostra lor per più ragioni
rhe '1 debbon far, essendo lor christiani
Indotti nelle forze de' pagani.
»q Et perchò eran dui cavallier che paro
Vel mondo non havean né haver men ponno,
(jQflipagni essendo Tuno et l'altro caro
pio[gni] gra[n] regno di esser degno donno,
j^on vuoile Stordilano essere avaro
pel bon consiglio a lor ; ma^ perchè sonno
Haveva quasi tutta quella torma,
\j^ dà licentia aciò che ognun se adorma.
34. Così partiti tutti ì terrazzani,
Hestano sopra modo i re contenti,
gt Doralice delli dua christiani
Ohe odito haveva tutti i parlamenti,
^e resta lieta, che i pensier estrani
Del padre vede tutti esser già spenti.
Vannosi tutti quanti a riposare
per fin che *1 chiaro giorno in terra appare.
CANTO ^^^\ì ^85
^e ciascuno, tao. R
^,ampioo seco
-a da l'et
*^, et
eggio.
. ridrizzaric
gli ochi il scuro Vc
questo pensier lassa le piun.
. quai si riposava armato ;
jhi et la mente alzando al sacro nume,
i cor divoto in terra ingenochiato,
r^riega Jesu che de l'eterno lume
Habia al suo Zenodor tanto donato
Quanto basta alustrar la oscura mente
Aciò ei conosca quanto è Idio possente.
37. Et poi sugg[ijun8e orando : « Redentore,
Che per salvar il peccator volesti
Prendere humana carne, per Tamore
Ch' a lliuon fatto a tua imagin sempre havesti.
Non indurar di Zenodoro il core ;
Poiché la propria tua vita ponesti
Sol per salvare la natura humana,
Non sia per Zenodor tua morte vana. »
38. Stava Guerrin sul letto, come haon lasso,
Alq v-:nto sonolento, ot pur s'accorge
Del bon Rjnaldo ingenocchiato al basso,
Ch' al Salvator per Zenodoro porge
H umile prece, che non era casso
In lui Tamor che dal ciel sempre sorge
In chi ha timor di Dio, in chi li crede.
Sempre operando in ben come ha la fede.
39. Se con Rynaldola quistione incetta
Può terminar con qualche sua salute,
Kt che la vita non le sia intercetta
Avante Thore dal ciel consti tu t[e].
Et liberarsi da la maladetta
Amazzonica accerba servìtute.
Di Galitia Guerin pensa la strada
Dai ladri liberar con la sua spada.
28 4 I I ODICI GANTI
40. Non si odiano i guerrier ma da fratelli.
S'amano, bench' habìn la pugna insieme ;
Li statuti Amazzonici aspre et felli
Sforzan G[u]erino et di Rynaldo prieme
Il cor debito honor, però che dòUi
Materia il giganteo malvagio seme
Di qu98ta pugna, et però si levoro
Che '1 giorno è chiaro et chiaman Zenodoro.
41. Per diffinire la lor lite orrenda
Fanno presto insellar ambi i destrieri,
Et i publichi araldi fan se intenda
Per tutta la città come i dui fieri
Campion terminar voglion la stupenda
Battaglia lor ; ma Zenodor gli altieri
Combattitori di pace richiede
Fra loro, ma nisc[i]un ciò le concede.
F"114v'*]42. Dicea Rynaldo: « 11 mio devuto honore
Questo non vuol », e il simile Guerino,
Perchè « il pergiuro è troppo grave [ejrrore.
Dove eh* io caderei col capo chino. »
Lievasi il vecchio re, che ode il remore
Che fan gli araldi, et con alto latino
Cerca sedar questa battaglia loro
Insien con Doralice et Zenodoro.
43. Di[c]eva il re : « Qualunche di voi pere,
Un dei forti campion di vostra fede
Morrà, lasciando le sue forze altiere
Per man pur di christiauo, et noi concede
Questo la vostra legge, se son vere
Vostre Scrìtture, et però vi si chiede
11 far pace fra vui, che grande aquisto
Voi ne farete apresso il vostro Christo.
44. Se è vero quél che è scritto in lo Evangelo
Che per legge tenete voi, christiani,
Il vostro Christo sol promette il cielo
A chi perdona et del li error suoi vani
Si pente et torna a lui con puro zelo,
Ma quei che contra fan come prophani
Son rifiutati ; et io però vi chieggio
Non vi perdiate lo celeste seggio ;
CANTO DECIMO 285
45. Non vi perdiate lo celeste seggio
Per un fumo di honop eh* è pur mortale.
Egli è grande pazzia, s'io non vaneggio,
Perdere il ben celeste et immortale^
Un ben che dura sempr[e] et sempre è egreggio.
Per un error caduco vero et frale ;
E una espressa pazzia, un duolo etemo
É un acquistarsi d'un perpetuo inferno.
46. Et tu, Guerin, per dir che 'i giuramento
Del vendicar una persona morta
Te astringe de finir rabbattimento,
Questo la vostra legge non comporta,
Et non è buon né efficace argu mento
Di non far pace, perchè non supporta
Ragion ch'un giuri contra la sua legge,
Anzi ella lo condanna el lo coregge.»
47. Non può riposta dare a Stordiiano
Rynaldo et men Guerin, perchè il ver dice.
Onde se alegra il sir de Montalbano,
Che ciò conosca il re della felice
Et diva gloria, et che essendo pagano
Sapia il Vangel si ben di Doralice
Il vecchio padre, imperò ch'egli spera
Farlo capace della fede vera.
[F^115r°J48. Ma non però le cede nel far pace
Col prò Guerin, dicendo : « V non vi niego
Ch' a r[e] terno mottor vien contumace
Chi non dà pace, et io il Vangelio allego
Ch' al superno signor assai dispiace
Chi non seguita Topra, et però sego
Combatter per il vero et per il dritto
Qual si deve seguir, si come è scritto. »
49, Guerrin dice anco : « Poiché uno ha giurato,
Non dee mancar, che '1 giuramento è un voto.
che sia Turco o Moro o battezzato,
Pur che le sia lo eterno nume noto,
Quanto ha promesso servar ò obrigato »
Le quai parole odendo Doralice
Con licentia del padre cosi dice :
* L'octave n*a que sept vers, et rime et sens indiquent que c'est le
sixième qui a. été omis .
284
1 1 OT ^ te^^
40. Non ai odiane
Sdamano, bene'
Li statati Àm
Sforzan G[u
Il cor debit
Materia U
Di qu^B^'^
Che 1 f
l'anni,
41. Pe
Far
Et
F
.àsarini,
1 favor soi
aol hoggi acertarmi,
.ortuna? et, poi
. to havrete combattuto,
aarà ? qual fia il tributo?
po n^ sbatte un per generosa Diva,
. perda o che vinca per ragione,
jella è tenuta amarlo finché viva ;
Ma se un pei morti fa qualche quistione,
Chi Tamara? chi una loda viva
Mai le darà condegna fra persone
D*alto valor ? per certo è gran pazzia
Combattere per un che morto sia.
53. Se guidardone alcun se n'aspettasse
da figli o parenti di colei.
Che per la sua superbia morta stasse,
Che combateste, ancor vi essortarei.
Sì efficace ragion me s'assegnasse
Che far ciò si dovesse, i' tacerei ;
Ma il vostro giuramento et vostro honore
Voler in ciò servar mi pare [errore].
[F» i 15v®]54. Oià come il padre mio vi disse dianzi.
Un giuramento contra legge fatto
Non dee servarsi nò mandarsi inanzi,
Essendo contra el debito contratto.
Più presso ò da cassarsi vi dico, anzi
Far devesi che si' al tutto disfatto,
Ch' è romper quel eh' ò d'huorao, minor male
Assai, che quol che vien da Dio immortale.
O^^T^
j(ra
'o il campo
*lio,
v^po
* ^v ì il figlio
^"^ >ìpo,
3me
289
. Turco, il Moi ^
ia legge ha del nosi.
jffeade in qualche cosa I'Ak
Non lo tenemo in la legge perfe.
Cosi credo che faccia del christiano
Il vostro Christo, che di Dio diletto
Figlìuol tenete, et imperò, vi dico,
Chi legge rompe al .suo Dio non è amico.
57 . Come possete voi Christian chiamarvi,
Se non servate vostra legge intera,
E volete ne Tarmi ripruovarvi
Con battaglia crudel, spietata et fera,
Ricercando a voi istessi morte darvi.
Centra quel che da voi la legge spera.
Comprender pur devresti che si offende
Da vo*il ben sommo che da voi si attende.
58 . lo vi darò un consiglio, se vi pare,
Bench' io femina sia, che sarà buono. »
Cui dÌ8se[ro] : « Seguita il tuo parlare. »
Ella seguendo disse : « A voi perdono
Chieggio se troppo lungo il ragionare
Mio vi molesta, che farvi altro duono
Non so che risvegliarvi della pace
Che in cielo a Dio e in terra a Thuomo piace.
59. Armian dui altri nostri cavallierì
Con le vostre armi et coi cavalli vostri
Segretamente et parimente altieri.
Et un nimico a Taltro si dimostri.
Quel che di Guerin porta i segni veri
Al dassezzo si renda, et poi dai nostri
Confin si partan come perditori
I conto cavallier che son di fuori. »
288 I DODICI CANTI
f P« 1 1 6 r**] 60 . Sorridendo Rynaldo le respuse :
« Questo non è di cavallier costume.
Troppo brutte sarian le nostre scuse.
Et volendo offuscare il nostro lume,
Non veggio che lo error doppoi ci scuse
Dalla vergogna et nostra fama alume.
Noi non combatteren come nemici,
Ma si ben come [di] virtude amici. »
61 . Et così ancor Guerrino afferma ; e ai regi
Chiegon licentia di seguir la impresa,
Quai non disdicono ai campioni egregi,
Benché tal cosa a ciascun di lor pesa;
Et certi vin soavi di gran pregi
Et confetion vengono alla distesa,
Et fanno colation ambi dua insieme,
Ma Fiordispina di tal cosa geme.
62. Et quanto puote al socer che lor vieti
Tal cosa suppliccando fa gran prece.
Con dir che non saranno mai più lieti
1 re, se muor Rynaldo a quella vece;
Et che conoscan come sir discreti
Di quanto a loro inverso el campion lece.
Cu' il socero risponde : « Non conviene
Al re disdir che honor non gliene ad viene. »
63 . Si manda a dir ai cento che son fuori
Che si ritruovin nella piazza, dove
Truovar si debbon li combattitori
A dimostrar le loro ardite pruove.
Fannosi palchi intorno et corridori,
Che la gente veder possa le nuove
Contese et lutto, et son per le regine
Luoghi alti e i bassi per le Granatine.
64. Armasi Zenodor di tutto punto
Et seco vuol dugento cavallieri
Simial armati, e in quel medesmo punto
Quatro cento pedon con li suoi alfieri
Fa in piazza comparir, che non fia punto
Rynaldo forsi dai cento guerrieri
A rimproviso, che non sa lor mente
Né li costumi della esterna' gente.
CANTO DECIMO 289
65. Fassi la piazza o veramente il campo
Fuori della cita sol mezzo miglio,
Et acompagna Zenodoro al campo
Ambi i guerrier ; e il padre doppo il figlio
Ne va con le Regine inverso el campo.
Et seco huomini mena di consiglio.
Entrano in campo ì dua guerrier insieme
Per corre i frutti del suo antico seme.
[F® 116v®]66. Et scavalcati fimenduo in piana terra
Ingenochiati drizzan gli ochi al cielo.
Disse Rynaldo : « Dio, che cielo et terra
Fondasti et Thuomo con pietoso zelo
A tua imagin facesti et pur di terra,
L'alma coprendo col corporeo velo,
Deh, fa, Signor, Tabbatimento nostro
Non privi nui del celeste chiostro !
67. Se la pietà ti astrinse il tuo figliuolo
Qua giù mandare per redimer l'huomo,
Ch' in perpetuo devea con stento et duolo
Pagar la pena del vietato pomo,
O plasmator in ciel trino et un solo,
Habii qua giù pietà di nui^ sì comò
Del ladro havesti et non per sua virtute.
Et presta a l'alme nostre al fin salute.
6.8. Tu sol. Signor, conosci il cor humano.
Né altro che tu di quel può dar giuditio.
Peccator son, tu 'l sai, sollo io ch'in vano
Ho speso il tempo fuor del tuo servitìo.
Et qual fedel et perfetto Christiane
lo non ho usato il mio debito uffitio.
Però, Signor, perdonami ogni errore,
Ch'i' son contrito et humile nel core. »
69. Dicea Guerrin :« Signor del paradiso
Che '1 ciel creasti et ciascun elemento,
Per tua pietà non far eh' io sia diviso
Dal tuo celeste et santo pavimento,
Quando sarà il mio mortai corpo ucciso.
Presta a questa alma uscir del gran tormento,
Onde uscì già lo imperador Traiano
Per l'alta prece del Pastor Romano.
19
290 I DODICI CANTI
70. Tu sai che non combatto hora per boria,
Ma sol combatto per servar la fede.
Però non mi privar della tua gloria,
Non mi far de Teterno danno herede,
Habii del tuo figliuol ferma memoria
Che col suo sangue vuol salvar chi crede.
Tu sai eh' io credo et eh' io son battezato,
Si che non mi privar del tuo bel stato. :»
[F»ll7r°j71. Surser doppo la brieve oration loro,
Chiedendosi Tun Taltro humil perdono.
Et quai fratelli in bocca si bascioro.
Di che s'ammira Zenodoro il buono ;
Et, poich' in sella ambi saliti fuoro,
Gli araldi con le trombe diero il suono,
E i cavallier si vennero a i scontrare
Con due gran lance eh' ivi fer portare.
72. Eran le lance si nervute et grosse
Che nulla se ne ruppe al primo tratto,
Ma furon si crudeli le percosse
Ch' ambi i corsier si affiserò di fatto.
Nullo dei cavallier punto si scosse
Di sella, ma s'amiran di questo atto
L'uno de l'altro et massime Rynaldo
Che stia quel giovinetto in gli arcion saldo.
73. S'arrizzano i cavai, tornano al segno
A rifferirsi l'uno et l'altro sire,
Et ciascheduno fa fermo dissegno
L'uno in la testa de l'altro ferire.
Fa lo strumento suo l'araldo pregno
Di fiato aciò che 1 suon si habia ad odire.
L'uno et l'altro campion punge il cavallo
Et vanesi a scontrar senza intervallo.
74. Si forerò i guerrier ambi alle teste.
Ma ciaschedun loro elmo è tanto fino
Che segno non le fanno ambedue queste
Lance, né il sir Rynaldo nò Guerrino
Punto si piega o crrolla, et par che reste
Ciascun qual sasso immoto; e il palladino
Si ammira forte che un si giovinetto
Sia SI gagliardo et l'elmo si perfetto.
CANTO DECIMO 291
75, Sa quanto vai quel elmo eh* egli porta,
Che già fa di Mambrin, ma non sa quanto
Vaglia quel di Guerrin, né che Taccorta
Sefferra già il facesse per incanto
Far a Vulcan, et poich* ella fu morta
Come odirete forse a un altro canto,
Alle man pervenisse di Guerrino
Nel tempo eh' egli fu detto Mesquino.
[po 1 J 7 v°] 76. Ruper negli elmi i cavallier le lance.
A l'uno et a Taltro in man Taltre si danno
Et van si uguali et giuste le billance
Oh' a tutti i spettator gran stuppor danno;
Et tornansi a ferrir ambi alle pance.
Et qual le prime le seconde fanno
Ch' in pezzi vanno et fu veduto un stelo
Che per iudicio altrui sali nel cielo.
77. Fu Io stelo osservato da un che *1 vanto
Di veder lungi' a l'aquila ha simile,
Né in giuso ritornò quel fine a tanto
Che la giostra durò sempre virile.
Et doppo visto fu venir con quanto
Nel corso ha di prestezza il Gange o il Nyle,
Et, quando cade giù, tutto si serra
Per gran furor dentro la dura terra.
78. In questo mezzo che '1 troncon giò in alto,
Più de altre dieci lance furon rotte.
Et accresceva ogni hor fra lor Fassalto.
Sentiansi ogn' bora ribombar le botte.
Non fu mai fera in qualche alpestre salto
Coi cacciattor da dirupate grotte
Cacciata, né con impeto et furore
Qual questi orsa voi tosse al cacciatore.
79. Non potean più i campion, non più i destrieri
Lancia portar ne correr per la polve.
Sudano sotto Tarmi i cavallieri.
In sudor il cavallo si rissolve
Di Guerino et di l'altro, et i regi altieri
Voglion che faccian triegua, et poi si solve
La quistion lor dopoi certo intervallo.
Et che si muti ognun di lor cavallo.
292 1 DODICI CANTI
80 . Si fa triegua fra lor sol per mezza bora,
Presta lor Zenodor du' altri cavalli
Et quanto puote i cavallieri honora :
Con confetione et ber di sua man dalli.
Il vecbio padre similmente ancora
Honoret riverenza immensa falli,
Et Doralice mostra gentilezza
Cbe '1 volto asciuga lor con tenerezza.
81 Rifrescati i guerrier, senza staffare
11 pie, salta Guerrin sopra gli arcioni
Del dato a lui destrier, poi si fa dare
La mazza ai suoi legata, et con i sproni
Punge il destriere et fallo maniggiare
Per pruovar s'è del numero de' buoi.i.
Concbiudon con le spade in man pruovarsi
Et con le mazze pò* al dassezzo darsi.
[F^ 118 r*^]82. La spada di Guerinoera incantati,
Incantato ba l'usbergo et la corazza
Et ne l'acqua di Stige temperata.
Similemente il bel elmo et la mazza
Et tutta la sua persona era fatata.
Eccetto il manco piede, et fu di razza
Regia come udirete in altro luoco,
Cb' or son sforzato di lassarlo un poco.
83. Vuo' lassarvi Guerrin, lasciar Rynaldo,
Cbe faccian con le spade il lor (evere
Et mostrarsi ciascun negli arcion saldo,
FA ritornare alle prudezze altie.-e
Del re Cyrcasso cbe quel stuol ribaldo
Di Sarpedonte con sua forza fere
Quanto più puote, et dà lor tanta briga;
Pur vincer senza aiuto in van fat'g i.
84. Vi dissi già cbe'l conte bavea promesso
A lui non aiutarlo, cbe bavea cbiesto
Cbe sol combatter le fusse concesso
Con tutto il stuol, bencbè ciò malbonesto
Al conte par, et però non se è messo
Aiutarlo, per ben cbe assai molesto
Le sia veder quel re combatter solo
Con quel maligno e esorbitante stuolo.
CANTO DECIMO 293
85. Parie vergogna di tener a mente
Et vergogna d'entrar nella batt[a]glia,
Ma quando vede scender quella gente.
Che già dissi coperta a piastra et maglia,
. Manda il satiro ardito prestamente
A dir al re che tanto se travaglia.
Se vuol ch'egli entri a darle ormai soccorso.
Risponde : u Non », et fa qual ferito orso.
86. Fa come un orso contra a quei latroni
Tagliando mani, gambe, braccia et teste.
Et qual stordito gitta fuor d'arcioni
Tanto ha le mani poderose et preste.
Dietro li scappan di certi burroni
Alcune genti che li fur moleste,
Et fanli tanta guerra et dietro e inanzi
Che seco par che '1 re poco più avanzi.
87. Se accordarono al corso quattro insieme
Con quattro lance adosso a Sacripante,
Et quanto ognun più può tanto più pricme
Contra quel re ; però il signor d'Anglante
Della promessa che le fece geme
Dubbiando della morte d*un prestante
Kt genero[so] re gran cavalliero,
Ch' a suo dispetto è fatto prigioniero.
[F® 1 18 vo] 88. Vedendo il conte il re delli Cercassi
Esser prigione da color menato
Inverso Riocastello, più non stassi
Cheto, ma suona il suo corno pregiato,
Che fa affretare a Brigliadoro i passi.
In man prendendo il brando infuriato.
Fa che U Fauno stia in gardia, et poi richiede
Tutti quegli a battaglia ch'egli vede.
89. Menano pria il prigion dentro al castello
Ch'a loro era vicino, et doppo riede
La turba et dice a questo nuovo augello :
« Qual se apparechia darsi in nove prede
Ha fatto con quel corno un suon si bello
Che fa della bontà del corno fede.
Havren il corno et chi U suonò con esso.
Poi per piacere il sonaren nui spesso. »
294 I DODICI CANTI
90. Quando Orlando tornar vede costoro
S'alegra, etstrenge in pugno Durrindana,
Et doppo punge il fianco a Brigliadoro,
Et dice : « Or qua venite, gente strana. »
Al sir si rapresenta un brutto Moro
Che cavalcava una morella alfana ;
Era costui dei più gagliardi che ivi
Rimaso fussi infra quegli altri vivi.
91 . Di cento ben quaranta occisi bave va
Con la sua mano il re di Circassia,
E tutta questa compagnia teneva
Quel Moro in capitan cbe signoria
H aveva et egli, ma non possedeva
Il stato, che comessa havea follia
Contra Agramante, da chi fu privato
Essendo al suo gran re maligno e ingrato.
92. S'era ridotto poi con Sarpedonte
Ch'accettava assassin, ladri et sbanditi,
Ma quando alla presentia fu del conte
Et vidde i tersi arnesi et li polliti
Guarnimenti del sir, con la sua fronte
Sfacciatamente disse : « I toi forbiti
Arnesi mi darai con il cavallo,
Qui dismontando giù senza alcun fallo. »
93. Cui disse il conte: a II mio cavai non porta
Villan sopra di se, né le mie armi
Vestono alcun poltrone, et non comporta
Mio honor che per te scenda et mi disarmi.
Ma lasciarmi le tue ti riconforta,
Over per forza o per amor pur darmi
Questa giumenta per le mie bagaglie,
Che non ti salvarà in queste battaglie.
[F" 119 po ]94. Tu sei venuto certo a un certo tempo
Che ritruovar non si potrà il migliore,
Ma forsi ti parrà troppo per tempo
Esser qui giunto, che d'ogni tuo errore
Ti purghi con mia mano adesso è il tempo ;
11 tempo è trarti hoggi di vita fuore
Et di tua mille error purgarti a un tratto,
Massimamente di quel eh *oggi hai fatto.
CANTO DECIMO 295
95. Rendetemi il prigion d'hoggi et la dama
Che già più giorni fa prigion tenete
Su nel Castel, se vostra vita brama
Starsi nel mondo, o del castello havete
Sempre a gioir voi tutti con più fama,
Desiderate, over se pur volete
Nostra amicitia, che vi può giovare,
Et il contrario inimicitia fare. »
9Q. Parlava il sire a tutti che sessanta
Eran quei cavallier, anzi assassini,
Ivi tornati senza li quaranta
[Ch'juccisi havea quel re fra quei confini ;
Et quando il conte vidde tutta quanta
Ivi la gente eh' alli pellegrini
Faceva ingiuria et che menar non vuole
La dama e il re, disse queste parole :
97. « Se battaglia volete ad uno ad uno
r son contento, et se volete tutti
Meco insieme provarvi, alcun digiuno
Non partirà senza gustar miei frutti,
Ma fìan si accerbi eh* increscerà a ognuno
Di quei ch'alle man meco fian condutti. »
Il Mor sol vuol provarsi col guerriero
Per haver sol quel armi et quel destriero.
98. Aciò se accosta tanto sotto il conte
Che li spezzò la lanza e con la spada
Per fino al mento le spaccò la fronte.
Et cosi morto cadde in su la strada.
Doppoi si aventa a quei ch'a piò del monte
Erano scesi per non star a bada.
Tutti gli affligge et tutti li martella
Con Durrindana et fa cader di sella.
99. Tanto subitamente il sir li strinse
Con gran furor che 1 capitan, vedendo
Lor si presto morir, il cor gli avinse
Tanto timor, tanto suspetto borrendo.
Che morte in la lor anima dipinse
Mentre eran vivi il caso aspro et tremendo
Vedeno i colpi grandi et smisurati
Che uscivan lor di man crudi et spietati
296 1 DODICI GAMI
[F** 1 19 ^°] 100. Scrisse Turpin, benché impossibil pare,
Che dieci a un colpo ne tagliò a traverso
Armati tutti a un semplice voltare
Di Durrindana con uman riverso.
Chi noi voi creder, vadalo a cercare,
Ch' io son Christian di buona fede asperso,
Et credo questo et più se più mi lice,
Massimamente a quel che Turpin dice.
101 . Dice Turpin che non vi stette un' botta
Che tutti quei sessanta Orlando uccise,
Et doppo sonò il corno una altra botta
Si forte che crudel paura mise
A quei di Rio-Castel, che tutti in frotta
Presero Tarmi, et Sarpedon divise
Li cento che teneva et mandò fiiore
Sol per veder chi fa tanto remore.
102. Andava Orlando per quella foresta
Molto assentito, et fa la guardia buona
11 Fauno, et il corner vede la festa
Et di tal pruove al compagno ragiona.
Rivolge et quinci et quindi il sìr la testa
Per veder se ritruova più persona,
Et sente il Fauno che gridando dice :
« Ecco gente del monte alla pendice. »
103. Erge alla piaggia gli occhi il sir et vede
Cinquanta cavallier tutti coperti
Di lucide armi, che fan chiara fede
Questi ne 1' armi esser franchi et esperti.
Il sir d'Anglante visti lor si crede
Haver seco battaglia ; essi scoperti
Vedendosi si fermano alla costa
E in dietro mandano un con la risposta,
104. Non eran ladri questi, a dir il vero,
Benché vivesser delle tolte prede.
Era ciascun di lor bon cavaliero
Tal che ne V armi nullo a l'altro cede ;
Ognun di lor brama esser il primiero, *
Ma a nullo Sarpedonte ciò concede
Ch' un capo delli buon che vuol pruovarsi,
Qual con gli altri cosi spera salvarsi.
CANTO DECIMO 297
105. E al conte gentilezza usa custiii.
Vedondol senza lancia, due ne tolle
Et pianamente poi si accosta a lui
Con parlar bello, gratì'oso et molle,
Dicendo: « Poiché giostrar amendui
Habian, prendi una lancia et non si croi le
D'animo alcun, ma, chi pria casca in terra,
Sia perdi tor né possa hoggi far guerra. »
fF°180ro]106. Al conte piace il patto et però prende
La lancia eh egli giudica più fiacca.
Et d'amor verso il capitan si accende,
Cui così parla prima che si attacca :
« Vorrei saper chi sei, se non ti offende
Porsi il mio dire, innanzi che si stracca
Meco la tua persona in giostra indarno,
Che a te simil di qui non vidi a l'Arno. »
107. « Signor, i son Christiane, et fui qui preso
Con una diva mia fra l'altre belle
Belissima, rispose, et questo peso
Mi diede Sarpendonte delle felle
Usanze padre ; che quando fui reso
Qui a lui promisi, per chi fé le stelle.
Combatter sempre ad ogni sua richiesta
Et nacqui già di casa Malatesta.
108. Aciò che sapi il mio gentil paese.
In Italia è, fra il Rubicone e Isauro.
Da Cadmo già la mia stirpe discese.
Nota per sua virtù dal bel Pò al Mauro.
La donna mia per sue divote imprese
Volendo irai Loreto oltra il Methauro,
Da certe fuste il nostro picciol legno
Fu preso di nui carco et d*oro pregno
109. Et poi fummo condotti in Barberia,
Et Sarpedonte a quei nochier ci tolse,
Che '1 mar lassando presero la via
Per terra, come il mal destin mio volse.
Cosi prigione con la donna mia
Con giuramenti esser fedel mi avolse.
Et io obrigaimi per poter gio[i]re
Della donna, cagion del mio martire. »
298 I DODICI CANTI
110. Hebbe il conte pietà di quel gentile
Campion et della sua crudel disgratia
Per Tatto usato a lui tanto virile,
Et aquistó con seco buona gratia.
Poi dimandoUe con parlar humile,
Se quella donna che lo strugge et stratìa
Si ritruova prigione in Rio- Castello,
Figlia de GuUafron spietato et fello.
111. Roberto, che cosi quel nomato era,
Disse che una regina del Cathaio
Era di Sarpedonte prigionera,
Che al mondo di beltà non truova paio.
Angelica nomata, et quasi vera
Angeletta dal ciel con l'ochio gaio,
Intatta riservata, perchè spene
Di premio grande Sarpedon ne tiene.
[ F® ISO^**]] 12. Suspira il conte et senza far proemio
Disse : « Hor su, neccessaria hoggi la giostra,
Del riscatto di Angelica hoggi il premio.
Intendo portarle io per questa in nostra
Fede Christiana et con mia man nel gremio
Porlo di chi tien questa gente vostra
Sol data per far mal, et farle peggio
Se fia da presso quel eh' io lungi veggio. »
113. Poi pigliano del campo quanto basta
Ambi i guerrier, e i spron pongono al fiancho
Dei destrier, arrestata havendo Thasta,
Qual ciascun ruppe come ardito et franco.
Poi con il brando Tuno Taltro tasta,
Cercando di far rosso il cuoio bianco.
Ma quanto puote il conte con rispetto
Mena di piatto spesso in su Telmetto.
114. Pur fu si poderoso il colpo et certo
Ch' uscì del forte braccio, eh* in su l'herba
Per ben che Telmo fusse duro et erto.
Con pena cruda, dolorosa e acerba
Cadde il gentil magnanimo Roberto.
Doppo, con ira, alla torma superb a
Si vuolge ratto Torgoglioso Orlando
Col nudo, forte e ancor sanguigno brando.
CANTO DECIMO 299
115. « vi rendete a me, disse, o la morte
Havrete tutti hoggi per la mia mano,
Ne restarà di voi chi a pena porte
La nuova al vostro sir malvagio et strano,
Perchè vorrà giustitia et vostra sorte
E il viver del sir vostro rio et villano
Oh* oggi cadiate sotto il brando mio,
Perchè il giuditio a voi ne vien da Dio.
116. Doppo il peccato vien la pena atroce
Che de Teterno Idio cosi procede.
11 giuditio immortai, l'ira feroce,
S'un tempo aspetta, et queto un tempo siede.
L'ira è più grave quanto è men veloce
Et tanto più mortai il colpo fiede.
Maggior supplicio aspetta chi più tardo
Di Giove agiuoge il fulminoso dardo,
117. Niscium risponde al conte, anzi in battaglia
Si pongon tutti, et ei vedendo adira.
Si comuove con impeto et trav[a]glia
Dà a lor crudel pei colpi eh* a lor tira.
QuhI ferito orso Brigliador sì scaglia
Con morsi et calci, et il bon conte mira
Non si lasciar di dietro alcun venire
Che a tradimento non Ihabia a ferrire.
[F°12lr<^]l 18. Ma tanto ben con l'honorata spada
Li strenge insieme, che nisciun se arischia
Uscir di schiera over prender la strada
Verso il castello, perchè li cimischìa
Si ben costui et si li tiene a bada.
Che tutti stretti insien fanno una mischia ;
Ma il conte questo fer, quel altro uccide
Et a chi spalla, a chi una coscia 'ncide.
119. Mentre che il conte i cavallier martella,
Va Sacripante nel castello intorno,
Vedendol tutto quanto in questa e in quella
Parte, sol per veder quel viso adorno
Desiato d'Angelica la bella,
Ma lei non vidde in tutto quanto il giorno
Che veder non si lascia la regina,
Se non da Sylvia bella et da Faustina.
300 I Donici CANTI
120. Portava quello annello sempre in bocca,
L'anel che le invisibile rendeva.
Alcun la sua persona mai non tocca,
Se non Faustina, che li con[ce]deva
In serva chi la chiuse entro la rocca,
Di la qual ella uscir certo poteva.
Non vuol perchè sapea, s'ella vi stava,
Che Rio-Castello un di si rovinava ;
121. Et che qualche campion di fama degno
Havria per lei mostrato il suo valore.
La forza, l'arte, la virtù, l'ingegno ;
Ciò le pronosticava il proprio core.
Vidde ella Sacripante et fé dissegno
Parlarle, et poi dubbio hebbe che '1 peggiore
Fusse per lui, però mostrar non volle
A lui l'aspetto che lo anel li tolle.
122. Privo è de Tarmi il re delli Cercassi
Né può per modo uscir di Rio-Castello,
Perchè alla porta grande guardia fassi,
Ma in dolor ha del destrier suo snello
Che in podestà d'altrui vede che dassi,
Onde bastemi il luogo inico et fello.
Et suspirando va in questo e in quel luogo.
Tutto avampato d'invisibil fuoco.
123. Anco ha più pena, che non vede mai
Angelica per chi fatto è prigione.
Del truovato corner si duol assai
Et chiamai tradito[r] empio et ladrone.
Et fra se dice : « Altro huomo ancor più mai
Non mi gabbò, se non questo ghiottone.
Dato ad intender m'ha quel che non era
Per prigion farmi in questa rocca altiera. »
[F**121v°]124. Ne vai se questi dice a Sarpedonte:
« r sono re, dammi la libertade d.
Che '1 tyranno crudel unqua la fronte
Non vuol mostrarli con benignitade ;
S'egli nel core di diamante un monte
Havesse, non havria più crudeltade.
Vuol che '1 re giuri di esserli vassallo
che fra tre di muoia senza fallo.
CANTO DECIMO 301
125. In questo mezzo il coraggioso Orlando
Et teste et spalle et braccia et gambe tronca,
Col fiero orgolio et col quel forte brando
Questo et quel manda nella Stigia conca.
Roberto, che cascò, si rizzò quando
Sua gente fu più che la mezza tronca,
Nò più combatte, perchè non posseva
Quel giorno più, come promesso haveva.
126. Però si tira in parte ove la vista
Alla battaglia può tener diritta,
Et vede Brigliador come calpista
La turba lassa, mischinella, afflitta.
Et vede come bene il guerri[e]r pista
Questa et quella altra testa et fa sconfitta
Di quelli cavallier che paion zebe
Da più lupi assaliti in sterpi et glebe.
127. In poco spatio tutti il sir pregialo
Manda a truovar la lora antica madre.
Che un non rimase al meno che stroppiato
Non fusse et tornar possa a Taltre squadre,
Come pria si parti ; del che admirato
Roberto resta, et al superno padre
Gratie rende sfinite, che rimaso
Egli sia vivo in tanto estremo caso.
128. Pri^ion si rende al valoroso sire,
Nò vuol più solo nel caste! tornare.
Le duol di Sylvia più ch'io non so diro.
Ma si vergogna al conte appalesare,
Al conte, et dubbia per dolor morire
Non possendo sua diva seco trare.
Ma quel che ne segui, signor mio caro.
Vi fiain questo altro canto aperto et chiaro.
CANTO UNDECIMO
['F^122r^\ 1. Ogni peccato penitentia aspetta
Ne può Tira diviaa alcun fuggire.
Zoppa non è, se ben non corre in fretta,
Né si tolle però per differire.
Anzi è più grave poi ; se non assetta
Da l'error suo il peccator fuggire
Et inalzarsi al ciel con Tintelletto,
Del gastigo ne vien più grave effetto.
2. Ma, se *1 proposto rio muta il mortale,
Muta il monarca eterno la sentenza,
Et, se pur segue il suo sfrenato male,
Manda col tempo quel la penitenza
Et commette il punir in man di tale
Che spesso non se n' ha la conoscenza.
Ninive grande ne può dar l'esempio
Et del contr[ar]io Egitto il duro scempio.
3. Nabucodònosor, dopo i sette anni
Che '1 fien mangiò, pentito del suo errore,
Meritò gratia dai superni scanni ;
Ma, perchè Faraone indurò il core,
Hebbe dal sommo Idio doppoi più affanni
La morte, ai corpi nostri ultimo orrore,
Col popul suo dentro el Sanguigno Mare,
Che un sol da quello non puotte il piò trare.
4. Tal hor per un peccato d'un huon solo
Punisce una provintia et tutto un regno
La divina ira, et presta estremo duolo,
Tanto prende spiacer, tanto ha gran sdegno
Del peccato ; et di ciò l'Hebraico stuolo
Ne vidde il chiaro et manifesto segno.
Quando la donna tolse il re di Uria
Che n*hebbe il popul poi la pena ria.
CANTO UNDECIMO 303
5. Hor intervien che Sarpedonte il rio
Fatto ha il peccato et li soi cavallieri
Per man del conte n'han pagato il fio,
Nò lor giovò ne l'armi essere altieri ;
Ma non fia ancor dato el tyranno a oblio,
Che gli error suoi non son tanto leggieri
Ch' uscir se ne habia ei sol con Taltrui danni,
Ma morte ò per haveme oltra gli affanni.
6. Se Dio servò Davit infra gli Hebrei,
Fu la mercè di lui che '1 cor le punse,
Perchè era buono, et per contrario rei
Tutti color che dalla vita sgiunse.
Al re non perdonò di Jebusei,
Che per man delli Hebrei tutti consunse,
Et cosi i Ferezei, i Gabaoniti,
Che coi populi furo i re puniti.
[F*122 v°] 7. Restava stupefatto il bon Roberto,
11 Fauno col corrier era stordito
Vedendo il conte cavallier si esperto
Per il frHcas8[o] di sua mano uscito ;
Né le pareva ancor tal caso certo.
Benché hanno visto ch'un guerrier si ardito
Sol comesso habia in così tempo brieve
Escidio tal a cento altri non lieve.
8, Haveva Orlando già, cornei' narrai
Ne l'altro canto, quella compagnia
Delli sessanta et poi di cento assai
Trattata mal ; ma Talta cortesia,
Ch'in degno cavallier non manca mai.
Fa che Roberto libero hoggi sia
Da quel furor di morte, dal macello
Che facea Orlando a quei di Rio-Castello.
9. Lassa il corrier la sua giumenta et prende
Un bon corsier che francamente el porti.
Il Fauno ancor il pie caprinno stende
Ove jaceno in terra i corpi morti,
E, se cathena d'oro o anel comprende,
A se la aroggia, et sempre tiene acorti
Gli ochi fedeli intorno riguardando
Ch'a rimproviso non si assalti Orlando ;
304 I DODICI CANTI
10. Che non si assalti Orlando, che va ratto,
Et quanto puote Brigliador di trotto
Sprona, con desider giunger di fatto
Suso al castello per posser far motto
A Sarpedonte et per purgarlo a un tratto
Di mille errori et farle dar tal botto
Qual non si crede, et con ferro et con fuoco
Kuvinar tutto quel maligno luoco.
1 1 . Giunto alla porta fortemente suona
Il conte il corno e a Sarpedonte chiede
Fiera battaglia, cui l'orecchia intruona
Quel alto suon, et fuor guardando vede
Sarpedonte colui che '1 corno intuona
Col fiato, et che sia Orlando non si crede,
Ma bene il crede Angelica la altiera
Et Sacripante che ir libero spera.
12 Se era la notte riposato il conte
Et da Roberto del luogo informato
Et della gente che ivi Sarpedonte
Seco bave seppe, il che le fu assai grato.
Sol cento cavallier con forze pronte
Haversi quel tyranno riserbato
Intendendo, fu lieto, et la mattina,
Comme ho detto, trottando il sir camina.
[poi83ro] 13. E' suona, invita alla battaglia et sfida
L'empio fyranno che su da alto mira.
Già nel castello si molesta et grida
A Tarme, et nelle trombe il fiato spira .
Eli, che aspetta di fuor, ode le strida,
Et inverso la porta si ritira
Col brando in man ne l'altrui sangue tinto.
Da zelo ardente et sdegnosa ira spinto.
14. Stava la porta chiusa, quando il suono
S'udì del corno rimbombar, che '1 sole
Non si era mosso al formidevol tuono
ad ascoltar di Orlando le parole,
Ma di Tjthon con la fanciulla il buono
Phebo posava come spesso suole.
Né suol callarsi imprima il forte ponte
Che lievi il sol, che non vuol Sarpedonte.
CONTO UNDECIMO 305
15. Chiama il tyranno i suoi tutti a consiglio
Et chiede lor parer quel che far debba.
Certi ch*uscir feriti del periglio,
Disser come il guerrier maltrattato hebbe
Tutta la compagnia cui molto increbbe.
Et fra tutti costo? puose scompiglio
Delli feriti il dir massimamente
Che da quel sol due compagnie fur spente.
16. Questi altri cavallier di Sarpedonte
Eran fidati amici et servitori,
Et quando inteser tanti stratii et onte
Fatti a quegli altri et prima ai rubbatori,
Non mostrano più lieta Talta fronte
Perchè paura preme loro i cori.
Non san che consegliar centra un tal sire
Che sol fé tanti con sua man morire.
17. Pur se ritruova in corte del tyranno
U[n] che per tempo e esperientia saggio
Era, a cui dispiaceva il grave danno
Che ai viator face vasi et Toltraggio.
Vedendo il signor suo posto in affanno
E ai cavallier mancar forza et coraggio,
Del suo signor ne Tanimo si duole,
Poi consegnando disse tal parole :
18. « Io son già vechio et ho la barba bianca.
Et invechiato in questa vostra corte
L'animo è bon, se ben la forza manca,
Né temerei per voi ogni cruda morte.
Fra nui non veggio, ai mò I persona franca
Che centra quel guerrier esca le porte,
11 che vien dalla vostra conscientia
Che '1 tempo vede di sua penitentia.
[F*123 v«>] 19. Ben è cieco colui che '1 giorno chiaro
Non vede, bene è privo di dolcezza
Quel a chi il myele in bocca par amaro
Al guasto gusto, et privo è di alegrezza
Chi non conosce lo suo affanno raro,
E chi è villan la vera gentilezza
Conosce poco, et chi Tira divina
Non stima in brieve il suo stato rovina.
20
306 I DODICI GANTI
20. Quel Alessandro che del mar profondo
Le vestigio cercò, le genti perse,
Domò gli Arabi, i Greci et più del mondo
Paesi soggiogò vincendo Xerse
Et TAsia quasi tutta pose al fondo,
Se medesmo esaltando al basso perse,
Che chi non stima Dio, non è stimato.
Ma vien punito come a quello ingrato.
21 , La ingratitù tanto dispiace a Idio
Che ne dimostra a tempo aspra vendetta.
Sarpedonte, il tuo avo, o signor mio,
Signor non nacque et poi fu fatto in fretta
Principe a questo castello aspro et rio,
Che di dicea pria Rocca Benedetta,
Et, doppo il rio costume del tuo padre.
Mutato ha il nome per le genti ladre.
22, Fu tristo l'avo tuo, ma fu più tristo
Il padre tuo, et tu in tristitia avanzi
Amendua loro, et Tuno et Taltro ho visto,
E Oldrado sai che morto fu pur dianzi
Per le tristitie sue, de' quali aquisto
Maggior hai fatto tu per dinanzi.
T'ho detto il ver, tu l'hai havuto a male
Et portatomene odio aspro et mortale.
23. Tu sai che tu occidesti quel bon vecchio.
Quel bon vecchio Soran, padre d'honore.
Ch'era d'ogni virtù lucido specchio,
Specchio di fama la qual mai non muore.
Della cui morte ognun ha pien Torechio.
Senza cagion ma pel lascivo amore
Che portasti a Lita, non ella volendo
Consentir, festi lo homicidio borrendo.
24. S'io voglio e' tua peccati ad uno ad uno
Raguagliar tutti, non ci basta il giorno.
Basta che di virtò tu sei digiuno
Et d'ogni vitio glorioso e adorno.
Tu sei venuto in puzza a ciascheduno,
Che è la tua fama a ogni contorno
Nota e i tuoi brutti et ribaldeschi esempii,
Che alli innocenti dai spietati scempii.
CANTO UNDECIMO 30 7
[F^124r**]25. Quel cavallier, che là difuori aspetta,
Sapii che è messaggier da Dio mandato,
Che vien per far contra di [te] vendetta
Di ciaschedun tuo orribile peccato,
Ch' un non posseva tutta quella setta
Uccider solo, se non gli era dato
Di sopra, perchè el sangue sparso in terra
Da te contra di [te] chiede Dio guerra.
26. Ma volendo tal guerra tu fuggire,
Vedi di darti in mano al cavalliero,
Con patto pria di non ti far morire.
Che ciò impetrar forsi ti fìa leggiero.
Così potrai tua morta differire
Et di questi altri tuoi, se quel guerriero
É huon gentil, magnanimo di core,
Come ò ne Tarmi grande il suo valore. »
27. Voltasi Sarpedonte a un giovinetto.
Cui la prima lanugine infiorava
11 chiaro viso di leggiadro aspetto.
Et quel che in ciò le pare adimandava.
Non havendo del vechio alcun rispetto,
Presontuosament sì parlava :
« Un che vien vecchio perde il sentimento
Et seco la ragione in un momento
28. Al vechio manca il naturai calore
Mancando il sangue, et mancali la forza.
Et senza forza non ha più valore
L'animo usato, et imperò si sforza
El vecchio consegllar, perchè nel core
La fiamma del posser tutta si smorza,
Quel eh' a V homo è disnor, quel eh' è viltade,
Sotto color et spetie di pietade.
29. Li ladri sempre mai stanno in paura.
Et la paura genera viltade.
Et la viltà di se la poca cura.
La poca cura a se la crudeltade.
Vince lo ingegnio poi fuor di misura
Dove ordine non truova o sicuitade
D'animo ardito et forte, et però questi
Tanti n' ha ucciso et tanti ha fatti mesti,
308 1 DODICI GANTI
30. Quei che ladri non furo, et furon venti
Più dal timor che dalla crudel spada,
Et però in poco tempo furon spenti ;
Ch* ò ben ragion che con paura cada
La viltà estrema, nò vai argumenti
Far che tal cosa da Dio solo accada,
Che vii sarebbe il divino intelletto
Havendo cura di si poco effetto.
[F® 124 v°] 31. Convien se aiuti Thuon da se, se vuole
Che Dio Taiuti, che Taiuti il cielo.
Però, signori, se le mie parole
Terrete voi, come dico io, con zelo,
Uscirem tutti pria che lievi il sole,
Con Tanimo gagliardo et con il telo
Che morte presta, et io di quel che é fuore
Vantomi con mia man cavarli el core.
32. Et poiché te, signor, sfida a battaglia.
Se mandi me farò lo effetto solo.
Se questi à morta quella vii canaglia
Che la più vii da Tuno a Taltro puolo
Mai non fu vista, tanta gran travaglia
Darò a colui che morto sopra il suolo
FaroUotti veder, se U brando mio
Me aiuta, o voglia, o pur non voglia. »
33. « Non piaccia al ciel, rispose Sarpedonte
Ch' io mandi te per mio scambio alla morte.
Che, se patesti ingiurie, stratii et onte,
Sarebbe il mio morir più accerbo et forte ;
Et, s'io scampassi mille anni la fronte
Non havrei mai più lieta, et, se per sorte
Volesse altrui pigliar questa contesa.
Da me havrà premio grande della impresa. »
34. Lievasi un altro ardito cavalliero
Et dice : « É detto assai, ma detto è nulla.
Sapete ch'eri fu preso un guerriero
Che per il Castel nostro si trastulla
Et per tutto ricerca quello altiero,
Mirando hor questa, hor quella altra fanciulla.
Kendiangli l'armi et il cavallo ancora.
Se vuol combatter con quel eh' ò di fuora. »
CANTO UNDECIMO 309
35. Non era conosciuto Sacripante
Per nome né per re nò per qual era,
Ma solamente per guerrier errante,
Che ciò mostrava in tutta sua maniera,
Et sua persona dal capo alle piante
Si mostrava magnanima e altiera.
Fu da ciascun guerrier ben giudicato
Esser valente, et però fu chiamato.
36. Cui disse Sarpedonte : « ti conviene
Con quel campion di fuor battaglia bavere,
gustar morte con accerbe pene.
Quando manchi hoggi far il tuo devere ;
Et, a ciò possi adoperarti bene.
Ti si darran tue armi et tuo destriere,
Ma primamente ti convien giurare,
Havendo la vettoria, ritornare. »
[P»125po]37. Rispose il re: « Non so per qual cagione
Voi mi vogliate a tal impresa porre ;
Non ci ò nisciun di voi che gran campione
Non sia da esser opposto al grande Hettore.
Quando voi mi direte la ragione
Ch'io possa sopra me tal peso tuorre,
11 pigliarò per vostro salvamento.
Essendoci il mio honor col giuramento.
38. Ma non veggio io eh' io possa in alcun modo
Prender sopra di me questo alto peso.
Porsi che nel consiglio è qualche frodo.
Se fia ben da ciascun di voi compreso.
Vero è che del combatter sempre i* godo
Quando di guerra i* veggio il fuoco acceso.
Ma hor combatter non posso con mio honore
Che mi è compagno quel che sta di fuore.
39. Vi giuro ben che, se voi tutti insieme
Volete uscir, non esservi molesto,
Ne far che di me possa prender speme
Vostro nimico, né giovarle in questo,
S'io ben potessi, che '1 pensier mi preme
Sempre di quanto ò sol giusto et honesto.
Né mi vedrete mai se non pigliare
Guerra che con ragion si possa fare. »
310 I DODICI CANTI
40. « Donque per te sì fa per quanto i* veggio
Questa battaglia, » Sarpedonte disse.
Cui il re rispose : « Sol per tuorti il seggio,
Per levar li furacci et tante risse
Che qui si fanno, a ciò non siegua peggio
Ai cavallier che passan, costui fisse
Sol nella mente questa impresa forte,
Arder questo castello e a te dar morte. »
41 • « Quel che destinato è, convien che sia.
Disse il tjranno, et imperò mi pare
Che s'armi tutta questa compagnia
Et vadisi costui fuor a truovare,
Et questo cavallier in prigion stia
Fin che lo venghi quello a liberare. »
Cosi pongon prigione Sacripante
Per uscir fuora contra el sir d'Anglante.
42. Ma lascianli costi finche leviamo
Dalla mensa, dal fonte et dal giardino
L'Englese Astolfo et Tardito* Aleramo,
Et finisca la pugna il prò* Guerrino
Col bon Rynaldo, a ciò, quando torniamo,
Non ci diano più impaccio pel camino
Fin che non è distrutto Rio-Castello,
Dispetto al mondo e a l'alto ciel ribello.
[F°125vo]43. Già vi lassai quei primi a l'ampia mensa
Refocilar le membra e i lassi spirti,
A* quali largamente si disp^ nsa
11 grato cibo infra gli aloni e i myiti,
Sotto bei pini d'una altezza immensa
Et di cipressi bei fine al ciel irti,
Con suoni et canti pien di harmonia
Che fan Taura intronar di melodia.
44. Anche gli augei che i soi canti ivi fanno
Fra gli aranci, li cedri et li limoni,
I venticei che la fresca aura danno
Ricrean molto le dame et i campioni.
Quivi non perde fronda in tutto l'anno
per le fredde o per calde stagioni,
Ad ogni tempo et fiori et frutti quivi
Si veggon bei sugli alberi lascivi.
CANTO UNDECIMO 3H
45. Né ardor né gelo al bel giardin molesti
Mai soa per tempo alcun, né grave pioggia
Mai ne i' truova' che '1 bel luogo infesti ;
Ma, se vi vien con non usata foggia^
Soave è si, se mai forai vedesti
Acque lanfe cader da qualche loggia,
da balcon di fiori un grato nembo,
Sparso con arte in qualche amato grembo .
46. Cosi ve imaginate che dal cielo
Grata rosata il bel giardino affiari.
Né vedreste ivi un pur soletto stelo
Di color secco, et gli alberi son pari
Secondo il lor lignaggio, perchè el gielo
il sol non ofiende ivi i bei ripari
Fatti con magister, fatti con arte
Tal che scriver non posso in le mie carte.
47. Delle torte hedre intomo Tarnpie sponda
Con le foglie si ugual che paion pinte.
Li spessi lauri con le amate fronde
Vi fan grate ombre di bei fior distinte.
Et del già detto fonte le chiare onde
Inaffiano le viol di rossor stinte,
1 narcisi, i hyacinthi, gli amaranti.
Le rose, li lìgostri, i belli acanti.
48. Perdono di Damaschi i profumieri
Coi lor grati, soavi, ameni odori.
Ivi son li genevri acuti et feri,
I mirti et li gelmin coi vaghi fiorì.
Li cedri humili con gli aranci altieri,
L'alber d'Adone ivi è coi suo* licori ;
Gli habeti, i faggi et le patenti palme
Vi fanno rezzo et delettevol calme.
[F<»12ep®]49. Querce nodose, suvre, fargne et olmi
Fanno ivi ombre gratissime selvagge,
Et di nidi d'augei son gli alber colmi
Tortore, tordi, merle, piche et gagge ;
Ma non potervi ben discriver ducimi
Come ne l'ombra il sol per ben che aragge
Non vie n'era, e il luogo fatto con tante arte
Non si può bene dimostrarvi in carte.
312 I DODICI CANTI
50. Poich' han mangiato i cavallieri et damo,
Van passeggiando in quel giardin soave.
Là veggon caprìuol, qua fuggir dame,
Qui cervia isnella, ivi una lenfa grave,
Quinci conigli et quindi lepre grame.
Là altieri pardi et qua pantere prave;
Schirattoli, mustelle et armellini
Scappan dinanzi ai pie dei palladini.
51 . Mufari veggion con camozze et zebe
Selvagge, tassi et listrici spinose,
Volpi, simie et mamon per dumi et glebe,
Et gli unicorni fere più famose,
Le hyene crude mal note alla plebe.
Di tutti altri animai più insidiose,
Con il Castore et la fugace tygre
Machiata qual pantera a machie nigre.
52. Pasf^eggiando pel luogo dolce et ameno
Giunsero dove un chiaro cumul d'acque
Fanno i rivi del fonte, ove il sereno
Collegio delle sacre Muse gi[a]cque.
Et quivi fanno un si limpido sieno
Che buon spatio ai campion mirarvi piacque.
Che vi vedevan dalla cima al fondo
Gettato un soldo ancor che sia profondo.
53. Ben trenta palmo era alto, in quadro bello
Di cento et venti piedi era il laghetto.
Veggon dentro mirando in corso isnello
Natarvi il pesce con molto diletto,
Il carpion ricco et seco il poverello
Roviglione, et il rozzo porceletto,
La lampreda regale, il sturione.
La laccia et con Tanguilla il marsione ;
54. La trotta che trottando per le lymphe
Et quinci et quindi impetuosamente
Discorre grata agli huomini e alle Nymphe,
Quando da San Donato vien sovente ;
11 fiero luccio, et le medcsme lymphe
Segue la tinca furibondamente ;
11 cephalo, la scardafa et il squale
Con il barbuto barbo hor scende, hor sciale.
CANTO UNDECIMO 31^
[po 126 vo] 55. Indi parliti ne' frondosi rami
Veggon gli augei formar nidi diversi.
La merula col tordo par che chiami
D'altrui l'aiuto. Coi conformi versi
Mormorano i palombi et tortor grami,
Che par che ogni un alti suspiri versi,
Et Phylomena ancora gli acompagna,
Che del cognato si lamenta et lagna.
56. Infra gli ispidi dumi et sterpi umbrosi,
11 marito di Procne si conduole
Che i cari membri dei figliuol pietosi
Mangiando oppresse ; et del figliuol del sole
11 bianco cigno i canti dolorosi.
Infra Phenisa et Lampetea et Phebea sole,
Si udivan far dove cadevon Tacque
Del fonte già che si a Narciso pi[a]cque.
57. In un cespuglio si vedea il fagiano
Coprir la testa et dimostrar il resto
Tutto scoperto, et quindi il pavon vano
Che ad Argo tolse gli ochi, cui molesto
E il proprio piò veder : hor sopra il piano
Terreno, hor sopra un alber manifesto
Cantando stride ; et di sua morte atroce
Si lagna la perdice in rauca voce.
58. Dalla cycala discacciar si vede
L'augel che feta l'uova in l'altrui nido,
Et le figlie eh' Anippe chiaro vede
Diventar piche, qual col strano strido.
Che vincano le Muse, ella si crede.
Fan su quegli alber lor loquace grido.
Cosi Corone, ancor che mai non tace.
Ivi si mostra stridula et loquace.
59. Da una sonora valle ai vaghi augelli
Senton che Echo risponde in vive voci.
Et aquile et falcon ligiadri et snelli
A lepri, a starni et a faggiani atroci
Si monstran con le prede, e i mischinelli
Ne' feri artigli seguono veloci
Lor volo in alto per dar loro il pasto
Col proprio corpo lacerato et guasto.
314 I DODICI CANTI
60. De molti più animai cF io non vi narro
Era il giardin bellissimo riserbo,
Et disotto havea un barco più bizarro
Da un lignaggio di fere crudo e acerbo ;
Qual viveva di carne et qual di farro,
Qual era humil d*aspetto, qual superbo.
ivi era il stellion, che Cerere dea
Cercando la figliuola fatto havea.
[po 127p»] 61 . Di Pasyphe era il desiato figlio
Quivi, con quel che vuolse Deianira
Tuor al marito per proprio consiglio,
E in tauro Acheloo quivi suspira
Superbamente, et pare che di piglio
Col corno dare et calpestar con ira
Voglia ciascuno et più mutabil fassi
Che Metra, et pur nel barco chiuso stassi.
62. Quivi il cignal di Meleagro il dente
Fero dimostra, et della Arcadia il re
Odiato dalle fere et dalla gente
Ch'a Giove humana carne a mangiar die,
Ivi è, et Calisto misera et dolente
Ch*in orsa la gran dea rimutar fé,
Et satiri et centauri et eleffanti
Et di Cybelle li lion fiammanti.
63. Stannovi queste et assai altre fere
Tolte alla terra parte, et parte al cielo,
Per le virtù ti magiche et altiere
Della Erinea Sybilla, et con un velo
Di seta ivi richiuse, che po' in vere
Mura si co[n]vertì, se qual Vangelo
E vera la scrittura di Turpino.
Dubbio non ho eh' è vero il mio latino.
64 Quando hebbero cercato il giardin tutto.
Visto i-lago fecondo et visto el barco,
Questo et quel alber di ciascun suo frutto
Coi rami quasi in terra pieno et carco,
Et parimente i fior, ciascun produtto
Tenea coi pomi, di quai nullo scarco
Si vede mai per autumo o per verno
Come fra nui qui, per voler superno ;
CANTO UN DECIMO 315
65. Guatavano Tun l'altro con stupore
I campioni amirati di quel luoco,
Et la regina a lor fa grande honore.
Ragionando con seco a poco a poco
Gli aduce nel pallagio con amore,
Dove è ordinato un bello et vago giuoco
Del qual si dirrà poi, perchè Guerino
Mi aspetta con Rynaldo palladino.
66. Ve li lasciai che con le spade in mano
Cercan, doppoi che rotte havean più lance,
Diffìnir la lor lite et sopra il piano
Poner Tun Taltro senza far più ciance.
Percuote l'elmo el sir di Montalbano
Al bon Guerrin, ma vanno le bilance
Sì giuste che vantaggio non si vede
Fra lor, quanto una mosca ha largo il piede.
[F'»127'«°]67. Su l'elmo di Mambrin forte martella
Con l'incantata spada il buon Guerrino,
Ma sta si saldo ognun sopra la sella
Che se ne meraviglia il palladino.
Si stancan si* che Doralice bella
N'ha pena al core et manda il suo bambino
Che seco havea, figliuol di Mandricardo,
A dimandar il suo fratel gagliardo ;
68. Et dice a lui : « Non vedi, o Zenodoro
Che quei non ponno hor mai più alzarle braccia ?
Dui guerrier non fur mai simili a loro.
Deh, fa che fra lor triegua almen si faccia !
Quivi non si combatte il vello d'oro.
Però fra lor, fratel, pace procaccia.
Che, chi di lor morisse, foria male,
Ch'a lor non hebbe mai la terra uguale. »
69. Si vedeano le spade in aria a un tempo
Et a un tempo in su gli elmi giù calare.
Se si affretta un, l'altro non perde il tempo.
Et veggonsi gli elmetti sfavillare
Faville accese, et non aspetta tempo
Colui che può al compagno il colpo dare.
S'infogano i campion, s'infogano anco
I cavai, ch'[h]anno i duri sproni al fianco.
316 I DODICI CANTI
70. Sudano i cavallier, sudano ancora
I cavai, che non hanno un pelo asciutto.
Da un colpo a Taltro non vi entra dimora,
Né di vettoria alcun cava construtto.
Che combattono insiem già l'ottava bora
Passava, senza trar di gloria un frutto.
Perchè le incantate arme di Guerrino,
Tollean di gloria molto al palladino.
71 . Et perchè hor mi ricordo haver promesso
Già dirvi di queste armi et come et quando
Fur fatte e incantate et poi concesso
Loro uso al buon Guerrin, che suspirando
Andava sempre et de gran pena opresso,
Che non truovava quel che iva cercando,
II padre, dico, et la generatione,
Onde l'oringin tratta havea il campione ;
72. Dico che quando partorì Fenice
11 bel bambino e inclito, Sefferra,
Ch'era già stata di costei nudrice,
Conoscendo il bambino atto alla t^uerra,
Perch'ella era solenne incantatrice,
Se chi la hystoria scrisse qui non erra,
Fece far tutte Tarmi di Guerrino
Qual più che figlio amò da fanciullino.
[F«188p<»]73. Hebbe un marito questa che Zenone
Già fu appellato, povero et mendico.
Disprezzato da tutte le persone
Della sua patria; benché fusse amico
Delle sciontie et gran professione
Facesse in quelle, hebbe per gran nimico
11 sciocco volgo al qual ei prediceva
Sovente quel che poco le piaceva.
74. Era costui perfetto nigroman te
Nella cita del magno Costantino,
E in tal scientia fu cosi prestante
Che venne perfettissimo indovino,
Cosa non cresa dal vulgo ignorante.
Perchè diceva il spirto di Merlino
Essere in lui come nel Samio Euforbo,
Cosa proprio da vulgo ignaro et orbo.
CANTO UNDECIMO Sr
75. Questa arte ensegnò questo alla sua donna
Che era d'ingegno facile et capace,
E tanto prontamente in lei s^indonna
Quanto l'ardente fiamma in secca face.
Furon Christian, né dalla Tana a Sonna
Eran tai maghi, benché non si tace
Di Malagigi, et fu del vecchio Àthlante
Discepolo Zenon, nato in Bizante.
76. Per la gran povertà la patria loro
Greca lassando Taltrui ricercaro,
E fra Epiroti a Durazzo ne andoro»
Ove col duca gratia ritruovaro,
Che gravida Sefierra, al rio martoro
Del parto giunta, un figliolim preclaro
Di aspetto parturi, ma morì presto
Lasciando i genitorin pianto mesto.
77. Et in quel punto la duchessa quasi
Partorì et fece una inclita figliuola.
Vedi, signor, come diversi casi
Nascono alli mortai : rimane sola
La fanciuletta, eh' ai perpetui occasi
L'horrida morte la duchessa invola.
Sefierra élli nudrice et vece-matre
Per consolare alquanto il mesto padre.
[F*ld8v°]78. El ducaMustafà, che legge tiene
Di Macometto, la consorte honora
Di pompa funeral con gravi pene
Secondo il lor costume; et da queir hora
Seferra con le mamme dolci e amene
Nudrl FenicCi et fu nudrice ancora
£t, non col latte già, del gran Guerino,
Ma sopra le nudrici hebbe il dimino.
79. Infra dui anni il duca Talma rese,
Secondo il corso usato di natura.
Lasciando a dui suo' figli Talte imprese
Della duchea e a Seferra la cura
Della fanciulla. Nobile et cortese
Divenne si eh' escesse la misura
Di cortesia, di gentilezza immensa.
Nò Seferra altra cosa cura o pensa.
318 I DODICI GANTI
80. Divenne in tanta et si estrema bellezza
Questa fanciulla, che toUea la fama
Alla Ciprigna Dea, et di fortezza
Haveva il nome grande ; et da più s*ama
eh* eran aongiunte con la gentilezza
In le* honestade et ligiadria, nò dama
Era ne* tempi soi tanto lodata
D'ogni virtù guanto ella ad ognun grata.
81 . Per questa quel Milon, che di Tarento
Duca era, di Gerardo di Borgogna,
Passando il mar non fu pegro nò lento,
Ch* altra che lei non prezza et non agogna.
Sol ha per questa dentro el cor tormento.
Et non videndo lei veder si sogna.
Et ha deliberato haverla in moglie
lassarvi la vita con gran doglie.
82. Cosi in brieve scacciò della duchea
Di Durazzo Napparro e il fratello,
Et battezzò Fenice che volea
Ella anco a nostra fé ridurs*, ond* elio
Prese il ducato che pigliar havea
Deliberato già, dette l'anello
A quella, et fatta gravida poi n* hebbe
Guerin che poi in virtù cotanto crebbe.
[6*0 129 r®] 83. Sefferra, come io dissi, incantatrice.
Essendo morto il suo consorte, pose
SI grande amore alla bella Fenice
Che mai da lei partir nel cor dispose,
E alla fanciulla gravida predice
Che farà un figli uolin di poderose
Forze et si grandi che sarà Thonore
Della sua casa et della altrui timore.
84. Havea fatta costei un ampia tomba
Sotto il palazzo inverso la marina.
Dove traheva dalla inferna tomba
Gli angeli neri della gran Cama.
Nato Guerrino, entra questa in la tomba
Et ai suo* familiari una fucina
Vi fece fare et del lago di Stige
Portar dell' acque turb niente et bige.
CANTO UNDEGIMO 319
85. Poi fé venirvi di Scicilia il fabro
Zoppo, che solca far i dardi a Giove,
Qual discendendo dal suo monte scabro
Venne correndo come un vento dove
Yuolse la maga, cui aprendo il labro
Disse ella : « Hor vuo' veder quai fian tue pruove,
Qual sia tua arte et qual tuo magistero
Et qual ringegno tuo sublim* e altiero.
86. Mi è nato un fanciuUin che in terra un Marte
Sarà per fama et per virtù eminente,
Et cercarà del mondo la più parte,
Ch*ancor di lui non nacque il più eccellente
Guerrier a questi giorni, et molte carte
Si scriviran come del suo parente
Orlando, et come quel sarà famoso,
Né fia quel più di questo generoso.
87. Disponti donque, pria che parti quinci.
Far a costui di tutto punto l'armi
Ch'a cavallier conviensi, et vedi linci
L'acqua che per temprale con miei carmi
Feci venir da Stigi, et se tu vinci
In farle quel da chi Achille hebbe, in marmi
V ti farò sculpir con molto honore
Et adorarti quivi a tutte Thore.
'F°129v«]88. Voglio che Tarmi sian di tal boutade
Che nò ferro né fuoco offender possa
Chiunche le porta, o se sopra li cade
Fulgur dal ciel con rigida percossa
Senza offesa partendo se ne vade
Altronde, et. Giove havendo l'ira mossa,
Habin di Daphne il privilegio intero,
Perchè lo merta il fanciullino altiero.
89. Et perchè non si può ben la misura
Per esser quello in fasce haver de l'armi,
Vuo' che si faccin di questa natura
Ch'altro buon che'l mio Guerrin mai non se
Et, crescendo elio (questa sia tua cura), [n'armi,
Che creschin l'armi, et io, con miei carmi,
Ti darò tanto a questo di favore
Ch' avrai in l'opera tua perpetuo honore.
320 I DÓDICI GANTI
90. L'alber di Giove vuo* che vi si scolpa.
Et di Guerrino il nome vi si scriva ;
Ma fa che non si possa darti colpa
Che di sua proportion Topra sia priva,
Perchè Tignaro vulgo spesso incolpa
Per la sua openion trista et lasciva
Un che non erra, et però error non fare
Ch*a ragion nullo ti possa biasmare.
91 . Cosi ti priego et cosi ti scongiuro
Per Zoroastro, per Cyrce et per Medea,
Pel chiaro cielo et per l'Inferno scuro.
Per Salomon, per la donna Cumea
Che per luogo aspro faticoso et duro
Condusse ancor vivente il pio Enea
Giù nel Tartareo speco di Plutone,
Per Proserpina et per la ria Erittone ;
92. Ti aggiuro ancor per la Stigia pallude
Et per Toblivioso eterno Lethe,
Per Talme tutte scolorate et crude,
D'ogni pietade prive, et per tua rete
Con la qual già prendesti essendo ignudo
Nel letto le persone mal discrete
Della tua donna et del superbo Marte,
Mostrando il stupro lor per ogni parte ;
[F^lSOr^] 93. Per tutti i dei che su nel ciel si stanno
Et per le estreme posse del gran Giove,
Pel gran Vertunno che scorrendo Tanno
Mostra due facce inusitate et nuove,
Se brami uscir mai de l'eterno danno
Et più gioiosamente andando altrove
Cerchi posarti, et per la bianca luna.
Non mancarmi di questo in cosa alcuna ! »
94. Pregato et aggiurato il fabro Ethneo
Non può disdir alla maga Sefferra,
Né ritornar al suo vicin Tipheo,
Nò di Ericina alla famosa terra :
Havendo di la figlia di Peneo
Col privilegio a far l'armi di guerra,
Supplica a Phebo che col raggio d*oro
Le dia la gratia de l'amato aloro.
CANTO UNDECIMO 321
95. Doppo a sua prece, dalla infema foce
Sefferra trahe duo* degli angeli neri
D'un cerchio più superbo et più feroce,
Et eglino, altresì superbi e altieri,
Nientedimeno ad una sola voce
Della maga son pronti i demon ferì,
Et vengon nella grotta, elletto luoco
Da Sefferra, con zolfo et esca et fuoco,
96. L'incudine e i martei, coi qual Vulcano
Centra i Tytani ai Dei già Tarmi fece
E i strali a Giove di sua propria mano,
Ch'ai tre fratei machiati d'una pece
Dettero morte, che dal ciel sovrano
Trar vuolser Giove, ben ch'a lor non lece.
Che dei mortai non ò por bocca in cielo,
Per quanto n'amaestra l'Evangelo.
97. Ai me I eh' io veggio i figli della terra
Già ribellarsi al suo supremo padre.
Movendo centra el ciel spietata guerra
Con le loro de vitii armate squadre !
Deh, quanta insania l'human cor afferra !
Deh, quanto son le genti oscure et atre
Et povere di mente et di consiglio,
Non conoscendo il suo eterno perìglio I
[pò 130 v<^]98. Deh, vedi, Christo, come la tua chiesa
É data in preda delli rei Tithani
Et come dalla gente CoUonesa
Pria, et poi dalli maligni Lutherani
Fu divorata, et malamente offesa
Da traditori Ausoni et da marani
Celtiberi et crudei Thedeschi insieme,
Ch' ognum quanto più può la stratia et prìeme I
99. Da quei, che falsamente del tuo nome.
Signor, gioiscon, la Barca di Pietro
Si cerca di somerger con le some
Del loro vitio et lor peccato tetro,
Et hanno le sue forze tanto dome.
Che quasi perso haveva il degno scetro,
Ma venne Paulo poi eh' in pìcciol brando
Ne fé vendetta, o fatto memorando 1
21
S22 I DODICI CANTI
100. Ma come potrà Paulo quella fede,
Signor, di Pietro conservar illesa,
Sballi nemici di tua santa fede
Chi solea diffender la tua chiesa
Èssi appoggiato ? et, se si è fatto herede
Della setta de Lutero suspesa.
Chi tenuto è di prender Tarmi in mano
Per conservarla da Turco et pagano?
101. Hai tu, signor del ciel, gli ochi si chiusi
Che non vogli veder tutti i progressi
Che fanno quei, che la tua chiesa ha esclusi
Da se per li soi tanti et gravi escessi ?
Deh, chi fia che del non poter ti scusi,
Signor, purgare questi error successi?
Purgali, signor mio, qual Por' si suole
Purgar, tu, che sei di giustitia il sole I
102. Presta tanto favor al tuo vicario
Et fai da morte al men tanto invincibile
Ch' a ciaschedun, eh' a tuo nome è contrario,
Sia come Giosuè forte et terribile ;
Ma non, che '1 sol faccia il suo corso vario,
Chieggio, signor, qual vedi, et sei invisibile,
Ogni secreto che nel cor dilatasi.
Perchè da Tochio tuo vivace guatasi.
[po 131 po] 103. Di ciò più. Volcano accende il fuoco
Et, su l'incudin l'infocato ferro
Stendendo, lustra tutto il scuro luoco.
Un dei compagni, chiamato Zifferro,
La mazza batte et cosi a poco a poco
Fa l'armi tutte, et l'altro, Brugiaferro
Nomato, scolpe l'albero et il nome
Che Guerino a chi legge aperto preme.
104, Fatto l'usbergo et tutta la corazza
Con l'albero di Giove dinanzi et dietro,
Fa il fabro zoppo una ben grave mazza
Da far ogni lorica un fragil vetro,
Non atta a ogniun se non di forte razza.
Degno d'impero o almen di regal scetro ;
Poi fece il fabro si minuta maglia
Ch' a' riguardanti lo vedere abaglia ;
CAKTO UNDECIMO 823
105. Li braccial, i schineri, il gorzerino
Coi spalaccie icosciai, poi duo'spron d'oro,
Uno elmo perfecttissimo accialino
Ch'intorno havea le ghiande d'oro ;
Per tutto è scritto il nome di Guerrino.
Et per cimier vi è una quercetta d'oro ;
Di accia' il scudo a ghiande lavorato
Et d'una bella quercia in mezzo ornato.
106 • Un brando fece di chi la lama era
Delle più belle eh' ochio human vedesse,
(Et tutte fur temprate in l'acqua nera
Di Stige, che fortezza tal le impresse
Ohe ogni altre arme parean di pura cera
Apresso a queste, che la maga ellesse,
Anzi far fece per il suo Guerrino)
Et riccamente ornato di oro fino.
107. Scritto havea nella lama il brando altiero :
« Pygra son di Guerin sempre veloce. >»
Et vera [mente] fu sì amaro et fero
Che fu chiamato poi la Pygra atroce.
Pygra amara vuol dir, se punto il vero
Mostra il Greco al Latino in piana voce.
Et fu si atroce il brando et fu sì am aro
Oh' a chi l'hebbe centra gostò caro.
[F°131v*>]l08. Non contenta di questo ancor la saga,
Perchè non sempre un buon si truova armato,
Essendo della ria sorte presaga
Che devea haver Guerrin privo del stato,
YoUelo inoffensibil con la maga
Arte sua far ; a ciò da nullo lato
Habia a patir da pietra, ferro o fuoco
legno, lo ridusse al cavo luoco.
109. Et, denudatol, tutto in l'acqua dove
Fumo temprate l'armi lo somerge
Fuora che il pie, eh' in man tiene ella, et, Giove
Invocando, il fanciul fuor de 1' acqua erge.
Dicendo : « Dio del ciel, se pietà muove
La tua immensa bontà, poiché si asperge
Con l'acqua Stigia ai Dei per sempre sacra,
Fa che a Guerin sia dolce et agli altri aera ! »
324 I CODICI CANTI
HO. Poi diceva più cose in su la conca
Ove era Tacqua Stigia, scongiurando
I spirti della Tartarea spelonca,
Pregando et astringendo et comandando
Che non havesse con la falce adonca
Morte podestà o per lancia o per brando,
Nel suo Qerrino, o per legno o per pietra.
Né Giove con li strai di sua pharetra.
111. Et sette volte nel predetto modo
Tuffò il fanciullo nelle incantate acque,
Qual poi divenne cosi duro et sodo
Qual alla maga divenisse piacque ;
Né in legno mai fu tanto fisso chiodo
Quanto Guerino in lei, né di lei nacque
Figliuol che tanto amasse ella giamai
Quanto lui, che di se l'ama più assai.
112. Pur per veder se impenetra bil rìede
Ella Guerin, poiché Tha bene asciutto,
Con un coltello lievemente il fiede
In questo et in quel luogo, et pruoval tutto
Con pietra et fuoco similmente, et vede
Che qual statua di marmo si è ridutto,
Di che ringratia il padre di Volcano
Che col figliuolo le sia stato humano.
[F» 1 32 r^] 1 1 3. Doppoi volle esperir Tarmi incantate
Et su la incudin dà col brando ignudo
Qual regge alle gran botte dispietate ;
Et con la grieve mazza pruova il scudo.
Onde ne trahe faville si infiammate
Che lustra l'antro oscur col colpo crudo.
Da l'elmo et da l'altre armi ancor trahe fuoco
Tal che fa chiar di lume il scuro luoco.
114. Quando ha de Tarmi vista la boutade,
La gentil maga i spiriti licentia,
Con patto pur che con celleritade
Ritornin richiamati a sua presentia.
Et li ringratia con humanitade
Lodando i fabri di loro eccellentia.
Si parton quei, lassando Topra vaga
Alla pietosa, degna et gentil maga.
CANTO UNDÈCIMO 325
115. Dentro a un forzier le serba et tanta cura
N'ha quanto haver si debbe a gran thesoro,
Et ben le cela nella tomba scura,
Più che se fusser gemme, argento et oro,
£ il fanciullin nudrir doppoi procura
Con somma diligentia e animo soro ;
Ma Naparro et Madar privi del stato
Pensano ogni bora far qualche trattato.
116. Qualche trattato pensano i germani
Per discacciar Milon della duchea,
Et fan certi secreti capitani
Che vadino a far genti in la Morea.
Havea Milone fatto far christiani
Tutti quelli eh' haver possuto havea ;
Chi per Tamor di Dio, chi per paura
Presa havean del battesmo la figura.
117. Fra gli altri batezzosi un Finnadusto
Non per amor[di] Dio, non per timore,
Non perchè fusse più degli altri giusto,
Ma per posser più usar del traditore
Che non havea di nostra fede il gusto
Nò dal bon spirto confirmato il core.
Costui segretamente stimulava
Naparro et alla guerra il [eccitava].
[F^* 132 v<^] 118. Fa far giostre Milon dentro Durazzo
Per Talegrezza del nato fanciullo.
Pei balli et suon va sozopre il palazzo,
Si prende ciaschedun grato trastullo,
Fassi in corte di vino un ampio sguazzo ;
Delle confetioni è il numer nullo.
Anzi infinito, et cosi in tutti i luoghi
Della cita si fanno feste et giuoghi.
119. Havea Milon per un mese ordinato
Tal feste et giuochi, et ei corte bandita
Teneva a ciaschedun guerrier pregiato ;
E i terrazzani e i forastieri invita
Liberamente di qual voglia stato.
Che la cita le par dar di gioia unita.
Dimostra Finadusto esser più lieto
D'altrui, tenendo il mal pensier segreto.
386 I DODICI CANTI
120. A costui par ch'[h]or sìa congruo il tempo
Di dar principio al discacciar Milone.
Però avisar Napar non perde ei tempo
Et con lettere manda un suo garzone,
A pie, senza armi, a quel ch'aspetta il tempo.
Come faceste voi con quel leone.
Con quel leone a chi lassaste el stato.
Et poi a tornarvi il tempo vi fé lato.
121 . Quando fu il tempo di tornar, tornaste.
Signor, et, se non foste a Fabriano
Stato tradito da quei che menaste
Infidi, che v' usor si del marano,
Non bisognava che voi consumaste
Più tempo nel paese Marchiano,
Che mai non fora stata in la memoria
Humana la più degna et gran vettoria.
122. Non si vantò Leon, non Lorenzino,
Sir, al dassezzo poi di loro tempre,
Né possedette la duchea d'Urbino
Come in l'animo suo posseder sempre
Si crese, che '1 valor vostro divino
Arditamente dimostraste, e, mentre
Stesti in campagna, deste da pensar [e]
Ai popul tutti da l'un l'altro mare.
[po 133 po] 123. Hor Finadusto avisa in la cittade
Posser entrar ben venti cavallieri,
Di qual si voglia lontane contrade
di propinque, a dimostrar gli altieri
Animi invitti et lor alta bontade
Ne Parmiggiar, el cor gagliardi et feri,
Et che egli venghi et che egli meni seco
Qualche guerrier perfetto o Turco o Greco.
124. Naparro il Turco sta gioioso et lieto
Dentro Dolcigno che U fratel possiede.
Cui dimostra la lettra e apre il segreto,
E loda Finadusto di sua fede ;
Rimanda il messo coi bei duon quieto.
Et scrive a Finadusto et lo richiede
Che non li manchi mai, che verrà presto
a rihaver la patria o a far del resto.
CANTO UN DECIMO 327
125. Poi se ne va a truovar Astiladoro
Subito in poste, e il tutto aprendo scuopre,
Et senza far colegio o concistoro
Lodalo ad eseguir tutte queste opre,
Offerendole genti, argento et oro,
Per mandar i christiani indi sozopre ;
Et detteli un figliol per capitano
St per compagno chiamato Ottomano
126. Era valente cavallier costui
In arme et in consiglio et molto altiero.
Acompagnato che si fu con lui,
Naparro diventò più forte et fero,
Et erano valenti anco amendui,
Che disprezzano ogni altro cavalliero.
Pur tolgono diciotto in compagnia
Ch' havean gran nome in la cavalleria.
127. Et qual dui servitor, qual tre ne piglia,
Homin però ne Tarmi signalati
Come se fusser tutti una famiglia.
I cavallier sopra gli arcioni armati
Ne van verso Durazzo a lenta briglia.
Et son settanta tutti anoverati ;
Ma, signor mio, di lor tutto il soccesso
Ne Taltro cantar mio vi sarà espresso.
CANTO DUODECIMO
F^ 133 v^] 1 . Signor, fur molti nella antica et ade
A qaai Fortuna prospera promise
Etemo honor, perpetua majestade,
Né lor dalle vettorie ampie divìse
Finché mostrarne lor chiara boutade ;
Ma, quando inertia nel lor cor si mise,
Persero a un punto sol quel ch4n molti anni
Acquistato havean già con gravi affanni.
2 . Di questi un fu quel gran Cartaginese
Oh* a Canne tante gran vettorie perse
Per non seguire Thonorate imprese :
Vivendo in otio il suo danno sufferse ;
Et quel moderno rigido Francese
Ch' altresì in Puglia ai suo' la morte offerse
Col troppo soggiornar, col star a bada,
Tenendo al fianco Tociosa spada.
3. Et quel Thosco gentil, di cu' i figliuoli
Alle paterne spese hanno imparato
Soleciti esser per fuggir li duoli
Ch'acquistò il padre nel Castel di Prato,
Et render libertade ai patrii suoli.
Cerca tutt' hor in questo et in quel lato :
Cosi in Durazzo bora Milone il duca
L'otio percuote, distrugge et manduca.
4. Licentiò li suo' militi el sire
Preso eh' bebbe Durazzo, et con la moglie
Già consumati tutti i suo' desiri
Et adimpite le bramose voglie,
Non conoscendo i suo' f utur martiri
Nò le maligne sue venture doglie
Pensando che nisc[i]un mai più il moleste
Né l'alegrezze sue faccia funeste.
CANTO DUODECIMO 829
5. Vivendo, com* io dissi, alla Francesca
Con giostre e torniamenti, et lieta fronte
Facendo in corte a ognun, gente Turchesca
Accetta seco e al fin n* hebbe pur onte,
Però ch'essendo ancor la piaga fresca
Se ne duolse Mongrana et Chiaramonte,
Onde ne trasse il duca la famosa
Origine per sempre gloriosa.
[F**134p'>]6. Naparro sotto il nome di Torrindo
Venne a Durazzo coi compagni in fretta,
11 nome dando che dal paese Indo
Era venuto, aciò che men suspetta
Renda la gente, et Ottomanno il lindo
Armato entrò con tutta quella setta
Et da Lamphibo fu accettato.
Oh* è Turco altresì mal battizzato.
7. Da Finadusto fu con molto honore
Ricevuto Naparro, et alla corte
Non si vuol presentar di quel signore
Cui cerca dare con gran stratio morte.
Vi va quel altro, ma non scuopr'il core,
Et mena seco le sue fide scorte
Dei cavallier, con dir eh' ivi andato era
Per honorar sol quella giostra altiera.
8. Enteso ho dir che si gettan tre acque :
La prima è quella che dentro al mar piove;
La seconda (di udir non mi dispiacque)
E che al somier il capo lava, dove
L'eterna ingratitù per sempre nacque ;
Et della terza più gettata altrove
Non si vidde di quella, eh' el Giudeo
Battezza o il Turco o l'infido Caldeo.
9. Si suol dir un proverbio assai vulgare
Ch' un mal Giudeo non è mai buon Christiane.
Chi facilmente questo vuol pruovare,
Hor ne può haver resperientia in mano.
Finadusto et Lamphybo i' vi vuo' dare
Per testimoni che 1 battesmo in vano
Presero per tradir più cautamente
Milone il duca et lor patria dolente.
330 I DODICI CANTI
10. Furon costor cagion che la citade,
Lor patria, rovinasse a ferro e sangue,
Et vi perisse con gran crudeltade
Molti christiani, e il re Guiciardo esangue
Per il fratel restasse ; che pietade
Non truova hora Durazzo ; et però langue
Per il figliuolo la misera madre
Et la figliuola per pietà del padre.
I F<> 134 v<^] li. Quando la giostra in piazza. ordinata era,
Passi nella cita tumulto altronde.
Finadusto et Lamphjbo con l'altera
Persona di Napar che non se asconde
A loro, ma con la spietata et fera
Malignità cui par sempre seconde,
Truovan christiani et donne et fanciuUini
Decidendo dai grandi ai picciolini.
12. Va il rumor al palazzo ov* è Scferra,
Qual piglia il fanciullino e in Tantro scende.
Invalidisse in la cita la guerra,
Col duca il buon Manfredo Tarmi prende.
Dal basso centro fin sopra la terra,
La gentil maga le figure orrende.
Con le sue arti, trahe nella spelonca,
Col gaietto della Stigia conca.
13. Manda in Constantinopoli queir armi
Che Volcan fece al sacro imperatore,
Per un di quei che coi magici carmi
Ha ve va de Tinferno tratto fuore,
Qual disse : « Fa che nullo unqua se n*armi.
Se non chi con giostrarle havranne honore,
Che, se altrimente mai tu ne facesti.
Il nome di esser giusto perderesti. »
14. Fu a un principe si grande grande il duono,
Ma il demon ch'el portò che in forma humana
Se le mostrò, come un balen dal tuono
Via si partì tornando alla gran tana
Onde uscito era, et Timperator buono
Lo fa cercar per la cita sovrana,
Volendol meritar, né si ritruova.
Onde s'ammira di tal cosa nuova.
CANTO DUODECIMO 331
15. Et viste l'armi, che d'una bellezza
Eran non vista mai, Thebbe assai care.
Fumo stimate ancor di gran richezza
Che vi eran gemme pretiose e rare.
Havea Timperador di gentilezza
Un figliuol pieno et di virtù preclare.
Sol d'anni cinque, et fé dissegno darle
A quello, onde per quel fé conservarle.
16. Milon fu fatto con sua cara moglie
Prigione e in prigion posto ; ivi conviene
Tanto vi stia con stenti et amare doglie
Ch*el figliuol creschi et poi a trarli di pene
Ratto ne venghi, et le sfrenate voglie
Del zio maligno il giovanetto affrene.
Che con Seferra va in un piccio[l] legno
Pel mar fuggendo di Naparro il sdegno.
[F^ 135 r<*] 17. Ma la Fortuna, che è dei buon nemica
Et spesso in fine al cielo i tristi estolle.
Ne Tonde false quel le^netto intrica
Con contrar venti, et dal camino el tolle
U' condurlo Sefferra s'affatica,
Per far le voglie sue nette satolle,
Che non le basta i genitor turbare
Ch'ancor persiegue il figlio in mezzo il mare ;
18. Perchè fu preso il nobile bambino
Da certi predator nel mobil regno
Di quel che già si converti in delfino
Sol per Melantho, et del fanciuUin degno
La fida scorta in mar col capo chino
Sendo gettata, il ciel sempre benegno
La rimutò in l'augel ch'ai marin lito
In bianche penne è passeggiando unito.
19. Doppo' fu comperato il fanciulletto
Dove, il bel monton d'or trasportando Helle,
Da lei caduta Hellesponte vien detto,
Et quel fu trasmutato in chiare stelle.
A Biza[n]tio portato il pargoletto
Fuggi le sorti sue crudeli et felle.
Che fu nudrito e imparò in le scuole
Ciò che liber fanciullo imparar suole.
332 I DODICI CANTI
20. Lungo sana il volervi, 8*io volesse
Il tutto come et quando racontarvi,
Ma bastami servar le mie promesse
Et sol rhy storia qui manifestarvi
Del prò Guerino, et poi quel che successe
Di lui più a pieno spero dichiararvi.
Basta eh' io dichi comò acquistò Tarmi,
Perchè dirlovi haver promesso parmi.
21 . Epydonio fu quel eh* el fanciuUetto
Comprò dalli corsari et portò seco.
Trovando una nudrice che col petto
Li desse il latte, che di figli cieco
Era egli in prima, ma il motor perfetto,
Che niscium lascia over Latino o Greco
De Topre pie senza buon guidardone.
La moglie fecondò d*un bel garzone.
22. Così fur nudricati in modo tale
Che Tun da l'altro non si conosceva,
Ciò è quii schiavo da quel naturale
Figliuol ; però Guerino esser credeva
Figlio a Epydonio et a quel altro uguale
Certo fratel germano si teneva.
Era loro un vestir, un viver solo.
Come se stato anch' ei fusse figliuolo.
[F** 135v°] 23. Perchò meschinamente fu truovato
In man di ladri il degno fanciullino.
Non sapendo che fusse battezzato
Ribatezando il fé chiamar Meschino.
Enidonio il figliuol poi fu nomato,
Ma fu di aspetto tanto pellegrino
Quel prima detto comprato fanciullo
Ch'a ogni animo gentile era trastullo.
24. Et pervenuto al quintodecimo anno
Con Enidonio essendo andato in corte
Del sacro imperador u' senza affanno
Si vivea lieto, le toccò per sorte
Giocar a lotta, et, non senza onta et danno
Dei lottatori, tanto destro et forte
Si demostro che venti o più ne vinse
Nanzi eh' ei si straccasse e in terra spinse.
CANTO DUODECIMO 333
25. Onde Alexandre, al degno imperatore
Vero figliuol di sangue et di costumi,
Al Meschin puose tanto grande amore
Che sempre in lui tenea firmati i lumi,
Gonsiderandol tutto, et dentro al core
Si mise per lui spender molti numi
Comprandolo, onde ad Enidonio chiese
Ch' in venderglelo fusse al men cortese.
26. Qual le rispose non posser disporre
Del Meschin senza la paterna voglia,
Ond' Alexandre ad Epydonio esporre
Fé il suo desir et lui pregar che voglia
Concederli el Meschin et tanto tuorre
D'argento o d'or al desir le accoglia,
Pur che le dia il Meschin, che sol le piace
Sempre haver seco per sua eterna pace.
27. Enidonio gentil discreto et buono,
Al suo signor in tutto sempre grato.
Le ne fece cortese et largo duono,
Narrando come Thaveva comprato
Da certi ladri che di voce in suono
Le disser come Thavevan predato
De Sefferra che n'era curatrice
Et con molto oro et gemme e una nutrice ;
28. Et come haveano Tuna et l'altra donna.
Ma pria la vechia, dentro al mar gettata,
L'altra che di bellezza era colonna
Da tutti i marinar sendo stuprata.
Ma però a forza, in fine che la gonna
Con tutto el corpo bel fu lacerata,
Et al ciel rasa l'animetta pura,
Al corpo demo il mar per sepoltura.
[pò 136 po]29. Il tutto ode Guerin che era presente
Ciò che Epydonio ad Alessandro dice ;
Dagli ochi il pianto et un suspir rovente
Da 1' imo petto esala et se infelice
Chiamando pria ; et poi di quella gente
Qual sia dimanda che fu predatrice
Di luì, quali esser Turchi entese, onde elio
Giurò di farne un di crudel macello.
1 DODICI CANTI
30. Et lo successe poi, come odirete,
Che fu de' Turchi capital nemico,
Et felli capitar entro una rete
Che fu a lor duro laccio et grande intrico
Più eh' a 1* imperio il sdegnato Narsete
Vedendo il cor d'Augusta esserli oblico ;
Ma, lasciando ogni cosa, i' vi vuo' dire
Come Tarmi acquistossi il gentil sire.
31 . Era Alessandro di bella statura
Proportionato et di cor generoso,
Cui donò il padre la bella armatura.
La mazza, il scudo e il brando luminoso,
Che le piacevan fuor d'ogni misura
Per la bellezza lor, ma gli era ascoso
Ciò che in quelle era, qual il sir si pruova
Nò ben le stanno o pur se armar ripruova.
32. Quando ha più volte et più pruovato il sire,
La prima volta le truovò assai strette,
L'altra sì larghe che non son ben dire.
Et l'altra corte ; et quando poi si mette
In pruova di volersene vestire.
Più al corpo suo le ritruovava inette,
A tal che se ne lagna asai et le spiace
Non potersi vestir quel che le piace .
33. Et cosi quando è largo et quando stretto
quando è troppo cupo o troppo piano
11 vago, bello et pretioso elmetto,
11 che par caso ad Alessandro estrano.
Altresì ancor le avvien di quel peifetto
Brando non fatto per oprar humano.
Che quando è corto, quando lungo et quando
Leggiero et quando ò grave il degno brando.
34. Similemente della mazza, et scudo
Avvien, che quando leggi et quando gravi
Sono al campion d'ogni baldanza ignudo,
Onde par che gran doglia il sir aggravi
Che servir non si può di quelle, et crudo
Par a ciascun il caso, et alli ignavi
Fabri de 1' armi par cosa impossibile
E agli humani intelletti anco incredibile.
CANTO DUODECIMO 335
[pò j[3g v<*]35. Prendono la misura al sir geritile
Più fabri eh' han de Y armi il nome chiaro,
Né alcun sa ritruovar modo ne stile
Di guastar quelle o a quelle farne un paro.
Era il lavor si bello et si sottile
Che di ponervi man tutti dubbiare,
Ma pur pruovando ruppero i scolpelli,
Incudini, tenaglie et più martelli.
36. Non si ponno guastar per quella tempra
Ch' hebbero prima dal suo dotto fabro.
Che ogni altro ferro o vi si frange o stempra;
Però par forte il caso, duro et scabro
Et di esserne pur donno più s*insempra
Il gran disio nel sire, et torce il labro
Pel sdegno grande che nel cor s'imprime ,
Onde a guastarle fa pruovar più lime.
37. Una si spezza, Taltra perde il taglio.
Straccanosi li fabri intorno a quelle.
Mirano tutti al pretioso intaglio,
Le fpondi et ghiande con misure belle.
Di più armature a quelle fanno aguaglio
Né di beltà si truovano come elle
Né di fortezza ancor, perché i diamanti
Che quelle assai più foran franti.
38. Onde Alessandro si perturba et dice :
(c Chi sia questo Guerin che quivi é scritto ?
Mai non se intese ancor, ma ben felice
É più di me se a suo comodo dritto
Posseduto ha queste armi ; et io felice
Tanto son più di lui quanto più afflitto
Sono per non gioir di si bel duono
Che m'ha donato il genitor mio buono ».
39. Le fa riporre al pristino suo luoco
Con pensier di truovar chi a lor simili
Ne faccia ancor, tornando a festa et giuoco
Coi suo baron magnanimi et gentili.
Ha il Meschin sempre seco, et sempre in fuoco
Di sdegno accesi l'alma e il cor virile
Il giovanetto ha sol per non sapere
Della sua stirpe le certanze vere.
336 1 DODICI CANTI
40. Fra gli altri un di Alessandro et più baroni
Giocando a lotte, a pale, a tirar pali,
Oh' ivi eran de diverse regioni,
Si truovan tutte quelle armi fatali
Né fu vi alcun in tutti quei campioni
Cui stesser ben, per ben che molti uguali
Erano di persona al bon Guerino,
Ma sol s*assettan ben sovra el Meschino,
[po 1 37 p"] 41 . Vuolse Alessandro alhora un duono farne
Al suo Meschin, ma in piò nacque un tumulto.
Che ciò non si dee far per contentarne
Un sol, che fora agli altri troppo insulto
Et tanti gentil homin scontentarne,
Onde uno ad Alessandro dà consulto
Che non vuoglia dispor senza del padre
In ridonar altrui Tarmi leggiadre.
42. invidia che in le corti sempre pasci
La tua ingordigia et dishonesta fame.
Che, se hoggi muori, diman rinasci
Qual vivo seme sparso in buon letame,
Tal che mai discader tu non ti lasci
Né a te rompeno mai le Parche il stame,
Ma tu pulluli più che gramigna
Perchè alle corti sei fida matrigna.
43 . Onde Alessandro al sacro imperadore
De l'armi raguagliò la cosa intera.
Però de l'armi vuol che sia signore
Chi quelle vince con battaglia fera,
Ricordatosi come il donatore
Le disse già che a chi per giostra altiera
L'acquistarà, si dessero et no ad altri.
Ancor che fussin valorosi et scaltri.
44. Così uno editto fé che ognun potesse.
Pur che fusse signor o cavalliero,
Giostrar qell' armi, et quel che le vincesse
Ne andasse di elle et di gran fama altiero;
Ma, se per sorte alcun se prosumesse
Ivi giostrar che non fusse guerriero
Famoso o sir di qualche degno stato.
Subito preso sia decapitato.
CANTO DUODECIMO 337
45. Quando entese il Meschin la conditione
Con qual covien che tal armi si giostri,
Ne Tanimo ne prende gran passione
Che sol chi è franco cavallier dimostri
Quanto egli vaglia fra Faltre persone ;
Voltando gli ochi alli superni chiostri
Si lagna di sua cruda e amara sorte
Che schiavo Thabia fatto et tolto a morte.
46. Non ride più, non giucca et non fa festa,
Non si ralegra più come egli suole,
Non alza più la delettevol testa.
Più non motteggia con grate parole,
Ma sempre più la fantasia il molesta.
Piange da se, suspira, assai si duole,
Perde il color suo solito, et la mente
Sempre più grama et più turbata sente.
[F° 137 v^] 47. Vede Alessandro questo et sta turbato.
Perchè si pensa eh 'el Meschin sia infermo.
Della cagion l'ha subbito spiato,
Ma quel non scuopre il suo proposto fermo,
Anzi si escusa, et di essersi mutato
Non creder dice, et non ne può far schermo.
Pur lo costringe sotto giuramento
Che '1 ver le dichi senza haver spavento .
48. Tanto è Tamor eh' Alessandro le porta.
Che giura anche egli non negarli mai
Cosa eh' ei chiegga, onde si riconforta
Alquanto il buon Meschino et dei suo' lai
Al suo Alessandro apre la chiusa porta.
Et dice : « Signor mio, non vorei mai
Essere in questo miser mondo nato
Poiché '1 giostrar de l'armi mi è vietato.
49. Non che la cupidigia mi ci tiri,
Ma sol disio d'honor d'acquistar fama
Mi dà dentro del cor crudel martiri,
Ch' io veggio da lontan che sol mi chiama
Vittoria a questa impresa, et con suspiri
Convien eh' io mi rimanghi, onde ognor brama
Mia istessa morte il mio spirito afflitto
Dal ciel et da Fortuna derelitto.
338 1 DODICI CANTI
50 . Viver non vuo' più in questa mortai vita,
Se vita si può dir questa mia sorte,
Qual giorno e notte a desiar m'invita
Sol per uscir di servitù la morte
Che certamente per sententia trita
É men di servitù crudele et forte.
Che mille volte il di vivendo i' moro
Fin eh' io son schiavo con crudel martoro .
51 . Vedendo il pio Alessandro che '1 Meschino
Della sua sorte si lamenta et piange,
Tenendo per pietade il capo chino
Verso la terra, dentro del cor s'ange,
Et giurando promette al poverino
Che, se ei vuol, giostrarà. Cosi le tange
La mano con gran fede et con amore
Benché non vogli ancor lo imperadore.
52. Et, se ei si porta nella giostra, ancora
Soggiunge il sir, come ei bramando spera,
libero farlo senza altra dimora,
Et honorar la sua persona, e altiera
Farla fra cavallier in poco di bora .
Tanto nel dir mostrò grata maniera
Che ritornò al Meschin quel color vivo.
Di che stato era per più giorni privo.
[P«138r»]53. Di Grecia in ogni luogo si divolga
La giostra imperiai dever si fare
11 primo di di Maggio, et eh' ognun tolga
11 tempo a proveder come li pare,
Né vuol lo imperador che si rivolga
Lo editto suo che nisciun può giostrare.
Se non è gentil huomo e cavalliero
Overo che habia giusto et mero impero .
54. Così il tempo ne viene atto alla giostra.
Si adunano i guerrier Greci et Latini
Con pompa grande, et ciaschedun si mostra
Con belli arnesi et corsier pellegrini .
Intendesi fra' Turchi che si giostra,
Ch' al Greco imperador presso ai confini
Sono, onde li figliuoi d'Astiladoro
Vivean con grande pompa et con molto oro.
CANTO DUODECIMO 389
55. Havevan triegua alhor Turchi et christiani
Greci per ducente anni insieme tutti,
Né coi sol Turchi ma ancor con gli Alani,
Con Mori et Saracin malvagi et brutti,
Onde dalli paesi' ancor lontani
Yennevi gente assai per corre i frutti
Della virtù, che son fama et honore,
Loda, gloria perpetua, immenso amore.
56. Astillador duo figli, de' quali uno
Torindo detto et Pjnamonte
L'altro nomato, et si superbo è ognuno
Dei duo fratei che non estiman fronte
D'altrui et nel pensier han che nisciuao
Lor tolga il pregio, onde per valle et monte
Cavalcan con gran pompa et da Gismondo
Fumo acettati con il cor giocondo.
57. Di Macedonia il principe vi venne
Poly damante, et della Assiria il re
Amphjmonte gentil, et quel che tenne
Di Lychaonia il scetro, lo qual fé
In giostra il suo dover rompendo antenne.
Non che le lance, e altrui fastidio die,
Brunante detto ; et d^Alessandria il vero
Signor, che fu nomato Narpalero.
58. Amphylo ancor figliuol del re dei Persi
E i duo Albanesi zii del prò Meschino,
Che i genitori suo' tenean sumersi
In oscura prìgion, ma più meschino
Vi fu Madarro, che coi passi persi
Perse la vita per man di Guerrino,
Come udirete successivamente,
S'havrete al cantar mio Torechie atente.
[F^138v^]59. Pria che giostrasse il Meschin, manumesso
Fu da Alessandro qual fedel christiano,
Benché farlo doppo gli havea promesso
Libero, ma Epidonio tutto humano,
Che quel eh' amava hebbe al suo sir concesso.
Le supplicò eh' in affrancar lo estrano
Non le fusse Alessandro qual havaro
Non li essendo ; rogarne fé il notaro.
340 1 CODICI GANTI
60. Tre cavai sol potea ciaschedon seco
Menar chi a questa giostra esser volea,
Cavallier Turco, Mor, Perso, Indo o Greco
venuto di Persia o di Caldea,
Signor, conte, marchese, e duca, bieco
Non havendo egli il cor, entrar potea
In la cita ove riceveva honore
Dal magnanimo et sacro imperadore.
61 . Tutti i signor, che già di sopra ho detto.
Nella regia era[n] con amor tenuti
Per fin che giunge il di fra gli altri elletto.
Che fu il primo di Maggio, et dagli arguti
Cavallier si prevenne al degno effetto
Della giostra ove fur abbatuti.
Vedendo ciò il Meschin per sdegno et rabbia
Quasi piangendo si mordea le labia.
62. Con Elisena sopra un palcho ito era.
Sorella d'Alessandro cui serviva,
Il buon Meschin, che quasi se dispera.
Scendendo a basso, ov' è Alessandro, ariva
Et dicele : « Signor, già Paltra sera
Mi promettesti pur a voce viva
Ch' io giostrarci, et hor si giostra et io
Stemmi a veder con pena et dolor rio ».
63. Un poco se arossò Alessandro in volto,
Poi seco lo menò dentro al pallagio
E annoilo di sua man d'armi, che molto
Erano sode, et ragionando ad agio
Seco, le disse : u Honor portando et sciolto
Dagli altri torna quivi, che malvagio
E tanto il padre mio che certo i' dubbito
Che ti faria morir sapendol subbito. »
64. Sopra l'armi una vesta da villano
Le puose il sir et dèlie un cavai forte.
Ponendoli sul capo di sua mano
Di quercia una corona, che per sorte
Ivi un ramo truovò poco lontano ;
Poi sul cavai il pose e uscir di corte
Lo fece dal postico in giostra intrare,
E, a ciascun che lo vede, un villan pare.
CANTO DUODECIMO 3 41
[po 139 r^] 65. Porta di faggio una ben grossa lancia,
Sopra postovi un fer truovato a caso.
Se li oppone un de' zii che senza ciancia
Puonerlo in terra s' havea persoaso.
Madarro è questo, a cui mezzo alla pancia
La ruzza basta passò rompendo il vaso
Delle intestine et più d*un palme et mezzo
Dietro passando lo lasciò al dassezzo.
66. Ritira lliasta a se con gran valore.
Lievasi il corpo cb*in sul terren )ace.
Chiede di gratia al magno imperadore
Nappar giostrar con quel villano audace,
Nò gli el niega elio, et con molto furore
Ne va contra al Meschin come rapace
Ancipitre al fagian ; pieno di sdegno
Vendetta spera contra il guerrier degno.
67. Al primo iscontro, il nobile Meschino
Diede in Thelmetto al suo secondo zio,
Et le giovò che di tempra era Ano,
Che come l'altro con tormento rio
L'harebbe posto a l'estremo 'dimino
Di morte orrenda, ma pur pagò il fio
Della superbia sua ch'elio e il cavallo
Caddero al colpo senza altro intervallo.
68. Et la caduta fu sì cruda et fella
Che se le roppe la sinistra spalla,
Maledicendo la sua fera stella.
Nò si torce il Meschin punto, o traballa.
Anzi murato par sopra la sella
Del destrier, che ne fa dritto et non falla.
Se representa con la lancia in mano
Cui il popol [grida] : « Viva bora il villano ! »
69. Amphylo Perso in su l'armata coscia.
Di sdegno pien, con l'hasta s'apresenta,
Pensando a quel Meschin donare angoscia,
A quel Meschin che di nisciun paventa.
Arestano le lance ambi duo' et poscia
Menando i spron tcngon la briglia lenta.
Si ferono amendua, ma il colpo adverso
Fa col cavallo andare in terra il Perso.
34 2 I DODICI CANTI
70 Già ITiora tarda per quel di fin puone
Alla giostra. Alexandre se ne torna
Verso el palazzo et aspetta il campione
Che con vettoriosa palma 8*oma
Le chiare tempie più che di corone
D'oro li regi ; et mentre che soggiorna
Alessandro, il Meschin ritorna dove
Quello lieto Taspetta et non altrove.
[F« 139 v«] 71 . Et da lui fu di peso scavalcato
Con tanto amor, con tanta ligiadria,
Poi di sua propria mano disarmato.
Non par che schiavo mai stato le sia,
Anzi maggior fratel sempre honorato,
Che non si satia mai di cortesia
Pieno et da se et da lui sempre honorarlo
Ahracciandolo, e in faccia di basciarlo.
72, Si pongono alla mensa i giostratori
Et del vettorioso si dimanda.
Serve il Meschino a tutti quei signori
Portando a questo e quel l'ampia vivanda.
Al fine del cenar fansi rumori
Di quel villan che '1 suo nome non spanda.
Si meraviglia ognun poiché vettoria
Havendo non vuol dar di se memoria.
73. L'imperador ad Alessandro chiede
Se sa chi sia quel cavallier valente.
Noi niega et di saperlo non fa fede.
11 Meschin' od* il tutto eh' è presente,
Cui Alessandro il giudicar concede
Chi llionor habia havuto apertamente.
Quel villan disse : a L'honor ha, perch* io
Non giostro come gli altri, o signor mio. »
74. Disse Alessandro : « Donque ti dà il core,
Se tu giostrasti con 'sti cavallieri.
Portarne gloria et sempiterno honore . »
Cui « Si » rispose. Alhora quei guerrieri
Risero tutti e il sacro imperadore
Rise altresì ; et Alessandro i veri
Successi havendo visti, fa partire
Indi el Meschin, doppoi cominciò a dire :
CANTO DUODECIMO 343
75. <c sacro imperador, s'io la podestà
Havessi, i' vorrei far costui giostrare
Per far più bella giostra et lieta festa
Et per voler l'animo suo pruovare. »
El magno ìmperador con la modesta
Voce rispose non voler ciò fare.
Che in le giostre u[d[ tal non dee mostrarsi
Chi sir cavallier non può pruovarsi.
76. Non replica Alessandro al degno padre,
Ma, levata la mensa a canti et suoni,
S*invitan cavallier donne legiadre
A veder recitar farse et buffoni.
Stanvi Elisena et l'inclita sua madre,
Signor, conti, marchesi e altri baroni.
Lasci anli solazzar finché vediamo
11 bel giuoco d'Astolfo et de Aleramo,
[P*140r°]77. Vi dissi già, signor mio caro, come
Cavati dal giardin fur da Sylvana
Et condotti al palazzo del gran nome
Che fatto fu senza alcuna opra humana .
Il giuoco è eh 'un anello entro alle chiome
Con mille nodi avolto in foggia estrana
Tiene una Fata, et senza nodo sciorre
Se lo guadagni sol chi lo può torre.
78. Ha in se tanta virtù l'anel richiusa.
Che chi lo porta in deto a ognun fa grato.
Et chi in bocca tenerlo in viaggio usa
Non è da fame o sete unqua assaltato.
Et ogni tradimento scuopre a accusa
Se al destro braccio si porta legato.
Et chi in laccio di seta el tiene al collo
Mai non riceve dai nimici crollo.
79. Si pruovaet si ripruova il duca Englese
Di trar l'anello fuor di tanti nodi.
Né possendo ei dar luogo fu cortese
Ad Aleramo che con più et più modi
Pruova et ripruova, et stan tutte suspese
L'altre Fate a mirar che si disnodi
Dai capei d'oro et pur l'anel sta sodo,
Né di cavarlo alcun ritruova il modo.
344 I DODICI CANTI
80. Astolfo ripniovarsi vuol da capo
Oh* ha de Fanello entesa la virtute,
Onde si acosta al bel dorato capo
Riponendo allo anel le deta acute,
Ma non ritruova via, modo nò capo
Oh* al desio infermo suo presti salute.
La Fata vuol s*ei può quei nodi sciorre
Non rompendo capei, sei possa tuorre.
81 . Discioglie un nodo Astolfo, et si ranoda
Lo biondo crine in più nodi et più stretto,
11 che fa che [l*] Englese più si roda
Dentro del cor et prendesi dispetto.
Tanto è la treccia della Fata soda
Che non si prende Astolfo ommai diletto
Più dello anel trar fuor, onde si tira
In dietro e a quella col bieco ochio mira.
82. Invitasi Aleramo al gran partito.
Doppo che può con mano i nodi sciorre,
Tien volentier il degno et largo invito,
Fit poi se ingegna con industria tuorre
El pretioso anel dal crin polito,
Et al suo desiderio il ciel concorre
Che gli presta favor et gran prestezza
A sciorre il crin con molta gentilezza.
[F"140v*]83. Si sdegnò Astolfo e non dimostra fuore
La rabbia eh' el pensier dentro T offende.
Conosce ciò Sylvana et con amore
Della spietata invidia lo riprende
Con dir che duo* compagni d'un sol core.
D'un solo animo in tutte le facendo
Deveno sempre mai vivendo insieme
Servarsi fede et in l'un l'altro haver speme.
84. Poi ambi prende per la man la Fata
Et quinci et quindi pel palazzo mena.
Mostrali dentro et fuor la stanza grata,
La stanza tutta di vaghezza piena,
Né la più bella vidder né più ornata
Altronde i cavallier né tanto amena.
Vi veggono figure agli ochi vive
Che paion solo dello alitar prive.
CANTO DUODECIMO 845
85. La sala, in che vi dissi che Sy Ivana
Truovor mutata in serpenti! figura,
D'una imensa grandezza et sì sovrana
Viddero e ornata di vaga pittura
Che Topera gentile più che humana
Giudicamo i guerrier, che la natura
Escedea dei pittori, et a mirarla
Puosersi e intentamente a contemplarla.
86. Vedevano ivi quel alber di Giove
Che tenean dei pastori incoronati
D'oro et di gemme, come i' dissi altrove,
Al ciel acetti, agli humani ochi grati,
Di quai vedevansi anche le gran pruove,
E i gesti loro aperti et denudati.
Uno hedifficar ponti et sacri tempi,
L'altro proceder coi mutati tempi.
87. Havea quel primo sotto il scalz piede
Di libri et di scritture un poggio fatto.
Ma a quel secondo chiaro vi si vede
D'armi un gran monte et un tempio disfatto
Più bel ri ssorgere ove si concede
Per quello indulto, et farsi indi ritratto
Di speme che ritorni il secol d*auro
Che tutto opresso havea li Hispano thauro.
88. Vedevasi un leon schiantare un ramo
Della honorata quercia et crollar quella
Per dar le ghiande a un porco magro et bramo,
Et alegrarsen quella donna bella
Ch' el sposo suo poi vidde mesto et gramo,
E adolorata ogni sua damigella,
E, che libera fu, soggetta farsi
La cupidigia astrinse, et alse et arse.
[po 141 p°]89. Dalla crollata quercia pullularsi
Vedean le ghiande più vaghe et più belle
Et quella più ne l'aer dilattarsi,
Multiplicar le foglie come stelle ;
Et nella terra sue radici farsi
Più grosse et ferme ; et nascer sopra quelle
Un tropheo di vette ri a a gigli ornato,
Già da principi molti desiato.
346 I DODICI CANTI
90. Ivi un altro pastore incoronato,
Simile ai primi, in s'un carro di fuoco
Da terra in fine al ciel tutto elevato,
Quale spandendo il manto a poco a poco
Copria de Italia il più famoso lato
E a duo gentili giovani, in quel luoco,
Porger duo' lembi del bel manto d*oro,
Poi il car firmarsi nel celeste choro.
91 . Paulo Terzo havea scritto nel diadema
Quel coronato, et un dei giovanetti
Col destro pie par eh* una scritta priema
Cui inscritto era : « Allessandro delli eletti
Cardini sacri in chi virtù non scema
Alcun di modi soi sacri et perfetti. »
Il secondo « Ranuccio » haveva scritto
Un epytaffio infra il piò manco e il dritto.
92. Al pie del gran pastor un altro vi era.
Pur giovanetto, che del sacro manto
Si godeva anco a Tombra, et alla spera
Del bel fuoco del carro sacrosanto,
Et dimostra il pastor grata maniera
A quelli e a questo che portano il vanto
Di eterno honor, et il nomme ivi si legge
Del terzo : « Guid* Ascanio adempì il gregge. »
93* Stavan costoro a contemplar suspesi
Cosi l'hystorie come le figure.
Quale vive parean coi volti accesi ;
Di color vaghe, con arte et misure
Ben liniate, i riguardanti intesi
Rendevan si che et ei parean sculture.
Pur ridrizando un oltra più gli ochi
Vidder cose da saggi et non da sciocchi.
94 . Un pastorel con una pietra viva
Rompea la fronte ad un gigante elato
La superbia di cui ciaschedun schiva,
Vedendolo esser forte et bene armato ;
Ma pur el pastorel di vita il priva
Et, col grave coltel che tenea a lato
Tagliatali Taltiera e orrihil testa,
Riportarla fra i suoi con gioia et festa.
CANTO DUODECIMO 347
JF^ 141 v«] 95. Cosi un griffon superbo e altiero tanto
Quanto altro mai quel degno pastor doma,
Et riduce a pietoso et mesto pianto
Una alta et gran collonna apresso Roma ;
Poi runa et l'altra man premendo, quanto
Huoppo le par, su Tuna et Taltra chioma,
Non le lassa ricor pur i cappelli
Oh* [h]anno su gli ochi lagrimosi et felli.
96. Ad un dei descendenti di Guerìno
Crollar la quercia da l'orate ghiande.
Lo istesBo coronato Camerino
Tollendoli si vede, et farsi grande
Di quello Ottavio in prima fanciullino.
Genero alla grande aquila, che spande
I vanni altier da Tuno a Taltro polo.
Cercando inverso il cielo alzarsi a volo.
97. Ma quel seguendo le vestigie e i modi
Del suo progenìtor ceder si vede.
Per non schiantar ma conservar quei nodi
De l'alber suo pieno d'amore et fede,
A ciò que meglio in terra il piò si assodi ;
A chi il pastor poi mansueto riede
Di modo che li dà di sua famiglia
Una fanciulla saggia a meraviglia.
Poi di ducal galero *.
98. Che a guisa della bella unica Psyche
Era servata per divin mistero,
Né a lei simil infra moderne o antiche
Altra mai fu d'ingegno acuto e altiero.
Le Gratie con le Muse a quella amiche
Seco seder parean nel magistero
Del gran pittor che quella sala pinse
Et non nati anco naturali effinse.
99. Mentre stan fisi i duo guerrier fregiati
L'hystorie a contemplar a loro ignote,
Altronde da Sylvana ritirati
* Ces mots sont le reste d'une stanco ainsi indiquée en marge, mais
dont il n'a été écrit que ce premier hémistiche.
848 I DODICI CANTI
Si rivoltaro ad ascoltar le note
Che sentivan di canti honesti et grati
Delle voci sonore hor piene, hor vote,
Con dolci acenti et soave harmonia,
Da suscitar chi è di morir in via.
100. Questo lo fece industriosamente
La gentil Fata per non rivellare
La cosa a lor futura a lei presente
Di quel che lor non tocca, et però trare
D'indi li cerca assai fervidamente.
Et ov' è rharmonia quelli menare
S'ingegna ch'una camera vicina
Chiudeva in se la musica divina.
[F^ 142 r^JlOl. Et sopra un letto riccamente adomo
Li fa posar la Fata et ella parte.
Non era giunto ancora al mezzo giorno
Di Phebe il carro, quando in quella parte
LascioUi, et io li lascio et fo ritorno
Dov' Orlando lasciai dal fero Marte
Tutto infiammato contra Rio-Castello,
Vincer volendo il suo tyranno fello
102. Se vi ricorda ben, dissivi sopra
Ne l'altro canto come giunse Orlando
A Rio-Castel, per adempir quella opra
Lodevol tanto con il forte brando
Contra el tyranno, in cui favor se adopra
Tutto il suo stuol sentendo il corno, quando
Hebbero incarcerato Sacripante,
Compagno alhora del signor d'Anglante.
103. Doppo il lungo sonar del degno corno.
S'armano tutti i cento cavallieri
Et verso il conte sol cinquanta andorno
Ch*eran fra gli altri più gagliardi et feri,
Et gli altri in guardia del Castel restorno,
Ma Sarpedonte fra quegli primieri,
Ch'usci con lor, rimaste morto in terra.
Nò però terminossi alor la guerra.
104. Perchè i cinquanta alhora vendicare
Volendo il suo signor, posti in battaglia,
CANTO DUODECIMO 849
Contra del conte mossi a contrastare,
Tutti Orlando gli affetta, ancide et taglia,
Tal ch'un non si può vivo conservare
Per buona piastra o pur per fina maglia
Che egli habia in dosso, et cosi in quel contrasto
Fé il glorioso conte il terzo guasto.
105. Quel giovanetto ch*el consiglio diede
Con tra al bon vechio, che delli cinquanta
Rimasti in guardia, perchè in lui havea fede
Quel tyranno, era capo, non si vanta
Più come prima, perchè aperto vede
Il gran valor del conte et forza tanta
Esser fiaggel di Dio, et se li rende ;
Qual gratamente per la mano il prende.
106. Il benigno lo accetta pur con patto
Che se abandoni et arda io empio luoco,
Et sia in quel proprio giorno quel disfatto
Per viva forza d'avampato fuoco,
Nò fra loro altri mente vuol sia fatto
Alcuno acordo o per molto o per poco,
Ma prìa si renda Angelica e a Roberto
Sylvia et sia dov* è il Re il carcere aperto.
P'»!*^ V"] 107. Non può Gelarco, che cosi detto era
Colui che tanto amava Sarpedonte,
Contravenire alia proposta altiera
Di quel vettorioso et degno conte,
Ma pur, perchè il thesoro ottener spera
Di quel morto tyrano, lieta fronte
Facendo, le due donne et Sacripante
Liberamente diede al sìr d*Anglante.
108. Più di sei cento donne in Rio-Castello
I DODICI CANTI
COMPLÉMENTS A l'iNTRODUCTION
1° Remarques sur le Guerino il Meschino d*après le manuscrit 491 de la Biblio-
thèque nationale ; — 2° Tullia d'Aragona, Beatrice Pia degli Obizzi et l'Ala-
manni, d'apròs Sperone Speroni; — 3» de Tauteur des Dodici Canti; —
4* Extra its da Guerino il Meschino.
I
Remarques sur le Gubrino il Meschino , d'après le manuscrit 491 de la
Bibliothèque Nationale
L'introductìon placée en téte dii texte des Dodici Canti contient un
résumé du Guerino il Meschino, redige d'après les sommaires de
Dunlop et de Ferrarlo, seules ressources que j'eusse alors à ma dis-
position ^. Depuis, j*ai pu consulter le manuscrit ìtalien 491 de la
Bibliothèque Nationale. M. Mazzatinti le mentionne ainsi : Libro
chiamalo il Mischino [Guerino] di DuraciOj et l'attribue auXV« siècle.
C'est un bel in-folio, relié aux armes de France, de 134 feuillets. Le
texte est ìncomplet et s'arréte à Tendroit où Guérin, arrivé en Irlande
où il doit descendre dans le Purgatoire de saint Patrice, rend visite à
Tarchevéque d*Hibernie : F» 134, verso A : singhioreggia questo paese
* Le sommaire que Gaspary donne du Meschino (Geschichte dei* ital,
Literatury II, p. 265) oublie trop des faits essentiels ; l'amour dont Gue-
rino est d'abord épris pour Elisóna, son amour pour la belle Antinisca,
son voyage au pays du Prétre-Jean, la mention précise qu'il a recours à
la sibylle de Gumes (U royaume enchanté d'Alcine ne peut que tromper
le lecteur). Si mutilée que fùt son édition (V. sa note à cet endroit), il
semble difficile que ces parties aie'nt été omises. D'ailleurs, Dunlop et
Feirario pouvaient étre consultés. Si je relève ces imperfections, c'est
uniquement pour justifier le développement que j'ai donne à l'étude du
Meschino à propos des Dodici Canti, Il m'était vraiment impossible de me
borner à renvoyer à l'ouvrage de Gaspary, ouvrage dont, autant que per-
sonne, je reconnais le haut mèrito.
23
354 i DODICI CANfl
lo archiepiscopo (Vlhernia, et anno cossi mullie li sacerdoti corno li
seeularif et e beato chi potè avere parentato collo sacerdote, et ad
questa cicta d'ihemia arrivai yo et andai allo archiepiscopo d'Ihernia, . .
Le reste de la page est en blanc.
Dans le coars du texte, trois colonnes de suite (F^ 33, recto B,
verso A B) sont restées en blanc, sauf les trois premières lignes du
recto B : et Turchi rade volte aspeclano s'egli non si sentno forti et
da multi cavallieri Grec, ... La suite reprend au F^ 34, recto, où il
Meschino est en traìn de tuer un lion. La partie absente comprend le
combat de Guérin et de Pantifero, roi de Solta (Folta).
J*ai copie la plus grande partie de ce manuscrit. C'était le seul
moyen de me faire quelque idée de ce que vaut le roman, car avec les
altérations des noms propres, la diversite des formes dialectales ou
barbares, les oublis et les répétitions de mots ou méme de membres
de phrase, lespassages n'offrant aucun sens, avec les mille traces, en
un mot, de Tignorance et de rinintelligcnce du copiste, la simple lec-
ture ne me laissait qu'une ìmpression vague.
Les chapitres, indiqués avec rubriques incorrectes pour les pre-
miers folios, sont ensuite simplement séparés par un blanc. La
place pour la lettre ornée reste vide. La di vision en livres n*est pas
marquée, quoiqu'elle soit annoncée au titre. Je reproduis ce titre parce
qu*il diffère de celui que j'avais donne d*après la première édition :
In nomme dell* autissimo dìo e della vergine Maria : qui comencia
il primo libro chiamato il Mischino di Duraio» Questo nome fu su-
pronome, che suo proprio nome fue Gherino del sangue de* riali di
Francia, ed e partito quisto volu [met]to in octo parti e tracia tucti
parte del mv^n'ldu, zo e Asia, Africa, Europia, e de multi grande
facte de arme che fequi Mischino cercando che fu il suo paire, corno
la storia dimostra, e cummincia il primo de Terra de Lavore nello
capitolo primo .
J'ai averti de l'incorrection du texte pourn*en plus parler. On noterà
que lesujet vrai du roman, Guérin à la recherche de ses parents, est
indiqué, tandis qu'ilest omis dans le titre de Tédition. Mais ce qui suit
immédiatement n'est pas le cbapitre annoncé, c*est un exorde où
Tauteur parie de son entreprise et de lui-méme; le ton est d'un mora-
liste. Je résumé ou traduis cotte curieuse préface de Tauteur des
Reali,
11 est nature! et ordinaire que les hommes écoutent avec plaisir le
récit d^aventures et de choses anciennes dont ils n'avaient jusque-là
aucune connaissance, et qui ainsi leur paraissent nouvelles : « Pour
cette raison je me suis délecté à faire connaitre nombre d'bistoires
nouvelles et plaisantes, etparmi beaucoup d'histoires, j*ai trouvé cette
X DODICI CANTI 353
légeDde qui me plut grandement K Je ne veux donc pas étre ìngrat
envers les bienfaìts que j'ai regus de Dieu et de la nature humaine,
cai* ma nature a re^u des cieux audelà de mon mérite, étantdonnée
la bassesse de ma condition. »
Si d^autres font plus mal que lui, bien que de naissance meilleure,
Dieu en sait la raison, que ce soient leurs péchés ou les pechés de
leurs pères : (cJ^en vois d'autres, de plus vile condition que moi, qui
se sont ólevés, se tiennent et vivent mieux que moi. Cela me récon-
forte, car si nous sommes tous nés de pères créés, un seul auteur
nous distribue diversement ses gràces. i Chacun peut étre vertueux
ethonnète en cette vie. Gomme Adam, nous possódons le libre-arbitre,
nous sommes des anlmaux raisonnabies, et méritons d'étre punìs
quand nous sommes en faute. Quant à la part de la fortune dans
notre destinée, si elle brille plus dans un lieu que dans un autre, cela
resulto de ce que la fortune dislribue des instruments à tous et que
chacun s'ingénie à apprendre à jouer de plusieurs ; sans doute la
fortune entonnera une musique parfaite, mais craignez que les cordes
ne soient fausses, car les consonnances ne se correspondraient
point, et ce serait votre faute à vous qui voulez sans raison et non la
faute de la fortune. « C'est pourquoi j *implore le nom du Dieu très-
haut et de toutes les puissances ordonnées par lui dans les cieux afin
qu'iU m'accordent, non pour aucune autre raison que leur gràce, de
construire ce petit ouvrage de mes maina de la fa^on qui pourra me
donner le plus de profit et de plaisir. j>
Les premières lignes donnent à penser que le Guerino a été com-
pose quand Tauteur avait déjà écrit plusieurs de ses romans et s'était
fait une réputation. On pounait le considérer comme une pure inven-
tion d'Andrea da Barberino, qui aurait voulu rivalìser enfin avec les
oeuvres qu'il s'était bornó jusque-là à remanier, s'il ne disait qu'il a
trouvé cette legende, ne la distinguant point de celles qu'il a emprun-
tées. Mais que vaut cette affìrmation, et n y faut-il pas voir seulement
la marque du désir de se concilier la confìance de lecteurs habitués à
croire à la réalité historique des faits qui leur étaient contés ? Le cba-
pitre premier seul rattache le Guerino à la tradition épique ; tout le.
reste semble dù à Timagination de Tauteur, personnages et aventures.
Le succès de ce roman,son immense etdurable popularité, demeurent
t Naturalimente pare de consuetudine che li hcmini se delectano de
udire novelle li aventuri et cose aniicque fosseno non siano siati palisati
alla volgare gente, perche cose aniicque et non palesate parino nove alla
fìiente di quelloro che no le anno più udite, per questo me sono delectato
deciar[are] molte ystorie novelle avendo piacere, de molte ystorie trovai
questa legenda che molto mi piacque,,».
SSA i DODICI GANtì
inexplicables, quand on se borne à la connaìssance de sommaires où
Ton D*a guère qu*une sèche enumerati on de noma propres et d*aven-
tures dont se degagé une ìmpression d'ennui. 11 en est autrement
quand on Ut patiemment le vieux chroniqueur. On passe rapidement
sur les endroits où il étale une science géographique de très mauvais
aloi, et Ton s^attache aux récits, aux peintures de caractòres, aux
observations morales. L'histoire de Guérin est la biographie d*un
personnage qui n*a de commun avec les vassaux de Cbarlemagne que
sa parente; c'est un pur roman, et si la nature des aventures et des
exploit» qui lui sont attribués est empieinte encore du goùt du temps
pour les narrations cbevaleresques, un autre goùt très nouveaa d'ordre
tout psychologique comtnence à s'y faire jour.
Guérin, à la recberche de sa familie, parcourt le monde. Dans ce
cadre immense, plus encore que dans ies Reali, Tauleur avait Tocca-
sion de faire parade de ses connaissances ; mais le personnage de
Guérin est toujours au premier pian, attiraut sur lui les regards et
rintérét. Souvent Tauteur lui cède la parole, et le chevalier raconte ce
qu'il a vu et ce qu'il a fait. A en juger par le texte dont j'ai dù me
servir, Andrea ne s'inquiète guère de ménager la transition : brusque-
ment du genre historique on passe à celui des Mémoires. Le caractère
lui-méme du béros est compose avec soin ; c'est un mélange de cou-
rage et de dévotion, de persévérance et de bon sens, de courtoisie et
de finesse. S'il a pour devoir essentiel de ne rien épargner pour
découvrir de qui il est né, il n'en a pas moins conscience de son rdie de
cbevalier chrétien, et il mettra partout son épée à la défense de la
justice. Quand le trattre Alfumet le questionne indiscrètement sur sa
religion, il répond seulement : Adoro la fortuna ! et un peu plus
loin : Alla guerra vado yo ! vouìant se faire passer pour un merce-
naire en quéte d*un seigneur qui accepte son service. Mais quand il
reprocbe aux Médiens de défendre moHement les droits de leur jeune
reine Amidan, il se présente sous un autre aspect : « Vous vojez que
je suis fils de TA venture, que je n'ai point de pére et que je secours
les peuples et les seigneurs dans le besoin. Je combats pour la jus-
tice, et pour cela je suis venu à votre aide et à la défense de .cette
dame abandonnée et trahie par ses sujets. »
C'est Tattitude du cbevalier errant, mais les motifs qui le guident
n'ont rien de commun avec Tétalage orgueilieux de la force : sa
pensée est d'un àge moderne.
Dans toutes les guerres auxquelles il prend part, il est promptement
cboisi comme cbef, et fait preuve de la connaissance de la strategie
du temps. Qu*il ait affaire à des géants, à des monstres ou à des
Sarrasins, c'est à son adresse plutót qu'à sa vigueur qu'il doit la
victoire.
I DODICI CANTI 355
Il parie volontiers et pronouce de vrais discours, tantòt militaires,
tantòt dévots. Il est d'ailleurs d'une piété qui ne se dément jamais,
et il professe le plus grand mépris pour la croyance et les moèura des
mahométans. Une des choses qui le choquent le plus en Orient est
que Ton s'asseoit à terre sur des tapis et que Fon mange au móme
plat, alla porcescha, 11 impute volontiers à ces peuples des penohants
détestables, qu'il attribue à Tinfiluence du signe du Scorpion qui
excite les passions luxurieuses.
Quand Pantifero, roi de Solta, lui témoigneune admiration malhon-
néte, il répond d'abord qu*il est homrae et non femme, puis interdit
nettement au prince toute familiarité indiscréte. Ceci est bien. Mais
pour sortir de la prison où Pantifero Pa jeté, il ne s'en résignera pas
moins à écouter les conseils de ses compagnons, à épouser la fiUe du
roi avec rarriòre- pensée de lui étre infidòle. 11 prótera serment sur les
livres sacrés de Mahomet, d'Apollon et de Bilis, en se toachant la
dent', mais il comptaitbien s'enfuir au plus tòt. Et Tauteur d'ajouter
que ce serment ne valait pas mieux que les idoles invoquées, et que,
dans la suite, le Prétre-Jean consulte jugea qu*il ne pouvait lier un
chrétien. La jeune abandonnée eut un fils, Peliones Lapares, qui fut
de plus grande prouesse que son pére ^.
C'est d'ailleurs le seul exemple de faiblesse que Pon puisse repro-
cher à Guerìn, faiblesse bien excusable, puisque Pantifero le laissaìt
mourir de faim et de soif dans son cachot : sa chasteté n'échoua sur
aucun autre écueil. Il portait sur lui des reliques destinées à le
protéger contre les tentations mauvaises. Quand il était parti de
Constantinople, Timpératrice lui avait donne une petite croix d*or en
ajoutant les plus sages recommandations : una crocetta d'oro cKegli
Vavesse al collo. Nella croce era commesso dentro del sangue dì
ChristOf e-lla de Nostra Dompna, e de lu Ugno de la croce de
ChristOf e dixili : Omne volta che tu [V] abbi adosso^ nessuna fan-
tasia non ti potrà nocere ; ma guardati de non peccare carnalimente
cum essa adosso, et più che tu poi riguarda de peccare in peccato
mortale cum essa adesso,
* Maugis d'Aigremoni, v. 2949 :
Son doi fiert à sa dent por Maugis miex fier.
Gf. le combat d'Ogier et de Braihier, dans Ogier de Dannemarche,
• Era la terra in grande dulore^ ma sopra a tucti era adolorata la
dimicella, la quale romasa gravida d'uno fanciullo masculo el quale ebbe
nome Pelione Lapares, et foy di maiore prudeza che non foi il patre, et
feci grandi bactalie [cum] multi franchi singnori^ specialimente cum soi
fratelli nati in Taranto, corno la storia dice sequendo per ordine. Il Mes-
chino cavalco
356 I DODICI CANTI
Guérin, vivant au miliea d'infidèles, est obligé souvent de disslmuler
sa qualìté de chrétien ; il en prend son parti, mais se dédommage de
cette contrainte, soit en protestant dans son for intérieur, soit en tour-
nanten dérision les usages auxquels il feint de se conformer.
Lorsqa^il consulte les Arbres du Soleil et de la Lune et que le prétre
Tinvite à prier Apollon et Diane, il les conjure au nom de la Sainte
Trinité, et débite une profession de foi toute chrétienne, voulant ainsi
atténuer son tort de recourir à des divinités paiennes.
A la Mecque, il est admis dans la mosquée, où, d'après la legende,
le cercueil de Mahomet demeurait suspendu en l'air par suite de Tat-
traction des pierres d*aimant dont la voùte aurait été formée ^ 11 se
rit de la naiveté des infidèles qui ignorent la raison du prótendu
miracle, et blàme surtout leur fa^on de se prosterner la face contre
terre. Ainsi ils font à Mahomet tout Thonneur qu*il mérite, puisqu'au
lieu de lui présenter la plus belle chose que Dieu ait faite, « ils lui
montrent....,c*est-à-direla partie malhonnéte de la personne. » I/idée
lui vient aussitòt de mettre à profit cet usage pour insulter Mahomet.
* D'apròs Guérin, la Mosquée consacrée à Mahomet est beaucoup plus
petite que Téglise de Santa Maria Ritonda quMl a vue à Rome. L*alman-
zor se déchausse avant d'y entrer. A l'intérieur se tenaient TArchalifife et
ses prétres. Jusqu'à mi-hauteur les murs étaient blancs et noirs au-
dessus : il y avait deux fenétres et deux portes, au levant et au cou-
chant ; au milieu était un autel avec un cercle d'albàtre et une bordure
d'or. Autour de l'autel des prétres criaient, mais Guérin ne put com-
prendre ce qu*ils chantaient. Sous la coupole était une cassette de fer
poli, longue d'une brasse et un peu moins large, qui demeurait suspendue
et ne touchait à rien : Je connus alors la tromperie du faux Mahomet, car
je sus que cette église à partir du milieu de la hauteur était toute en
calamite, laquelle est une pierre marine d'une couleur entre le noir et le
gris {biagio)y qui a pour propriétó d'attirer le fer par sa fraicheur. Et
cette calamite a encore une autre plus grande vertu qu'en touchant la
pointe d'un fer léger si l'on mei le fer en équilibre, la partie qui aura
touché la calamite se tournera vers la Tramontane, et pero li naviganti
vanno securi per lo mare culla stella e col partire de la carta et de bos-
secfa de la calamita. Et per questa r alone Varca di Magomecto cK enidi
ferro sta susspesa perche la calamita la tene. > — Andrea connaissait dono
l'usage de la boussole. Quant à l'église Santa Maria Rotonda, surnom dù
à la forme du monument (dans les vieux textes francais: Nostre Dame
de la Ronde), c'est le Panthéon d' Agrippa que Boniface IV consacra en
610 à la Vierge et aux martyrs, d'où le vocable : chiesa di S. Maria cui
Martyres. Raphael, Balthazar Peruzzi (le peintre architecte, l'auteur de
la Farnesina et du Palais Massimi), Jean d'Udine (par qui Raphael fit
exécuter la décoration des pilastres et des murs des Loges)^ Annibal Gar-
rache, d'autres artistes y ont leur sépulture.
I DODICI CANTI 357
Il s'agenouille, levant les hanches ausai haut qu*il peut, mais tour-
nant le dos au cercueil, et prononce l'oraison suivante : maldecto
seminatore di [s]candolif la divina iusticia dega ad te aviamento
de li anime chi tu ai facto et fai perdere per la tua falsa operacione !
Gette attitude parut étrange à l'Archaliffe, c*est-à-dire au Pape des
Sarrasins, et Guérin eùt payé cher la liberté quMl avait prise, s'ìl ne
sefùt tire habilement d*affaire. Il allégua que malheureux pécheur il
était indigne de tourner ses regards vers le cercueil de Mahomet, et
qu'il 8*ótait comporte de méme en présence des Arbres du Soleil et de
la Lune. L'explication parut suffisante et dès lors on le considera
comme un saint homme et un vrai croyant : fuy ghiamato santo di
loro fede,
Malgrétout lesoinque l'auteur apporte à faire ressortìr la dévotion de
son héroS) et bien qu'il luifasse réciter son credo ou les psaumes de
la pénitence, tonte la partie des voyages qui précède le départ pour
le Purgatoìre de saint Patrice, est entachée d'irrégularités graves au
point de vue chrétieu. Le voyage aux Arbres du Soleil et de la Lune
a éte conseille par les devins de Tempereur^ et c'est en faìt un pòle-
rinage paien que Ouérinentreprend. C*est tellement vrai que lorsqu*il
arrive au sommet de la montagne d'où son regard plonge sur la mer
des Indes, il nous dit que par cette mer on se rend au pardon aux
Arbres du Soleil comme on le fait pour le pardon à Rome, et que Ton
y va avec un plus grand espoir de se sauver que ne font les chrétiens quand
il s'agit d'aller au sépulcre de Jérusalem. Il repart, mécontent de
la réponse qu'il a regue, et se venge en raillant les Arbres du
Soleil qui ne sont que des cyprès moins beaux que ceux de Grece ;
mais arrivé au rivage il reconnait qu'il y trouve des navires chargés
de pèlerins arabes et persans qui se rendaient aux Arbres du Soleil
« par la dévotion qu*avaient les chiens de Sarrasins. » Le mot inju-
rieux n'excuse point sa démarche : il a fait ce qu'il reproche aux
paiens, et il partirà pour TOccident, comme il lui a été ordonné par
Toracle.
En Occident, un devin de Tunisie complète le renseignement qu'il
avait re^u, et lui apprend qu*il doit consulter la Sibylle de Cumes ^ 11
1 Avendo udito Guerino che in sullo monte era uno indivino el quale
avea nome Galgibat, si mose da Tunisi cum certe guide et andò ad
quello monte et trovo quello vecchione^ et ilio lu adimando si li sappesse
insinghiare chi fosse stato suo patre e-lla sua madve. Respose che no,
E-llo Mischino lu adimando si in Africa più verso Ponente si trovaria
che li lo saperia a dire. [Respose] : Andando ad monte Adtalente elli
altri canoscuno certi corsi di stelle et quelli de la natura secundo il curso
de li cieli debia alcuna volta p^'oducere, ma che illi ti possano a dire el
358 I DODICI GANTI
s'engagera donc dans une entreprise tout ausai répréhensible que la
première. Mais il n'a pas la conscience tranquille, et de méme qu^au
Seuil du pajs consacréà Apolloo et à Diane il s*était confessò au prétre
chrétien qu*il emmenait avec lui, de méme il se confesserà aux moines
qui gardent le chemin conduisant au séjour de la Sihylle. A toutes les
objections qui lui sont faites, il répond qu'il n'agit point dans des
vues intéressées, qu*il a le devoir de retrouvei sa famille, mais il ne
sera pleinement rassuró que lorsque le Pape l'aura bèni et lui aura
impose comme pénitence d*aller à St-Jacques- de- Compostene purger
le pays des voleurs qui Tinfestent, et en Irlande où il devra des-
cendre dans le Purgatoire de saint Patrice d'où il rapporterà au
Saint-Pére Texacte relation de ce qu*ìl aura vu.
L'équilibre est ainsi rétabli, ces pèlerinages chrétiens effacent la
fante commise, à la grande joie des àmes naìves qui depuis des siècles
s'intéressent aux aventures de Guérin.
Panni les faits qu*il observedans ses voyages, les plus curieux sont
peut-étre les exemples de tolérance religieuse qu*il rencontre en
Orient et qu'il rapporto sans se risquer à aucune appréciation.
Le royaume de Tigliaffa, situé à dix jours de marche avant le pays
des Arbres du Soleil, est peuplé d*hommes noirs, de haute taille, s^en-
tendant trés bien au commerce et tous chrétiens. Guérin y avait été
fort bien accueilli parce quMi était chrétien et qu'homme de guerre il
pouvait étre très utile à un moment où certains Sarrasins se révol-
taient contro Tautorité de Tigliaffa. Gràce à Temploi du feu suggéré
par Guérin, les éléphants de Tennemi sont mis en fuite, les Sarrasins
perdent 24,000 hommes, tandis que les chrétiens n*en perdent que 1000.
Pendant dix jours on poursuit la conquéte ; toutes les villes remet-
taient leurs clefs aux vainqueurs. « Je demandai pourquoi on ne les
faisait pas baptiser. Gariscopo répondit : Parce que ce n'est point
Tusage ; chacun peut garder la foi qu'il veut, pourvu qu'il obéisse à
son seigneur.»Quand il revient par la mer des Indes deson pèlerìnage
aux Arbres du Soleil, il a la curiosité de visitor Tile de Parlobania où
tale fu tuo padre^ questo non sanno ; ma perche vuy [siete] gentile et da
benef yo vi mettevo in bona via, Nui trovamo per sanptura che la Sibilla
Umana non e ancora morta et non deve morire dacqui ad in. finem
mundi, et questo trovamo ca ella ey in Ytalia nelle montanghie de Penino
le quale vengono per lo mezo de Ytalia^ e sentiamo ca ella eni in nel mezo
de Italia. Se vuy andate alleiy ella vi sapeva directo adire perche ella sa tucte
le cose passate e-lli presenti^ et si tu non vai allei yo non saperia insin-
ghiare dove tu possi sapere nel mundo, — Dans mon Introduction j'ai
omis de dire comment Guérin apprend qu'il doit consulter la Sibylle de
Gumes.
I DODICI GANTI 359
l'on compte dix villes et cent chàteaux-forts. La capitale est Galabis.
« Je leur demandai quelle est leurfoi. On me dit qu'il y a des chrétiens,
des sarrasins et des paiens, et que la religion n*y est Tobjet d^aucune
dispute. Chacun garde la foi qu'il lui platt, mais il est interdit sous
peine du feu de renier sa religion dans l'He... Leur loi apour but de
permettre aux gens de tonte croyance de faire le commerce chez
eux. »
Rapporter ainsi les fait^revient à les approuver. Dans nos Gban-
sons de Geste, on sait comment les cboses se passent. A la fin du
Maugis d'Aìgremont (v. 9489 sq.), Vivien TAmachour, frère de Mau-
gis, se convertit et abandonne Mabon, Jupitel
Et la mauvaise foi que fist Luciabel.
Il revient à Monbranc, emmenant avec lui deux evéques; ses sujets
sont baptisés d'office,
Et qui ne le volt fere, si ot le chief copé.
A propos de la confusion des musulmans et des paiens et de l'asso*
ciation du nom de Mabomet à ceux de Jupiter, Trivigante, Belfagor,
Ranke cite un document qui prouve que cette confusion était dans
tous les esprits : « On se souvient que le due Conrad de Masovie, lors-
qu*il chargea les chevaliers Teutoniques de combattre les paiens prus-
siens. leur accorda tout ce qu*ìls pourraient conquérir sur ces Sarra-
sins : quidquid depersonis vel honis omnium Sarràcenorum adipisci
potuerint ^.))
Ranke constate que dans les Reali les conversions sont faites par
les armes, qu*elles ne sont jamais obtenues par la mission ou la prédi-
cation. Mais si Andrea se conforme à la tradition des Chansons de
Geste, nous voyons par les traits que nous avons relevés dans le Gué-
rtn, que la conception d'un regime de tolérance lui paraissait justi*
fiable.
Le cbapitre qui suit Texorde du Cruerino est un court résumé de
V Aspromonte et ne sert qu'à piacer dans la descendance de Girard de
Fratta Milon de Tarente, pére de Guérin. Cette descendance est d*ail-
leurs conforme à la genealogie constituée par Tauteur des Reali, Ce
fait confirme dans la pensée que le Guerino a été une des dernières
oeuvres, sinon la derniòre, d'Andrea da Barberino.
Le courage de Guérin se soutient parmi les mille épreuves qu'il
traverse. Une seule fois il est sur le point de renoncer à sa tàche. En
1 L. Ranke, Zu der italienischen Poesie ^ mémoire lu à l'Académie
royale des Sciences. Berlin, 1837, pag. 3, note.
360 I DODICI GANTI
se rendant au pays du Prétre-Jean, il avait eu à combattre un terrible
dragon dont le soufflé Tavait laissé à derai-empoisonnó. Il est obligé
de prendre huit jours de repos. En commémoration de sa victoire, on
cloue la téle du dragon à la porte de l'église du lieu avec cette ins-
crìption : Guerino, vacato Mischino , cercando per la [mia] sangui-
vili
nita, nelV anni del nostro signore Ihesu Cristo e xxx*» arrivo in
questo paese, yo uccisi questo dragone,
On avait dù le frotter d'onctions diverses, et ainsi Ton découvrit la
petite croix, don de Timpératrice auquel il devait sans doute sa victoire
sur le monstre. Mais une fois guéri, quand il dut reprendre son
voyage, il ressentit un profond découragement.
« Quand je voulus partir de ce village, j^etais pensif, et sans grand
effort j*en serais demeuré là de mon entreprise, me plaignant de ma
mauvaise fortune. Un prétre,qui était attaché au tempie de ce lieu, me
prit par la main, me mena à Tégliseet commenda à me parler en grec.
Il raisonna avec moi et me demanda pourquoi j'étais ainsi pensif. Je
le priai de me confesser, ce qu*il fit. Je lui racontai toutes mes actions
depuis le commencement jusqu*à la fin, toutes les choses que j*avais
promises ou faites. Et il me réconforta de cette manière : noble
homme, celui qui commence une chose noble, et qui d*un bon principe
la conduit jusqu'à mi-chemin, et puis Tabandonne, n'acquiert point
de gioire de son entreprise ; mais s'il agit bien au commencement, au
milieu et à la fin, sa fatigue ne lui est pas un dommage. Et il me
demanda : Sais-tu ce qu'est la foi ? Le Mischino dit : La foi est une
parfaite et ferme croyance en Dieu qui est la souveraine Trinité, Pére,
Pils etSaiot-Esprìt, sans aucun doute ; elle consiste àcroire aux dix
commandements de la loi et à y obéir, à croire aux douze articles de
la foi et aux sept du Saint-Esprit, à suivre et à accomplir les sept
oeuvres de miséricorde. C'est ainsi que je crois. 11 me demanda :
Qu*est-ce que la charité ? Je lui répondis : Aimer Dieu et son prochain.
Alors le prétre : Si la charité est ce que tu dis, et si ton pére et ta
mère sont plus que ton prochain, car tu sais que c*est le premier des
sept commandements qui ont été faits à nous pour nous, dis-moi, fils :
qu'as-tu fait jusqu'ici pour ton pére en ne suivant pas Toeuvre com-
mencée ? Si tu voulais dire que la fatigue en est grande, je te le
concède ; mais tu as cherché en Asie et dans Tlnde Majeure, qui sont
les parties les plus redoutables et les plus sauvages de tout le cercle
de la terre, car non seulement il y a des animaux sauvages, mais la
nature méme des hommes y est sauvage.En Afrique et en Europe, les
hommes sont raisonnables, et sMl y a aussi beaucoup d^animauxféroces,
la nature en est autre qu'en Inde et en Turquie. Que l'espérance te
gouverne, va jusqu^à benne fin, aie confiance en Dieu, aime ton pére
I DODICI CANTI 361
et ta mère : Tespérance en Dieu t^aidera. Poursuis ton entreprìse
avec toute ta force en la modérant par la prudence. — Je me jetai,
dit Guérin, àses piede, je lui baisaì les piede et lee maine ; il me fixa
une pénitence, me donna ea bónódiction, et je lui die : mon pére,
voue m*avez remie dane mee premièree forcee, que Dieu voue le rende
pour moi ! Je prie congé de lui et de toue ceux qui étaient là, et none
prìmee notre chemin vere la cité dite Dragonda où j'avaie apprie que
le Pré tre- Jean se trouvait. »
Tout en chevauchant, le chevalier commente longuement et théolo-
giquement ce que le prétre lui a dit dee devoire dee file envers leure
parente, et il conclut en promettant à Dieu de ne jamais ee repoeer
tant qu*il n*aura pae retrouvé ea famille.
Guérin, à vrai dire, e'attarde volontiere en poute, eoit qu'il accepte
toutee lee occasione de montrer ea valeur, eoit quHl examine curieu-
eement lee lieux qu'il traveree : c*eet un chevalier errant, c*eet un
condottiero, c'eet dane quelque meeute un explorateur. Au paje du
Prètre-Jean, parmi lee choeee qui provoquent eon admiration, deux
surtout Bont à noter : lee eources de la richeeee du roi-pontife, et la
raieon pour laquelle cette contrée eet dite la Terre de Vérité,
A Dragonda, Guérin ee rend au palaie du Pré tre- Jean : « Lee che«
vaux une foia attachés, noue entrone dane Teecalier pour monter au
palaie. Get escalier était pour la pine grande partie d'albàtre, et lee
rampee où l'on poee lee maine, ctaient toutee doréee avec beaucoup de
pierres précieuees qui y étaient incruetéee, et le mur était tout d'une
moeai'que hietoriée. Au-deesue c^était également une moea'ique couleur
d'air, eemée d'étoilee d'or. Je demandai comment il pouvait y avoir une
telltì richeese dane cepaye, et les guides m'eneeignèrent quatre raisone.
La première est qae l'on n*a point de guerre ni de soldato à payer; la
seconde est le grand tribut que lui versent les Sarrasine pour qu'il ne
perde pae l'eau du Nil ; la troisiòme est le grand péage qui se paie au
détroit de la Mer Rouge où le Prétre-Jean poeeède troie cités avec dea
porte trèe beaux et eàrs ; la quatrième est que toutee lee marchan-
diees de ce royaume paient un certain droit au Prétre-Jean. Peneez la
grande recette et la petite dépenee durant tant de centainee d'annéee,
ditee-voue e'il doit poeeéder de grandee richeeeee ! Et ce pays eet
appelé la Terre de Vérité. »
L'auteur du Guerino traneforme la legende du Prétre-Jean en la ren-
dant plue vraieemblable, en y diminuant la part du merveilleux et en
augmentant celle dee raieons naturelles. Gotte tendance a été notée
dójà dane les Reali, Mais à propos du tribut payé par les Egyptiene,
il parait avoir inventé.
A plueieure repriees, pendant qu'il est au pays du Prétre-Jean,
Guérin parie de Portes-de-Fer établies sur le Nil et sóparant ce
362 I DODICI GANTI
royaume de celui des Bgyptiens. Quand il reprend son voyage et se
rend en Egypte, il rencontre d'abordces Portes et en explique Tusage
en se trompant sur la valeur des termes.
i< lei sont les Portes-de-Fer. Je passai le fleuve du Nil : entre ces
montagnes (les monts Camerat) sont les Portes-de-Fer. Ces Portes, je
les voulus voir, et jamais je ne vis rien de plus fort. Il j avait là un
mur fait de très grandes pierres en travers du Nil, à Tendroit où le
fleuve passe entre ces montagnes et par le milieu arrive en Egypte.
Ce mur est large de trois cents brasses, et à coté du mur, sur une
montagne, de toutes parte, est une forteresse si terrible et si forte
que je m*en émerveillai. Audessus du mur du coté de Flnde, c'estun
mur très fort avec vingt tours, c*est-à-dire vingt en haut et vingt du
coté de TEgjpte ; le grand mur qui est fonde dans le Ut du fleuve, est
long de mille brasses et il a trois ouvertures très grandes où passe
Teau du Nil, et à ces ouvertures il y a des sarracinesques tròs grandes
que Fon peut faire descendre de sorte que l'eau ne puisse pas venir en
Egypte. Je demandai uù se répandrait Teau du Nil si ces herses
(caleracte) étaient fermées. On me répondit qu*une partie s'écoulerait
le long des montagnes de la Mer Rouge, que l'autre irait vers le eoa-
chant dans la mer de Lybie, et que tonte TEgypte, qui forme un seul
royaume, périrait fante d*eau parce qu'il n*y pleut jamais et que
deux fois l'an le fleuve baigne leurs terres ; par suite de cette frayeur,
ils paient un grand tribut au Prètre-Jean. »
De là Guérin se rend à Syène (Senesi) où était une garnison du
Soudan d^Egypte.
On voit que j'ai traduit cateracU par herses, sens justifié par ce qui
précède et ce qui suit. Le mot a eu ce sens dans notre langue elle-
mème : « Herse sarrasiae ou cataracte est une controporte suspendue,
faite de grosses membrures de bois à quarreaux pourempescher Teffort
du pétard, ou bien pour arrester une surprise par sa ebeute. » Traile
des Fortifications ou Architecture militaire, par le P. Georges Four-
nier, 2« ed., Paris, Jean Henault, 1654, p. 38. Mais dans le texte
lui-méme du Guerino, Ton a un autre exemple du mot pria dans ce
sens. La porte par laquelle la fille du roi Pantifero passe pour aller
s^entretenir avec Guérin dans la tour où il est tenu prisonnier, est
munie d'une cataracte,
J'imagine que notre chroniqueur, ayant entendu parler de Portes
de fer et de cataractes du Nil, a cru qu'il s'agissait de vraies portes et
de herses. La forteresse qu'il décrit complaisamment, aurait pour base
de simples contre-sens.
L'on ne peut éviter deux remarques. L'idée que l'Abyssinie pourrait
détourner en partie les eaux du Nil au détriment de TEgypte parait
ancienne, et naguère en Orient elle prit une consiatance nouvelle.
1 DODICI GANTI 3tó
D*autre part, l'administration anglaise, pour assarer la régularité de
rirrigation de l'Egypte, a réalisé ce que le moyen àge avait révé : un
barrage immense emmagasìne les eaux du Nil à Tendroit dont parie
Guérin. Mais les clefs du barrage ne sont point aux mains des succes-
seurs du Prétre-Jean. Les archéologues se sont émus de cette mesure
si utile en elle-méme : ils craignent que le joli tempie de Philse ne
soit submergé.
Farmi les mérites que Guérin reconnatt aux sujets du Prétre-Jean,
la véracité est celui sur lequel il insiste le plus*. Il en parie longue-
ment dans sa description de la ville d'Antona, séjour habituel du
Prétre-Jean : « Bien que j'aie vu les terres, les cités, les palais et les
logements des pays de Grece, de Syrie, d'Italie et de toutes les parties
du monde, non, lecteur, je n*ai trouvé nulle part tant de beaux édi-
fices ni dans une cité tant d'hommes riches de tonte richesse mon-
daine et temporelle ; je n*ai point trouvé au monde de peuple qui
gardàt sa foi corame eux, je n'ai point trouvé de peuple plus véridique,
où ily eùt moins de mensonge.Chez eux les menteurs sont plus mépn-
sés que les usuriers en Grece ; ils ignorent ce que c'est que Tusure,
et Ton fait chez eux justice sevère des malfaiteurs et en particulier de
ceux qui sont contraires à la foi du Christ. »
Il semble que Tauteur ait eu une antipathie particuliòre pour les men-
teurs et les usuriers et qu'il ait ainsi jugé bon de donner en exemple
à ses conciloyens un pays d'Utopie où règneraient la vérité et le
désintéressement. Mais lorsque Guérin a triomphé des Cinnamoniens,
ennemis du Prétre-Jean, et que celui-ci consulte sa cour sur la récom-
pense qu'il convient d*attribuer au vaillant étranger, il se produit des
désaccords qui prouvent bien que Texacte Justice n'est pas plus de ce
monde au Pays-de«Vérité qu'ailleurs. L'envie, dit Guérin, se donna
libre carrière. L'un disait : c'est un étranger; une petite récompense
lui suffira : des armes et des chevaux le contenteront, car c'est un
homme qui ne pense que batailles. Un autre proposait qu'on lui
donnàt un ou deux deschàteaux conquis et une petite pension. D'autres
dirent qu'il ne fallait pas lui donner de chàteaux, parce que si le pou-
voir lui plaisait, il était si vaillant homme qu'il lui serait aisé de se
* L'expression Pays-d e- Vérité, employée plus haut, semble de Tinvention
de notre auteur. Pour le fond, il s'inspire de la lettre fameuse attribuée
au Roi-Pontife : 51. Inter nos nullvks mentiiur, nec aliquis potest men-
tiri. Et si quis ibi mentiri coeperif, statim moritur i. quasi mortuus inter
nos reputaiur, nec eius mentio fit apud nos i. nec honorem ulterius apud
nos consequitur^ 52. Omnes sequimur veritatem et diligimus nos invicem»
AduUer non est inter nos, Nullum vicium apud nos regnat, Friedrich
Zarncke, dei* Priester Johannes^ erste Abhandlung, p. 90.
364 I DODICI GANTI
faire seigneur du pajs. Qu'on lui donne un navire chargé de rìchesses
et qu*on Tadresse au Soudan de Babylone ', à Alexandrie. D'autres
conseillaient qu'on lui donnàt dea chameaux sana navire et qu*on lui
fit avoir du Soudan la paie dun mercenaire. Ceux-là enfin, par jalou-
sie, voulaient le renvoyer sana plus. Un dit néanmoins : Nous avons
besoin d*un capitaine. D^autres étaient d'avis de lui accorder un Ioga-
ment avec dea terrea et dubétail.
L'équité et la reconnaisaance étaient négligées à peu près par tous
dans cette déiibération qui rappelle les entretiens du roi Yon et de ses
conseillers au sujet de Renaud fila d'Aymon. Mais le Prétre-Jean est
sourd à ces invitations dictées par Tingratitude et la jalousie : il
demande à Guéiin d'accepter la moitié de son empire. Le chevalier
refuse, carii doit repartir à la recherche de ses parents.
L*auteur, pour accroitre Tintérét du récit et pour faire valoir le coté
affectueux du caractòre de Guérin, lui donne souvent un compagnon
de route et d'aventure. C^est d'abord fìrandis. Ce chevalier gascon
et un autre chevalier, TAmeri de Oriensis {sic), s'étaient vantés à
Paris, devant la cour du roi de Franca et pour répondre aux vanteries
d'autres chevaliers, de faire le tour du monde par terre et par mer,
s'engageant à ne point s abandonner jusqu*à la mort. lls avaient par-
couru tous les pays d'Europe, étaient venus de Constantinople en Col-
chide et de là en Armenie, où le géant sauvage tua le compagnon de
Brandis etenferma celui-ci dans la caverne d*oò il fut tire par Guérin.
Dès lors les deux chevaliers vivent dans une étroite amitié, et se
séparent seulement quand Brandis épouse Amidan, lajeune reine de
Medie dont Guérin a restauré Tautorité. Elle s'était d*abord éprise da
Guérin, mais il ne songeait point à s'arréter et lui donna Brandis pour
mari. 11 exigea seulement que l'on prft dea sièges au repas, que Ton
mangeàt à la fagon des Grecs et qu'Amidan re^ùt le baptéme.
Dans son voyage aux Arbres du Soleil et de la Lune, Guérin a pour
compagnon, à partir de Tigliaffa, un capitaine, Cariscopo, né à Saba
dans TArabie Heureuse, mais qui s*était converti au christianisme et
avait servi en Grece.
Quand il quitte Alexandrie et entre dans le désert de Lybie, il sauve
des mains d'une bande de malandrins un chevalier anglais. Diamone,
né dans la cité de Norgalles et descendant de Joseph d^Arimathie^.
t Dans le Guerino^ comme dans Joinville et dans la carte catalane
de 1375, par Babylone il faut entendre le Vieux-Caire.
■ Norgalles, dans le cycle d'Artus, est un pays limitrophe des royaumes
de Logres et de Sorelois. — Arimathie : le texte donne di Bramai mais
Arimathie s'était déjà transformé en Baiamachie. LOseth, Le roman en
prose de Tristan , etc, p. 498, 1. 39. L'on a Joseph di Barimattia dans le
1 DODICI CAN-ri 365
Lea deux chevaliers viventfraternellement ensemble jusqu'au moment
où, arrìvés en Sicile, Guérin doit se diriger vers T Italie pour y con-
sulter la Sibylle, et Diamone s*embarque et reprend son pèlerinage
au Saint-Sépulcre. Leurs adieux sont touchants. Diamone dit : « Frère
chéri, je t'aime plus que si nous étions nés d'un méme pére et d'une
méme mère. . . Si vous arrivez en Angleterre à ma cité appelée Nor-
galesse, réclamez-vous de moi« car il vous sera fait honneur et je
veux que vous la considériez comme vòtre. Portez de mes nouvelles à
ma dame et à mes parents. » Puis ila s'embrassèrent, se baisèrent et
allèrent au vaisseau; quand leur pleur eut pris fin, ils payèrent le
patron .
Ce dernier dótail est tout à fait dans le ton general d*un récit où
Tauteur s'applique à ne rien dire que de vraisemblable. Quand Thòtelier
demande au héros de Cervantes sMl a de Targent sur lui : « De Tar-
genti répond Don Quichotte tout surpris de l'indiscrétion de ce lan-
S^g^i J6 Qy ai pas méme songé. Je n'ai jamais lu qu'aucun chevalier
errant s'en soit muni pour aller aux aventures ». Mais Guérin a un
sentiment plus précis des réalités pratiques de la vie, et sMl refuse de
partager le pouvoir d'Amidan et du Prétre-Jean, il ne part jamais en
voyage sans prévoir qu'il lui faudra payer son écot aux hòtelleries où
il s'arrétera K Quand le pape lui a donno des instructions qui im-
pliquent un voyage à Saint- Jacques et un autre en Irlaode, le bon che-
valier ne peut s'empécher ^e s'écrier : • Saint Pére, je ferai tout cela
si je vis assez pour arriver là-bas ; une seule chose m'embarrasse et
me sera d*un grand ennui. li me demanda quelle était celte chose qui
m'embarrassait. Je lui répondis : La pauvreté. Et il me fit donner
trois cents deniers d*or. » Cotte simplicité plaisait d'autant plusqu'elle
était une nouveauté.
En Afrique, Guérin se lie d'ami tié avec le roi Artilaffo. En Calabre,
rhótelier chez lequel il descend, s'éprend également pour lui d'une
vive affectioa. Ce n*est pas seulement un chevalier avide d*aventures
ou un voyageur curieux, ce n'est pas seulement un homme de guerre
Volgarizzamento toscano des Yoyages de Mandeville, ed. Zambrini, I,
p. 98. — Dans son voyage en Angleterre et en Irlande, Guérin, après
avoir TU Antona et Londras^ se rend à la hàte à Norgalles où il trouve
son ami Dinamon (et non plus Diamon). Celui-ci voudraitlui faire accepter
en marìage sa soeur àgée de quinze ans; mais Guérin refuse et reste
fidale à la belle Antinisca. Dinamon s'ofifre à lui pour Taccompagner en
Irlande.
1 Quand Guérin prend congó de l'empereur, celui-ci voulait lui don-
ner une escorte ; il la refusa et n'accepta qu'une somme d*argent : egli
nolla vole, ma certi danari indi porto.
S6é i DODICI GA^Ti
habile et coarageux : il a le don de se concilier l'estime et le dévoue-
ment de tous ceux qui oot ToccaBion d*apprécier sa droiture et sa
boote.
Dès le commencement duroman, ramitié de Guérinet d'Alexandre,
fila de Tempereur de Constantinople, est un puissant élément d'intérét,
sans lequel le long récit de tournois et de combats serait d*une fati-
gante monotonie.
La susceptibilité qui lui fait refuser la main d*£Iiséna, matgré lei
prières de son ami Alexandre et de tonte la famille imperiale, est le
trait le plus heureux : par la dignité de son attitude plus encore que
par les services qu'il leur a rendus^ il se place au niveau de ses prò-
tecteurs .
Sa fidélité à sa fiancée Antinisca ne subit point d'éclipse. Un mo-
ment, il est près de succomber aux provocations sensuelles de la
Sibylle^ mais il a recours à la prióre et triomphe.
Partout où il parai t , il se place au premier rang par son intelli-
gence et sa générosité autant que par sa valeur. ,
Ce n*e8t pas la reproduction banale d'un type ancien et use, c*est un
personnage vraiment originai et nouveau.
La lourdeur et la prolixité du récit, le caractère historique et dévot
auquel Tauteur a visé, s'ajoutent au pédantisme des descriptions pour
rendre difficile la lecture d*un tei ouvrage ^ Mais ceux pour qui il a
été compose étaient séduits par cela méme qui nous fatìgue. L'auteur
s*est inspirò de la méthode du Pseudo-Turpin qui, de nos légendes
héroì'ques fitun amalgamo àprétentionsbistoriques etàle^ons pieuses.
Il a place son béros dans la Gestedes Realij lui a donne les vertusque
Turpin attribue à Roland, et, suivant Texemple de VEntrée de
Spagne^ Ta mene, comme Roland, en Orient. Dans une certaine me-
sure, commo le Roland du poème franco-italien et de la Spagna en
vers^ G uérin est donc un chevalier errant, mais il est aussi un voyageur
possédant ce bagage de connaissances pseudo-scientifiques dont
Andrea est fier, et décrivant les pays et les peuples. Les Grecs, grands
navigateurs^ admiraient surtout dans Ulysse colui qui » avait vu les
villes et connaissait les moeurs de beaucoup d*hommes ».
Le merveilleux des voyages d'Ulysse est en bien des points de
méme famille que les bistoires étranges qui passionnaient la curiosité
1 Ni. Rajna, dans son étude sur les Realij analyse avec une précision par-
faite les procédés de l'auteur et juge la valeur littéraire de son oeuyre.
Je ne puis que renvoyer à ces pages magistrales. V. surtout p. 289-309.
Je solliciterai néanmoins quelque indulgence pour le Guerino^ où le
désaccord est bien moindre entre la nature du sujetet la manière de Tan-
teur que dans les Reali, où c*est la matièi'e de France qui est en cause.
1 DÓDICI CANtl 367
naive de nos pòres, et Ton reconnait volontiers une parente entre
Polyphème et le géant qui avait mis en reserve dans uue sorte de silo
le chevalier gascon et le prétre armenien afìn de les manger à lotsir.
Gruérin rencontrera tous les animauz légendaires et tous les hommes
monstrueux dont depuis Hérodote TOrient et l'Afrique sont peuplés.
L*érudition de Tauteur n'omettra ni la licerne, ni l'extraordinaire
récolte du poivre, ni les moeurs de Téléphant, ni les pygmées, ni rien
en un mot de ce quii a pu recueiilir d'étonnant et d'ìncrojable. Mais
il aliie à ce respect de la tradition légendaire des préoccupations nou-
velles; quand il entre sur le territoire d'un peupie, il donne la stature,
la couleur, la chevelure des gens, leur beante ou leur laideur, leurs
moeurs, leur religion, parfois leurs institutions, leurs relations commer-
ciales. Kn tout cela, il met une précision minutieuse, comme il Ta fait
dans les Reali, où M. Pio Rajna Ta remarqué. Ainsi il suppose
que la crédulité du lecteur sera satisfaite et rassurée. Les énuméra-
tions géographiques, souvent d*une sécheresse de manuel, plus encore
,que les itinéraires des Reali, tendent au mème but, et sont mieux jus-
tifìées puisque le Guerino est esseotiellement un récit de voyagés, un
véritable tour du monde,
L'Italien du XIV° siècle s'intéressait à tout ce qu'on lui contait
des pays lointains, où Ton n'allait plus seulement dans Tespoir de
reconquérir Jérusalem, mais avec lesquels on nouait des relations de
plus en plus fréquentes .
La conception d'Andrea vaut surtout par la décision avec laquelle
elle est traitée et conduite. Elle n'est pas restée sans attirer Tatten-
tioQ de poètes infiniment supórieurs comme science et comme genie à
Tauteur des Reali, et elle a exercé une réelle iniluence sur revolution
de l'epopèe romanesque en Italie. La belle Antinisca est le prototype
d'Anj^élique, princesse du Cathay ; le sójour encbanté de la Sibylle, les
moyens de séduction qu'elle emploie, ont ouvert la voie où Ton ren-
contrera Falérine, Morgane, Alcine, Armido ; mais ces parties de
l'oeuvre n*en font pas tonte Timportance : elle résulte de l'ensemble
deséléments dontj'essaie de donner quelque idée.
La première partie est bien composée. L'enfance de Guérin, sa liai-
son avec Alexandre, les sympathies qu'il inspire à tous, sa légitime
ambition, les diffìcuUés qu'il rencontre pour étre admis à prouver sa
vaillance, ses premiers exploits dont d'abord il ne peut réclamer la
récompense, sa douleur quand Eliséna lui reproche la bassesse de
aon orìgine et l'accuse de làcbeté, la défaite finale des Turcs due à
lui seni, forment une introduction où l'intérét va croissant. Elle mo-
tivo en outre fort heureusement la décision de Guérin, il ne peut se
résigner à rester sans noin et sans famille; son amour-propre blessé
par Eliséna et par un des cbampions turcs qu'il a vaincus, le rend sourd
24
m i DODICI GANTI
à toutes les caresses et à toutes les prìòres : il est nécessaire qa*il
parte, qu'il tienne la parole qu'il a donnea à Brunor, le Sarrasin.
Celui-ci, fils d*Astilladoro, s'était écrié^ quand la paix avait óté con-
due : u maudite fortune, comment peux-tu souffrir qu*un esclave
revendu ait vaincu le sang Troyen, lai qui ignore de qui il est fils et
ce qu*est son pére ! Le Meschino Tentendit, s'avangaet dit : Bru-
noro, fils d*Astilladoro, tu as dit ces paroles pour me déprécier, mais
je te jure par ce Dieu qui fìt le ciel et la terre, que je ne me reposerai
jamais et ne cesserai point de chercher jusqu'à ce que j'aie trouvé
mon lignage, et je te jure que s'il est noble, pour ces paroles tu
mourras de mes mains. »
Quand Tempereur sut queGuérin avait pris un tei engagement, il
fit chercher partout les corsaires qui avnient vendu l'enfant à Epidonio.
mais toutes les recherches furent vaines, et l'on dut recourir à l'art
des nécromants : c< On ne put rien découvrir, si ce n'est qu^un enchan-
teur d'Egypte ayant évoqué un esprit et Tayant questionné sans rien
en obtenir, lui demanda finalement de quel coté il devait aller pour
retrouver son pére et sa famille. L*esprit dita haute voix : Aux Arbres
du Soleil et de la Lune où Alexandre de Macédoine alla, et dont il
sut où il devait mourir * : là il saura de son pére et de sa parente,
mais pour s'y rendre il supporterà de grandes fatigues, de grands
travaux, s*il peut survivre à ces épreuves. Le Meschino se réjouit
fort de cette réponse et demanda de quel coté se trouvaient les
Arbres du Soleil. 11 lui tut répondu : A la fin de la terre^ vers TOrient
d'où se lèvent le Soleil et la Lune. »
Ainsi renseigné, Guérin n'a plus qu*à partir. 11 ira par le monde,
du Levant au Couchant, de Tétoile du Midi à la Tramontane ^ jusqu'à
ce qu'il soit éclairé sur son origine.
11 peut sembler futile de determinar les analogies que présentent
les introductions du Roland Amoureux et du Guerino. Et cependant
le plus beau diamant n*est d'abord qu'une pierre sans éclat, enveloppée
* La legende de ces arbres prophétiques est plus vieille que le Guérin,
Mandeville décrivait V Arare du Souleilet CArbre de la Lune qui parie-
rent à Alexandre et li annoncèrent trépas (Denis, Monde Enchanté, p. 114);
texte du volgarizzamento antico toscano : Da questa riviera^ a XV, gior-
nate dilungi, si va pe deserti, e sonvi gli alberi del sole e della luna^ e
quali parlarono ad A lessandro Re e predicerono a lui la morte sua. Ed.
Zambrini, II, 188.
• D'après le Guerino, les montagnes qui s'étendent vers l'Inde finissent
par cacher la Tramontane (l'étoile polaire), et sur la mer des Indes on
navigue en se guidant d'après la stella Ostra, l'étoile australe ou du midi.
Andrea savait que l'Hindoustan est borné au Nord par les plus hautes
montagnes du Monde.
I DODICI CANTI 369
d*une gaogue grossière. L*essentiel, dans ces rapprochements d*oeu-
vres de valeur si differente, est qu*iU soient fondés sur une étude
attenti ve dea textes.
L'empereur de Constantinople, dans le Guerinoj donne un tournoi
auquel prennent part chrétiens et sarrasins : son intention est de
marier Eliséna, bien qu*il s*engage seulement à décerner au vainqueur
le prix ordinaire de ces luttes courtoises. Plus tard, lorsque les Turcs
assiègent Constantinople, et que le sort de la guerre est confié à
cinquante champions pour chacun des deux partis, Tempereur jure que
sì sa hataille a le dessous, il livrera à Astilladoro sa ville et toutes ses
terres, partirà avec une seule galère chargée de ce qu*il lui plaira d'en-
lever et emmènera sa dame et sa fiUe. Prince chrótien, il ne pouvait
faire d*Eliséna le prix d*un tournoi ou d'une bataille. Mais les deux
éléments de ce tournoi et du mariage de la princesse n*en étaient pas
moins associés à un moment : Boiardo n*hésite point, et Angélique
s'offrirà corame prix au vainqueur de son frère.
La lance d^or finit par tomber aux maina d'Astolphe, et c'est ce
chevalier sur lequel personne ne comptait, qui triomphe de Grandoine
et rend à la liberto tous les plus vaillants champions chrétiens. De
méme c'est gràce aux succès inespérés de Guérin qu'Alexandre est
échangé contre les prisonniers sarrasins .
Tel détail, tout au comraencement du Roland Amoureux^ procède
directement de la lecture du Guerino. Quandles princes mahométans,
répondant à Tinvitation de Charlemagne, prennent place à sa table :
A la sua fronte fumo i Saracini
Che non volsero usar banco né sponda :
Anzi sterno a giacer come mastini
Sopra a tapeti, come è lor usanza,
Spregiando seco il costume di Pranza.
L'on a vu plus haut avec quelle sévérité Guérin condamne Thabi-
tude qu'ont les Orientaux de s*asseoir sur des tapis. Boiardo n'eùt
pas songé de lui-méme à relever si durement cet usage.
Dans les tournois qui ont lieu à Constantinople et dans les combats
proprements dits qui mettent fin à la guerre, Andrea s'estplu àconvo-
quer en quelque sorte les représentants de tous les peuples sarrasins
qu'il connaissait par le roman et par l'histoire. Que fait Boiardo sinon
d*imiter cet exemple? J'en dirai autant de la fécondité avec laquelle
il multiplie dans la suite du poème les princes mahométans. Le pro-
cede est le méme, mais il est emplojó avec une habileté, une aisance
et un agrément dont le vieux roman est par trop dépourvu *.
* Le mont de Carène, situò au-delà du désert de sable, grand outre
mesure, dont la cime atteint au ciel et sur lequel s'étend une plaine de
370 I DODICI CANTI
Dans son dessein de transfortner les légendes fran^aises en romans
historiques et de donner à sa narration le caractère de la vraisem-
blance, Andrea da Barberìno, substitue volontiers dea raisoDB natu-
relles au merveilleux dea recita qu'il utilise.
La Dame du Lac dérobe Laocelot à aa mère. La scène est poétique,
Fon est en plein pays de Féerie. Le Maugù d'Aigremont, oeuvre mixte,
où est tentée une fusion du roman breton et de la Chanaon de geate,
était connu d'Andrea qui a'en est servi dans aou Rinaldo ^ , L'ony
trouve une première adaptation des Enfances de Lancelot. Lea Sarra-
Sina aurprennent le due Beuves d*Aigremont en rase campagne, au
moment où la duchesse mettait au monde deux fils qui devaient étre
cent milles (Ori, Inn, II, 16, ott. 15, 16), est-il emprunté à la géographie
du Guerino ? Notre cheyalier, dans son Toyage auz Arbres du Soleil et
de la Lune, rencontre des montagnes appelées Coronas ou Corow«, les
plus hautes montagnes du monde, qui s'étendent de TArménie auz Indes.
A un endroit, le guide dit : Ora siamo nuy in Persia in uno reame chi
a nome Parlhioma Mauriticha. Cette étrange qualification de la Par-
thiène a pu créer une confusion dans l'esprit de Boiardo qui place en
eflfet sa montagne de Carène en Tingitane (II, 16, ott. 14). D'autre pari
Ton a vu que le vieux Galgibat apprend à Guérin qu'il y a en Afrique sur
une montagne qui parait située entre le Coucbant et le Midi, des astro-
logues savants. Le protecteur de Roger ne serait-il pas du nombre? —
Guérin en descendant des montagnes traverse l'Arachosie qui, dans les
cartes da géographie ancienne, confine à la Chaarène. Peut-étre a-t-on
là l'origine du nom des montagnes Corone^ puis Carène.
1 Dans mes Recherches sur les rapports des Chansons de Geste et de
V Epopèe chevaleresque t^aZtenne, entre autres choses,j'ai tàché de démon-
trer : 1** que dans le Maugis d'Aìgremont Ton a le trait d'union entre le
récit épique de nos trouvères et les romans du cycle breton ; 2o que le
Rinaldo da Montalbano^ si important dans la formation de l'epopèe
italienne, utilise les données essentielles du Maugis. L'épisode lui-méme
de l'enchanteur déguisé en cardinal que M. Rajna jugeait invenzione
italiana senz' altro^ est emprunté pour le fond au Maugis francais
(V. P. Rajna, Rinaldo da MontalbanOy p. 21 ; mes Recherches, p. 201,
215, et Maugis d'Aigremonty v. 4452-4627). Cette Chanson de Geste me
parait donner déjà en France rorientation que la legende des Fils Aymon
prendra définitivement en Italie. Dans une oeuvre mediocre se cachait
un germe qui fut d'une fecondile merveilleuse. Je me permets d'insister
sur cette position du Maugis dans l'histoire littéraire, parce que Renaud
de Montauban, comme M. Rajna l'a si bien mentre, est le protagoniste
du roman chevaleresque en Italie et que par suite c'est dans les récits
dont il est l'objet, que l'on doit et l'on peut étudier les transforma tions
de la matière épique transmise à l'Italie par les Jongleurs francais.
Rinaldo^ p. 97. Or, c'est dans le Maugis que l'histoire des fils Aymon
prend les aUures du roman.
I DODICI CANTI 371
Vivien et Maugis. Vivien est enlevé par un espìon et porte au roi
Aquilant de Mojorque. Maugis, dérobé par une esclave que des ani-
maux féroces dévorent, est recueilli par la fóe Oriande qui en fera un
magicien. Plus tard, la fée lui révèle son origine, et il est aussitót
en fricon
De son pére veoir le riche due Beuvon
Et la gentil duchoise à la clère facon :
Ne sera mès aòse, si Terra Aigremont.
Le chroniqueur paraft s'inspirer du commencement du Maugis, car
c'est à la suite d'une victoire des Sarrasins que le fils de Milon est
eraporté loìn de son pays par Sefferra ; celle-ci et sa compagne dispa-
raissent comme Tesclave de la duchesse d'Aigremont^ et l'enfant n^a
plus auprès de lui personne qui sache de qui il est né. Mais il ne
sera point recueilli par une fée : des corsaires le vendent à Epidonio.
Oriande, dès la première heure, a su à quelle famiile il appartenait :
son neveu Espiet avait assiste au combat, il reconnait la téte de
Tesclave qui jadis lui avait rendu service, et conclut immédiatement
que Tenfant est un des deux fils de Beuves. En tout ceci il n'y a rien
de merveilleux que le séjour où Oriande élève Maugis après Tavoir
fait baptiser. Son frère Baudri qui avait appris les Sept Arts à Tolède
et qui avait plus de cent ans, estchargé d'instruire l'enfant :
Oriande la fée o le viaire cler
Entendi moult forment à Maugis alever,
A mestre le fesoit jor et nuit doctriner.
Puis que vini en eage et que il sot parler
E que il sot cheval et poindre et galoper,
Des eschez et des tables lì fist assez mostrer
E trestoz estrumenz li aprist a soner,
Et par ordre de game sot trestoz chanz chanter.
Et quant il fu d'aage que pot armes porter,
La fée Tadoba et li caint le brant cler,
Si en fist son ami que moult le pot amer ;
Son cors li abandone besier et acoler,
Desoz son covretor ensemble oli joer;
Rien ne li contredit que voeille demander,
Mès dont il ert venus li fist moult bien celer
Que ne se puist de li partir ne dessevrer.
Guérin, devenu le fils adoptif d'Epidonio, regoit également l'éduca-
tion la plus soignée. Outre le grec et le latin, il apprend plusieurs
langues, l'arabe, le ture, qui pourraient lui étre utiles pour faire le
commerce et naviguer. Ce programme répondait à la condition de
Guérin; Tauteur ajoute qu'il était bien de sa personne, robuste et
372 I DODICI CANTI
adroit. De là à Temporter sur touB les chevaliers de la cour dans les
exercices du corps les plus difficìles, il y a loio, et Maugis, en ceci,
recevait une éducation mieux calculée. Et cependant, une fois intro-
duit à la cour, Guérin est le plus vigoureux et le plus habile des
jouteurs : sans j penser, Andrea donne ainsi dans rinvraisemblable.
Maugis et Guérin sont tous les deux munis d*un talisman contre les
sortilèges. Celui de Guérin était la petite croix dont il a été parie plus
haut. Maugis était protégé par un anneau d'or que sa mère lui avait
mis à Toreille; c'est gràce à lui qu*il triomphe dans la conquéte de
Bayard, le cheval faé qu'un diable, un serpent et un dragon gardaient
dans File de Bocan. Ce détail est d*ailleurs emprunté de Tendroit où
la Dame du Lac donne à Lancelot, quand elle se séparé de lui, un
anneau qui conjure tous les sortilèges et qui sera utile au chevalier
dans Taventure du Val sans retour,
Maugis, pour tromper le dìable de Bocan, se déguise lui-méme en
diable, revét une peau d'ours, se garnit de queues de renard et de
quatre cornes. Ainsi v enharnaché », muni de son anneau, sachant
de la clergie assez plus qu'Ypocraz,
Le deable conjure tot bellement en baz
De Damedex de gioire et de S. Nicolas.
Roenarz s'endort sur une pierre. Maugis
III. des noms Damedeu a sor le perron paint
Qu'il ne se puet moToir, ainz se dolose et plaint :
La grant force de Dieu einsi le tient et yaint.
Mais le serpent ne peut étre vaincu comme Fa été le démon, par
des enchantements. Maugis, en le conjurant e de Dieu le glorieux »,
obtient seulement qu'il s'étende un instant sur le sol. Après un long
combat, le serpent est tue , mais son corps enferme le chevalier dans
un creux de roche où il avait dù se réfugier.
Quant Ta yeiì Maugis, moult se va esmaiant,
Forment reclaime Deu le pére tot poissant
Qui de la sainte Virge nasqui em — Beliant,
Que d'ileques le gete par son digne comant.
Ainsi bloqué, entouré de serpents, de scorpione, de lézards, de vers
félons
Qui ont les escharbocles enmi les eulz devant,
Maugis passe la nuit dans une grande frayeur, implorant Dieu,
priant
docement la vertu soveraine
Qu'à sauveté le mete et jete de cel paine.
1 ÙODtCI CiANtt 373
Le jour paratt, Maugis en Ione Jésus-Christ; il dépèce le carpa du
sei'pentetsort ainsi de la grotte. Mais il rencontre alors le dragon qui
gardait Bayard :
Jamès plus fière beste hom mortiex ne vera,
Et est chose faée.
Maugis prononce doucement le nom de Jésus-Christ, puis il a recours
à son art magique :
Il sot moult d*ingromance, le dragon conjura
Que il de lui mal fere nule poeste n'a :
Tost et isnellement sus en l'air s'envola.
Maugis dòs lors se rendra maitre, sans peine aucune, de Tillustre
cheval que plus tard il donnera à son cousin Renaud:
N'avoit un tei destrier jusqu'en Ynde major
Ne jusqu'à l'Arbre Sec en Tille Tenebror.
Déjà dans le Maugis, à Pemploi de la magie ou « nécromancie »,
est associò Tappel fréquent à la protection de Dieu. Des troia éléments
de merveilleux de la Chanson de Geste, féerique, magique et chrétien,
les deux derniers subsisteraient seuls dans le Guérin, si à certains
égards la Sibylle ne tenait de la nature des Fées. Dans le Maugis, la
conjuration purement chrétienne est si fréquemment employée que
Tusage qu'en fait Guérin aux Arbres du Soleil, chez la Sibylle ou
ailleurs, ne peut étre considerò comme une nouveauté.
Je ne sais sì TArbre Sec du Maugis n'a point rappelé à Andrea les
Arbres du Soleil, qu*il connaissait d'ailleurs. Quant à l'expression
Inde Majeure, désignant linde proprement dite, elle èst de la gèo-
grapbie du Moyen Age, et Andrea l'emploie couramment.
C*est à sa conjuration que Maugis doit d'étre débarrassé du dragon
faé; de méme Guérin, se pendant à Dragonda, triomphe du dragon,
gràbe à la croix-reliquaire qu'il porte sur lui.
La part du merveilleux romanesque se réduit (en laissant de coté
le Purgatoire de saint Patrice, dont je n'ai point à m'occuper ici) aux
incidents de la visite de Guérin à la Sibylle de Cumes ; mais, pour
Tauteur, la Sibylle est un personnage bistorique, consacrò non seu-
lement par l'autorité de Virgile, mais par la legende cbrétienne elle-
méme. L'inspiration ici serait de nature purement classique, si la
Sibylle n'avait les dons magiques et n'était tenue de se métamorpho-
ser régulièrement en serpent. Et cependant quand Guérin, la croyant
une fée ou un démon, essaie de Texorciser, elle se rit de son erreur et
lui affirme qu'elle est de chair et d*os comme lui. L'imitation de Dante
est Dotable à plusieurs endroits de ce curieux épisode, mais le soin
3t4 1 DODICI CANTI
avec lequel Guérin se munit de tout ce qui lui sera nécessaire pour
vojager la nuit en cette région dangereuse, le brìquet, les allumettes
soufrées et les flambeaux, n^out rien de commun avec la poesie.
Le Guerino marque le terme de Pévolution de Tépopée fran^aise
transplantée en Italie. Le genre, en tant que représentation d'un idéal
sérieux, est désormais épuisé. Des essais franco-italiens aux Realtà il
n*avait pu s'élever au-dessus d'une módiocrité qui satisfaisait et satis-
fait encore aujourd'hui les goùts populaires, mais qui ne pouvait inté-
resser ni la société cultivée de Florence, ni les cours brìUantes de
Ferrare ou de Milao. Quand Pulci, pour amuser les bourgeois Tos-
cans, et Boiardo, pour égayer les seigneurs du temps, reprirent les
thèmes archa'iques, la grande refonte à Titalienne que les éléments
frangais avaient subie dans les Reali et Texemple de créatìon indé-
pendante donne dans le Guerino servirent de point de départ à leurs
inventions où la matière de France, associée dans Boiardo à la galan-
terie et à la courtoisie de la cour d'Artus, atteignit à la beante d'un
genre vraiment lìttéraire, mais en perdant de sa grandeur primitive
au profit de la variété et du charme. Dans Arioste enfin, l'epopee
romanesque n'est souvent qu'un jeu d'esprit, mais c'est l'oeuvre d'art
la plus exquise.
L'auteur des Dodici Canti a fait une bien petite place à Guérin. Au
chant I, oct. 13, il l'annonce comme Tan cétre des Della Rovere. Peut-
étre l'idée de le choisir pour cet emploi lui a-t-elle été suggérée par
le passage suivant. Guérin est arrivé sur la place où s'élève le tempie
d'Apollon : era *nchi una grande rovoroy zo e una grande quercia, et
intumo alla piazza et alla moschea, zo e al tempio, avea uno grande
bosco folto d'aloro. Allora mi tornarono a mente le antique storie de
nobili homini valenti et virtuosi incoronati d'aloro, perche Apollo foy
chiamato idio de la sapiencia, el quale albero diesino i poeti essere
istra formato della bella vergine Penisa filliola di Pinea^, per la
carità di Febo, zo e del sole chiamato Apollo.
Ce grand rouvre, place là sans autre explication, dans le voisinage
du bois sacre d^ApoIlon et tout prèsdes Arbres du Soleilet de la Lune,
a pu retenir l'attention du lecteur. Trouver en lieu si romanesque les
armcs parlantesdes Della Rovere n était pas chose ordinaireet il était
aisé, avec quelque adresse, d'en tirer parti dans son poème. Il ne nous
a donne que des parcelles de la vie de Guérin et ne revient àlui qu'au
chant Vili (oct. 121-150), où, après la mort de la reine des Amazo-
nes, Guérin commence avec Renaud un long duel dont nous n'avons
* Peneia nympha ou Peneis, fiUe du fleuve Peneus^pìus ordinairement
Daphne (laurier). Ov. Metamofyh, I, 452 sq.
t DODICI CAKTl ^5
pas la fin,bien qu'il soit repris chant IX, oct. 1-14, 104-128; chantX,
oct. 1-82; chant XI, oct. 65-127; chant XII, oct. 1-76.
11 est à noier que, de parti -pris, Tauteur arréte les aventures de Giié-
rin au moment où il revient de son voyage a»x Arbres du Soleil. 11
suppose que le chevalier a été fait prisonnier par les Amazones et
qu'il a dù suivre leur reine en Espagne. Il raconteTenfance de Guérin,
en ayantla malencontreuse idée de transformer Sefferraen une magi-
cienne qui le plonge dans les eaux du Styx et lui fournit des armes
enchantees que seul il pourra porter. Il està presumer qu*il avaitdans
la pensée d'intercaler dans son récit la reconnaissance de Guérin et de
ses parents et, par conséquent, une partie du roman, tandis que Syl-
vana aurait eu pour mission de renseigner Guérin *.
Ce personnage, aimable et gracieux, est heureusement substitué à
la Sibylle de Cumes, mais il n'éiait point nécessaire de lui iimposer la
dure obligation de la métamorphose en serpent.
Mieux ciU valu que Tauteur des Dodici Canti eùt pose dès le com-
mencement, d'une manière definitive, le personnage de Guérin et que
tout en le mèlant, puisque c'était la rògle, aux héros ordinaires de
Tépopée, il Teùt montré, sans autre délai, en quéte de son pére et de sa
geste. Mais Texemple et Tautorité de Boiardo, où Roger n*apparait que
tard dans le récit, Tont sans doute délourné du pian quiétait le plus
naturel et le plus conforme à son désir de ilatter Tamour-propre de la
famille della Rovere.
II
Tullia d'^f^agoìiaf Beatrice Pia degli Obizzi et VAlamanni^ d'après
Sperone Speroni.
Dans les quelques pages où Gaspary traite de Tullia (lì, p. 509-
513), il ne pouvait quo mentionner brièvement le dìalogue de Speroni
SUI' l'Amour qui est consacré tout entier à celebrar la beauté et les
mérìtes de Tullia^. Les interlocuteurs soni Niccolo Grazia, Tullia et
1 II fallait pottr cela que Guérin vlnt à son tour aux Jardins de Sjlyana
où est le chéne d'émeraudes chargé de glands d'or, etc. (eh. IV, oct. 38,
sq.). Sylvana eùt alors révélé à Guérin Tavenir de sa race (i6/d., oct. 41-42).
Pour les armoiries et le chéne symbolique, cf. I, oct. 6 ; VI, oct. 36 ;
XI, oct. 90; XII, oct. 37, 86-89, 96-97.
■ Tous ceux qui dans ces derniers temps se sont occupés de Tullia
d'Aragona, ont traité du dialogue de l'amour. L'édition des dialogues de
Sperone Speroni dont je me suis servi, est celle des fils d'Aide : Dialogi
di M. S. Sperona novamente ristampati et con molta diligenza riveduti et
25
376 I DODICI CANTI
Bon amant, Bernardo Tasso, le pére de Torquato. Il est parie d*abord
de la jalousie, parce que Bernardo est sur le point de quitter sa mai-
tresse pour répondre à l'appel du prince de Salerne^, puis, par une
suite naturelle, Téloge de Tullia et de Bernardo, la définition plato-
nicienne de ramoiir fournissent matière aux discussions et aux distinc-
tions les plus délicates. Les opinions de Molza et de Pétrarque, et
celle de Broccardo, véritable et folle apothéose de la courtisane en
.general, sont présentées incidemment. L'attitude de Tullia est dis-
crète et modeste. On ne saurait traduire ces subtilités raffinées. Pour
ceux qui n*ont pas sous la main le volume de Sperone Speroni, je
citerai le passage qui suil Téloge de la courtisane que fait Grazzia
d'après le Broccardo : Tullia. Questa vostra ragione esimile molto alle
dìpiniurey le quali noi vulgarmente appelliamo lontani : ove sono
paesi, per li quali si vedono caminare alcune piccole figurette, che
corredi^ Vinegia^ 1543. M. Angelo Solerti, entre autres renseignements
qu'il avait eu robligeance de me communiquer, m'indiquait Touvrage de
M. Bottari : Dei dialoghi morali dì Sperone Speroni^ Cesena, 1878, mais
je n'ai pu me le procurer à temps.
* Lespoésiesde Bernardo Tasso, publices en 1531 à Venise, lui valu-
rent la faveur de Ferrante Sanseverino, prince de Salerno, qui l'appela
à sa cour et lui constitua un revenu de 900 ducats. Il suivit son patron
dans diverses expéditions, en Afrìque, en Flandres, en AUemagne. Le
prince Tautorisa à se retirer à Sorrenle pour s'y livrer plus librement à
rétude. En 1547 Sanseverino accepta d'aller avec d'autres députés soUi-
citer de la cour imperiale que l'Inquisìtion ne fùt pas établie à Naples :
Bernardo l'y avait encouragé. A la suite de cette démarche, le prince
dut chercher un asile à la cour de France où le fidèle Bernardo Taccom-
pagna. Bernardo recevait de Sanseverino une pension annuelle et le roi
Henri II se montra d'abord liberal envers lui. On se refroidit néanmoins
bientòt, et la gène à laquelle il fut réduit et la mort de sa femme Porzia
de' Rossi, Tamenèrent à prendre congé. Guidubaldo II, due d'Urbin,
Taccueillit généreusement et je vois dans les notes de Dionigi Atanagio
qu'en 1557, celui-ci fut invite par le due et sur la prière de Bernardo, à
venir revoir VAmadis. L' Atanagio vint à Pesaro, ove desidei^oso con la
diligentia, et con la prestezza di sodisfare al Principe padrone e al gen-
tilhuomo arnica^ facendo più fatica^ che le sue deboli forze soste7ier non
potevano^ fu costretto da tre volte in su a giacere gravemente. Tiraboschi,
VII, p. 1228-1230, Dionigi Atanagio, de le Rime di diversi nobili poeti Tos-
cani^ t. I, note au f. 199, a — M. Hauvette ne parait point connaitre ou
admettre le voyage de B. Tasso, en France vers 1548 ; il dit en effet :
« Giovanni Rucellai en 1520, Bernardo Tasso en 1528 et en 1544, ne fai-
saient en France que de fugitives apparitions pour s'acquitter de mis-
sions spéciales. » Henri Hauvette, Luigi Alamanni, Paris, Hachette,
1903, p. XVI. Peut-étre M. Hauvette en cet endroit ne pensait-il qu'au
xègne de Francois 1«'.
I DÓDICI CANTI 377
paiono huomini : ma sottilmente considerate^ non hanno parte alcuna^
che à membro d'huomo si rassomigli. Però io vorrei, che poste da
canto le Poesie^ la servitù, la viltà, la bassezza, et la inconstantia di
questa vita, si contemplasse da voi : biasimando chi Vha per buona,
et colei (s" alcuna ven* ha) iscusarido, la qual, giovane, et sciocca, in
questo errore sospinta, cerca d^uscirne» quando che sia : a coloro
accostandosi, che ammonendo, et aiutando, son possenti à levarla da
cotal miseria. Ma il Brocardo,per l'amore eh' egli portava à qualcK
una, ò per meglio mostrare il fiore del suo ingegno, non per giustitia,
tolse à favorir causa si dishonesta, Grazzia. Ne vile ne bassa, non
direbbe egli la cortigiana, serva, et inconstante si bene. Per la qual
cosa, molto più, che per niun' altra cagione, sommamente loda, et
honora la vita sua, agguagliandola al Sole : il quale, percK egli sia
Dio, non sdegna mai di farne parte del suo splendore, noi à guisa di
balia servendo, che Vadorìamo, il quale mai non sta fermo, ne sempre
luce in un luogo, ma di continovo movendosi, et hora al tauro, et
hora al leone, et hora ad un' altro segno aggiungendosi, Vhore et le
stagioni distinguendo, con una invariabil varietà conserva lo siato
dell' universo : tale fu Sapho, tale colei, onde Socrate sapientissimo,
et ottimo huomo, d'havere, che cosa Amor fusse, imparato si gloriava.
Degnate adunque d'essere la terza in numero, fra cotanto valore; et
di tai nostri ragionamenti, pregate Amore che ne componga una
novellata : ove il vostro nome si scriva : non altramente, che ne dia-
loghi di Platone, si faccia quello di Diotima. La qual cosa, acciò si
faccia con vostra gloria, insegnateci in che maniera l'amante amando
la cosa amata, muova lei ad amare, et come esser possa, che alcuna
volta la cosa amata, amando, odii et voglia male all' amante', perciò
che cotali sententie sono grandemente diverse tra se medesime, et
dalla comune opinione de gli huomini, et appunto hanno bisogno del
vostro ingegno, ch'essere le dimostri, à chi Vode, (se non vero) almeno
verissimili, Tullia. Io non credo eh'* egli sia donna nata, che più ami
di me', et meno s'intenda de secreti d'Amore.
Malgré cette déclaration modeste, Tullia tente de résoudre le prò-
blème, et s'en tire par d'ingénieuses comparaisons : ramant fìnit par
refléter à un tei degré la beauté dont il est épris et qu'il ne cesse de
contempler, que celle-ci en retour s'éprend de ce qui en somme est son
ima gè.
Le dialogue à' Amore est la première, la plus riche pour le fond, la
plus variée, et, pour la forme, la plus achevée des compositions réunies
dans le petit volume qui, mieux que son théàtre, défend le nom de
Sperone Speroni contre l'oubli. La dignité soutenue du ton en un sujet
où la moindre dissonance eùt détruit Teffet de l'ensemble, la vérité de
la passion, Thabileté dans la conduite de Texpression d*idées dont la
378 1 DODICI CANTI
finesse va parfois presque jusqu'à l'imperceptible téouité, la diversite
des nuances, TenjouemeDt le plus naturai et le plus agréable placent
cette imitation de la grande manière dea dialogues de Platon au nom-
bre de ces bijoux merveilleuz que la Renaissance, dans son admira-
tion tout athénienne pour la beante, ciselait avec une ferveur que le
moraliste moderne, se préoccupant du contenu de Pamphore plus que
de la pureté de son galbe et de Télégance de ses peintures, est souvent
dispose à trouver excessive. Mais TArt n*a-t-il pas souvent raison
con tre la raison ?
Le Grazzia promet à Tullia qu*elle vivrà toujours. « De quelle fa^on?»
demande-t-elle. Grazzia : « Dans les vers de Tasso, où comme reliques
dans un tabernacle, votre nom, vos louanges, vos vertus seront devo-
tement adoiés par les fidèles d'Amour ». Ces beaux espi-its jugeaient
tout naturel d*élever un monument k la gioire d*une courtisane, et il
faut avouer que leur entreprise a été sanctionnóe par le succès : à lui
seul le dialogue d'Amore assurait Timmortalité au nom et à la beaulé
de Tullia d'Aragona.
Dans la préface où Barbaro dédie à Ferdinand Sanseverino, prince
de Salerne, Tédition des dialogues de son ami, il lui rappelle le dialo-
gue d'Amore comme savant, agréable, élégant : dotto, piacevole^
elegante^ s'altro si truova. On ne peut mieux le juger.
Sperone Speroni ne s'est pas borné à célébrer les charmes de la
maitresse de Bernardo Tasso. Farmi Ics personnes que Barbaro, dans
sa préface, mentionne comme ayant approuvé les dialogues, Pon ren-
contre « Tillustre Beatrice Pia ». 11 s'agit de Beatrice degli Obizzi, qui
figure parmi les dames auxquelles Luigi Alamanni a offert Tencens
de ses vers et d'un amour, tantòt réel, tantot de pure convention.
Dans trois des dialogues, il est question de Beatrice Pia. Le second,
della Dignità delle Donne, lui est tout entier consacré. Les interlo-
cuteurs sont Michele Barozzi et Daniel Barbaro. Celui-ci rapporte k son
ami une conversatìon à laquelle TObizza a pris part et où elle a soutenu
que la dignité de la femme consiste dans la soumission à son époux.
L'entretien avaìt eu lieu à un moment où le seigneur degli Obizzi
devait quitter Padoue pour Ferrare où Tappelait la necessitò de sur-
veiller ses biens. En acceptant ce déplacement, Beatrice faisait un
sacrifice, car sa sante se trouvait beaucoup mieux de Tair de Padoue
que de celui de Ferrare : « Mais le désir de son mari et son amour pour
lui pouvaient en elle plus que le souci de sa personne. Pour cette
raison, comme une dame sage, ainsi placée entre le plaisir et Tennui
de son départ pour Ferrare, elle n'est ni affligée ni contente. »
— Barozzi : 'c Gela lui advient parce qu'elle est épouse, c'est-à-dire
esclave de son mari.... » La remarque fut faite par Brevio un soir de-
vant Beatrice elle-méme, et ainsi s'engagea la discussion.
I DODICI CANTI 379
Dans le dialogue delle Laudi del Cathaio villa della S, Beatrice
Pia de gli Obici, les deux interlocuteurs sont Morosini et Portia.
Pendant que Beatrice, Alamanni et Varchi se promènent ensemble,
Morosini emploie un tour ingénieux pour célébrer les raórites de Bea-
trice, tout en faisant la cour à la jeune Portia, qui de son coté parait
disposée à bien accueillir, à l'occasion, les bommages de Varchi.
« Votre nom, dit Morosini, a été choisi par raoi comme un taber-
nacle dans jequel, sur l'autel d'Amour, serait place mon Dieu ; pour
cette raison si parfois je m'indine et vous honore, je fais (et je fais
bien) ce que nous faisons dans nos temples, où ne pouvant à tonte
heure toucher ou voir les reliques des saints, nous embrassons dévo-
tement les ferrures et les marbres de leurs chàsses. Donc, désormais,
acceptant mon sacrifice, quMl ne vous pése point que dans le son de
votre nom, pendant que je le prononce et Thonore, mon àme censi-
dère son paradis et puisse adorer la divinité de Beatrice. » Ges com-
pliments ne satisfont qu'à demi la jeune fille qui aimerait mieux étre
aimée pour clle-méme, et il doit vers la fin les reprendre en décrivant
de fa^on flatteuse les charmes du tabcrnacle auquel il Tassimile.
La villa eile-méme n'est point décrite. 11 est question du cours de
Bacchinone uniquement pour y trouver un prétexte à l'éloge de Bea-
trice. Les passages qui intéressent aujourd'hui sont ceux où dans
quelque mesure Alamanni est en cause. A un moment Morosini prie
Portia de parler baspour ne point attirer sur eux Tattention de Varchi.
Elie répond : » Varchi n'est pas tellement dépourvu de sens que son
atlention, lorsqu'il parie avec la Signora et l'Alamanni, se porte à
autre chose qu'àles regarder et à les écouter. »
En parlant de ceux qui sans étre beaux peuvent inspirer l'amour
par leur mérite de poètes, Portia cite Varchi et ajoute : « J'en dirais
tout autant de l'Alamanni qui, à monjugement, est un des plusnobles
génies que j'aie jamais rencontrés. » Mais Morosini trouve l'éloge
insuffisant : '< L'Alamanni n'est pas seulement poète, mais il est beau
et délicat outre mesure. 11 est tei que bien qu'il mérite tout votre
amour, néanmoins, comme il est dangereux de lui vouloir du bien et
qu'en l'aimant vous éprouveriez probablement ces feux, ces glagons,
et ces autres déplaisirs que je ressens, je vous conseille, dans votre
intérét, de ne point l'aimer. — Portia : J'aimerais mieux un sonnet
fait à ma louange par l'Alamanni et le Varchi que d'un prince un
présent de mille écus. »
Vera la fin Morosini essaie encore de center fleurette à Portia, mais
celle-ci détourne la conversation et nous avons ainsi quelques détails
sur les inconvénients de la villa et l'hospitalité que ^Varchi et Ala-
manni y recevaient : « 11 vaudrait mieux me parler des serpents et des
cousins qui rendentle Cathaio inhabitable enété,et m expliquerpour-
380 I DODICI GANTI
quo! des bétes ausai nuisibles et viles ont pour partage la compagnie
de Madame Beatrice. — Morosini : Qui sait si les cousins et les ser-
pents ne sont pas les colères et les soupirs amoureux du Bacchinone
et de la montagne, carje ne crois point que leur amour soit plus
heureux que le mien. — Portia : S'il en était ainsi, les soupirs du
Bacchinone le vengeraient fort bien de qui le fait soupirer, parce que
les cousins nous piquent d'apre manière et ne nous laissent point
reposer, et que les serpents, parfois, sont venus jusque dans nos
chambres : oui, avant-hier, sous le lit de TAlamanni et du Varchi, on
en a trouvé un grand et horrible, et on a eu beaucoup de peine àie
tuer. Morosini: Peut-étre ce serpent signifiait-il la jalousie et Tenvie
que le fleuve porte aux rivaux que vous recevez ici ; peut-étre vaincu
par ladouceurdesversdes deux poètes divins, entra-t-il dans la mai-
son pour les écouter, et ce fut péchó que de le tuer. »
Le dernier dialogue a pour titre : Dialogo intitolato Panico etBichi.
Panico, jouant aux tables avec une très noble dame, a gagné lapartie,
mais ne sachant quel prix lui demander de sa victoìre, il n*ose méme
plus la revoir. Bichi maintient que, pour lui, s*il jouait une discréHon
avec sa dame, il n'hésiterait pointàluiréclamerquelque grande faveur.
Les amants modestes aiment souvent de Ielle sorte qu*une dame ne
B^en doute pas. Panico resiste : il ne peut que s'incliner avec venera-
tion devant les vertus de cette dame comme devant les choses divines.
Ainsi la discussion se continue, les deux amis soutenant chacun sa thèse
jusqu'à la fin. La dame n'est pas nommée, mais les lignes suivantes
désignent assez une Beatrice : Panico : Al parlare ^ voi mostrate
sapere chi è la donna della quale noi ragioniamo. Bichi : Per certo
qualche cosa mi fo à creder di saperne, risguardando alle lode^ che
voi le date ; le quali sono proprie d'una signora, il cui nome, non
che altro, ha vertii di far beato chi le è fedele.
Il semble évident que la seule Beatrice dont il puisse élre question
ici est Beatrice Pia, TObizza célébrée dans les deux autres dialogues.
La part faite à Alamanni dans mon introduction à propos du manus-
crit où j'ai puisé les Dodici Canti, m'a paru autoriser ce rapide exa-
men des dialogues de Sperone Speroni où il est parie de Beatrice Pia
et d'Alamanni qui la chantée. La grande dame si respectée que Spe-
rone lui consacre le dialogue sur la Dignità des Femmes et que par-
lout son nom n'est prononcé qu'avec une vénération pieuse, accueille
dans sa villa du Cathaio les poètes qui, en retour de sa protection,
célèbrent sa beauté et ses vertus, et Alamanni est du nombre. Si Ton
se reporte à ce que le dernier biographe d'Alamanni dit des relations
du poète et de Beatrice, on trouve seulement : « Alamanni la vit à
Ferrare lors de son voyage de 1539-1540 ; peut-étre la rencontra-t-il
encore en 1541 lorsqu'il se rendit à Venise. Nous ne savons rien de
I DODICI CANTI 381
plus sur les relations du poète et de la belle Ferraraise ; c*est à ses
vers qu'ìl faut demander le reste, et ce reste se réduit à fort peu de
chose*. » Je ne sais si je me fais illusion, mais la présence de TAla-
manni au Cathaio, ces promenades, où avec Varchi il accompagne
Beatrice, ces entretiens dans les jardins de la villa» cette hospitalité
qui dure plusieurs jours, jusqu'à cette aventure comique des deux poètes
trouvant sous leur lit Thorrible serpent que Ton occit à grand'peine,
me paraissent nous introduire dans Tintimité du poète et de celle qu'il
honorait de ses vers. Dans ces conditions, je ne pouvais negliger d*in-
diquer une source où Ton puiserait ancore avec profit, et d'apporter
une modeste contribution à Thistoire des belles dames du XYI® siècle
et de leurs adorateurs ou de leurs protégés.
M. Hauvette a emprunté à Benvenuto Cellini un court portrait
d'Alamanni : era bello d'aspetto e di proportion di corpo e con suave
voce^. Sperone permet d*ajouter à ces traits, d*ailleurs si bien choisis
par le grand artiste : « il est non seulement poète, mais il est beau et
délicat outre mesure ». L'excèi de beauté dont la délicatesse est un
des caractères, parait un trait tout féminin, et le dessin de la pbysio-
nomie de Taimable poète gagne sùrement en vérité à étre ainsi achevé.
Le portrait que M. Hauvette reproduit en tète de son livre, d'après
Tédition de VAvarchìde (1570), date óvidemment de la vieillesse
1 Op. 1. p. 166. Dans les lignes qui précèdent, M. Hauvette dit : « Bea-
trice Pia, secondo fille de Lodovico Pio, était issue d'une famille prin-
cière qui, dans une residence de troisième ordre. Carpi, avait donne à
la Renaissance quelques-uns de ses Mécènes les plus distingués. »
Cette tradition se continuait dans la famille, car je vois que TAtanagio,
dans le commentaire de l'un de ses sonnets adressés à Ridolfo Pio, car-
dinal de Carpi, dit de lui qu'il était un des plus anciens et plus aima-
bles seigneurs et bienfaiteurs qu'il avait eus à Rome.
Telle que Beatrice nous apparait dans les dialogues de Speroni, son
attitude tient en eftet du Mécène, de méme qu'il y a une nuance particu-
liòre dans les louanges qui lui sont offertes. Le sonnet de Varchi que
M. H. cite page 168, après avoir énuméré en un quatrain les autres fem-
mes aimées par Alamanni, finit par une image grandiose en Thonneur
de Beatrice : De méme qu'une source abondante, après avoir embelli
tour à tour ses deux rives (ici les noms des simples mortelles),
Poscia raccolte in un sue forze al fine
Per dar suo dritto a Teti, con dorate
Arene entra nel mar carco di prede ;
E voi raccolto ogni sapere e fede,
Neil' ampio e cupo mar delle divine
Lode di Beatrice entrate.
* Op. Lp.113.
382 I DODICI GANTI
d'Alamanai ^ : les Iraits sont nobles ; les yeux, très beaux, grands et
doux, atténueat le caractère de sévérité qu'imprime à catte figure d'une
régularìté classìque le nez droit et fort qui s'était sans doute accentué
avec les anDées. Le charme d'une beauté delicate s'était effacé avec la
jeunesse, ce charme qui readait, comme le dit Morosini à Portia, si
dangereux de Taimer : cosa pericolosa il volerli bene.
Ili
De Vauleur des Dodici Canti,
Dans mon introduction (V, VI), après avoir décrit le manuscrit où
a été conservò le texte des Dodici Canti ^ j'avais jugé que la mention
suivante inserite à la première feuille de garde, Manoscritto originale
di alcune poesie inedite di Luigi A lamanni et del SusiOf obligeait à
se demander si les Dodici Canti pouvaient étre attribués à T Alamanni.
J*avais d'ailleurs note déjà qu*un paraphe qui revient deux fois dans
le manuscrit me semblait réunir les initiales L. A. Je me bornais
finalement à citer deux pièces de l'Alamanni où sont exprimés des
sentiments que Ton rencontre aussi dans les Dodici Cantiy et je
disais : <( Je ne me crois pas autorisé à tirer une conclusion des indi-
cations que j*ai rapidement réunies; mais je ne pouvais éviter, engagé
que j'étais à le faire par le titre méme du manuscrit, de les soumettre
au lecteur. D'autres plus compétents, si Tobjet leur paraìt mériter
quelque intérét, décideront avec sùreté s'il n y eut entre Alamanni et
Tauteur des Dodici Canti qu'une communauté de sentiments, une
baine éga*e pour le nom des Médicis. »
1 Op. 1. p. 95. M. Hauvette a essayé de peindre, non seulement, la
physionomie morale du poète républicain et patriote, mais sa physiono-
mie proprement dite : « Si son visage réflétait exactement son àme, ses
traits devaient avoir une expression grave et douce, d'une gravite
qu'avaient accentuée les mécomptes et les tristesses d'une vie agitée, d'une
douceur qui était innée.... Causeur aimable dont le regard devait sou-
vent se voiler de mélancolie... ». Ce n'est pas le portrait complet d'un de
ces poètes de la Renaissance qui consacraient à l'amour une bonne pari
de leur temps et de leur talent. Alamanni a aimé beaucoup et a su se
faire aimer : il plaisait aux dames parce qu'il était bello et delicato oltra
misura. Et ses amours pour Flora, Cynlhia, la Ligura pianta, la Vermi-
glia Rosa, Beatrice Pia lui ont diete tout un Canzoniere, L'expression
mélancolique me paraìt très contestable.
I DODICI CANTI 883
Donc, j« n'avais point d'opinion faite, je m'en remettais à celle des
plus compétents.
M. Henri Hauvette, qui préparait alors son ouvrage sur Alamanni,
s*émut de rhypothèse, si discrètement présentée, et, dans le Giornale
storico della Letteratura italiana (t. XK.XV, p. 171-172), se hàta
d'annoncer qu'il serait « bien aise de couper court, sans plus tarder,
à rhypothèse extraordinaire, gràce à laquelle M. Castets croit avoir
découvert l'auteur de ces Dodici Canti ».
Pourquoi dire que je crois avoir fait une découverte, quand je ne le
dis pas moi-méme ? Avant la publication de Touvrage de M. Hauvette,
je ne soup^onnais point que Ton ne pouvait parler d'Alamanni sans
entrer dans une chasse réservée.
A propos de celui des titres du manuscrit que je viens de citer, je
remarquais : « La menlion de manuscrit originai, donneo au titre du
recueil, pouvant s'appliquer à la première partief m'amenait à exami-
ner si nous ne posséderions pas un texte autographe de Luigi
Alamanni. » *
M. Hauvette réplique : « Tout d'abonl, il n'est pas exact que le
ms. 8583 de TArsenal attribue ce poème à TAlamanni. »
Mais je ne Tavais pas dit !
Dans sa thèse, M. Hauvette se borne à dire que Tattribution à
Luigi Alamanni est « une supposition absolument gratuite^ et à
Tappui de laquelle on ne saurait faire valoir méme Tombre d'un argu-
ment : aussi écbappe-t-elle à toute discussion » ^.
S'il en est ainsi, il était dono superflu d'exposer une discussion si
développée dans le Gioitale. Je réponds à la pensée, et ne m'anéte
pas à la forme qui cependant n*est point sans intérét.
M. Hauvette a d'ailleurs raison d'écarter Tattribution à Luigi Ala-
manni. Il connait Técriture de ce poète et elle ne ressemble point à
celle du manuscrit des Dodici Canti, En second lieu, la biograpbie de
l'Alamanni, ielle que M. Hauvette la minutieusement établie, ne
permet point d'accepter que l'auteur de la Coltivazione ait vécu à la
cour d'Urbin.
Mais il est fàcheux que les réserves que j'avais si clairement
expiimées, aient paru indignes de Thonneur d'une simple raention.
1 Le mot inedite n'était pas absolument injustifié, et je constate
aujourd'hui que d'après M. Hauvette lui-méme, si d'une manière generale
les nombreuses poésies données dans le ms. de l'Arsenal comme de
l'Alamanni, soni empruntóes à une édition, il en est une assez importante,
qui lui a paru inèdite, sur Tauthenticitó de laquelle il hésite à se pro-
noncer, et qu'il a imprimée dans sa thèse, comme j'avais imprimé les
Dodici Canti,
a Op. 1., p. 421.
384 I DODICI CANTI
J'avoue encore que j'ai vu avec quelqiie surprise que les brèves
indications que j'avais données sur les sentimeuts de TAlamanni, aussi
bien que les citations de vers caractéristiques, aìent été puremeDt
négligées, soit dansTarticle du Giornale, soit surtout dans la thèse de
M. Hauvette. Je lis dans 5elle-ci : « Le souvenir de TArno remonte
à sa mémoire lorsqu'il regarde d*un ceil d'envie le calme avec lequel
la Seìne serpente au milieu d'heureuses et libre s campagnes ; lorsqu*il
voit le laboureur frangais creuser paisiblement son sillon, c'est encore
vers la Toscane terrorisée par l'étranger que se reporte sa pensée » *.
J'avais cité, avant M. Hauvette, les quatrains auxquels il renvoie
en note ; mais^ en effet, rien ne Tobligeait à mentionner autre chose
que rhypothèse dont il avait été choqué.
M. Hauvette s'étonne que j*aie pu seulement concevoir la pensée
qu'Alamanni ait jamais écrit un poème aussi <( détestable » que les
Dodici Canti. Mais il avoue lui-méme que dans le Gyrone « la versifi-
cation méme et le style accusent une négligence surprenante chez
Tauteur de la Coltivazione'^ il est visible aussi que Tobligation
de rimcr Ta souvent gène, lui a suggéré des expressions impropres et
Ta parfoisconduit à écrire des phrases à peu près incompréhensibles,
à force d'inversions et de périphrases '. ... Il est sans doute possible
de parcourir sans ennui un ou plusieurs morceaux bien choisis du
Gyrone, mais non pas l'ensemble de Toeuvre » *. Je ne disais guère
autre cbose.
M. Hauvette ne se rend peut-étre point compte que d'autres que
lui jugent plus sévèrement encore le Gyrone, moins sévèrement les
Dodici Canti, et trouvent par conséquent qu*attribuer à l'auteur du
premier de ces romans la patemité du second n^tait pas en soi
cbose tellement irrévérencieuse. On serait d ailleurs en droit d'étre
« Op. 1., p. 180, n- 3.
2 Op. 1., p. 328.
■ Op. 1., p. 329. M. Hauvette cite à ce propos une octave qui cut dù le
rendre plus indulgent pour les Dodici Canti :
Non vedete voi ben, signor mio caro,
Che amor fu prima et la natura al mondo
Che aspra legge facesse il nodo avaro
Del sponsalitio duro et ingiocondo?
Che i padri empi et le madri a paro a paro
Ne congiungesser, lassi ! et non secondo
Il naturale desio che ne sospinge,
Ma secondo che '1 commodo dipinge.
L. V, st. 130.
* Op. 1., p. 331.
I DODICI CANTI 385
moins rigoureux pour l'oeuvre qui n'a pas été achevée et revue que pour
celle que Tauteur a imprimée.
Dans Tarticle du Giornale, M. Hauvette déclare qu*il serait étrange
qu'Alamanni, u dont revolution classique s'accentuait de plus en plus
avec les années, se soit avisé de composer vers quarante ans le détes-
table poème dont on veut le rendre responsable*. G'est avec des prin-
cipes bien différents qu'il devait entreprendre, quelques années plus
tard, de traiter la matière de Bretagne ».
Je note en passant qu'Alamanni, né en 1495, avait exactement
quarante ans en 1535, que la composi tion des Dodici Canli se place
entre 1534 et 1538, et que l'auteur de ce roman était ago de 40 ans
quand il Ta commencé, ce qui prouve qu'il était exactement contem-
porain d'Alamanni ; mais je ne prétends rien induire de cette concor-
dance de dates. J'admiie piutòt comment M. Hauvette, dans sa thòse,
a pu si complètement oublìer ce qu'il avait écrit dans le Giornale,
11 y professe en effet, au sujet du Gyrone, une opinion très differente.
11 dit que « c'est un arrét, presque un recul, dans revolution de plus
en plus classique qui le portait vera la reconstitution des genres cui-
tivés par les anciens » ^. A la page 326, M. Hauvette déclare que la
seule intention classique que l'on découvre dans le Gyrone est que
ce poème est divisò en livrea et non en chants, et que € ce n'est
guère ».
Mais le Gyrone est de 1548. Il n'y avait donc pas lieu de parler,
dans l'article du Giornale, de revolution classique d'Alamanni à pro-
pos des Dodici Canti, qui sont antérieurs de dix ans au Gyrone^ où
le goùt classique d'Alamanni se trahit uniquement par la substitution
du mot Livrea à celui de Chants.
« Le Seul crime du poète italien », dit M. Hauvette, à propos de ce
malheureux Gyrone, « et il serait difficile d*en imaginer un plus grave,
est de n'avoir pas essayó d'étre lui-mème ; c'est d'avoir reproduit, avec
une exactitude presque mécanique, un roman assez mediocre, sans
que, à aucun moment, son tour d'esprit particulier y ajoutàt rien
d'essentiel hi ,
Tout cela est, en efiet, très exact^ et Alamanni est un grand cou-
pable d'avoir rime ce poème aussi ennuyeux que long. Mais pourquoi,
si d'autres raisons ne s'y opposaient. Alamanni, avant de se résigner
à imiter un vieux roman pour faire plaisir à Francois I*', n'aurait-il
* Un auteur est responsable de ce qu'il publie , non des notes , des
ébauches plus ou moins réussies, plus ou moins informes que Ton trouve
dans ses papiers.
» Op. 1., p. 332.
3 Op. 1., p. 328.
386 I DODICI CANTI
pas esaayé de composer une epopèe romanesque sur les traces de'
Boiardo et d'Arioste? Cette hypothèse n'est point justifiée par les
faits, soìt, mais en soi elle n'avait rien dont pùt s*effaroucber la
conscience de critique la plus scrupuleuse.
Le domaine des lettres doit étre une Terre de VériLé, comme
l'empire du Prétre-Jean, mais ce doit étre ausai un pays de liberto et
d'échanges faciles. J'avais soumis un cas aus gens compétents : plus
heureux que Guerin consultant les Arbres du Soleil et de la Lune, j'ai
eu une réponse immediate et que je crois definitive, et j'aurais mau-
vaise giace à raisonner davantage sur les termes de Toracle. Je
n'ajouterai qu'un mot. Dans ces corapléments à mon introduotion, j'ai
dù parfois me séparer de M. Hauvette sur quelques points dont je ne
m'exagère pas Timportance. Je crois avoir rempli ce devoir sans
ressentir aucune joie à redresser mon prochain, sans permettre à ma
piume aucun écart qui pùt rappeler ces zanzare du Cathaio qui, pun-
gendo aspramente, troublaient les nuits de Beatrice Pia et des poètes
ses bòtes.
En relisant les Dodici Canti, j*aurais aimé à trouver enfìn quelques
indications précises sur la personne de Tauteur. Je vois qu'il faut me
borner à renvoyer à ce que j'avais dit d'abord et à mieux presentar
les dates sur Icsquelles je viens d'appeler Pattention.
L'auteur parie toujours de Francois-Marie comme d'un personnage
vivant, et fait allusion au pontificat de Paul HI, qui ceignit la tiare
en 1534. Francois-Marie mourut en 1538. L'on a donc une période de
quatre ans où Fon peut piacer la compositìon du roman. L'auteur Ta
commencé à Tàge de 40 ans. La mort de Frangois-Marie suffìraìt à
explìquer pourquoi les Dodici Canti sont restés à Pétat d'ébaucbe
incomplète ^
Je sais qu'il doit m'étre difficile d'apprécier avec impartialité un
roman auquel j'ai fini par m'intéresser, en raison de la peine et du
temps qu'il m'a coùtés. Cependant, je n'en suis pas moins tenu de
dire ce que j'en penso. Je trouve odieuse et abominable tonte lliistoire
imaginée par Alfégra pour tromper Roland. L'anneau de Gygès est
prétexte à détails érotiques, dont l'on est justement froissé. La scène
où la fille de Phòtelier, une fois détrompée par Bradamante, va cber-
* Dans une lettre aimable et encourageante (mars 1900), M. Emilio
Teza, tout en m'engageant, avec sa bonne gràco ordinaire, à renoncer à
rhypothèse de rattribution à l'Alamanni, et en m'indiquant dlverses
fautes du texte ou de l'imprimé qui avec d'autres auront leur place à
Veì^rata^ me proposait pour ce poème le titre de V Angelica : il me tenterait
fori; mais je crois plus sur de conserver la simple designa tion ducata-
logue : celle-là du moins échappera à tonte critique.
1 DODICI CANTI 387
cher une consolation auprès de Serpentin, a élé suggérée par le
passage du Guerino, où le chevalier renvoie la fille de la maison à
Brandis, son compagnon de voyage. Le personnage de Sylvana est
d'une heureuse invention, et les aveniures de Renaud et de Guerino à
la cour de Grenade ne manquent pas d'intérét. Pour le reste, il me
semble que Tauteur conte agréablement, pose bien ses personnages,
sait conduire le dialogue, emploie assez heureusement les éléments de
la Fable, place à propos ses réflexions morales. Je tiens compte évi-
demment de Tétat d*imperfection où le texte nous est parvenu? En
matière épique, méme dans ce genre romanesque, dire que les deux
tiers d'un poème supportent la lecture, est en somme un éloge. Mon
opinion est que les Dodici Canti le méritent ; mais, je le répète, cette
opinion est à priori suspecte. Resterait à f aire le départ des emprunts
faits à Boiardo et Arioste et de ce qui est de Tinvention propre de
Tauteur, mais ce serait le traiter en classique et dépasserla mesure.
Que dire de Thomme lui-méme, si ce n'est qu'ilfut un des pensiona
naires des ducs d*Urbin, qu'il chantait avec d'autres dans la volière
dorée, où ces princes riches et généreux appelaient les beaux esprits?
Cette domesticité brillante ne leur pesait point, à en juger par ce
qu'en rapporte avec admiration un de ceux qui la partagèrent à Urbin,
un peu plus tard que l'auteur des Dodici Canti : Ritrovaronsi ranno
1558, a la corte d'Urbino, antico ricetto di tutti gli huomini valorosi,
molti grandi et illustri poeti, do furono M. Bernardo Cappello,
AI, Bernardo Tasso, M, Girolamo Mutio, M. Antonio Gallo, et più
altri; i quali non facevano altro, che, quasi candidi et dolcissimi
cigni, cantare a gara, et celebrare co loro versi la eccelsa bellezza et
la molto più eccelsa virtù de la Illustrissima Sig. Duchessa *.
Ainsi, à l'ombre des della Rovere, se continuai t la féte de la
Renaissance.
Les formes dialectales éparses dans le texte et le long et enthou-
siaste développement en Thonneur de Venìse, permettent, semble-t-il,
de supposer que Tauteur était originaire de la Vénótie. Peut-étre des
recherches dans cette région aboutiraientelles à écarter le voile qui
cache à nos regards curieux un des « cygnes blancs et très doux » qui
chantaient les louangcs de Francois-Marie.
IV
EXTRAITS DU GUERINO IL MESCHINO
Les extraits du manuscrit 491 de la Bibliothèque Nationale que j'ai cru utile
de donner ici, malgré l'état du texte qui est reproduit tei quel, se rapportent à
* Dionigi Atanagio, op» L I, note au f* 196, b.
38S I DÓDICI CANTI
quelques-uns des endroits intéressants du récit. Ils achèveront de donner une
idée de la manière de Tauteur dans le Guerino,
A
Antbnisga dbyamt le Soudan de Perse
Essendo tornato in sullo palazo Talmanzore a lo Mischino cun
molti baroni foi data Tacqua alli mani, et una damicella ionse in sulla
sala aomo lu Amansore soldano di Persia foi posto assidero, la quale
damicella era realimente vestita la quale non mostrava non avere
XIII anni compiuti, cun capilli biundi et tanto bella ch'ella parea
uno angelo di paradiso, et ingenuchiossi dinanti allo suldano cum
dìricto pianto. Ella avea ad secu dui gentili cavallieri et dui gentili
cammarieri et facea si grande il pianto ch*ella non potea parlare.
Dice il Mischino : Ad me indi increscie molto tanto che yo dissi :
singnore, yo vi prego che vuy habiate pietà di questa damicella
che vuy vedete che per dilore non può parlare. Fate che parla uno
di quelli cavallieri per lei di quelli ch'ella ae cun seco. Et ilio
commando ad uno che parlasse per lei et ilio dixe : Santa curona,
questa damicella ene filliola del re di Pers[ep]oli el quale fue Filisteno
el quale Filiste[n]o ave doy fillioU masculi e questa femina, e-Ui
Turchi sotto la singnoria del re Chalismarte li sono venuti adosso
cun UIC milia armati et anno morto il re Filisteno culli dui soi fillioli
et anno presa la cicta de Pers[ep]oli, Erabacta, Cessafia et tucte le
terre di Persia del fiume Uegull in fine al fiume Ulano, et non e da
maravelliare donde era il re Galismarco avia tanta potenza, impero
ch'egli e singnore di Damasco, toni Asalta e Gudea Pulistina to
spinando Saria et Ermunia, Media, Cilica, Panfilia, Isavcra, Liconia,
Pastìgonia et Tribusunda ; et a uno fratello che a nome Astilladoro
chi tene tucto lo resto de Turchia et molti altri provincie et reami ; et
dichi : Mi singnore, comunca fo morto el nostro re si nuy non
avessimo campata questa fanciulla, ella sarebbe mala capitata, et
sapiati che Turchi si moveano et per la Persia cuir armata si veneano
con tra ad vuy, per la Felice Persia, si vu} non riparati. Per dio
siavi recommandata questa pupilla, la quale pupilla, si per lu vostro
aiuto non e vendicata, convien ch'ella vada mendicando. Como scacciata,
ella si recommanda ad [vuy] che siti soldano di Persia.
Avendo il cavallieri compiuta la sua diceria, omne uno sussperava
et cossi il soldano come li altri, dice il Mischino : Ad me incresse di
quella damicella che sempre piangea et non era alcuno conforto ne
speranza di aiuto; yo mi levai in pie et feci riverentia allo Amansore
nostro soldano et dìxi : per lo dio Magomecto, questo ene grande
peccato et pregovi per la fede grande de lo ApoUono di cui o viduto
li alberi, che vuy li dati aiuto.
1 DODICI CANTI 389
B
GuéRIN ENGAGÉ SA FOI A AnTBNISGA
Tornata la bella Antenisca alla cicta de Persopoli, li fecero li citatini
grande allegreza et grandi pìaciri di tinireza, et quando Guerino la
vede si acciese tucto de ardente amore et disse inverso allo cielo :
vero dio, donami gratia che yo mi difenda da questa nostra fragile
carne tanto che yo ritrovo il padre mio et la mia generazione I et
reciputa la dimicella cum grande honore et reverenza renderili la
singnoria et delli per Governaraento tre citatini, el maiore di tucti tre
fue Permidesse. Et non passarino cinque iurnì che Persenico nepote
de lu Amansore se innamoro de Antenisca et incommiriciao secreta-
mente ad odiare Guerino, et per timenza de la sua spada non si
demostrava et anche timea la gente di Toste, perche Guerino era
molto amato da tucta la genta di arme. Et essendo uno di Guerino
nella sua cammera infra se stesso si lamentava et doleasi del camino
chi avea affare secundo la ressposta ch'egli ebbe delli arberi del
Sole che in Ponente saperebbe chi fosse la sua generatione. Esseado
in questo pensiero, ionse allui quello citatino chiamato Permidesse et
poi eh' i-l'ebbe salutato si presero per mano, et de molte cose
raionando Permidesse infra Taltre cose che ilio raiuno, fue che ilio lo
commincio a pregare che-Ili fosse da piacere di pilliare Antenisca per
mullie et egli si facesse singnore del reame de Persopoli. Guerino li
resspose : nobile amico, ad me convene primo cercare li parti di
Ponente per commandamente di Apollo, ma prima cacciaremo li Turchi
da tucta Suria. Et Permadesse torno culla ressposta ad Antenisca la
quale udita la ressposta mando a dire ad Guerino che li andasse ad
parlare. Et ilio inchi andò et ella lo commincio a pregare dolcimente
che-Ili fosse di piacere de non si partire da Persopoli et che ilio
pìlliasse la singnoria de Persopoli ; et Guerino resspose suspirando
ch'egli non potea al presente perche egli avea ancora a-ccercare mezo
il mundo et ella comincio a-Uucrimare et disse : singnore mio, yo sus-
perava (sic) socto la vostra spada vivere secura nel regno che vuy mi
havite renduto, et per questa cagione ve iuro et per tucti li dei, corno
yo sentirò che vuy siati partito, yo culli mie proprie mane mi occidero
per vostro amore, se vuy non mi promectite, fenito vostro viaìo, che
vuy tornareti per me, et yo vi iuro asspectarivi dechi anni che mai
non toiliero marito. Disse Guerino : nobile dompna, non dire, per
dio, che tu saresti vecchia Et ella resspose : Di questo non mi curo,
puro che vuy iurati di tornare ad me et di non torre altra dompna. Et
mentre che queste parole erano tra loro, ionse Permidesse el citatino
et Amidiosca l'ostieri et missere Amorrecto filliolo de l'ostieri, facti
richì per la virtù di Guerino, et qnistoro dissero a-lloro secreto parlare
390 i PODICI CA^Tt
et seppino come egli circava il padre suo et la ressposta eh' egli avea
udito d'Apollo e da Diana; et recommandata loro Antenisca jurolla
per sacramento per sua dompna et legitima sposa in presentia de
quistosro tre^ et promisi di tornare infra X anni et che si in questo
tempo non tornasse, ch'ella fosse libera et potesse tollero marito; et
iuro per la fede del summo Dio non tollere altra dompna che lei per
[moglie et] questa iuro per tue ti li dei non torre altro marito, et questi
tre fossino testimonìi et jurarano de nella abandonare mai, et [che]
la guardia de la sua bella persona remanesse [a] li tre, et cossi basa-
rano in bocca cullo Mischino che ssi ghiamava Guerino impalmati, et
iurati la fé tucti li quatro ussirino da la cammera et Taltra malina
fecero radunari tucti li maiuri de la cicta et molti altri gentili homini
del regno soctoposti allei et foi per tucto deliberato che la dompna
Antenisca fosse reina del reame ma ch'ella non portasse curona da
quello di insino ad X anni, che Permidesse e Aminigra fossero bali
da la fanciulla; e appresso ordinarano che-Ila gente si mietesse in
punto per cavalcare et cacciare li Turchi di tucto il paese di Persia et
de Seria, et passati dechi iurni, si parti da Persopoli cum cinquanta
milia Persiani, et Antenisca lasso piangendo, et andarono verso de
una cicta di Persia Tinticha, e come savio capitano inchi posse il
campo perche ancora la tinevano li Turchi.
C
PORTRAIT DB LA PRINCBSSB RaMPILLA
Essendo partito il famiglio de Rampilla la quale era grande de
persona et bene informata, et era negra quanto uno carbone
spento, cullo capo ricienuto e-lli capilli incresspati, la bocca grossa
de multi dienti tucti bianchi, occhi rossi chi pareano de foco, disse il
misso : Diciti ad Guerino che yo li servo la mia virginecta.
D
Entrée db Guérin chbz la Sibyllb db Cumes
Aperta la porta, lo Mischino entra dentro a di settanta una di
cansere et ad bora X1I« del di, et questi damicelle dissero : Ben sia
venuto missere Guerino; multi dissero che nuy sapiamo la vostra
venuta. Et questi erano tre daroicelle tanto polite et belle che lengua
mia nello poria dire, tanto era la loru belleze; et quando intrava
dentro mi dava lu sole alla faccia, et achiusa la porta, Tuna de loro
mi disse cun uno falso riso : Custui sera nostro singnore. Ma yo li dissi
tra me stesso : Tu non pensi bene. Et una mi levo la borrecta et la
tasca et l'altra prese lu donpieri ; la terza mi prese per mano, et yo
I DODICI CANTI 391
possi la spata alla vagina, et colloro mi ìabiammo et passammo una
altra porta, et iongemo ad uno grande iardino sottu ad una bellissima
logia tucta storiata, et-cqui erano più di cinquanta damicelle Tuna più
bella et Taltra più, et tucte se revolsino verso me, et in mezo di loro
era una dompna allo mio parere la più bella che yo havesse ma^
viduta, et una di quelle tre ch'erano cum mico mi diesino : Quella ene
madompna Sibilla. Hit inverso lei andavamo, et ella venia verso noi, et
iunto presso a-llei mi inchinai, et ella si inchino ad me et presimi per
mano et disse : Ben venga missere Onerino. Et yo la salutai in questa
forma : Quella virtù che vuy aviti più speranza ve aiuta. Et mentro
che yo favellava, ella si sforzava di farimi bello sembianti, et tanto
era la sua vacheza ad videre che omne corpo humano inde seria ingan-
nato, et cum dolci solazi di risi et di belli recoUentie, et data in lei
tucta belleza et honesta, et li membri sono de smisurata gentiliza et
di grandeza più comunale et tanto colurita che quasi del mio prepo-
sito mi cavo, et era smarrito tra multi rosai pieni di spine, se Dio,
per la sua gratia non mi avesse facto tornare la mente al pecto, et
dixi tre volte: Ihesu Nazareno, liberami di questa iacantacione! et
dixili tra me nel mio core. Et ragionando cuUei, la falsa mi rivolta si
partio da me, et ella mi incomenza a dire tucte le pene eh' i avea sus-
tenute da quel punto che Alexandre mi avea fatto libero per fine ad
questo lamento che yo facea cuUei, tucto lu viagio che yo avea facto
tuctu mi disse, et poi [disse] : Voghio che tu venghi et vidi se yo one
de lu thesoro quanto il Presto lohanne. Et menommi in una sua cam-
mera del palazo suo eh' era uno palazo grande et reale, et mostrommi
tanto boro e tanto argento et tante perne et tante petre preciose et
tanti iohelli et tanti richeze che ss'elli non fossero cose false, tucto
questo mundo che yo havea cercato, non valea la terza parte. Et poi
tornammo in una sala multa ricca equa inchi foi apparechiato da man-
giare et posto ad mangiare da tante dammicelle eh' inchi serviano
eh' era una cosa maravellìosa ; et quando aveamo mangiato mi meno
in uno iardino che mi parea essiri intrato in uno paraviso novello nel
quale erano de tucti li fructi chi per lengua humana si poctessero
contare, et per questo conobbi eh* erano cose [fatate] * perche erano
multi fructi fore de stagione.
E
GU^.R1N RESISTE AUX SBDUGTIONS DB LA SlBYLLE
La sera foi minato in una ricca cammera e-Ua Sibilla venne ad
tucti quelli piachiri di lochi et di solazi chi ad uno corpo humano si
J Ms. fatale,
26
392 I DODICI CANTI
potesse fare per farilo innamorare. Et quando jo foi intrato nel letto
ella mi si culco al lato mostrandomi la sua bella persona e-lli soi
bianchi carni e-lli memelle chi proprio pareano de avolio ; et yo Mis-
chino da capo ripiiso foi da lu ardente amore, et factomi il signo de
la croche per questo non si partiva la Sibilla, ma per venire allo
effecto de lu suo desiderio più ad me si accostava, et yo rìcordato de
li parole de li tre romiti dissi tre volte : Ihesu Nazareno Christo, tu mi
aita. Dissi celatamente dentro lo mio core questo nome ; eni di tanta
virtù che comò yo Tebbe dicto, ella si levo foro de lu lecto et partiosi,
et non sapea quale era la cagione che la facea partire ; et yo rimaso
sulo tucta la nocte dormivi in pace senza essiri combactuto da ley ne
de altre fate, et nissuna s'^ppe la-ccagione. Ad questo si videa che lu
animo de In homo non posano sapere elle, si parlare noUo fa manifesto.
Culla gratia de Dio, dice il Mischino, yo dormivi tucta la noeta
e-lla matina a bona bora la Sibilla mi venne ad visitare cum molte
damicelle : et quando foi levato mi fo apparicbiato una bella robba di
seta, et uno portante leardo, et montai a-ccavallo culloro et fo quello
di menato per una bella pianura et vidi questo ch*era il mercoridi, et
questo di mi fo mostrato tucto lu paesi de la sapia Sibilla, et promic-
teami de farimi singnore; et vidi molte castelle et ville, et viddi molti
palaggi et molti iardeni ; ma yo inmagitiai tucto quei^to essere incante-
simi, perche in poco loco de la montanghia non era possibile che tante
cose capessero, et pero imaginai che tucte erano cose [fatate] ', et
mostravami quello che non era e pareami fare quello che yo non facea.
La Sibylle a raconté à Guérin son histoire, lui a expliqué savamment comment
l'homme est compose de trente-quatre élénients, et lui a dit les raisons de la
diversìté des formes que ses sujets prennent lors de leur métamorphose en
serpents. L*extrait suivant comprend les faits depuìs cet entretien jusqu*au
jour où Guérin recouvre sa liberté. après avoir passe un année entière dans
le séjour de la Sibylle. En sortant. il retrouve Marco, personnage condamné
au supplice de servir de pont pour pénétrer chez la Sibylle. - Je reproduis
le manuscrit sans essayer de le corriirer. car il en est d^autres certainement
infiniment meitleurs. Le livre de la Sibylle est cependant celui où le copiste
parait s*etre le plus applique à ne pas gàter le texte.
Poy che yo ebbe ìntiso la ccagione de li sopradicti vermini e '1
perche illi deventavano de divariati condicioni, et comò erano appro-
priati ad secti peccati mortali, rendivi gratia a Dio et pregaillo che
mi guardasse da tanta miseria et pregaillo che mmi desse gratia che
yo eusisse sano de Tanima et de lu corpo, et che yo ritrovasse il patre
mio e Ila mia matre et alla fine mia mi diga gratia de mi salvari
« Ms. Fatale,
I DODICI CANTI 393
ranima mia, et dicoti, luectore, che in quella septimana yo foi multo
stimulato et molestato et tsntato de luxuria cum omne modo de inten-
cione ch'elli sapeano o pothiano sapere, ma yo sempre mi recomandai
ad Ihesu Nazareno Cristo, et lui mi aiutava. Et omne matino yo diceva
li septi salmi penitenciali et multi orationi ; et cum questi fatighe yo
passai quella septimana tanto che yo li vidi una altra volta tramutare
in figura prava et pessima, et quando foruno tornati in loro, yo la
pregai multo per la virtù in che più speranza avea ch'ella mi dicesse
ch*era il padre mio poi ch'ella mi lo avea decto ca lu sapeva. Et ella
mi ressposi de luxuria si lo volea sapere, e yo intacecti et noi li
ressposi. Ella si adiro che tucto lo [ajnno passo, et mai qon appi da
lei altra ressposta ch'indi havesse havuta insino ad questo di essendo
presso ad tre iurni alla fine de Tanno le fate tucti erano deventati
vermi secundo che la divina iusticia havia ordinato, et yo imaginai
corno poetesse sapere chi era il padre mio, et pensando comò mi avea
perduto uno anno, multo mi confortai et deliberaimi di pregare da
capo la Sibilla, et s'ella non mi lo volesse dire per preghieiri, di scon-
giurarila, et comò ella fo tornata in sua figura humana andai a Ilei et
in questa forma li parlai : savissima Sibilla, yo ti prego per la tua
virtù, ti sia di piacere de dirimi chi foruno li mei antiqui et che ene de lu
padre et de la matre mia ad zio che non abia perduta tanta fatiga indanno.
Ella risspose : Ad me incresse che t'o dicto quello che t'o dicto, impero
che tu si nato de gentile linghiaiu et si tanto villano cavallieri. Quando
yo intisi la sua rissposta tucto turbato cum ira parlai verso lei : Per
quella virtù che soleano avere le foghie che tu ponivi insuUu altare,
almeno per quelle cosi vanne forme mostrando vera la tua proficia et
non curavano il suffiare del vento *, ti prego che tu mi lusinghi il patre
mio. E-lla Sibilla s'inde rise et disse : El duca Enea Troyano fo de
più gentile condiccione di te, et per o lu condussi per tucto lo Inferno
et mostraili lu sua padre Anchise e quale gentili Romani che di lua
doveano nassire, profetandoli il ponimento di Roma, comò car disso
Carmen ta matre del Re, et v'andò parlando d'Ercule^, et trasi lo a
salvamento da lu Inferno. Ma toccai a stare tre iurni et si tu remane-
rai assai in captività per te far anno, et dicoti che da me et de altra
persona chi in questo loco sia, non poterai sapere che tu sappi di tua
schyacta. Dice Guerino : Yo avendo puro la volunta di trovare lo mio
padre, vinci la mia ira, et da capo li conmenciai ad promectere ch'ella
mi lo insinghiasse che allo mundo yo li daria bona fama, decia la
1 Foliis tantum ne carmina manda,
Ne turbata volent, rapidis ludihria ventis.
^n. VI, 74.
* ^n. Vili, 339, 193.
391 I DODICI CANTI
sua nobilita et teneria celato la loro tramutacione di figura umana in
bructi vermi, ma sulo la sua nobilita et belleza direi. Non altra mente
ella mi resspose [cum] propria intencione femminile che non curano
ne honore ne parentato ne richeza per contentare lu loro appetito e
abandonano lu amore de Dio e del proximo per questa dureza che yo
vidi in lei, mi ionse ira sopra ira et dissi verso lei : Oy iniquissima et
rinigata fata maldecta da lu eterno Dio, yo ti sconiuro per la divina
potencia Patre et Filio et Spiritu Santo che tu mi dici chi e il patre
mio sincomo tu mi dicisti che sapivi chi era. Et ella mi respose:
falso cristiano, le tue sconiure non possino offendere ad me, impero
che yo njn sono corpo fantasco ma sono et foi di carne et osse corno
si tu. solamente per lo mio difecto lo divino iudicio mi ave cossi con-
dingnata. Va ad scongerare le demonii li quali non anno corpo et li
spirti inmunli, che da me non pot[r]esti alcuna cosa sapere più
innanci, et nanli che tu lo sapia, tu provarai Tultime parti di Ponenti
e-lli secti circhi de lo Inferno et Ila ti serra mostrato tu a padre
per figura. Per queste parole, o lectore, yo molto inpagurai temendo
non trovare mai il mio.'padre sino di pò la mia morte dampnato alli
pene infernale. Non dimeno feci bono core et dissi : 11 tuo iudicio non
serra vero per la gratia de Dio. A lini per confessione posso alla peni-
tencia tornare, et cossi faro. Or fammi reudere tucte li cose che yo
arricai in questo maldecto loco. Et ella conmando che mi fossino dati,
et fommi renduta la mia tasca, et la mia spata, cum doi pani dentro
et lo figlie e Hi solfanelli et Fesca, uno dopiere intero e M muzicone.
E Ha Sibilla mi disse : Non creda la tua ira potere offendere ad me
che tu ne altri persuni mortali non mi pò fare ni male ni bene. ludicato
ene di quello chi di me debbe essere. Et sparimmi da nanci. Et da
questo punto in qua nolla vidi mai più, et conobbi tucte li loro figure
essire adirate et disg[razi]ate inverso di me. Et immaginai non essere
peraltro si no per la invidia et per dilore che non aveano potuto mec-
tere [mi| nel loro numero dovo loro vicii, et da pò che yo ebbe avuto
tocte li mie cose ch'inchi stecti tre iurni, et omne matiua yo rengra-
ciava Dio et dicea li septi salmi penitenciali et multi orationi et
sempre : Ihesu Nazareno, tu mi aiuta. Et cossi stecti infine il terzo
iurno, et la matina dicti li mie orationi, conminciai a cercare la porta
donde yo era intrato, ma nienti mi venia a dire. Per questo cominciai
ad avere pagura, et ricomandai mi a Dio per la sua gratia et miseri-
cordia non mi lassasse perire. Veramente parea ad me essere ad uno
forte [IJaberinto più scuro che quello chi fo facto i[n] Greti al Minu-
tauro divuratore de li Antenaxi tributati per lo iudicio de Minos.
Essendo l'ultimo di, air ora di nona, dice il Mischino, venne ad me
una doncella, et dissimi : cavallieri, perche ti stormenti ? forza ene
a nnui per la divina potencia di mostrare ti l'ora et lo punto cbe tu
I DODICI GANTI 395
indi devi ussire, et pero non ti sbagottiri et vieni presso ad me et yo
ti mostraro la porta et la uscita di questa habitacione. Et yo li andai
direto et appresso a Ilei sequitai pieno de alligreza perche mi convenia
mostrare a dire l'ora et lu punto. Ella mi meno per uno cortillio per
lu quale yo canossivi esseri passato quando entrai; etiunto, Lectore,
in verità tucto quello anno eh' inchi era stato mai non vidi quillo cor-
tillio ne la porta alla quale noi iungemmo, et avea li viduti multe
volte in anima, ma la forza di loro [fu] raione non mi lassiar [e] videre;
et questa damicellami disse remanire, mi faria perdonare de la Sibilla,
et ancora si ingenghiava de ingannari me. Yo ressposi che voria più
tosto la morte ca essire indicato in quello loco culloro. Ancora mi disse:
nobile Guerino, di te mi rencresse, et dirocti quello chi ovo nell'animo.
Sappi si in questo tempo chi tu si stato in questa habitacione tu havissi
passato il punto de la morte per questa slancia, perche in questo
loco non more mai persona, si no conio tu ai viduto per fine al di de
lu ludicio div no, ma si tu in questo anno fossi stato allo mundo, tu
havissi devuto morire. Mectere la mano oy lo digito da fore di questa
porta, subito tornavi tanto quanto da fore ne mecterai in cennere. Et
yo li ressposi : Non ti venga pietà di me che ad me midesmo impero
che la fede, la speranza et la carità chi ontj in Dio mi caverà all' anno
santo di quisto bructo et laido loco che volilo stare innanti alla mise-
ricordia de Dio che stare in tanto obrobrio [ej vituperio quanti stati
vuy. Ora aperimi la porta. Et ella asspito uno pocu et poi mi aperse,
e disse : Te prova cullo digito. Yo gridai : Yo voghio andare ad trovare
Marco cambiato de si bella figura a bructo verme figurato serpente.
Et ella aperse la posta, et yo comenzai ad alta voce: Domine ne in
flore (sic) tuo ariguas me neque in ira tua corripies me, et saltai fore
de la porta. Et ella disse : Va, che tu non pochi trovare scacta tua
Et yo la intisi et dissi : Va et di alla Sibilla che yo so vivo et campato
et viviro sano et alegro per la gratia de Dio, et salverò l'anima mia.
Et vuy in questa scelerata perduta vita vivere omne iurno morendo,
deventando de belli figure bructi vermini et pessime bestie irraionevole
per li peccati [che] mutano la vostra figura et laida [la fanno]. Et ella
inserro la porta et yo acciesi il dompieri et poi fichi oratione a Dio
et allui mi recommendai et poi mi mossi.
La damicella da pò li parole rìserro la porta, et yo facta la oratione
intrai in camino per la scura tomba, et quando mi parse essere dovo
yo trovai Marco comenciai a gridare : Ihesu Nazareno Cristo, fammi
salvo. Et poi ghiamai Marco ad alta voce dicendo : Yo m'inde vao.
Allora yo sentivi mughiere et gridare più di cento per dolore eh' ebbino
di me chi ra' inde andava. Yo mi fermai et ghiamai Marco. Et ilio mi
resspose et disse : Che adimandi ad me? Et yo li disse : Marco, yo
ritorno ad videre la tua citate; che novelle voi che yo dica di te? Non
396 I DODICI CANTI
ne dire ni male ne bene. Yo lu ademandai si avea speranza de partirìsi
da quello loco. Et ilio mi resspose : Allo di de la iudicio pa[r]teremo
de dolore pieni et afflicti piangendj di questo loco tucty quanti, et non
asspecta[ni]o la secunda morte. Et yo li dixi : Adunca si tu morto
pò che aspecti la secunda morte. Resposimi : Yo non sono morto
ma so più peiu che morto, considerando dovu yo sono per quello
peccato de accidia e di pigricia et di negrigencia Et diete queste
parole si percuotea in terra; et cossi faceano multi altri chi stavano in
questo midesmo loco per simile peccato. Et yo li dissi : Perche non
vi occiditi Tuno Taltro et usseriti da questo tenebroso loco. Ressposimi:
La morte noi serebbe vita ma nuy non possiamo perche lo divino
iudicio e terminato che nuy starno equa cossi in fine a tanto eh' egli
venera a indicare al mundo et che li tronbe soneranno et diceranno :
Veniti allo iudicio ; et allora inchi sera tolta le vita naturale, et resus-
sitati anderimo allo iudicio. Ancora ademandai : Haviti vuy veruno
amore in Dio oy in nui oy inverso nissuna altra creatura? Ressposimi
Marco : Nissuno amore regna in nuy, ma nuy portamo odio et invidia
alli bructi vermini chi sono allo mundo ; non e si bructa cosa allo
mundo che nui non volessimo essire più tosto che equi. Or pensa se
nuy portamo invidia alli altre cose più belle et quanto invidia portu ad
te, che puro mi era uno pocu de allegreza pensando che tu chi ai
cercato tucto lo mundo, et fatigato tanto, disse, cum tanta virtù, fosse
remaso Ila dentro culla Sibilla avendo facto tante bactallie, et una vile
et vana femmina, piena de iniquitate, te avesse vinto. Et sappi per vero
che per la tornata che tu fai in direto mi dai tanto acressimento de
dolore che lo mio dolore si invene radoppiato. Et yo li ressposi :
Ancora ti voghio aiongere maiore dolore, impero che yo m'inde andero
ad Roma et pilliaro confescione da lu santo Papa patre di Roma, et
renderommi in culpa de li mi miei peccati, et conmunicarommi. Et
vuy remaneti in questo bructo loco. Promecto vi de farivi scomunicare.
Allora tucti si incominciare a ffare beffa di me, et cominciarono multi
de li altri a dire : el indice che ss* a indicati e ssi grande che sua
sentencianon si pò appellare. Per questo nonni curamo d' essiri scom-
municati, che nuy non potuno avere peiu che habiamo. Et yo li
ressposi : Et cossi vuy maledicti ve remaniti. Et pnsi mio camino, et
quando passai il fiumicello [Marco grido] : Va, che non trovi mai il
padre tuo ne Ha tua generacione, et mai non possi avere posa. Yo
m' inde rise, perche tanto mi possono nocere la loro biastema quanto
pò iuvare a lloro li mie orationi, si lo divino iudicio 1' a indicati. Cossi
montai Terta per le tenebre socto, et in capo di quella [salita] vene
meno il dpmpieri et yo acciesi Taltro et misimi in camino.
NOTES ET ERRATA
Introductioriy I : Le roman italien Guerino il Meschino.
Cf. Compléments, I, 11, IV.
/ntroduciion, VI : De l'auteur des Dodici Canti. Cf. Compiè-
menls, I, 11, IV.
Chant 1. octave 6. — Pour le chéne, arme parlante
des della Rovere, v. plus bas : IV, oct. 39 ; VI,
oct. 36; XII, oct. 86. — Pour les sentiments ex-
primés par Tauteur, on peut comparer les vers
suivants d'un commensal de la cour d^Urbin :
Anime belle et di virtute amiche,
Cui fero sdegno di fortuna offende.
Se che ven gite povere et mendiche,
Come a lei piace che pietà contende:
Si di por fine a le miserie antiche
Caldo desio Tafflitto cor v'incende.
Ratte correte a la gran Qubboia d'oro,
Ond' havrete alimento, ombra et ristoro.
Qui regna un signor placido et benigno,
Ch'altro ch'altrui giovar unqua non pensa ;
Cortese et d'ogni real laude digno,
Ohe ciascun pasce a la sua ricca mensa,
E 'n buon rivolge ogni destin maligno ;
* Quaod des mots cu des syllabes soni imprimés entre crochets carrés
sans note correspondante qui en donne la raison, c'est qu'ils manquaient
au manuscrit ou que je n*ai pu les déchiffrer. Mais ces additions
parattront parfois inutiles, corame lorsque so est pour suo. Je prie le lec-
teur d'excuser la longueur de cet errala où ne figure point cependant la
correctionde tous lessignes de ponctuation mal placés. L'impression de ce
texte a rencontré des difficultés très diverses. — Jerecommande à l'atten-
tion les passages nombreux où l'on a la marque de corrections d'auteur.
398 1 DODICI CANTI
Mentre le grade sue largo dispensa,
Gctidx7BA]:j>o di Principi Fenice.
Che può col guardo sol far l'huom felice.
De ie Rime di Diversi nobili Poeti Toscani raccolte da
M. Dionigi Atanagi, I, p. 200 (in Venetia MDLXV).— Cette
pièce, comme toutes celies de la fin du recueil, est de TAtanagi.
Gomme Tauteur des Dodici Canti^ il se plaint constamment de
ses misères et de Tinsuffisance de ses talents poétiques.
Oct. 11, V. 8. lire intese.
— 22, V. 6. — ogn' hor[a].
— 23, V. 5. — u' giacque.
— 29, V. 2. — gran.
— 39, V. 2. — gran.
— 53, V. 8. — Se.
— 54, V. 4. corìnger proscritta.
— 58, V. 5. — disserra.
— 63, V. 5. — Diventon'.
— 69, V. 5, — Ferragus parie espagnol
Cf. oct. 76. D'après Turpin, il était de la race de
Goliath et venait de Sjrie, mais sa rencontre célè-
bre aveo Roland alien en Espagne. Le chroniqueur
ajoiite que Ferragus savait Tespagnol : ainsi était
possible la discusaion théologique entre Roland et
lui. Y.Turpini historia Karoli Magnici Rotholandi,
XVII (édit.Castets) et la note. Dans notre auteur,
Renaud essaie également, mais sans plus de suc-
cès, de convertir un géant. VII, oct. 34-42. —
Boiardo me parait sMnspirer à la fois de Tentre-
tien de Charlemagne et d'Agolant(V.Turpin,XlI),
et de celui de Roland et de Ferragus. Agrican,
bìessé à mort, recoit le baptéme. Orlando Inn. I,
e. XVIII, olt. 31 — C.XIX, ott. 16.
Oct. 77, V. 5. lire Ohe ha.
— 101, V. 3. — Da cui.
Chant II. Oct. 9, v. 2. manuscrit spene.
— 10, V. 3, — mense.
— 18, V. 6, lire human a.
— 29, V. 7, supprimer le point.
Chant IL
Oct. V.
— 31, V.
— 40, V.
— 43, V.
— 48, V.
— 58, V.
— 63, V.
I DODICI GANTI 399
8. lire Di quel rio.
8. — Cagion è, me.
2. avaìt écritBQÌoìio^a corrige y^Lìio,
7. manuscrit : veniva.
1. lire arranca,
4. — atraversa.
4. Sic m$, — Pour ainsi designer
un nain s*est-il laissé aller au souvenir de Margutte,
le compagnon de Morgant?
Oct. 69, V. 6. — Il n'y a pas de blanc au nas.
et le vers a pu étre omis par distraction.
Oct. 78, V. 3. lire a schivo.
— 80. — Les vera 6 et 7 ont été éorits d'abord
antrement. De cette première le^on j'ai pu lire :
Del... de Thomer manco ai maladetto Fu cons-
trettro la briglia di lasciare.
Oct. 89, v. 1. /tV6 in se.
— il scudo.
manuscrit : volere il spirito ma-
89,
V.
1.
91,
V.
1.
94,
V.
5.
95,
V.
3.
97,
V.
ligni.
manuscrit : Per non caudde.
Au lieu de « e quel », il j avait
d'abord : « il g... ».
Oct. 101, v. 3. — 11 y avait d'abord : t sopra
Tarenoso lito ».
Oct, 105, V. 5. lire lodato.
— V. 6. — Di.
Oct. 106, V. 6. — Sic ms,] corriger : quile.
— 107, V. 7. Il y avait d'abord : t non mi
nieghi ».
Chant III. Oct. 5, v. 1. corrig er huom ,
— V. 7. lire nomarrasi.
— 12. — Elle comroencait d'abord par un
vers : < Erano stretti etc. » i\m ^ été barre et
qui est devenu le v. 1 de l'oct. 13.
Oct. 12, V. 7. lire attero.
— 16, V. 6. — fellon.
— 27, V. 1 . manuscrit : uscito.
— V, 6. corriger adunato.
400 I DODICI GANTI
Chant HI. Oct. 33, v. 8. — Il n*jr a pas de blano au
manascrit.
Oct. 46, y. 6. — Il était d'abord : « Guerra il
fratel quanto pia sa e più puote»; mais a puote»
était répété. Il a dono barre et ajouté : e Che
sempre mi percuote »•
Oct. 52, V. 4. — Il ayait écrit : v Ma non
riiruova quel vestito a nero », ce qui faisait rìmer
deux yers de suite. Il a barre, et c*est au vers
5 que ridée est exprimée, mais après tàtonne-
ments ancore, car ce vers commencait d'abord :
« Né Serpentin ritruova di nero ». Il a effacé
c< di nero » et fini par e quel che a nero ».
Oct. 55, V. 8. — Ce vers finissait d'abord par
« centra alla sua volta >.
Oct. 56, V. 3. — Il jr avait d'abord : « Cadde
et quel »•
Oct. 72, V. 1. — D'abord « porta eli.., » cor-
rige en « ei porta».
Otit. 79, V. 3, lire camerette a lor.
— 89, V. 7. - Giudicai.
— 92, V. 6. — Sicms.Corr. fa'l rivaggio.
Chaut IV. Oct. 8, V. 8. — Manuscrit : metelli.
— 10, V. 3, lire chiari lumi.
— 17, V. 1 et 4. supprimer le point final.
— 31, V. 3. lire'in quadro.
Les premici s vers de Toctave 31 ont été écrits d'abord
comme suit et puis barrés :
L*opra e un palazzo lavorato a smalto,
A gemme et oro con sottil lavoro
Sopra un poggetto in quadro posto et alto
Quasi per fin al ciel ne lustra Toro
Terso da se qual questo, onde d'un salto...
Oct. 42, V. 2. — D'abord : « la farai nota » .
— 67, V. 7. — Avait d'abord répété le v.
7 de Toctave 64.
Oct. 69, V. 1. lire un cavallier sì degno.
— 74, V. 4. tns, delfigluol di Milone,
I DODICI CANTI 401
Oot. 80, V. 8. D'abord « voltate », a corrige
e tornate ».
Oct. 88, V. 5-8. — Supprimer la virgule après
if saldo », mettre yirgale avanta come » et « vuol» ;
— V. 7, lire è.
Oct. 95, V. 7. corriger d'Etna.
— 100, Y. 1. manuscrit : pone.
— 102, V. 8. supprimer la virgule après
e ladron » •
Oct. 109. — L*auteur oontredit ici le récit de
Boiardo.
Oct. 112, V. 3. manuscrit : alli stessi.
— 117, V, 6. liregìonte,
— 121, V. 8. — pesci.
127, V. 6. lire le genti.
Chant V. Oct. 1, v. 8. lire entra.
— 3, v. 1. — Tymavo.
— 4, V. 6. manti^crtV : devorata.
6-8* — Les roémes sentiments sont expri-
més dans le sonnet suivant de TAtanagi, la pre-
mière des pièces de lui qu*il alt imprimées dans
le recueil déjà elle, p. 196.
Alma città, del mar sposa et reina.
Saldo dltalia et del suo honor sostegno ;
Sola per cui dal mondo pellegrina
Virtù non va, ch'albergo ha in te ben degno ;
La somma altezza tua pietosa inchina,
Et me, ch'ai tuo real grembo ne vegno,
Accogli et per innanzi destina
Fato (che puoi) men crudo et meno indegno.
Così Taltere tue superbe sponde
Il gran padre Nettunno eterno bagne ;
Et te da hostil furor guardi et difenda.
Cos\ in te pace et liberiate abonde.
Copia, et letitia et l'altre lor compagne.
Et la tua gloria par del Sol risplenda.
Oct. 8, V. 6. — Corr. uso, lire beata. Je sup-
primerais « più )> et j'écrirais n di gente ».
Oct, 11, V. 2. lire quella.
402 I DODICI GANTI
— 15, V. 2. lire infln dove.
— V, 3. lire Malea (le cap Malée).
— 17, V. 2. lire Come.
— 68, V. 4. supprimer il.
— 72. — Après oette strophe, il avait écrit :
Per quanto i veggio alle fatezze, a rarmi
In tutte le tue imprese glorioso
Sei per giuditio mio, pero che par mi
Delle battaglie idio certo famoso
Et per. • • •
Ces vera sont rajés, mais à la page suivante on les trouve
modifiés au commencement de Toctave 77.
Oct. 82, V. 3. lire ripensando.
— 102, V. ò. lire lieta fia mia.
— 105, V. 2. manuscrit : ameni.
— 106, V. 5. lire lassa.
— 107, V. 7. cornger : potrebbì.
— 117, V. 7. Le ms. a plutól : haveos.
— 127, V. 3. corriger: a lenti passi.
Chant VI. Oct. 5, v. 1. lire non.
— 9, V. 2. /ire insegne.
— 17, V. 2. lire dubbiar.
— 24, V. 6. Avait écrit d'aborJ : « il duca
che a di fame ancor riserbo ».
Oct. 24 V. 8. Il j a bien « roscio ».
— 27, V. 5. lire compagno.
— 30, V. 2. corriger : a smalto lavorati.
— 8. lire cercando.
— 38, V. 7. lire notte.
— 39, V. 4. Virgule après « travaglia».
— 45, V. 6. Manuscrit : ne e pero e smarita.
— 105, V. 3. Supprimer la virgule avant
a degni ».
Oct. 109. — Au V. 5, avant « breve gioco » il
avait écrit d'abord « spatio » ; au v. 7, après
a mosse» il avait écrit d*abord « compagno ».
Oct. 113, V. 1. lire troppo.
Chant VII. Oct. 9, v. 7. lire posarsi.
I DODICI CANTI
403
Chant VII. Oct. 41, v. 7. lire ha' M.
— 69, V, 4. Un pointaprès « egro ».
— 87, V. 6. corriger : ornare.
— 93, V. 1. supprtmer le point.
— 96, V. 6. lire rivenne.
— 100, V. 6, connger Et se non.
— 104, V. 6. corriger [leggiadre],
— 109, V. 8. /ire questo.
Chant Vili. Oct. 1, v. 6, lire finta.
— 13, V. 2. lire donna.
— V. 5. manuscrif: disiegno.
— 55, V. 7. corriger : [e] in.
— 68, V. 1. Uree il.
— 86, V. 1. corriger : portar.
— 92, V. 7. Supprimer les points.
— 99, V. 6. corriger : Vedendo!.
— 107, V. 2 et 4. manuscrit : bello, mo-
rello.
Chant IX. Oct. 4, v. 1. lire asconde
— 5, V. 5. lire animo,
— 59, V. 6. corriger : [nodo strette].
— 66, V. 8. lire vita.
— 73, V. 2. — dello.
— 89, V. 5. — abbandona.
— 104, v.l. — Servono.
— 120, v.l. - quel.
— 126, v.l.— Zenodor.
Chant X. Oct. 3, v. 1. — Elle
— i 8, V. 4, — Il devraitpasser sur ceci, puis-
que, dans son pian, Guérin tombe entre les mains
des Àmazones en revenant de Tlnde.
— 15, V. 4. — corriger [da] Granata.
Oct. 18, V. 5. corriger : al dir di Zenodor.
— 28, V. 8. lire sarò.
— 40, V. 7. lire questa
— ^ 56, V. 5. lire cosi.
— 64, V. 3. Il a hésité entre les mots
a similemente » et a simigliante » et a laissé le
vers ainsi.
404 I DODICI CANTI
Chant X. Oct. 74, v. 5. lire crolla.
— 76, V. 2. lire e a Taltro.
— 79, V. 5. — Uree i regi.
— 82, V. 5. — supprimer sua.
— 121, V. 5. — supprimer les deuxpoints.
— 127, V. 2. —iire loro.
Chant XI. Oct. 6, v. 5-8. — Les Phéréséens et les Jéba-
séens, avec les Amorrhéens, les Chananéens, etc,
furent en effet, vaincus par Josué dans une grande
bataìlle près des Eaux de Mérom (Josué^ XI, 1-
14). Mais Tauteur se trompe au sujet des Gabac-
nitesqaì, effrajés du sortdes habitants de Jéricho
et de Hai, trompèrent les Israélites et obtinrent
détre épargnés {Josué^ IX). L*artifico qu'ils em-
ployèrent est devenu un motif de légendes. Ils
se firent passer pour des étrangers venant de
très loin et montrèrent comme preuves du pain
desséché, des outres percées, l'usure de leurs
vétementsetde leurs chaussures. Israel nepouvait
re venir sur son serment, mais Josué les punit en
leur imposant les services les plus humbles du
eulte : Decreviique in ilio die eos esse in ministerio
cuncti populi et altaris Domini, caedentes Ugna et
aquas comporlantes^ usque in praesens tempvs, in
loco quem Deus delegisset.
Oct. 27, V. 6. coniger Presontuosamente.
— 35, V. 2. — Il oublie ce qu'il a dit plus
haut, C. X, oct. 124, 2.
Oct. 42. — Il promet de terminer le combat
de Renaud et de Guérìn, mais, en fait, à partir
de XI, 71, il raconte Thistoire des armes et des
premiers exploits de Guérin ; puis Finterrompt
(XII, 76) pour revenir aux Jardins de Silvana et
passer de là (oct. 101) à la prise de Rio Castello,
sans s'étre occupé davantage du duel de Renaud
et de Guérin. Cet oubli est encore une des preu-
ves que Ton a ici une première ébauche.
Oct. 49, V, 7. corrijfcr tanta.
— 61, V. 1. — Pasyphae.
1 DODICI CANTI 405
— V. 8. — Sansdoute Metraou Mostra,
fille d^Erisichthon, aimée de Neptune (Ovide,
Méiamorph. Vili, 758,8q.).
Oct. 64, V. 7. lire Autumno.
— 102, V. 3-4. — Cf. Josué.X, 12-14.
— 103, V. K cotTiger Di ciò [non] più
— 104, V. 2. — Alber.
— 107, V. 2. — Du grec wixphQ, amer. Le
son g n'est pas correct ici, mais a pu s'introduire
par une ioaitation des prononciations riiv xp^cv, h
x/wTTTy, eie, où K = r.
Oct. 107, V. 8. lire Che a.
— 110, V. 7. — Guerrino.
— 122, V. 6. mauvaise rime.
V. 7. corriger Steste.
— 12Ó, V. 3. lire concistoro.
CiiantXII. Oct. 3, v. 6. manuscrU : cercar ou cercan.
— 4, V. 7. — niscun.
— 8, V. 4. — Dice Plinio che tra tutti gli
altri anitnalid e' hanno pelo, eisolo non hebbe mai
ne può avere pidocchi, li che non procede già percK
ei si pettini o vi usi altra arte, ma solo dalla natu-
rale sua pulidezza • E da questo è nato il proverbio
che dice : Chi lava il capo alt asino perde il sapone,
Dionigi Atanagi, Delle lettere facete etc, t. II (in
Venetia, MDLXXV), p. 435 (du traile : V Asinesca
Gloria). — Cette explication du proverbe est pour
le moins contestable.
Oct. 24, V. 7. lire demostiò.
— 28, V. 7. — resa.
— 51, V. 1. — rapresenta.
— V. 8. — € Grida » manque au ms.
— 83, V. 8. lire e in.
— 87, V. 8. comi/er THispano.
— 88, V. 7 — farse.
— 92, V. 7. lire e il.
— 96, V. 2. — Virgule à la fin du vers.
hblieatiou dt la Sociaié pou TÉtnit dei langw RooaDei
I. M. Mila t Fontanals : Poètescatalans. Les Noves rimades.
La Codolada. Afo?ifpe!!/er et Paris^ iS'jó. 3 50
IL V. Lespy : Proverbes du pays de Béarn, Enigmes et Crntes
populaires. Montpellier, 1876. 52^
in. J.-B. NouLET : Las Ordenansas et Coustumas del Libre
blanc, publié avec .ufìe introduction, des notes et un
glossaire. MontpeUier, 1878. 7 »
IV. H. DoNiOL : Les Patois de la Basse-Auvergne, leiir grani-
maire et leiir littératiire. i^(7w//)^///Vr et /^^r/^, 1877. 4 »
VI. J.-B.NouLET : LasNonpareilhasReceptasperlarlas femnas
tindentas, risenlas, etc, publiées avec une introduction,
des notes et un glossaire. Montpellier et Paris, 1 880 . 6 »
Vili. J.-F. Thénard : Mémoires ou livre de raison_ d'un bour-
, geois de Marseille. -P^m, 1881. 5 ;»
IX. F. Castets : Il Fiore, poème italien du xui^ siede, en
ocxxxii sonnets, imitédu Roman de la Rose, par Durante. •
Texte inédit, publié avec fac-similé, introduction et
notes. Montpellier et Paris, 1881. io ì^
X. M. Rivière-Bertrand : Muereglie, traduction en dialecte
dauphinois de Mireille de Frédéric Mistral, précédée de
notes sur le langage de Saint-Maurice de l'Exil Mont •
pellicr, 1881. 6 »
XI. L. CoNSTANS : Le Livre de l'Epervier, cartulaire de la
commune de Millau (Aveyron), suivi d'autresdocuments
relatifs au Rouergue, publiés avec une introduction, un
glossaire et une table des noms propres Montpellier et
Paris, 1882. 12 »
XII. J. AzAìs : Verses bezieirencs. Montpellier qX Paris 1SS2. ^ 50
XIII. J.-B. Noulet et C. Chabaneau : Deux manuscrits prò-
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Saint-Charlemagne. i volume grand in-8<^, 1907. 5 »
XXL J. ViANEY : Les Sources de Leconte de Lisle. i volume
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-Sic
Ci
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4
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STANFORD, CALIFORNIA 94305-6004